Flore illustrée des Champignons d’Afrique Centrale
Fascicule 1
Lentineae (Polyporaceae), Schizophyllaceae et espèces lentinoïdes et pleurotoïdes des Tricholomataceae
par D.N. Pegler (mai 1972) : 1-26, pl. 1-6
Traduction française par P. Heinemann
Planches
LENTINEAE (POLYPORACEAE), SCHIZOPHYLLACEAE
et espèces lentinoïdes et pleurotoïdes des TRICHOLOMATACEAE
par D. N. Pegler (*)
La systématique actuelle des Polyporaceae repose essentiellement sur l’anatomie de la chair piléique (Donk, 1964 : 235-238). Dans la tribu des Lentineae, groupant les genres agaricoïdes à hyménophore lamellé, on distinque trois types de composition hyphale :
1° chair monomitique à hyphes génératrices portant des anses d’anastomose;
2° chair dimitique à hyphes connectives ramifiées;
3° chair dimitique à hyphes squelettiques simples.
La distinction entre les genres Pleurotus (Fr.) Kummer, Lentinus Fr. et Panus Fr. sensu auct. eur. (Lentinopanus Pilát) a varié selon les époques et les auteurs, les caractères macroscopiques tels que la position du stipe et la denticulation des lamelles étant des caractères artificiels qui n’ont plus guère d’utilité. Par contre l’étude de la composition hyphale de la chair conduit à des définitions plus claires.
Plusieurs espèces de Lentinus sont caractérisées par la présence, dans l’hyménium, de faisceaux d’hyphes (hyphal pegs) formés par des hyphes indifférenciées, provenant directement de la trame, qui traversent l’hyménium et saillent au-dessus des basides (pl. II, fig. 7a et pl. IV, fig. 6a). Ces formations existent également chez plusieurs genres porés de Polyporaceae ainsi que chez des Corticiaceae et des Tremellaceae mais ne sont pas connus chez les Agaricales vraies.
Les espèces de Tricholomataceae, à carpophores pleurotoïdes ou lentinoïdes, que l’on pourrait confondre avec les Lentineae, s’en distinguent essentiellement par leur chair à hyphes renflées et, par conséquent, rétrécies aux cloisons (voir p. 21).
Les Schizophyllaceae diffèrent des Lentineae par la morphologie de l’arête de leurs lamelles (voir p. 21).
(*) Les études de ce fascicule 1 ont été principalement axées sur la documentation du Zaïre.
Lentineae Fayod
Ann. Sc. Nat. Bot. sér. VIII, 9 : 335 (1889) ut Lentinés.
Agaricés trib. Pleurotés Kühn., Le Botaniste, 17 : 98 (1926).
Tricholomataceae subf. Pleurotoideae Sing., Ann. mycol., 34 : 334 (1936).
Habitus lentinoïde ou pleurotoïde, souvent tenace et persistant, parfois xérophytique. Hyménophore à lamelles vraies, parfois veiné. Stipe central, latéral ou nul, plein. Chair pâle, charnue à coriace-tenace, monoou dimitique, formée d’hyphes non ou à peine renflées, à paroi souvent épaissie; anses d’anastomose toujours présentes. Arête des lamelles stérile à poils cystidiformes serrés. Pleurocystides présentes, et alors souvent à paroi épaissie, ou nulles. Spores hyalines à rosées, le plus souvent allantoïdes à cylindriques, plus rarement ovoïdes ou ellipsoïdes, inamyloïdes, à paroi mince indifférenciée et dépourvue de pore germinatif. Trame régulière à irrégulière. Revêtement piléique formé par un épicutis, jamais hyméniforme. Cosmopolite. Lignicole, plus rarement carbonicole ou graminicole. Gymnocarpe ou hémiangiocarpe. Genre type : Lentinus Fr.
Synopsis des genres
1. Sporée blanche à crème à l’état frais; spores cylindriques, droites ou à peine courbées :
2. Chair monomitique; carpophores tendres, charnus et putrescibles :
3. Lamelles normales, pas de cystides à paroi épaisse .................. Pleurotus (p. 5)
3. Lamelles réduites et épaisses (cantharelloïdes); cystides à paroi épaissie (métuloïdes) (non connu du Zaïre) ...................... Geopetalum
2. Chair dimitique à hyphes squelettiques ou hyphes connectives présentes; carpophores fermes, tenaces, souvent persistants ............... Lentinus (p. 7)
1. Sporée rose à l’état frais, fauve mâle sur le sec; spores petites, allantoïdes courbées ou ovoïdes; chair monomitique .................. Phyllotopsis (p. 20)
Pleurotus (Fr.) Kummer
Führ. Pilzk. : 24, 1871.
Agaricus trib. Pleurotus Fr., Syst. Mycol., 1 : 178 (1821).
Crepidopus Nees ex S. F. Gray, Nat. Arrang. Brit. Pl., 1 : 616 (1821).
Lentodiopsis Bubák, Hedwigia, 43 : 196 (1904).
Chapeau typiquement flabelliforme à dimidié, sessile ou attaché au substrat par un stipe latéral court ou, occasionnellement, par un stipe excentrique ou central, même au sein d’une même récolte; surface supérieure pigmentée ou non. Lamelles décurrentes, parfois par une dent, serrées à moyennement espacées; arête entière. Stipe cylindrique, plein, avec ou sans voile annulaire. Chair blanche, charnue, tendre ou ferme, souvent gorgée d’eau, jamais gélifiée, généralement rapidement putrescible, monomitique à hyphes génératrices hyalines, non renflées, bouclées, à paroi mince ou épaisses. Sporée blanche, crème ou lilas pâle. Spores cylindriques, 4-15 μm de long, hyalines, à paroi mince, inamyloïdes. Basides claviformes à longuement claviformes. Cheilocystides rendant l’arête des lamelles stérile. Pleurocystides présentes ou absentes, mais jamais à paroi épaissie. Trame des lamelles hyaline, subrégulière à emmêlée. Sous-hyménium bien développé. Revêtement piléique indifférencié. Saprophyte sur bois mort. Cosmopolite. Espèce type : Agaricus ostreatus Jacq. ex Fr.
Synopsis des espèces zaïroises
Chapeau jaune vif; lamelles rosées; pleurocystides présentes ........................ 1. P. luteoalbus
Chapeau blanc; lamelles blanches; pleurocystides absentes ........................ 2. P. flabellatus
1. Pleurotus luteoalbus Beeli, Bull. Soc. Bot. Belg., 60 : 163, fig. 38 (1928). — Planches I, fig. 1 et II, fig. 2.
Claudopus djongensis Beeli, Bull. Soc. Bot. Belg., 61 : 84, fig. 17 (1928).
Carpophores imbriqués, nombreux. Chapeau 5-8 × 1-5 cm, d’abord spatulé puis réniforme, conchiforme à dimidié, sessile à attache basale étroite ou à stipe court; revêtement jaune vif (« Cadmium Yellow » à « Strontian Yellow »), pâlissant en fauve pâle à la base et à partir de la marge en séchant, lisse, glabre, sec, à fines stries radiales; marge mince, enroulée, entière ou lobée. Lamelles adnées-décurrentes, moyennement serrées, à lamellules de trois longueurs, minces, 3-6 mm de large, blanches devenant rosées (« Strawberry Pink ») en séchant; arête concolore, entière. Stipe nul ou latéral et court, 3-10 × 2-6 mm, cylindrique, plein, blanc, tomenteux. Chair mince au-dessus des lamelles, jusqu’à 7 mm d’épaisseur à la base, blanche devenant jaunâtre vers la surface piléique, monomitique formée d’hyphes génératrices hyalines, non renflées, de 2,5-10 μm diam., à paroi mince ou légèrement épaissie, septées et bouclées. Odeur et saveur fortes, de farine. Sporée crème jaunâtre (« Cream Color » à « Ivory Yellow »). Spores 5-7,5 × 2,8-3,5 (6 × 3) μm, cylindriques, hyalines, à paroi mince, à contenu un peu granuleux. Basides 21-23,5 × 5-6 μm, longuement claviformes, à quatre courts stérigmates. Cheilocystides abondantes, rendant l’arête stérile, 21-25,5 × 3-6,5 μm, irrégulièrement fusoïdes, parfois noduleuses, hyalines, à contenu peu dense. Pleurocystides abondantes à rares, 26-44 × 4,5-7,5 μm, pouvant dépasser les basides de 18 μm, cylindriques à fusoïdes, à sommet arrondi, à paroi mince, à contenu vacuolaire hyalin ou brun jaunâtre, prenant naissance dans la trame. Trame régulière emmêlée, sans bilatéralité, hyaline, formée d’hyphes à paroi mince, de 3-10 μm diam. Sous-hyménium bien développé, épais de 8,5-12 μm, pseudoparenchymateux. Revêtement piléique à épicutis indifférencié formé d’hyphes plus ou moins radialement parallèles, de 1,5-4,5 μm diam., à pigment finement incrustant.
Habitat. — Groupés sur bois mort.
Distribution :
Zaïre. — Forestier central : Eala, oct. 1923, Goossens-Fontana 303 et icon. (holotype); Djongo-Akula, déc. 1925, Goossens-Fontana 503 et icon. (holotype de Claudopus djongensis).
Afrique centrale.
Nom vernaculaire : Lekeyo (Eala).
Observations :
1. La description est basée sur le matériel Goossens ainsi que sur les observations que nous avons pu faire au Kenya sur matériel frais (Central Prov., Nairobi Distr., Karura Forest, 1676 m, Pegler 66 et icon.). La coloration rosée que les lamelles prennent en séchant a conduit Beeli (1928 : 84) à attribuer une des récoltes de Mme Goossens au genre Claudopus (W. G. Smith) Gillet mais un examen microscopique nous a montré qu’il s’agit bien d’un vrai Pleurotus.
2. Cette espèce extrêmement spectaculaire apparaît en très grosses touffes sur le bois mort, les troncs couchés, etc. On la reconnaît immédiatement à son chapeau d’un jaune très vif.
3. Elle diffère de P. flavolanatus (Berk. et Curt.) Sacc. d’Amérique tropicale par ses dimensions plus grandes et par la présence de pleurocystides. P. citrinopileatus Sing., de l’Est asiatique, a des spores plus grandes et un stipe beaucoup plus développé.
2. Pleurotus flabellatus (Berk. et Br.) Sacc, Syll. Fung., 5 : 369 (1887). — Planches I, fig. 2 et II, fig. 1.
Agaricus flabellatus Berk. et Br., Journ. Linn. Soc. Bot., 11 : 528 (1871).
A. scytocephalus Berk. et Br., Journ. Linn. Soc. Bot., 11 : 529 (1871).
A. leptogramme Berk. et Br., Journ. Linn. Soc. Bot.. 11 : 529 (1871).
Pleurotus leptogrammus (Berk. et Br.) Sacc., Syll. Fung., 5 : 364 (1887).
P. scytocephalus (Berk. et Br.) Sacc, Syll. Fung., 5 : 369 (1887).
Lentinus goossensiae Beeli, Bull. Soc. Bot. Belg., 60 : 163, fig. 31 (1928) (syn. nov).
Claudopus goossensiae Beeli, Bull. Soc. Bot. Belg., 61 : 84, fig. 18 (1928) (syn. nov.).
Imbriqué. Chapeau 2-6 (11) × 1-6 cm, orbiculaire, réniforme à irrégulièrement flabelliforme, à base atténuée, plus rarement à stipe central ou excentrique; surface piléique convexe ou déprimée vers la base, blanche à ivoire à maturité, parfois teintée de rose dans la jeunesse, devenant jaunâtre ou cannelle pâle avec l’âge, légèrement tomenteuse vers la base sinon glabre, apparaissant striée radialement à l’état humide; marge d’abord incurvée puis ondulée et récurvée à maturité, parfois incisée, finement striée mais non sillonnée. Lamelles décurrentes, moyennement serrées, présentant cinq longueurs de lamellules, blanches, minces, atteignant 4 mm de large, légèrement interveinées vers la base; arête concolore, entière. Stipe nul ou présent et, dans ce cas, typiquement latéral ou occasionnellement excentrique ou même central, 0,5-3 × 0,5-1 cm, court et gros, plein, ferme, blanc, finement tomenteux puis tôt glabrescent, naissant d’un mycélium basal étendu. Chair mince, atteignant 4 mm d’épaisseur à la base, blanche, charnue-coriace, monomitique, à hyphes génératrices de 3-8 (-12) μm diam., fortement ramifiées, à paroi mince ou légèrement épaissie (jusqu’à 1,5 μm), septées et bouclées. Saveur agréable. Sporée blanche. Spores 6-8,3 × 3-4 (7 × 3,5) μm, oblongues cylindriques, hyalines, lisses, à paroi mince et contenu peu dense. Basides 19-21 × 3,5-4,5 μm, étroitement claviformes, à 4 courts stérigmates. Cheilocystides abondantes, rendant l’arête stérile mais vite collapses, 19-35 × 5-9,5 μm, claviformes à cylindriques, parfois étranglées, à sommet large et obtus ou parfois atténué en un long appendice mucroné atteignant 14 × 1 μm. Pleurocystides nulles. Trame subrégulière à emmêlée, hyaline, de même composition hyphale que la chair. Sous-hyménium bien développé, jusqu’à 16 μm d’épaisseur, pseudo-parenchymateux. Revêtement piléique à épicutis non différencié, formé d’hyphes rampantes, radialement parallèles, analogues à celles de la chair sous-jacente.
Habitat. — Groupés sur bois mort.
Distribution :
Zaïre. — Mayombe : Lemba, 7 sept. 1895, Dewèvre s.n. Bas-Congo : Bambata (tribu), févr. 1910, Allard 109 in Vanderyst 705; Kinkosi, 26 févr. 1907, Vanderyst s.n. — Forestier central : Eala, avr. 1923, Goossens-Fontana 129 et icon. (syntype de Lentinus goossensiae); Diobo-Akula, déc. 1925, Goossens-Fontana 467 (syntype de Lentinus goossensiae); Eala, mai-juin 1923, Goossens-Fontana 169 et icon. (holotype de Claudopus goossensiae); Haut-Uele, route Bungu-Uamba, mai 1926, Goossens-Fontana 840; Muntule (riv.), région du Mt Hoyo, 1225 m, août 1955, Vanschuytbroeck in de Witte 12650. — Lacs Edouard et Kivu : Kahuzi, janv. 1939, Hendrickx 354.
Paléotropical.
Noms vernaculaires. — Ndalafa (Eala); Delekwe (Haut-Uele).
Usages. — Comestible (Haut-Uele).
Observations :
1. La récolte type de Lentinus goossensiae montre bien l’étendue des variations possibles dans la forme du carpophore qui peut présenter un stipe latéral, excentrique ou central. Ce dernier cas n’est que très rarement observé.
2. P. flabellatus est une espèce paléotropicale commune ayant une aire de distribution très vaste. Elle a été décrite de Ceylan ainsi que ses synonymes Agaricus scytocephalus et A. leptogramme (Thwaites s.n., 1867, K). Petch (1924 : 218) en a donné une bonne description basée sur du matériel de Ceylan.
3. Cette espèce a été confondue plusieurs fois avec Nothopanus eugrammus (Mont.) Sing., mais peut en être distinguée immédiatement par ses spores plus allongées, cylindriques, ses hyphes non renflées et l’absence de tout changement de coloration du carpophore au froissement. Les spécimens de grande taille se distinguent de Lentinus anthocephalus (Lév.) Pegler (p. 18) par le système hyphal monomitique, les lamelles moins serrées et la marge qui est généralement ni incisée ni lobée.
Lentinus fr.
Syst. Orb. Veg. : 77, 1825;
Stirpes Agri fems. Cont., 3 : 57 (1825).
Agaricus trib. Omphalia subtrib. Lentiscyphi Fr., Syst. Mycol., 1 : 174 (1821).
Pocillaria P. Browne ex Earle, Bull. New York Bot. Gard., 5 : 416 (1909).
Lentinopanus Pilát, Ann. Mycol., 39 : 72 (1941).
Cespiteux ou solitaire. Carpophore tenace et persistant, xérophytique, naissant directement d’un substrat ligneux, d’un pseudosclérote formé par le substrat ou d’un vrai sclérote souterrain. Chapeau moyen à grand, déprimé, ombiliqué à profondément infundibuliforme, charnu à membraneux, coriace en séchant; revêtement sec, soit velu à squamules fibreuses, soit squameux, soit encore glabre, souvent strié radialement; marge mince, souvent enroulée, particulièrement dans le jeune âge. Lamelles toujours décurrentes, très serrées à moyennement espacées, tenaces, parfois à arête denticulée sinon entière. Stipe typiquement central mais variable et rarement latéral, allongé à court, plein, ferme, continu avec le chapeau. Anneau existant chez quelques espèces, formé par le voile partiel. Chair tenace, fibreuse, toujours dimitique, formée d’hyphes génératrices bouclées, à paroi mince, et d’hyphes à paroi épaisse, non septées, soit simples (hyphes squelettiques), soit pourvues de nombreuses ramifications à croissance limitée (hyphes connectives). Sporée blanche à crème. Spores ellipsoïdes à allongées-cylindriques, ayant généralement moins de 10 μm de long, inamyloïdes. Basides claviformes cylindriques, presque toujours tétrasporiques. Arête des lamelles toujours stérile formée de poils cystidiformes à paroi mince, provenant directement de la trame, pouvant s’agglutiner en faisceaux coniques. Pleurocystides nulles ou plus rarement présentes, à paroi épaisse et réfringente, à surface incrustée (métuloïdes). Cystidioles présentes, souvent en grand nombre entre les basides, chez de rares espèces. Faisceaux d’hyphes présents et saillants chez plusieurs espèces. Trame toujours emmêlée, continue avec la chair. Sous-hyménium peu épais. Revêtement piléique à épicutis rampant formé d’hyphes radialement parallèles, parfois dissocié en poils ou en squamules. Cosmopolite, particulièrement abondant dans les régions tropicales. Lectotype : Agaricus crinitus L. ex. Fr.
Synopsis des espèces zaïroises
1. Revêtement piléique strigueux-hispide ou velouté à poils dressés :
2. Chair comportant des hyphes ramifiées à paroi épaisse (hyphes connectives); revêtement piléique à poils criniformes couchés persistant au moins à la marge :
3. Stipe allongé et grêle; chapeau et stipe brun foncé ............... 1. L. atrobrunneus
3. Stipe rarement plus long que le diamètre piléique; stipe typiquement plus pâle que le chapeau :
4. Chapeau brun, les teintes violacées ou purpuracées des jeunes spécimens disparaissent vite; spores 5,7-8 × 2,5-3,5 (6,5 × 3,2) μm ......... 2. L. crinitus
4. Chapeau restant purpuracé foncé à presque noir à maturité; spores plus étroites, 6-8,3 × 2-3 (7,3 × 2,7) μm .................... 3. L. stupeus
2. Chair comportant des hyphes non ramifiées à paroi épaisse (hyphes squelettiques); revêtement piléique à poils dressés, courts :
5. Stipe central, plus long que le diamètre du chapeau; celui-ci ombiliqué à infundibuliforme; carpophores naissant fréquemment d’un pseudo-sclérote; spores cylindriques :
6. Chapeau densément velouté; lamelles très serrées; cystidioles à paroi épaisse peu abondantes ou nulles ........................... 4. L. velutinus
6. Chapeau tôt glabrescent, laissant apparaître la surface striée-sillonnée; lamelles assez espacées; cystidioles abondantes .................. 5. L. similis
5. Stipe latéral ou excentrique, rarement central, court et souvent réduit; grandes pleurocystides à paroi épaisse (métuloïdes); ne naissant jamais d’un pseudo-sclérote; spores ellipsoïdes ............... 6. L. strigosus
1. Revêtement piléique glabre ou à petites squamules isolées, jamais hispide, strigueux ou velouté :
7. Chapeau à squamules détersiles qui peuvent être de petite taille et ne persister qu’au centre du chapeau :
8. Carpophores croissant directement sur du bois mort au-dessus du niveau du sol; chapeau ne dépassant pas 7 cm diam. : 9. Cespiteux, squamules petites, concolores ou à peine plus foncées que la surface du chapeau; pas d’anneau persistant ............ 7. L. squarrosulus
9. Solitaire; squamules du chapeau grandes, floconneuses, brun foncé; anneau persistant sur le stipe ................................ 8. L. brunneofloccosus
8. Stipe naissant sous la surface du sol, soit d’un sclérote soit à base radicante; carpophore souvent très grand, le chapeau pouvant atteindre 20-30 cm diam. :
10. Carpophores croissant sur un grand sclérote souterrain, globuleux; chair à hyphes squelettiques non ramifiées ........... 9. L. tuber-regium
10. Pas de sclérote; stipe atténué-radicant; chair à hyphes connectives ramifiées ...... 10. L. giganteus
7. Chapeau glabre ou à fibrilles apprimées :
11. Chair à hyphes squelettiques non ramifiées :
12. Solitaire; chapeau atteignant 6 cm de diamètre; pleurocystides grandes, à paroi épaisse et réfringente .......................... 11. L. ochroleucus
12. Carpophores croissant souvent en grosses touffes; chapeau atteignant 18 cm diam.; pas de pleurocystides ................ 12. L. connatus
11. Chair à hyphes connectives ramifiées :
13. Stipe latéral; marge piléique profondément incisée ...... 13. L. anthocephalus
13. Stipe central, rarement excentrique; marge piléique entière :
14. Stipe allongé, ramifié vers la base; pas d’anneau; chapeau déprimé au centre ......... 14. L. cladopus
14. Stipe court, toujours moins long que le diamètre piléique, anneau charnu et persistant au sommet du stipe; chapeau fortement cyathiforme ............ 15. L. sajor-caju
1. Lentinus atrobrunneus Pegler, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., 41 : 275 (1971). — Planches I, fig. 3 et II, fig. 7.
Chapeau 1,5-6 cm diam., souvent profondément infundibuliforme, mince, coriace; revêtement soyeux strié, brun (« Mummy Brown » à « Dusky Brown »), marqué de veines saillantes et rayonnantes formées d’hyphes plus foncées dont les extrémités libres forment une villosité lâche, apprimée vers le centre mais dressée et recourbée vers la marge où elle est persistante, sinon glabrescente; marge enroulée, mince, entière. Lamelles décurrentes, très serrées, à lamellules de deux longueurs, jaune fauve à jaune orange pâle (« Buff Yellow » à « Pale Yellow Orange »); minces, étroites (jusqu’à 2 mm de large); arête finement denticulée, parfois tachetée de brun. Stipe de 5-11 cm × 2-7 mm, central, cylindrique, dilaté vers le sommet et vers la base, plein; revêtement châtain (« Chestnut Brown »), couvert d’un fin tomentum de poils brun d’ombre qui pâlissent en séchant et alors brun ocracé (« Antique Brown »), glabrescent à tomentum plus persistant au sommet et à la base. Chair très mince au-dessus des lamelles, jusqu’à 3 mm d’épaisseur au centre du chapeau, blanche, fibreuse, tôt coriace en séchant, dimitique. Hyphes génératrices 1,5-3,5 μm diam., hyalines, à paroi très mince, très ramifiées, présentant de nombreuses anastomoses en H; boucles saillantes aux cloisons. Hyphes connectives 3-6 μm diam., mais présentant souvent des renflements vésiculeux (jusqu’à 16 μm diam.), à paroi hyaline très épaisse oblitérant presque complètement la lumière centrale, souvent ramifiées à rameaux latéraux atténués, de croissance limitée. Saveur douce, odeur fongique. Sporée blanche. Spores 5,3-7,5 × 1,7-2,5 (6 × 2) μm, ellipsoïdes cylindriques, hyalines, lisses, à paroi mince. Basides 13-16 × 4-4,5 μm, longuement claviformes, à quatre stérigmates. Arête des lamelles stérile, formée par des cheilocystides très abondantes, 20-37 × 3,5-8 μm, irrégulièrement noduleuses, sinueuses, légèrement incrustées sur exsiccatum, provenant directement de la trame. Pleurocystides nulles. Faisceaux d’hyphes fréquents mais courts, dépassant rarement les basides de plus de 35 μm, formés d’hyphes étroites à paroi mince, de 1,5-3 μm diam., provenant directement de la trame. Trame emmêlée, hyaline, continue avec la chair. Sous-hyménium à peine différencié, de 4-5 μm d’épaisseur. Revêtement piléique constitué par un épicutis (20-30 μm d’épaisseur) d’hyphes génératrices rampantes, parallèles, brunes, à paroi épaisse (jusqu’à 1,5 μm), 2,5-7 μm diam., donnant naissance aux poils libres du chapeau; ceux-ci mesurant jusqu’à 5 mm de long, obtus ou subaigus au sommet, formés de faisceaux lâches d’hyphes simples, non agglutinées, 2,5-7 μm diam., à paroi épaisse, brune, à boucles saillantes aux cloisons primaires, présentant rarement des cloisons secondaires rapprochées en échelle. Poils du stipe formés de faisceaux analogues mais excédant rarement 750 μun de longueur.
Habitat. — Sur bois mort, en forêt sèche.
Distribution :
Zaïre. — Forestier central : Binga, mai 1947, Goossens-Fontana 4047 et icon. (holotype).
Afrique centrale.
Observations :
1. La description est uniquement basée sur la récolte Goossens 4047, accompagnée d’aquarelles et de notes descriptives prises sur le frais.
2. Cette espèce présente une très forte ressemblance superficielle avec L. velutinus Fr. dont elle peut être distinguée par (a) le chapeau d’un brun très foncé à reflet soyeux, (b) le stipe non velouté, (c) l’absence totale de cystidioles à paroi épaisse, et, ce qui est le plus important, (d) la présence d’hyphes connectives et l’absence totale d’hyphes squelettiques aussi bien dans la chair que dans la trame. L. atrobruneus est plus voisin de L. crinitus (L. ex Fr.) Fr. mais est plus grand, à stipe plus allongé, tomentum initial sur le stipe et coloration plus foncée.
2. Lentinus crinitus (L. ex Fr.) Fr., Syst. Orb. Veg. : 77 (1825). — Planches I, fig. 4 et II, fig. 4.
Agaricus crinitus L. ex Fr., Syst. Mycol., 1 : 175 (1821).
Lentinus villosus Klotzsch, Linnaea, 8 : 479 (1833).
L. capronatus Fr. sensu Berk., Hooker Lond. Journ. Bot., 2 : 513, 1843 non Fr. (1838).
L. scliomburghii Berk., Trans. Linn. Soc. Bot., 20 : 111, tab. 9 fig. 3 (1846).
L. leveillei Berk., Trans. Linn. Soc. Bot., 20 : 112, tab. 9 fig. 5 (1846).
L. wrightii Berk. et Curt., Journ. Linn. Soc. Bot., 10 : 300 (1868).
L. rigidulus Berk. et Curt., Journ. Linn. Soc. Bot., 10 : 301 (1868).
L. subcervinus Berk. et Curt., Journ. Linn. Soc. Bot., 10 : 301 (1868).
L. zeyheri Berk. apud Sacc, Syll. Fung., 5 : 574 (1887).
Panus crinitus (L. ex Fr.) Sing., Lilloa, 22 : 275 (1951).
Chapeau 1-6 cm diam., profondément infundibuliforme à cyathiforme, coriace, couvert d’une couche velue-strigueuse ou velue puis glabrescente vers le centre où il subsiste cependant quelques petites squamules récurvées, montrant alors la surface piléique à stries radiales plus foncées, d’abord presque blanc ou lavé de teintes lilacines ou purpuracées qui disparaissent en laissant une teinte uniforme brun bistre, devenant brun rougeâtre en séchant; marge fortement enroulée au début, densément velue. Lamelles décurrentes, serrées, à lamellules de quatre longueurs, étroites (jusqu’à 3 mm de large), ivoire ou concolores au chapeau; arête fortement denticulée. Stipe 3-6 cm × 1-7 mm, central, cylindrique, parfois dilaté au sommet, plein, ferme à presque ligneux, ocracé blanchâtre, couvert jusqu’à la base de minuscules squamules fibrilleuses, apprimées, ocracées ou brunâtres, un peu tomenteux vers les lamelles. Chair mince, atteignant 2 mm d’épaisseur au centre, blanche, assez tendre à l’état frais, devenant coriace, dimitique à hyphes génératrices et connectives. Hyphes génératrices 1,5-3 μm diam., hyalines, à paroi très mince, ramifiées, tôt collapses; à boucles saillantes. Hyphes connectives fortement développées, formant le type hyphal dominant, jusqu’à 5 μm diam., à paroi épaisse et lumière centrale presque oblitérée; ramifiées à rameaux latéraux atténués de croissance limitée. Saveur douce, odeur nulle. Sporée blanche. Spores 5,7-8 × 2,5-3,5 (6,5 × 3,2) μm, longuement ellipsoïdes, à paroi mince, hyalines, à contenu légèrement guttulé. Basides 14-16,5 × 4-5 μm, longuement claviformes, à quatre stérigmates arqués (jusqu’à 2,5 μm de long). Arête des lamelles stérile formée par de nombreux faisceaux emmêlés d’hyphes hyalines, 1-2 μm diam., provenant directement de la trame. Pleurocystides nulles. Faisceaux d’hyphes assez abondants, saillants jusqu’à 50 μm au-dessus des basides, à hyphes hyalines emmêlées, 1-2 μm diam. Trame hyaline ou presque, emmêlée, continue avec la chair et de même composition. Sous-hyménium peu différencié, difficile à distinguer, 2-4,5 μm d’épaisseur. Revêtement piléique formé par un épicutis, de 30-60 μm d’épaisseur à hyphes génératrices arrangées radialement, 2-6 μm diam., à paroi brune épaissie et boucles saillantes, Poils formés de faisceaux d’hyphes parallèles, simples, jusqu’à 3000 × 3,5-10 μm, à paroi épaissie (1-1,5 μm) brune ou presque hyaline et extrémité obtuse ou subaiguë; vers l’apex il apparaît souvent une série de cloisons secondaires donnant un aspect d’échelle mais il existe aussi des cloisons primaires à boucle saillante.
Habitat. — Groupés sur bois mort en forêt et en savane.
Distribution :
Zaïre. — Mayombe : Moanda, avr. 1913, Vanderyst 1286. — Bas-Congo : Kisantu, déc. 1906, Vanderyst 647; id., mai 1907, et oct. 1908, Vanderyst s.n.; Sanda, 1908, Vanderyst 645; Mayidi, févr. et oct. 1910, Vanderyst 646 et 647; Bambata (tribu), 1910, Allard in Vanderyst 648 à 652. — Kasai : Kikwit, déc. 1913, Vanderyst 4055. — Forestier central : Yangambi, 470 m, sept. 1938, Louis 11142; Eala, nov. 1924, Goossens-Fontana 433; Binga, mai 1947, Goossens-Fontana 4045 et icon. — Lacs Edouard et Kivu : Panzi, 1650 m, oct. 1947, nov. 1949, déc. 1953, Goossens-Fontana 5096, 5106, 5336. — Haut-Katanga : Tembwe, déc. 1946, Van Meel 358, 359; id. févr. 1947, Van Meel 824, 842.
Burundi : Rumonge, route de Bururi, 1000 m, janv. 1968, Petit 2363.
Pantropical.
Observations :
1. Espèce extrêmement commune, de distribution pantropicale, type du genre Lentinus.
2. Le carpophore est très variable, particulièrement dans la villosité piléique. On trouve une série continue d’intermédiaires entre la forme L. crinitus, glabrescente, et la forme L. villosus, plus densément velue. Pour Pilát (1941 : 80), Dennis (1950 : 322) et Singer (1951 : 275), il n’est pas possible de maintenir deux espèces distinctes; cependant Pilát reconnaît huit variétés dont Pegler et Rayner (1969 : 384) ont donné un synopsis.
3. L’espèce est caractérisée par le chapeau strigueux, le stipe court dépassant rarement le diamètre piléique et la présence d’hyphes connectives dans la chair et la trame.
3. Lentinus stupeus Klotzsch (« stupens »), Linnaea, 8 : 480 (1833); Fries, Epicrisis : 388 (1938) (« stuppeus »). — Planche II, fig. 3.
Panus stupeus (Klotzsch) Pegler et Rayner, Kew Bull., 23 : 389 (1969).
Chapeau 1-5 cm diam., profondément infundibuliforme à ombiliqué, coriace, couvert d’un tomentum hispide et frisé, acajou foncé (« Mahogany Red ») à presque noir, à poils criniformes s’agglomérant pour former d’étroites squamules pointues (jusqu’à 7 mm de long), puis glabrescent à partir du centre laissant apparaître une surface brun-rouge foncé (« Vandyke Red »), soyeuse et striée; marge fortement incurvée, très densément frisée-hispide. Lamelles courtement décurrentes, très serrées, à lamellules de cinq longueurs, fortement interveinées vers leur base, minces, étroites (jusqu’à 2 mm de large), fauve jaunâtre; arête fortement denticulée. Stipe 1,5-4 cm × 2-4 mm, court, central, cylindrique, égal ou dilaté vers le sommet, ferme, plein; revêtement brun pâle ou à teintes purpuracé foncé, couvert de petites squamules foncées, dressées et espacées, puis glabrescent mais restant fortement hispide vers la base. Chair très mince audessus des lamelles, jusqu’à 2 mm d’épaisseur au centre, blanche, fibreuse coriace dimitique. Hyphes génératrices 1,5-4,5 μm diam., hyalines, à paroi très mince, très ramifiées. Hyphes connectives 3-8 μm diam., hyalines, à paroi épaissie (jusqu’à 2 μm épaisseur) mais à lumière centrale toujours visible, souvent ramifiées à rameaux latéraux atténués (jusqu’à 1 μm diam.), à croissance limitée. Spores 6-8,3 × 2-3 (7,3 × 2,7) μm, cylindriques, hyalines, à paroi mince et contenu peu dense. Basides 20-23 × 5-6 μm, longuement claviformes, à quatre stérigmates. Arête des lamelles stérile formée par de nombreux faisceaux emmêlés d’hyphes cystidiformes hyalines, à paroi mince, 25-45 × 1,5-4,5 μm, sinueuses, parfois noduleuses, provenant directement de la trame. Pleurocystides nulles. Faisceaux d’hyphes abondants, saillants de 50 μm au-dessus des basides, à hyphes emmêlées, hyalines, 1-2 μm diam., à paroi mince. Trame presque hyaline, emmêlée, de composition analogue et continue avec la chair. Soushyménium très étroit, jusqu’à 7 μm d’épaisseur. Revêtement piléique à épicutis de 50-60 μm d’épaisseur formé d’hyphes génératrices disposées radialement, 2-8 μm diam., à paroi brun rougeâtre, épaissie (jusqu’à 1,5 μm) et boucles saillantes. Poils du chapeau formés de faisceaux d’hyphes simples, 4-10 μm diam., à paroi épaisse (jusqu’à 3 μm) et pigmentée, à extrémité aiguë ou obtuse, cloisons secondaires rapprochées donnant parfois un aspect d’échelle; boucles nombreuses.
Habitat. — Sur bois mort.
Distribution :
Zaïre. — Forestier central : env. d’Hoysha, alt. 1050 m, juin 1953, Fredericq in de Witte 9434.
Afrique centrale et île Maurice.
Observations :
1. Cette espèce a été précédemment considérée comme synonyme de L. crinitus mais le revêtement densément hérissé, d’un noir purpuracé, semble être un caractère constant du matériel en provenance d’Afrique tropicale. Les spécimens jeunes de L. crinitus présentent aussi souvent des teintes purpuracées mais celles-ci disparaissent rapidement avec l’âge. Les dimensions des spores sont aussi un peu différentes, celles de L. stupeus étant légèrement plus étroites.
2. L’espèce est assez commune dans toute l’Afrique tropicale. Nous avons pu examiner du matériel authentique provenant de l’île Maurice (herb. Hooker 1867, K).
4. Lentinus velutinus Fr., Linnaea, 5 : 510 (1830), non Panus velutinus (Fr.) Fr. (1838). — Planches I, fig. 5 et II, fig. 6.
L. fulvus Berk., Ann. Mag. Nat. Hist., 10 : 369, tab. 9, fig. 1 (1842).
L. zonatus Lév., Ann. Sci. Nat. Bot., sér. III, 2 : 176 (1844).
L. tephroleucus Mont., Tijds. Wis. Nat. Wetens. Amsterdam, 4 : 204 (1851).
L. leprieurii Mont., Ann. Sci. Nat. Bot., sér. IV, 1 : 119 (1854).
L. dichrous Lév. apud Zoll., Syst. Verz. Ind., 14 : 18 (1854).
L. nepalensis Berk., Hooker Journ. Bot., 6 : 131 (1854).
L. siparius Berk., et Curt., Journ. Linn. Soc. Bot., 10 : 301 (1868).
L. blepharodes Berk., et Curt., Journ. Linn. Soc. Bot., 10 : 301 (1868).
L. zonifer Berk., et Br., Journ. Linn. Soc. Bot., 14 : 43 (1873).
L. fuscopurpureus Kalchbr., Grevillea, 8 : 153 (1880).
L. fastuosus Kalchbr. et MacOwan, . Grevillea, 9 : 135 (1881).
L. fallax Speg., An. Soc. Cient. Argent., 16 : 274 (1883).
L. egregius Massee, Bull. Misc. Inf. Kew, 1910 : 249 (1910).
Panus velutinus (Fr.) Overh., Journ. Dept. Agric. Porto Rico, 14 : 353 (1930), nom. illegit.
L. velutinus Fr. var. blepharodes (Berk. et Curt.) Pilát, Ann. Mycol., 34 : 110 (1936).
L. velutinus Fr. var. fuscopurpureus (Kalchbr.) Pilát, Ann. Mycol., 39 : 83 (1941).
L. velutinus Fr. var. leprieurii (Mont.) Dennis, Kew Bull., 5 : 326 (1950).
Panus siparius (Berk. et Curt.) Sing., Lilloa, 22 : 275 (1951).
P. fulvus (Berk.) Pegler et Rayner, Kew Bull., 23 : 385 (1969).
Chapeau 2-10 (-13) cm diam., profondément infundibuliforme puis cyathiforme, mince, tenace, fauve crème à brun cannelle, châtain en séchant, parfois lavé de violacé ou de purpuracé, sec, non hygrophane, densément couvert par une couche hispide ou veloutée de poils courts (jusqu’à 2 mm), dressés, concolores, parfois agglutinés en touffes coniques lâches, glabrescent, à poils cependant plus persistants vers la marge, montrant de fines stries radiales, parfois zoné; marge mince, enroulée à l’état jeune et par le sec, ondulée, souvent ciliée, parfois profondément incisée. Lamelles arquées décurrentes, serrées à lamellules de trois longueurs, minces, fauve ocracé pâle puis fauve vineux, souvent à reflet violacé foncé; marge entière, concolore. Stipe 1,5-9 (-11) cm × 3-10 mm, typiquement central, parfois excentrique, très rarement latéral, cylindrique, plein, tenace, entièrement couvert de poils dressés formant un revêtement velouté persistant qui s’arrête brusquement à la base des lamelles, légèrement plus foncé que le chapeau, brun châtain à brun d’ombre. Le stipe provient parfois d’un grand pseudosclérote mesurant jusqu’à 10 × 4 cm, fusoïde et lisse, profondément enfoui dans le substrat ligneux. Chair n’ayant env. que 1 mm d’épaisseur au disque, ferme coriace, dimitique à hyphes génératrices et squelettiques. Hyphes génératrices 2-3,5 μm diam., hyalines, à paroi mince, très ramifiées; cloisons à boucle saillante. Hyphes squelettiques 2,5-4 μm diam., hyalines, à membrane très épaisse (1-2 μm épaisseur), simples, sinueuses, rarement à pigment brun incrustant. Saveur douce, odeur nulle. Sporée blanche. Spores 5-7 (-8) × 2,5-3,5 (5,7 × 3) μm, ellipsoïdes allongées à cylindriques, hyalines, à paroi mince, à contenu peu dense. Basides 12-16 × 3,5-4,5 μm, claviformes cylindriques à quatre stérigmates (jusqu’à 4 μm de long). Arête des lamelles stérile, formée de petits poils cystidiformes, 20-30 × 4-7 μm, irréguliers, noduleux cylindriques, hyalins, à paroi mince, vite collapses et d’observation difficile. Cystidioles présentes, souvent abondantes à la surface des lamelles, 27-37 × 4-12 μm, cylindriques, claviformes ou ventrues, souvent à sommet pointu, à paroi légèrement épaissie chez les vieux carpophores, apparaissant comme les terminaisons des hyphes squelettiques. Faisceaux d’hyphes nuls. Trame hyaline, emmêlée, continue avec la chair. Sous-hyménium peu développé, 5-11 μm de large, emmêlé. Revêtement piléique formé par des touffes fasciculées de poils simples provenant d’un épicutis agglutiné et large (85-110 μm) à hyphes fondamentales radialement parallèles, 3,5-8,5 μm diam., à paroi hyaline très épaisse. Poils 30-1000 × 3-7,5 μm, cylindriques à sommet arrondi obtus, à paroi brune très épaisse (jusque 3,5 μm épais) et régulièrement septés à boucles saillantes.
Habitat. — Sur bois mort, sur le sol, en forêt et en savane.
Distribution :
Zaïre. — Bas-Congo : Sanda, 1908 et 1905, Vanderyst s.n. et 660; Bambata (tribu), févr. 1910, Allard 78 in Vanderyst 661, id. 83 in 663, 106 in 665, 209 in 662 et 219 in 664; Lenga, nov. 1908, Vanderyst s.n.; Kinanga, avr. 1910, Vanderyst s.n.; Kwango, 1925, Vanderyst 16817, 16856; Wamba, Vanderyst 17612; Kasongo, 1925, Vanderyst 17413; entre Dembo et Kisantu, oct. 1900, Gillet 1552. — Kasai : Ipamu, juin 1921, sept. 1920 et 1921, oct. 1920 et 1921, Vanderyst 9627, 10627, 10662, 10928 et 10985; route de Salenge à Lukolela, juil. 1925, Goossens-Fontana 434; Kikwit, déc. 1913 et juil. 1920, Vanderyst 4033, 4035 et 10040. — Forestier central : Eala, mai 1923 et déc. 1924, Goossens-Fontana 154 et icon., 364; Binga, mai 1942, Goossens-Fontana 4044 et icon.; Wabundu, déc. 1896, Dewèvre 181; Avakubi, janv. 1914, Bequaert 1937. — Lacs Edouard et Kivu : Beni, alt. 1150 m, nov. 1931, Lebrun 4534; Nyaleke, Semliki, alt. 1000 m, févr. 1956, de Witte 12867 et 12933; Tembwe, déc. 1946 et févr. 1947, Van Meel 360 et 847.
Pantropical.
Observations :
1. Cette espèce est la plus commune du genre en Afrique tropicale. Elle est caractérisée par le stipe allongé, grêle et velouté, naissant souvent d’un pseudosclérote et par le chapeau à revêtement courtement hispide. Le pseudosclérote est formé par des ramifications mycéliennes à l’intérieur du bois mort constituant le substrat.
2. L’aquarelle accompagnant la récolte 4044 de Mme Goossens représente des carpophores typiques mais l’amplitude de la variation des caractères macroscopiques chez cette espèce est extrêmement grande, particulièrement en ce qui concerne la densité des lamelles, la présence de teintes purpuracées ainsi que la striation et la zonation de la surface piléique. Il en est résulté une synonymie abondante.
5. Lentinus similis Berk, et Br., Journ. Linn. Soc. Bot., 14 : 43 (1873). — Planches II, fig. 5 et III, fig. 4.
L. velutinus Fr. forma similis (Berk. et Br.) Pilát, Ann. Mycol., 34 : 130 (1936).
Chapeau 5-15 cm diam., profondément infundibuliforme puis cyathiforme, mince, coriace, brun cannelle à brun châtain foncé, souvent lavé dans le jeune âge de teintes violacées ou purpuracées, velouté au centre sinon glabrescent en laissant apparaître une surface radialement striée, plissée, à stries atteignant presque le centre; marge incurvée, mince, ciliée, parfois incisée radialement. Lamelles décurrentes, assez espacées à lamellules de cinq longueurs, étroites, fauve ocracé, fonçant à maturité, parfois à reflet purpuracé; arête entière. Stipe 6-15 cm × 3-15 mm, central cylindrique, égal ou dilaté à la base, plein, ferme, coriace; revêtement uniformément velouté puis glabrescent, concolore au chapeau. La base du stipe forme parfois une ramification latérale, courte et stérile; elle naît parfois d’un pseudosclérote. Chair mince, jusqu’à 3 mm d’épaisseur au centre, blanche, fibreuse coriace, dimitique à hyphes génératrices et squelettiques. Hyphes génératrices 2-4 μm diam., hyalines, à paroi très mince, très ramifiées, cloisonnées à boucles saillantes. Hyphes squelettiques 2-4 μm diam., hyalines, à paroi très épaisse, simples, sinueuses, non cloisonnées. Spores 5,7-7 × 2,3-3 (6,5 × 2,7) μm, longuement ellipsoïdes, hyalines, à paroi mince, à contenu peu dense. Basides 17-18 × 4-5 μm, claviformes cylindriques, à quatre stérigmates arqués. Arête des lamelles stérile formée de petits poils cystidiformes hyalins, tôt collapses. Cystidioles très abondantes, souvent serrées, métuloïdes, 24-40 × 5-9 μm, irrégulièrement fusoïdes, à paroi épaisse hyaline ou brunâtre, à contenu vacuolaire souvent brunâtre. Faisceaux d’hyphes nuls. Trame hyaline ou presque, emmêlée. Sous-hyménium peu développé. Revêtement piléique formé par un épicutis épais (jusque 110 μm) d’hyphes rampantes donnant naissance à des poils dressés. Poils du chapeau formés par des faisceaux d’hyphes simples, brunâtres, mesurant jusqu’à 150 × 4-8 μm, à paroi épaisse (1,5-3 μm) et présentant quelques cloisons bouclées. Revêtement du stipe à poils analogues.
Habitat. — Sur bois mort.
Distribution :
Zaïre. — Forestier central : Binga, avr. 1929, Goossens-Fontana 663 et icon. — Haut-Katanga : Kipopo, alt. 1250 m, janv. 1961, Schmitz-Levecq 284.
Paléotropical.
Observations :
Cette grande et robuste espèce a souvent été considérée comme un synonyme de L. velutinus et pourrait du reste n’en être qu’une forme. Comme elle se distingue immédiatement par son habitus de la forme typique de L. velutinus, nous pensons qu’il était utile de la retenir ici. Elle est surtout caractérisée par son chapeau glabrescent à surface fortement striée plissée; elle diffère en plus de L. velutinus par les carpophores plus grands, les lamelles largement espacées qui gardent la teinte purpuracée des jeunes spécimens et par l’abondance des cystidioles à paroi épaisse.
6. Lentinus strigosus (Schwein.) Fr., Syst. Orb. Veg. : 77 (1825), non Panus strigosus Berk. et Curt. (1859). — Planches I, fig. 6 et IV, fig. 6.
Agaricus strigosus Schwein., Syn. Fung. Carol. Sup. : 63 (1822).
Lentinus lecomtei Fr., Syst. Orb. Veg. : 77 (1825).
A. hirtus Secr., Mycogr. Suisse, 2 : 452 (1833).
Panus rudis Fr., Epicrisis : 398 (1838).
A. sainsonii Lév., Demid. Voy. Russ. mer., 2 : 85 (1842).
L. chaetophorus Lév., Ann. Sci. Nat. Bot., sér. III, 2 : 117 (1844).
P. sainsonii (Lév.) Heuffler, Verh. zoo.-bot. Ges. Wien, 17 : 731 (1861).
L. sparsibarbis Berk., et Curt., Journ. Linn. Soc. Bot., 10 : 301 (1868).
L. strigellus Berk., et Curt., Journ. Linn. Soc. Bot., 10 : 302 (1868).
P. guaraniticus Speg., An. Soc. Cient. Argent., 16 : 275 (1883).
Pocillaria rudis (Fr.) O. Kuntze, Rev. Gen. Pl., 3 : 506 (1898).
L. substrigosus P. Henn. et Shirai, Engl. Bot. Jahrb., 28 : 270 (1900).
L. rudis (Fr.) P. Henn. apud Engl. et Prantl., Nat. Pfl. fam. 1** : 224 (1900).
Panus strigellus (Berk. et Curt.) Chardon et Toro, Monogr. Univ. Porto Rico, ser. B, 2 : 315 (1934).
Pleurotus rudis (Fr.) Pilát, Atlas Champ. Europe, 2 : 162 (1935).
Panus semirudis Sing., Beih. Bot. Centralb., 56B : 142 (1936).
Solitaire, rarement cespiteux. Chapeau 3-6 (-10) cm diam., plus ou moins profondément ombiliqué, infundibuliforme à spatulé, d’abord violacé pâle ensuite les teintes rougeâtres disparaissent en laissant la surface ocre pâle, ocre jaunâtre en séchant, souvent blanchâtre, densément tomenteux à poils touffus, courts et dressés, devenant plus strigueux vers la marge, à maturité glabrescent à partir du centre; marge mince, droite. Lamelles longuement décurrentes, serrées à lamellules de quatre longueurs, d’abord lavées de violacé puis crème jaunâtre, jaune ocre en séchant, étroites; arête très finement papillée à la loupe. Stipe 0,5-4 cm × 2,5-10 mm, assez court, souvent réduit, central, excentrique ou sublatéral, cylindrique, égal, plein, concolore au chapeau, villeux à tomenteux strigueux jusqu’à la base des lamelles. Voile nul. Chair mince, charnue, coriace, dimitique à hyphes génératrices et squelettiques. Hyphes génératrices 2-3 μm diam., hyalines, à paroi très mince, très ramifiées, à boucles saillantes aux cloisons. Hyphes squelettiques 2-6 μm diam., hyalines ou presque, à paroi épaissie (jusqu’à 2,5 μm), simples, sinueuses, non septées. Sporée blanche. Spores 4,8-6 × 2,7-3,7 (5,3 × 3,2) μm, ovoïdes à ellipsoïdes, hyalines, à paroi mince, à contenu peu dense. Basides 15-22 × 3,5-4,5 μm, claviformes cylindriques, à quatre stérigmates courts et arqués. Arête des lamelles stérile formée par des cheilocystides serrées, 18-23 × 4-6 μm, fusoïdes, lagéniformes à largement claviformes, hyalines, à paroi mince ou épaisse, à contenu peu dense, souvent collapses et d’observation difficile. Pleurocystides (metuloïdes) présentes, 45-53 × 9-12,5 μm, à paroi réfringente et épaissie (jusqu’à 5 μm d’épaisseur) sauf au sommet, hyalines, courtement cylindriques ou cylindriques claviformes, rarement pointues au sommet, incrustées sur la plus grande partie de leur longueur sauf au sommet, dépassant de 35 μm les basides. Ces pleurocystides peuvent être assez dispersées à la surface des lamelles mais il existe aussi de nombreuses cystides immatures et non incrustées mélangées aux basides. Les grandes pleurocystides incrustées sont souvent entourées d’extrémités d’hyphes provenant de la trame et formant des faisceaux d’hyphes. Trame hyaline, emmêlée, analogue à la chair. Sous-hyménium étroit, emmêlé, jusqu’à 5 μm de large. Revêtement piléique formé par un épicutis (25-45 μm d’épaisseur) à hyphes rampantes arrangées radialement, 2,5 μm diam., à paroi épaissie, donnant naissance aux poils piléiques. Poils piléiques formés de faisceaux d’hyphes simples, mesurant jusqu’à 2000 × 2,5-6 μm, à paroi hyaline ou brun pâle, épaissie (jusqu’à 2 μm), septées et bouclées.
Habitat. — Sur bois mort, en forêt.
Distribution :
Zaïre. — Bas-Congo : Bambata (tribu), févr. 1910, Allard 81 in Vanderyst 659; id., mai 1907, Van Tilberg in Vanderyst 667; Kimpako, 1910, Vanderyst s.n.; Kisantu, mars 1907, Vanderyst 706 p.p. — Kasai : Ipamu, oct. 1921, Vanderyst 10966. — Forestier central : Binga, mars 1928, Goossens-Fontana 645 et icon.
Pantropical.
Observations :
1. Espèce variable de large distribution mais non encore signalée d’Afrique quoique l’Herbier de Kew en possède plusieurs spécimens en provenance de l’Uganda, en plus du matériel zaïrois se trouvant à Bruxelles.
2. La présence fréquente d’un stipe latéral a conduit maints auteurs à placer cette espèce dans les genres Panus Fr., Lentinopanus Pilát ou même Pleurotus (Fr.) Kummer mais sur la base de sa structure microscopique il est difficile de l’écarter de Lentinus. L’espèce est caractérisée par ses grandes cystides hyméniales (métuloïdes), ses spores ellipsoïdes et l’aspect hirsute du revêtement piléique de ses exsiccatums.
3. Des formes foncées ont parfois été séparées, au niveau variétal, sous les noms de strigellus et sparsibarbis. Nous avons pu examiner les holotypes de ces formes décrites de Cuba (Wright 76 et 79, K) ainsi que celui de L. guaraniticus du Paraguay (Balansa 3372, K).
4. Quoique ce champignon puisse atteindre d’assez grandes dimensions, il est typiquement petit et mince à stipe court.
7. Lentinus squarrosulus Mont., Ann. Sci. Nat. Bot., sér. II, 18 : 21 (1842). — Planches III, fig. 2 et IV, fig. 4.
L. subnudus Berk., Hooker Lond. Journ. Bot., 6 : 492bis (1847).
L. inconspicuous Berk., Hooker Lond. Journ. Bot., 6 : 494bis (1847).
L. multiformis Berk., et Br., Journ. Linn. Soc. Bot., 14 : 42 (1873).
L. cretaceus Berk., et Br., Journ. Linn. Soc. Bot., 14 : 42 (1873).
L. manipularis Berk., et Br., Journ. Linn. Soc. Bot., 14 : 43 (1873).
L. lobatus Berk., et Br., Journ. Linn. Soc. Bot., 14 : 44 (1873).
L. caespitosus Currey, Trans. Linn. Soc. Bot., ser. II, 1 : 120, tab. 19 fig. 4-5 (1875) non L. caespitosus Berk., 1847, nomen illegit.
L. curreyanus Sacc. et Cub., Syll. Fung., 5 : 586 (1887).
L. piperatus Beeli, Bull. Soc. Bot. Belg., 60 : 161, fig. 34 (1928) (syn. nov.).
L. tigrinus (L. ex Fr.) Fr. forma squarrosulus (Mont.) Pilát, Ann. Mycol., 34 : 130 (1936).
Pleurotus squarrosulus (Mont.) Sing., Sydowia, 15 : 137 (1961).
Cespiteux, les stipes de plusieurs carpophores provenant d’une base commune. Chapeau 2-7 cm diam., rarement jusqu’à 10 cm, déprimé au centre, souvent profondément infundibuliforme, charnu et flexible à l’état frais, dur et rigide en séchant, typiquement blanc, crème ou fauve rosé mais devenant parfois ocracé ou brunâtre, sec, radialement strié, squameux et squarreux, à petites squames innées, disposées concentriquement, concolores ou légèrement plus foncées, glabrescent; marge mince, régulière ou lobée, incurvée ou même enroulée. Lamelles longuement décurrentes, blanches à fauve pâle, concolores au chapeau sur le sec, serrées, à quatre longueurs de lamellules, arquées, minces, 2-3 mm large, légèrement interveinées vers leur base; arête finement denticulée. Stipe 1,2-7 cm × 2-5(-12) mm, typiquement central, souvent excentrique, très rarement latéral, atténué vers la base, cylindrique, ferme, plein, concolore au chapeau quoique présentant parfois des teintes purpuracées ou noirâtres vers la base, couvert de squamules floconneuses, tôt glabrescent. Anneau nul mais on peut observer des restes de voile sur les jeunes carpophores. Chair jusqu’à 2 mm d’épaisseur, charnue coriace, blanche, dimitique à hyphes génératrices et connectives. Hyphes génératrices 2-4 μm diam., hyalines, à paroi mince, rarement ramifiées, à boucles saillantes aux cloisons. Hyphes connectives 2-10 μm diam., bien développées jusqu’à devenir le type hyphal dominant, à paroi subhyaline, épaissie (jusqu’à 2,5 μm), présentant de nombreux rameaux latéraux de croissance limitée, atténués, ne mesurant que 1 μm diam. à l’extrémité. Saveur douce puis devenant lentement âcre ou amère; odeur agréable. Spores (4-) 5-7,5 × 1,7-2,5 (6 × 2,2) μm, cylindriques, hyalines, à paroi mince et contenu granuleux. Sporée crème pâle. Basides 17-18 × 4,5-5,5 μm, claviformes cylindriques, à quatre stérigmates. Arête des lamelles stérile à poils cystiformes abondants, 22-70 × 2-5 μm, sinueux cylindriques, arrondis ou légèrement atténués au sommet, hyalins, à paroi mince, bouclés à la base, provenant directement de la trame. Cystidioles abondantes sur les faces des lamelles, 15-27 × 4-8 μm, claviformes à fusiformes, parfois mucronées, rarement subcapitées, hyalines, à paroi légèrement épaissie surtout vers le sommet. Faisceaux d’hyphes abondants, dépassant les basides de 50 μm, formés d’hyphes hyalines à paroi mince, 2-4 μm diam., provenant directement de la trame. Trame emmêlée, hyaline, similaire et en continuité avec la chair. Sous-hyménium bien développé, 20-35 fim d’épaisseur. Revêtement piléique à épicutis formé d’hyphes rampantes arrangées radialement, de deux types : (a) hyphes fondamentales 2-4 μm diam., à paroi mince, parfois légèrement agglutinées, peu ramifiées; (b) hyphes connectives du type Bovista à corps principal renflé, 25-80 × 5-12 μm à paroi épaissie donnant naissance à de nombreux rameaux latéraux de croissance limitée, atténués vers leur extrémité et parfois ramifiés à leur tour. La structure des squames est analogue quoique les hyphes génératrices soient généralement collapses.
Habitat. — Sur bois mort, souvent groupés.
Distribution :
Zaïre. — Bas-Congo : rég. des Mombata (tribu), janv. 1910, Vanderyst 110. — Forestier central : Diobo-Akula, nov. 1925, Goossens-Fontana 390 et icon. (holotype de L. piperatus); Binga, août 1929 et janv. 1940, Goossens-Fontana 600, 600bis et icon., 2018 et icon. — Ubangi-Uele : Parc National de la Garamba, sur souche brûlée de Combretum, en savane, mars 1950, De Saeger 465.
Paléotropical.
Usages. — Comestible.
Noms vernaculaires. — Bokola (Diobo-Akula), kpakapa (P. de la Garamba).
Observations :
1. Cette espèce paléotropicale, commune, à large distribution, est très voisine de L. sajor-caju (Fr.) Fr. qui a également un système hyphal dimitique contenant des hyphes connectives du type Bovista. Elle peut être distinguée macroscopiquement par les carpophores plus petits, les revêtements squarreux, les lamelles moins serrées et l’absence d’un anneau persistant.
2. L. piperatus Beeli est basé sur de vieux spécimens délavés. L’aquarelle de Mme Goossens représente un spécimen typique de L. squarrosulus.
3. Pour plus de renseignements sur les espèces citées dans la synonymie, voir Pegler (1969 : 236). Précisons cependant que nous avons vu les holotypes de L. squarrosulus (Inde, Perrothet, P.), L. subnudus (Ceylan, Gardner 116, K), L. inconspicuous (Ceylan, Gardner, K), L. cretaceus, L. lobatus, L. manipularis (Thwaites 206, K), L. multiformis (Thwaites 609 p.p., K) et de L. caespitosus (Burma, Kurz 2624).
8. Lentinus brunneofloccosus Pegler, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., 41 : 278, 1971. — Planches III, fig. 3 et IV, fig. 5.
Chapeau 1-7 cm diam., convexe puis déprimé au centre à presque infundibuliforme, uniformément couvert à l’origine par une couche lâche et floconneuse de couleur châtain (« Chesnut Brown ») qui se rompt en grandes squames détersiles, disposées concentriquement sur un fond fauve crème (« Cream Buff »); marge mince, droite, non striée, entière. Lamelles décurrentes, assez serrées, à lamellules de deux longueurs, minces, jusqu’à 5 mm de large, ocracé saumon pâle à fauve clair (« Pale Ochraceous-Salmon » à « Light Buff »); arête entière, concolore. Stipe 1,5-8 cm × 2-8 mm, central, cylindrique, égal, plein, concolore au chapeau, présentant des squames apprimées éparses mais glabre et pâle au sommet, muni d’un anneau à la base des lamelles. Voile floconneux, brun d’ombre, annuliforme, disparaissant avec l’âge. Chair ayant jusqu’à 6 mm d’épaisseur au centre mais beaucoup plus mince au-dessus des lamelles, ferme, blanche ou légèrement fauvâtre, dimitique à hyphes fondamentales et connectives. Hyphes génératrices 2,5-5 μm diam., hyalines, à paroi très mince, peu ramifiées, cloisonnées et bouclées. Hyphes connectives bien développées et formant le type dominant, 3-7 μm diam., atténuées jusqu’à 0,75 μm diam., à paroi hyaline à jaunâtre, légèrement épaissie (0,5-1,5 μm) mais toujours à large lumière centrale, à nombreux rameaux latéraux de croissance limitée. Saveur douce, odeur nulle. Sporée blanche. Spores 5,5-7 × 2,3-3,2 (6,3 × 3) μm, courtement cylindriques, hyalines, à paroi mince et contenu granuleux peu dense. Basides 13-17 × 4-5 μm, à quatre courts stérigmates. Arête des lamelles stérile par d’abondants poils cystidiformes, 20-27 × 3,5-4,5 μm, hyalins, à paroi mince, très irréguliers, souvent noduleux et toujours à sommet obtus. Pleurocystides nulles. Faisceaux d’hyphes nuls. Trame irrégulière et emmêlée, continue avec la chair. Sous-hyménium peu développé et d’observation difficile, jusqu’à 5 μm d’épaisseur. Revêtement piléique formé par un épicutis peu différencié à hyphes radiales analogues à celles de la chair sous-jacente, squames piléiques formées d’hyphes lâchement emmêlées, 3,5-6 μm diam., à paroi brune légèrement épaissie, souvent incrustées par un pigment brun, très ramifiées à boucles saillantes aux cloisons; élément terminal cylindrique à sommet arrondi.
Habitat. — Sur bois mort, en forêt.
Distribution :
Zaïre. — Forestier central : Binga, janv. 1929, Goossens-Fontana 860 et icon. (holotype).
Afrique centrale.
Observations :
1. Cette espèce rappelle L. sajor-caju (Fr.) Fr. par son voile annulaire persistant mais s’en distingue immédiatement par les squames floconneuses brunes qui ornent le chapeau et le stipe. La présence de squames la différencie également de L. annulifer De Seynes.
9. Lentinus tuber-regium (Fr.) Fr., Epicrisis : 392 (1838). — Planches III, fig. 1 et IV, fig. 3.
Agaricus tuber-regium Fr., Syst. Mycol., 1 : 174 (1821).
L. cameroensis Cooke et Mass., Grevillea, 16 : 15 (1887).
L. flavidus Massee, Bull. Misc. Inf. Kew, 1901 : 163 (1901).
Pleurotus tuber-regium (Fr.) Sing., Lilloa, 22 : 271 (1951).
Solitaire ou cespiteux, naissant d’un sclérote souterrain. Chapeau 10-20 cm diam., infundibuliforme ou cyathiforme puis étalé en restant déprimé au centre, charnu puis coriace, revêtement glabre, muni souvent de petits squamules apprimées éparses, particulièrement au centre, blanc grisâtre à brun cannelle, non strié; marge incurvée au début, mince, parfois incisée. Lamelles décurrentes, très serrées, à lamellules de six longueurs, minces, jusqu’à 2 mm de large, fauve pâle à jaunâtre; arête entière. Stipe 3,5-13 × 0,7-3,5 cm, central, parfois excentrique, cylindrique, plein; revêtement concolore au chapeau présentant généralement des squamules apprimées analogues à celles du chapeau, parfois couvert d’un fin tomentum chez les grands spécimens. Sclérote souterrain, 10-25 cm diam., globuleux, ovoïde ou fusoïde, plein et lourd, à intérieur blanc et croûte extérieure brun noirâtre. Chair jusqu’à 8 mm d’épaisseur au centre mais beaucoup plus mince vers la marge, blanche, ferme à subéreuse, dimitique à hyphes génératrices et squelettiques. Hyphes génératrices 1,5-7 μm diam., hyalines, à paroi mince, très ramifiées, à boucles saillantes aux cloisons. Hyphes squelettiques 2-7 μm diam., hyalines à jaunâtres, à paroi épaisse (jusqu’à 2,5 μm), à lumière centrale étroite, sinueuses, simples, non septées. Sporée blanche. Spores 7,5-10 × 2,5-4,2 (8,5 × 3,2) μm, longuement ellipsoïdes à cylindriques, hyalines, à paroi mince, à contenu peu dense. Basides 21-26 × 5-6 μm, longuement claviformes, à quatre stérigmates atteignant 4 μm de long. Arête des lamelles stérile, formée de poils cystidiformes serrés, 20-38 × 4-6 μm, le plus souvent fusoïdes vers le sommet, hyalins, à paroi mince. Pleurocystides nulles. Faisceaux d’hyphes nuls ou rares. Trame hyaline, emmêlée, analogue et continue avec la chair piléique. Sous-hyménium bien différencié, de 10-12 μm de large. Revêtement piléique à épicutis peu développé (jusqu’à 25 μm d’épaisseur), formé d’hyphes disposées radialement analogues à celles de la chair sous-jacente; squames piléiques formées uniquement d’hyphes fondamentales lâchement emmêlées, 2,5-5 μm diam., à paroi légèrement épaissie, souvent brune par un pigment membranaire.
Habitat. — Sur le sol, croissant sur un volumineux sclérote enterré, en forêt et en savane.
Distribution :
Zaïre. — Mayombe : Moanda, nov. 1930, Vanderyst (?) 27716. — Bas-Congo : Kisantu, mai 1911, Gillet s.n.; Bambata (tribu), s.d., Allard in Vanderyst 224. Kasai : Lomami, s.d., Demeuse F24; Ipamu, sept. 1922, Vanderyst 11954. — Forestier central : Eala, juil. 1923, Goossens-Fontana 244 et icon.; Penge, févr. 1914, Bequaert 2321; id., 1903-1904, Em. et M. Laurent 674; Yangambi, réserve flore Isalowe, alt. 470 m, avr. 1938, Louis 8788. — Lacs Edouard et Kivu : Tembwe, févr. 1947, Van Meel 827. — Haut-Katanga : Kipopo, alt. 1250 m, déc. 1960, Schmitz-Levecq 257.
Paléotropical.
Usages. — Comestible.
Noms vernaculaires. — Jeunes carpophores : Eunda; carpophores étalés : Lotukuna (Eala).
Observations :
1. Cette espèce est aisément reconnaissable à son grand sclérote globuleux; elle est bien connue dans toute l’Afrique tropicale. Heim (1935) en a donné une excellente illustration en couleur basée sur du matériel de Madagascar.
2. En l’absence du sclérote, les carpophores peuvent être distingués de L. giganteus par la présence d’hyphes squelettiques dans la chair et dans la trame des lamelles.
3. Nous avons examiné les types de L. cameroensis (Cameroun, Johnston 105, K) et de L. flavidus (Nigeria, Holland 5, K).
10. Lentinus giganteus Berk., Hooker Lond. Journ. Bot., 6 : 493bis, tab. XVII-XVIII fig. 2 (1847). — Planche IV, fig. 2.
L. maculatus Berk., Hooker Lond. Journ. Bot., 6 : 494bis, tab. XIX fig. 2 (1847).
L. stenophyllus Berk., Hooker Lond. Journ. Bot., 6 : 495bis, tab. XVII-XVIII fig. 1 (1847).
L. obnubilis Berk., Hooker Lond. Journ. Bot., 6 : 495bis, tab. XIX fig. 3 (1847).
L. radicans Berk. et Br., Journ. Linn. Soc. Bot., 14 : 44 (1873).
Chapeau 1-12 cm. diam. (atteignant 30 cm. diam. d’après Petch), ombiliqué puis étalé à largement infundibuliforme ou déprimé; revêtement d’abord brun d’ombre par l’épicutis qui se fissure radialement en laissant apparaître la surface sous-jacente crème pâle à brun jaunâtre, à la fin pâle sauf les stries radiales qui se fragmentent en nombreuses petites squames apprimées et peu individualisées; marge mince, pâle, fortement striée sillonnée, enroulée. Lamelles arquées décurrentes, moyennement serrées, à lamellules de deux longueurs, minces, assez larges (jusqu’à 5 mm de large), blanches puis crème; arête finement denticulée. Stipe central, 2,5-13 cm × 2-20 mm (jusqu’à 40 mm selon Petch), égal ou légèrement dilaté au sommet, plein; revêtement finement tomenteux floconneux, à la fin glabrescent vers la base, concolore au chapeau ou brun grisâtre à léger reflet purpuracé; base radicante souterraine, mesurant jusqu’à 9 × 2 cm, irrégulièrement fusiforme, glabre, généralement fortement incrusté par des particules du sol. Voile non observé. Chair très mince, spongieuse puis coriace, blanche, dimitique. Hyphes génératrices 1,5-3,5 μm diam., hyalines, à paroi mince, très ramifiées, à nombreuses anastomoses en H et boucles saillantes aux cloisons. Hyphes connectives 2-6 μm diam., atténuées jusqu’à 0,5 μm diam., hyalines, à paroi épaisse (jusqu’à 2,5 μm d’épaisseur), non septées, à lumière centrale étroite et continue, souvent fourchues à longs rameaux latéraux atténués. Spores 6,5-8,5 × 3-4,2 (7,5 × 3,7) μm, longuement ellipsoïdes à subcylindriques, hyaline, à paroi mince, à nombreuses guttules réfringentes. Basides 17-20 × 4-5 μm, longuement claviformes, à quatre stérigmates. Arête des lamelles stérile formée de poils cystidiformes serrés, 35-50 × 3,5-7 μm, généralement indifférenciés, quelques-uns cependant à sommet légèrement dilaté, généralement agglutinés en faisceaux et provenant directement de la trame. Pleurocystides nulles. Faisceaux d’hyphes abondants et saillants pouvant dépasser les basides de 50 μm, formés de groupes d’hyphes hyalines à paroi mince, simples, 1,5-3 μm diam., provenant directement de la trame. Trame emmêlée, hyaline, continue avec la chair piléique. Sous-hyménium très peu différencié, jusqu’à 6 μm d’épaisseur. Revêtement piléique à épicutis (20-25 μm d’épaisseur), formé d’hyphes rampantes disposées radialement, 3-6 μm diam., à paroi brune assez mince, légèrement agglutinées mais non gélifiées. Poils du stipe formés de courts faisceaux d’hyphes simples à paroi épaisse, 3-5 μm diam., légèrement jaunâtres, à extrémité obtuse et boucles saillantes.
Habitat. — Sur le sol, probablement en relation avec du bois mort enfoui, ou sur bois mort.
Distribution :
Zaïre. — Haut-Katanga : Kipopo, alt. 1250 m, muhulu, oct. 1960, Schmitz-Levecq 234.
Paléotropical.
Observations :
1. Quoique cette espèce soit bien connue du Sud-Est asiatique et s’étende jusqu’en Australie, elle n’a été que rarement signalée en Afrique. Cependant la récolte de Schmitz-Levecq du Haut-Katanga la représente indubitablement.
2. L’épithète spécifique fait allusion aux grandes dimensions de cette espèce et si, effectivement, certains carpophores atteignent les dimensions observées chez L. tuber-regium (Fr.) Fr., la taille indiquée par Petch (1916 : 148) est rarement atteinte. Elle se reconnaît plus rapidement à sa base radicante qui peut être ramifiée et à son revêtement piléique squamuleux. Contrairement à ce qui s’observe chez L. tuber-regium, la chair contient des hyphes connectives ramifiées.
3. Nous avons examiné le type de l’espèce (Ceylan, Gardner 58, K) ainsi que ceux des L. maculatus (Ceylan, Gardner 39, K), L. stenophyllus (Ceylan, Gardner 34, K), L. obnubilus (Ceylan, Gardner 33, K) et L. radicans (Ceylan, Thwaites 767, K).
11. Lentinus ochroleucus Beeli, Bull. Soc. Bot. Belg., 60 : 162, fig. 32 (1928). — Planches V, fig. 1 et VI, fig. 4.
Chapeau 2-6 cm diam., mince, coriace, profondément ombiliqué, blanc lavé de citrin pâle, jaune fauve en séchant, lisse, glabre, à fines stries radiales; marge d’abord enroulée puis tôt droite, mince, entière, striée sur exsiccatum. Lamelles longuement décurrentes, prolongées en filets saillants sur le stipe, assez serrées à lamellules de quatre longueurs, jusqu’à 4 mm de large, blanches; arête entière, non denticulée. Stipe 2,5-4 cm × 3-6 mm, central, cylindrique, égal, un peu dilaté au sommet, plein, ferme, coriace; revêtement glabre, lisse, concolore au chapeau. Chair très mince au-dessus des lamelles, jusqu’à 3 mm d’épaisseur au centre, blanche, ferme, dimitique à hyphes génératrices et squelettiques. Hyphes génératrices 1,5-3 μm diam., hyalines, à paroi mince, ramifiées, cloisonnées et bouclées. Hyphes squelettiques 2-5 μm diam., hyalines, à paroi épaisse (1-2 μm), simples, sinueuses, non cloisonnées. Sporée crème. Spores 4-5,5 × 2-2,8 (4,5 × 2,3) μm, ellipsoïdes à courtement cylindriques, hyalines, à paroi mince, présentant rarement des guttules réfringentes. Basides 17-18 × 3,5-4,5 μm, longuement claviformes, à quatre courts stérigmates. Arête des lamelles stérile formée de touffes d’hyphes cystidiformes hyalines, 25-35 × 1,5-3 μm, à paroi mince, provenant directement de la trame. Pleurocystides assez abondantes, 25-36 × 7-9,5 μm, cylindriques à lagéniformes, à sommet arrondi et paroi très épaisse, hyaline et réfringente, non incrustées. Trame hyaline emmêlée. Revêtement piléique à épicutis rampant (jusqu’à 20 μm d’épaisseur) formé d’hyphes fondamentales bouclées, à paroi mince.
Habitat. — Sur bois mort, en forêt.
Distribution :
Zaïre. — Forestier central : Eala, juin 1923, Goossens-Fontana 179 et icon. (syntype), 179bis; id., sept. 1925, Goossens-Fontana 446 (syntype).
Afrique centrale.
Observations :
1. La description est uniquement basée sur les aquarelles et les exsiccatums des récoltes de Mme Goossens.
2. Cette espèce paraît proche de L. strigosus (Schwein.) Fr. par la présence d’hyphes squelettiques dans la chair et de pleurocystides métuloïdales dans l’hyménium mais s’en sépare par le chapeau et le stipe glabres.
12. Lentinus connatus Berk., Hooker Lond. Journ. Bot., 1 : 145 (1842) non Panus connatus Berk., (1852). — Planche VI, fig. 3.
L. javanicus Lév., Ann. Sci. Nat. Bot., sér. III, 5 : 118 (1846).
L. revelatus Berk., Hooker Lond. Journ. Bot., 6 : 492bis (1847).
L. velatus Berk. et Br., Journ. Linn. Soc. Bot., 14 : 42 (1875).
L. Infundibuliformis Berk. et Br., Journ. Linn. Soc. Bot., 14 : 42 (1875).
Panus ochraceus Mass., Bull. Misc. Inf. Kew 1906 : 92 (1906).
Pleurotus javanicus (Lév.) Sing., Sydowia, 15 : 139 (1961).
Cespiteux. Chapeau 2-14 (18) cm diam., variant de profondément infundibuliforme à stipe central à spatulé à stipe latéral, d’abord couvert par un voile blanc floconneux tomenteux qui peut persister vers l’ombilic mais qui disparaît ailleurs en laissant apparaître une surface sèche, blanche à crème ou ocracé pâle, à fines stries radiales brun grisâtre; marge très mince membraneuse, souvent lobée ou incisée, incurvée seulement chez les très jeunes spécimens. Lamelles longuement décurrentes, très serrées à lamellules de sept longueurs, parfois interveinées vers la base, très étroites (1-2 mm), minces, blanches puis fauve crème; arête entière, retenant souvent des restes persistant de voile. Stipe central, excentrique ou latéral, toujours bien développé, 1-11 cm × 3-15 mm, parfois branchu à la base, d’abord couvert d’un voile tomenteux blanc analogue à celui du chapeau, glabrescent à surface lisse et striée; base mycélienne feutrée, étendue à la base. Voile formé d’hyphes à paroi très épaisse, presque pleines, hyalines, simples, 3-5 μm diam. Chair très mince, 0,5-3 mm d’épaisseur, blanche, ferme à presque subéreuse-coriace, non gélifiée, dimitique à hyphes génératrices et squelettiques. Hyphes génératrices exceptionnellement larges, 5-8 μm diam., hyalines, à paroi très mince, souvent ramifiées, à boucles saillantes. Hyphes squelettiques 2,5-5 μm diam., hyalines, simples, sinueuses, atténuées vers les extrémités, à paroi épaissie (jusqu’à 1,5 μm) mais à lumière centrale toujours continue. Saveur et odeur nulles. Sporée blanche. Spores 6-8,5 × 2,5-3,5 (7,5 × 3) μm, cylindriques, hyalines, à paroi mince. Basides 13-19 × 4-5 μm, étroitement claviformes, à quatre courts stérigmates. Cheilocystides nulles mais l’arête est stérile par de nombreuses cystidioles, 15-22 × 3-4 μm, hyalines, à paroi mince, irrégulièrement claviformes à cylindriques sinueuses. Pleurocystides nulles mais on peut observer quelques petites cystidioles. Faisceaux d’hyphes présents mais peu abondants, formés d’hyphes hyalines, 2-3 μm diam., pouvant dépasser les basides de 50 μm, provenant de la trame. Revêtement piléique peu différencié à hyphes génératrices rampantes, disposées radialement, 2-3 μm diam., à paroi mince, très ramifiées à nombreuses boucles; les hyphes les plus superficielles sont un peu agglutinées et couvertes d’incrustations brunes, granuleuses.
Habitat. — Sur bois mort.
Distribution :
Zaïre. — Bas-Congo : Kisantu, s.d., Vanderyst 708. — Forestier central : Penge, févr. 1914, Bequaert 2390. — Lacs Edouard et Kivu : Mulange (riv. Koki), nov. 1946, Van Meel 87; Parc Nat. Albert, près de Kalonge, alt. 2200 m, févr. 1953, Fredericq in de Witte 10442.
Paléotropical.
Nom vernaculaire. — Muchankulu (Mulange).
Observations :
1. La description macroscopique est basée en grande partie sur les observations que nous avons pu faire sur du matériel frais en Uganda (Buganda prov., Mengo distr., Mpanga forest Reserve, alt. 1250 m, juin 1968, Pegler 1394 et icon.). Il semble qu’il s’agisse d’une espèce commune.
2. Ce champignon forme typiquement de grosses touffes de chapeaux très minces et flexibles, imbriqués, à lamelles très étroites et stipes courts mais distincts. Il croît presque toujours sur bois en décomposition, sur le sol de la forêt. Les stries brun grisâtre du chapeau sont caractéristiques de cette espèce.
3. Nous avons examiné l’holotype de l’espèce (Philippines, Cuming 1993, K) ainsi que ceux des L. revelatus (Ceylan, Gardner 117, K), L. velatus (Ceylan, Thwaites 1507, K), L. infundibuliformis (Ceylan, Thwaites 609, K) et de Panus ochraceus (Inde, Dehra Dun, Butler 397, K).
13. Lentinus anthocephalus (Lév.) Pegler, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., 41 : 280 (1971). — Planche IV, fig. 1.
Agaricus anthocephalus Lév., Ann. Sci. Nat. Bot., sér. III, 5 : 115 (1846).
Panus anthocephalus (Lév.) Fr., Nov. Symb. : 40 (1851).
Chapeau 6-9,5 cm diam., pleurotoïde, applani, multifide à marge profondément incisée parfois presque jusqu’à la base, mince, blanc à crème pâle à très fines stries radiales, glabre, marge droite, mince, membraneuse. Lamelles décurrentes, très serrées à lamellules de sept longueurs, étroites (jusqu’à 1 mm de large), concolores au chapeau ou légèrement plus foncées; arête entière. Stipe 7-10 × 4-7 mm, court, latéral, parfois comprimé dorsi-ventralement, plein, blanc, tomenteux. Chair très mince, jusqu’à 3 mm d’épaisseur vers la base, ferme, fibreuse à coriace, dimitique à hyphes génératrices et connectives. Hyphes génératrices 2,5-4 μm diam., hyalines, à paroi très mince, très peu ramifiées, à boucles saillantes. Hyphes connectives 3-6 μm diam., à paroi épaissie (1-2 μm), à lumière centrale continue, hyalines, ramifiées à rameaux latéraux de croissance limitée, non cloisonnées. Spores 6,3-7,2 × 2,5-3,2 (6,7 × 3) μm, largement cylindriques, hyalines, à paroi mince, à contenu légèrement réfringent. Basides 16-18 × 4-4,5 μm, longuement claviformes, probablement à quatre courts stérigmates. Cheilocystides non observées mais arête des lamelles paraissant stérile. Pleurocystides nulles. Faisceaux d’hyphes nuls. Trame emmêlée, analogue à la chair. Sous-hyménium peu différencié, 5-7 μm d’épaisseur. Revêtement piléique indifférencié, à hyphes rampantes, emmêlées, analogues à celles de la chair sous-jacente.
Habitat. — Bois mort, souches et troncs.
Distribution :
Zaïre. — Bas-Congo : mars 1907, Vanderyst s.n. — Forestier central : Lukolela, 1896, Dewèvre 178.
Afrique centrale, Madagascar.
Observations :
1. Cette espèce se distingue aisément des autres Lentinus par sa marge profondément lobée et incisée et par son stipe latéral.
2. L’espèce la plus voisine semble être L. connatus Berk. dont elle diffère par la présence d’hyphes connectives dans la chair, l’absence de faisceaux d’hyphes et le stipe très court peu différencié.
3. Nous sommes reconnaissant au Professeur R. Heim de nous avoir donné l’occasion d’étudier l’holotype provenant de Madagascar (Mahé, sur tronc de Pandanus, févr. 1840, Pervillé s. n., P).
14. Lentinus cladopus Lév., Ann. Sci. Nat. Bot., sér. III, 2 : 174 (1844). — Planche VI, fig. 2.
Cespiteux, les stipes de deux ou plusieurs carpophores provenant d’une même base. Chapeau 2-5 cm diam., membraneux, convexe, déprimé à subinfundibuliforme, blanc à fauve, lisse, glabre; marge striée, droite, entière. Lamelles courtement décurrentes, très serrées à lamellules de quatre longueurs, étroites (dépassant rarement 1 mm de large), minces, crème pâle; arête fimbriée à denticulée. Stipe 2-8 cm × 2-6 mm, central, égal, ferme, plein, concolore au chapeau, glabre. Chair blanche très mince, dimitique à hyphes génératrices et connectives. Hyphes génératrices 1,5-4 μm diam., hyalines, à paroi très mince, peu ramifiées, à boucles saillantes. Hyphes connectives 5-10 (-15) μm diam., hyalines, à paroi peu épaissie, ramifiées à rameaux latéraux atténués. Spores 6,5-8,5 × 3,7-4,7 (7,5 × 4,3) μm, longuement ellipsoïdes à subcylindriques, hyalines, à paroi mince, rarement à guttules réfringentes. Basides 15-17,5 × 4-4,5 μm, longuement claviformes, à quatre stérigmates (jusqu’à 2 μm de long). Arête des lamelles stérile formée de groupes de poils cystidiformes, densément fasciculés, 40-60 × 1,5-5 μm, hyalins, à paroi mince, irrégulièrement noduleux, sinueux, bouclés à la base. Pleurocystides nulles. Faisceaux d’hyphes abondants pouvant dépasser les basides de 45 μm, formés d’hyphes cylindriques, 1,5-3,5 μm diam., hyalines, à paroi mince, à sommet obtus, provenant directement de la trame. Trame emmêlée, analogue à la chair. Sous-hyménium pseudoparenchymateux, jusqu’à 6 μm d’épaisseur. Revêtement piléique indifférencié à hyphes emmêlées analogues à celles de la chair sousjacente.
Habitat. — Sur bois mort.
Distribution :
Zaïre. — Bas-Congo : Kisantu, mars 1907, Vanderyst 654 et s.n.
Asie et Afrique tropicales.
Observations :
Cette espèce se rapproche le plus de L. squarrosulus Mont. par sa structure hyphale mais elle en diffère par le chapeau membraneux, très mince, l’absence de squamules et les spores plus larges. Dans tous les spécimens examinés le stipe est fourchu à la base.
15. Lentinus sajor-caju (Fr.) Fr., Epicrisis : 393 (1838). — Planches V, fig. 2 et VI, fig. 1.
Agaricus sajor-caju Fr., Syst. Mycol., 1 : 175 (1821).
L. exilis Klotzsch ex Sceurin et Fr., Syn. Gen. Lentinarum : 10 (1836).
L. dactyliophorus Lév., Ann. Sci. Nat. Bot., sér. III, 2 : 174 (1844).
L. tanghiniae Lév., Ann. Sci. Nat. Bot., sér. III, 5 : 119 (1846).
Panus exilis (Klotzsch ex Sceurin et Fr.) Bres., Bull. Soc. Bot. Belg., 38 : 153 (1899).
Armillaria dactyliophora (Lév.) Beeli, Bull. Soc. Bot. Belg., 59 : 110 (1927).
Pleurotus sajor-caju (Lév.) Sing., Lilloa, 22 : 271 (1951).
Panus dactyliophorus (Lév.) Sing., Sydowia, 5 : 462 (1951).
Chapeau 3-9 (-14) cm diam., profondément cyathiforme à infundibuliforme, coriace, gris pâle, crème ou brunâtre, à petites squamules apprimées vers le centre et fines stries radiales; marge incurvée, glabre, ondulée et parfois lobée. Lamelles longuement décurrentes jusqu’à l’anneau, très serrées à lamellules de six longueurs, minces, étroites (jusqu’à 3 mm de large), crème, fonçant souvent en séchant; arête finement denticulée. Stipe 1,5-3 (-4) × 6-15 mm, court, central ou excentrique à parfois presque latéral, cylindrique, égal, plein, concolore au chapeau ou plus pâle, glabre; anneau inséré au sommet du stipe tout près de l’insertion des lamelles, tenace et charnu à l’état frais, souvent disparu chez les spécimens âgés. Chair très mince au-dessus des lamelles, jusqu’à 8 mm d’épaisseur au centre, blanche, ferme, fibreuse coriace, dimitique à hyphes génératrices et connectives. Hyphes génératrices 1,5-5 μm diam., hyalines, à paroi très mince, très ramifiées, bouclées aux cloisons. Hyphes connectives 2-8,5 μm diam., atténuées jusqu’à 0,5 μm diam., hyalines, à paroi épaissie (jusqu’à 2 μm mais à lumière centrale toujours largement ouverte), fortement ramifiées à nombreux rameaux latéraux de croissance limitée. Spores 4-8 × 1,5-2,3 (6 × 2) μm, cylindriques, hyalines, à paroi mince et contenu peu dense. Basides 17-20 × 3,5-4,5 μm, longuement claviformes, à quatre stérigmates. Arête des lamelles stérile formée de faisceaux de poils cystidiformes agglutinés, 30-60 × 1,5-4 μm, à paroi mince, hyalins, à sommet obtus ou noduleux, bouclés à la base et provenant directement de la trame. Pleurocystides nulles. Faisceaux d’hyphes abondants, facilement observables à la loupe sur les faces des lamelles, pouvant dépasser les basides de 35 μm, formés d’hyphes hyalines, très étroites, 0,5-1,5 μm diam., provenant de la trame. Trame hyaline, emmêlée, analogue et continue avec la chair. Sous-hyménium presque nul, rarement atteignant 4 μm d’épaisseur. Revêtement piléique à épicutis (jusqu’à 15 μm d’épaisseur) formé d’hyphes radialement parallèles, 2,5-3,5 μm diam., à pigment membranaire brun, formant parfois des petites squamules fibrilleuses.
Habitat. — Sur bois mort, en forêt.
Distribution :
Zaïre. — Côtier, île près de Malela, juil. 1895, Dewèvre 164. — Bas-Congo : Kisantu, 1901 et 1903, Gillet 13 et 3405; id., févr. 1910, Vanderyst 638, 639 et s.n.; Kinkosi, 1907, Vanderyst 669; Bambata (tribu), févr. 1910, Allard 230, 232 et 234 in Vanderyst 657, 640 et 641; Mombata (tribu), janv. 1910, Allard 112 et 120 in Vanderyst 656 et 658; Kwilu, nov. 1913, Vanderyst 4054; Kitoloba, mars 1906, Pynaert 35. — Kasai : Basongo, mai 1905, Flamigni 33; Luluabourg, 1913, Sparano; Ipamu, sept. 1921, Vanderyst 10644. — Forestier central : Eala, juin, sept., oct. et déc. 1923, Goossens-Fontana 210 et icon., 210bis, 240 et icon., 312 et icon., 342 et icon.; id., 1908 et 1909, Seret 906 et 1041; Avakubi, janv. 1914, Bequaert 1864; Mbandaka, janv. 1896, Dewèvre 89; région du Mt Hoyo, riv. Issehe, Yolohafiri et Kabambi, alt. 1200 m, juil.-août 1955, Vanschuyt-broeck in de Witte 12546, 12553 et 12656; Kifuku, alt. 750 m, sept. 1953, de Witte 9630; Angodia, mai 1931, Lebrun 2979. — Lacs Edouard et Kivu : Parc Nat. Albert, Kalasabango, alt. 1100 m, nov.-déc. 1952, Fredericq in de Witte 8371, 8395, 8396, 8441, 8444 et 8445; Mutsora, alt. 1150 m, févr. 1954, de Witte 9901; Mt Muhiti, alt. 1350 m, avr. 1954, de Witte 10103; Semliki, oct. 1955, de Witte 12807; riv. Fuku, atl. 1300 m, avr. 1956, de Witte 13150; Mahungu, août 1956, de Witte 13312; Bugeva, alt. 1010 m, nov. 1956, de Witte 13852; Kabiru, alt. 1000 m, févr. 1957, de Witte 14083. — Haut-Katanga : Kalima, déc. 1946, Van Meel 249.
Paléotropical.
Usages. — Comestible (fide Gillet).
Nom vernaculaire. — Lokoyo, plur. nkoyo (Eala).
Observations :
1. Espèce paléotropicale commune, facilement reconnaissable à son chapeau profondément cyathiforme, ses lamelles très serrées et son anneau persistant situé au sommet du stipe. Il peut cependant arriver que l’anneau disparaisse à maturité; le binôme L. exilis a été appliqué à ces formes.
2. Mme Goossens a fourni d’excellentes aquarelles aussi bien de jeunes carpophores immatures (240) que de formes adultes (342) et de carpophores n’ayant plus d’anneau (312).
3. L’espèce la plus voisine est L. squarrosulus Mont.
Phyllotopsis (E. J. Gilb, et Donk) Sing.
Beih. Bot. Centrabl. (B) 56 : 143 (1936).
Habitus pleurotoïde, stipe nul. Chapeau charnu, étroitement fixé sur le côté. Lamelles roses, serrées. Chair assez épaisse, tendre, monomitique, inamyloïde. Sporée rose à crème rosé, pâlissant en séchant. Spores de petite taille, ovoïdes à cylindriques-allantoïdes, hyalines sous le microscope, à paroi mince. Cystides nulles. Trame régulière à subrégulière.
Lectotype : Pleurotus nidulans (Pers. ex Fr.) Kummer.
1. Phyllotopsis ealaënsis (Beeli) Pegler, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., 41 : 281 (1971). — Planche V, fig. 3.
Crepidotus ealaënsis Beeli, Bull. Soc. Bot. Belg., 61 : 90, fig. 37 (1928).
Chapeau 13-18 × 5,5-8 cm, flabelliforme, épais, sessile; revêtement roussâtre (« Rufous ») vers la base, jaune sulfurin (« Sulphur Yellow ») vers la marge, glabre et lisse; marge enroulée et ondulée. Lamelles décurrentes, assez espacées, à lamellules de trois longueurs, étroites, jusqu’à 4 mm de large, orange ocracé (« Ochraceous Orange »); arête entière. Stipe nul, chapeau attaché latéralement par une base étroite. Chair jusqu’à 13 mm d’épaisseur à la base, tendre, blanchâtre, formée d’hyphes emmêlées, étroites, à paroi mince, septées et bouclées. Sporée crème fauve (« Cream-Buff ») sur le sec. Spores 3-4 × 2-2,8 (3,5 × 2,5) μm, ovoïdes, hyalines, à paroi mince, lisses, inamyloïdes. Basides 13-15 × 4,5-5 μm, claviformes. Cheilocystides non observées. Pleurocystides nulles. Trame subrégulière, à partie axiale un peu différenciée. Sous-hyménium peu différencié. Revêtement piléique non observé.
Habitat. — Sur bois mort, dans la forêt marécageuse.
Distribution :
Zaïre. — Forestier central : Eala, sept. 1925, Goossens-Fontana 384 et icon. (holotype).
Endémique.
Nom vernaculaire. — Ilamba (Eala).
Observations :
1. La description macroscopique est basée uniquement sur l’aquarelle accompagnant la récolte type. L’état de l’exsiccatum ne permet pas une étude micrographique suffisante. Les spores examinées proviennent d’une sporée.
2. Espèce aberrante caractérisée par son habitus pleurotoïde et ses minuscules spores hyalines. Du même genre, l’espèce type, P. nidulans (Pers. ex Fr.) Sing. a des spores courbes et allantoïdes tandis que P. subnidulans (Overholts) Sing. aurait des spores subglobuleuses.
3. Beeli a dû être influencé par la couleur des lamelles car l’espèce n’a aucune affinité avec les Crepidotaceae.
Espèces exclues de Lentinus Fr. et de Pleurotus (Fr.) Kummer
Lentinus lividus Beeli = Trogia infundibuliformis (voir p. 22).
Lentinus luteoapplanatus Beeli, Bull. Soc. Bot. Belg., 60 : 162, fig. 33 (1928) = Collybia aurea (Beeli) Pegler, Kew Bull., 21 : 516 (1968).
Lentinus tubaeformis Beeli, loc. cit. : 162, fig. 25. Cette espèce serait mieux placée dans le genre Clitocybe (Fr.) Kummer, sect. Aberrantissimae Sing. Elle est voisine de C. cystidiosa Sing. (voir p. 23) et de C. hydrophora Pegler mais diffère par ses spores globuleuses et ses basides bisporiques.
Pleurotus luminosus Beeli, Bull. Jard. Bot. Etat, Brux., 8 : 259 (1930). La récolte type est en très mauvais état et ne permet l’observation d’aucun caractère microscopique. Il ne s’agit pas de Panus stipticus (Bull, ex Fr.) Fr., espèce souvent signalée pour des phénomènes de luminescence.
Panus stipticus (Bull. ex Fr.) Fr. var. congolensis Beeli, Bull. Soc. Bot. Belg., 60 : 164, fig. 36 (1928). On se reportera à la description de Beeli pour les caractères macroscopiques. Nous pouvons ajouter les données microscopiques suivantes : spores abondantes, de 5-8 × 2-3,2 (6,7 × 2,5) μm, courtement cylindriques, hyalines, inamyloïdes, à paroi mince, à contenu peu dense. Le revêtement piléique montre une structure astérostromelloïde très développée à pigment brun incrustant. Des éléments cystidiformes noduleux existent sur l’arête des lamelles. Il n’y a pas de pleurocystides mais d’abondantes cystidioles aciculaires sont mêlées aux basides. La structure de l’épicutis suggère fortement une espèce d’Asterotus Sing. mais les spores sont trop petites pour les deux espèces connues : A. dealbatus (Berk.) Sing. et A. bicolor (Mont.) Sing; il y a, de plus, des différences de pigmentation.
Schizophyllaceae Roze
Bull. Soc. Bot. Fr., 23 : 108 (1876) ut Schizophyllacées.
Carpophore d’abord cupulé et attaché par le dos, devenant rapidement pleurotoïde à attache basale étroite; stipe nul. Hyménophore lisse devenant faussement lamellé par la prolifération de la marge qui forme des lobes rayonnants; les « lamelles fendues sur l’arête » sont en réalité formées par la juxtaposition de marges piléiques adjacentes qui s’incurvent par la dessication en recouvrant l’hyménium. Chair mince, tenace et coriace, monomitique à hyphes non renflées, à paroi mince ou épaisse, portant des anses d’anastomose. Euhyménium. Sporée blanche à rose saumon. Spores petites, cylindracées, hyalines, inamyloïdes, à paroi mince. Cystides parfois présentes mais inconstantes. Revêtement piléique formé par un trichoderme. Cosmopolite. Epixyle, xérophytique.
Un seul genre :
Schizophyllum Fr.
Syst. Mycol., 1 : 330 (1821).
Caractères de la famille.
Espèce type : Schizophyllum commune Fr.
1. Schizophyllum commune Fr., Syst. Mycol., 1 : 330 (1821). — Planche V, fig. 7.
Chapeau 1-5 cm diam., mince, flabelliforme, à point d’attache latéral étroit; surface pâle à gris brunâtre foncé, villeuse; marge lobée, souvent profondément incisée. Hyménophore sous forme de fausses lamelles se fendant sur l’arête par la sécheresse. Stipe nul. Chair mince, brunâtre; hyphes bouclées. Sporée blanche (rose saumon en culture). Spores 3-5 × 1-1,5 (4 × 1,3) μm, cylindriques allantoïdes, hyalines, à paroi mince, lisses. Basides 15-20 × 4-6 μm, à quatre stérigmates. Cystides nulles. Revêtement piléique constitué par un trichoderme de poils hyalins à brunâtres, 3-6 μm diam., à paroi épaisse.
Habitat. — Sur une grande quantité de substrats, surtout ligneux, en forêt et en savane. Une récolte sur capsules de coton (Leontovitch 70).
Distribution :
Zaïre. — Côtier : Moanda, 1913, Vanderyst s.n.; Banana, juin 1895, Dewèvre 46. — Bas-Congo : Kisantu, mai 1906, Vanderyst 58; Kimpako, 1910, Vanderyst s.n.; Kwilu, nov. 1913, Vanderyst 4044. — Kasai : Wombali, juin et sept. 1913, Vanderyst 1004 et 2258; Kikwit, janv. 1914, Vanderyst 4007 et 4008. — Bas-Katanga : Mabwe, Parc. Nat. de l’Upemba, nov. 1948, de Witte 4641; Kambaye, juin 1930, Vanderyst 22542. — Forestier central : Eala, nov. et déc. 1923, Goossens-Fontana 340 et 363; Angodia, mai 1931, Lebrun 2977; entre Irumu et Mambasa, oct. 1931, Lebrun 4171; Wangata, s.d., Ledoux et Huyghe s.n.; Parc Nat. Albert, riv. Kolokolo, affl. Luo, s.-affl. Maginda, alt. 1450 m et riv. Djuma, affl. Semliki, alt. 800 m, juil. 1954 et nov. 1955, de Witte 10903 et 12836; Penge, févr. 1914, Bequaert 2481; Barumbu, mars 1915, Bequaert 7082. — Ubangi-Uele : loc. ind., 1935, Leontovitch 70. — Lacs Edouard et Kivu : Kavumu, juil. 1938, Hendrickx 330; Rutshuru, mars 1939, Hendrickx 452; Luzira, alt. 1900 m, avr. 1942, Lebrun 5446; Parc Nat. Albert, riv. Talya, alt. 1300 m, avr. 1956, de Witte 13107. — Haut-Katanga : Mtowa, juin 1895, Descamps; Keyberg, févr. 1947 et déc. 1948, Soyer 214 et 275; Kalima, lac Tanganika, oct. 1946, Van Meel 35; Tembwe, mars 1947, Van Meel 1031; Lugumba (Kalima), juil. 1953, Hendrickx 4015; Kipopo, mars 1959, Schmitz-Levecq 82.
Burundi : Nyabigondo, 2100 m, févr. 1967, Lewalle 1539; id., nov. 1967, Petit 1570.
Cosmopolite.
Usages. — Comestible (plusieurs indications), vendu notamment sur le marché de Kinshasa.
Noms vernaculaires : Tukunu (Eala), Busipa (dial. Kibemba).
Espèces lentinoïdes et pleurotoïdes des Tricholomataceae
Synopsis des espèces zaïroises
1. Carpophore à stipe central; chapeau infundibuliforme :
2. Chapeau lilas pâle à orange; lamelles réduites, pliciformes et espacées; pleurocystides nulles .. 1. Trogia infundibuliformis
2. Chapeau crème à brun ocracé; lamelles bien développées et serrées; des pleurocystides ... 2. Clitocybe cystidiosa
1. Stipe latéral, réduit ou nul :
3. Poils du revêtement piléique dextrinoïdes et cystides à paroi épaisse et dextrinoïde; carpophore minuscule à stipe réduit à une petite papille; chapeau attaché par le dos :
4. Spores inamyloïdes; cystides portant 2-6 digitations fusoïdes ........................... 3. Chaetocalathus africanus
4. Spores dextrinoïdes; cystides coralloïdes à nombreux diverticules courts ............... 4. Chaetocalathus congoanus
3. Chapeau dépourvu de poils dextrinoïdes :
5. Spores amyloïdes; carpophores poussant en touffes imbriquées :
6. Stipe distinct, latéral, chapeau laineux pubescent; lamelles étroites, à arête entière; spores lisses ..... 5. Panus stipticus
6. Stipe nul; chapeau attaché latéralement, velu-hispide, glabrescent vers la marge; lamelles assez larges, à arête denticulée; spores verruculeuses ..................... 6. Lentinellus ursinus
5. Spores inamyloïdes :
7. Lamelles à arête fendue longitudinalement ..... Schizophyllaceae, (p. 21)
7. Lamelles normales :
8. Carpophore minuscule, 3-8 mm diam., attaché par le dos; stipe nul; chapeau gris foncé, finement pruineux; spores subglobuleuses ...... 7. Resupinatus applicatus
8. Carpophore plus grand, à stipe latéral distinct; chapeau blanc, glabre; spores ellipsoïdes . 8. Nothopanus hygrophanus
1. Trogia infundibuliformis Berk. et Br., Journ. Linn. Soc. Bot., 14 : 45 (1875). — Planche V, fig. 4.
T. bicolor Berk. et Br., Journ. Linn. Soc. Bot., 14 : 45 (1875).
Cantharellus bicolor (Berk. et Br.) Lloyd, Mycol. Notes, 7 : 1227, 2538 (1923).
Lentinus lividus Beeli, Bull. Soc. Bot. Belg., 60 : 160, fig. 27 (1928) (syn. nov.).
Chapeau 2,5-6 cm diam., profondément infundibuliforme, flabelliforme, souvent radialement fendu presque jusqu’au centre, mou et flasque à l’état frais, devenant dur et coriace en séchant; surface de coloration très variée, typiquement gris isabelle uniforme ou pourpre pâle (« Vinaceous Drab ») mais aussi saumoné à orange ocracé, devenant brunâtre ou roussâtre en séchant, légèrement translucide, faiblement strié radialement sur le frais mais sillonné en séchant, glabre et sec; marge mince, irrégulière, parfois lobée, droite ou légèrement récurvée. Lamelles longuement décurrentes, assez espacées, étroites, pliciformes à linéaires, de 1 mm de large, concolores au chapeau, à arête entière. Stipe court, 1-4 cm × 2-4 mm, cylindrique ou comprimé, fistuleux, naissant d’une base discoïde blanche et strigueuse; revêtement concolore au chapeau ou plus pâle, glabre. Chair mince, généralement de moins de 1 mm d’épaisseur à la base, blanche, molle mais tenace, formée d’hyphes à paroi mince, ramifiées, 2-6 μm diam., parfois renflées jusqu’à 15 μm diam., septées et bouclées; saveur et odeur nulles. Sporée blanche. Spores 6,3-8,3 × 3,5-4,5 (7 × 4) μm, courtement ellipsoïdes à ellipsoïdes, hyalines, inamyloïdes, lisses, à paroi mince, présentant de grosses guttules réfringentes. Basides 37-40 × 6-7 μm, longuement claviformes, à 4 stérigmates arqués atteignant 3 μm de long. Cheilocystides 28-35 × 3-4 μm, rendant l’arête stérile, vite collapses, sinueuses à sommet arrondi ou obtus, à paroi mince, hyalines, provenant de la trame. Pleurocystides nulles. Trame subrégulière, hyaline, formée d’hyphes à paroi mince, analogues à celles de la chair; sous-hyménium distinct, jusqu’à 10 μm d’épaisseur. Revêtement piléique formé par un épicutis peu différencié, à hyphes rampantes, analogues à celles de la chair sous-jacente mais dont beaucoup produisent des diverticules courts et noduleux du type Rameales, de 1,5-16 × 0,3-3 μm.
Habitat. — En grosses touffes sur du bois mort, sur le sol de la forêt.
Distribution :
Zaïre. — Forestier central : Diobo-Akula, déc. 1925, Goossens-Fontana 501 et icon. (holotype de Lentinus lividus); Binga, sept. 1927, avr. et mars 1928, Goossens-Fontana 619, 629 et icon., 719 et icon., et 649 et icon. — Lacs Edouard et Kivu : Panzi, avr. 1951, Goossens-Fontana 5177 et icon.
Régions tropicales d’Asie et d’Afrique.
Usages. — Comestible.
Nom vernaculaire. — Kakitila (Diobo-Akuba).
Observations :
1. La description est basée sur les nombreuses aquarelles de Mme Goossens ainsi que sur les observations personnelles que nous avons pu effectuer en Uganda sur du matériel frais (Buganda prov., Mengo distr., Mabira forest, alt. 1220 m, juin 1968, Pegler 1337). L’espèce a été bien illustrée par Corner (1966 : pl. 5H).
2. Cette espèce n’avait pas encore été signalée d’Afrique mais son existence au Zaïre, en Angola (Gossweiler 173 et 192) et dans l’Uganda est maintenant certaine. De plus, Neoclitocybe membranacea Sing. et Grinling, dont la description est basée sur du matériel récolté à Brazzaville, lui correspond très bien et en constitue presque certainement un synonyme supplémentaire.
3. C’est un champignon très spectaculaire croissant en grosses touffes dans la forêt, sur branches mortes tombées; il présente une gamme étendue de colorations allant du blanc à l’orangé brunâtre foncé. Il n’est pas rare d’observer des chapeaux qui, au moment de l’étalement, se fendent radialement en quatre ou cinq segments.
4. Nous avons examiné l’holotype de l’espèce (Ceylan, Thwaites 685 p.p., K) ainsi que celui de T. bicolor (Ceylan, Thwaites 685 p.p., K).
2. Clitocybe cystidiosa Sing., Persoonia, 4 : 356, fig. 1-6 (1967). — Planches V, fig. 8 et VI, fig. 5.
Chapeau 1,5-4 cm diam., d’abord convexe puis tôt déprimé, à la fin profondément infundibuliforme, brun ocracé pâle, strié radialement; marge fimbriée. Lamelles arquées-décurrentes, crème pâle, étroites, assez serrées. Stipe 2-3 cm × 3-4 mm, cylindrique, plein, concolore au chapeau. Chair mince, blanchâtre, translucide; hyphes bouclées; saveur amère; odeur nulle. Sporée blanche. Spores 5,5-7,5 × 4,3-5 (6,3 × 4,5) μm, largement ellipsoïdes, hyalines, inamyloïdes, lisses. Basides 23-29 × 4,5-6 μm, claviformes, à 4 stérigmates. Cheilocystides éparses, 45-60 × 6-10 (-12) μm, cylindracées à sommet obtus, hyalines, à paroi mince. Pleurocystides éparses, analogues aux cheilocystides. Revêtement piléique formé d’un épicutis d’hyphes plus ou moins dressées, à piléocystides occasionnelles.
Habitat. — Isolé, sur bois mort.
Distribution :
Zaïre. — Kasai : Ipamu, sept. 1921, Vanderyst 10619. — Forestier central : Hoysha, alt. 1050 m, juin 1953, Fredericq in de Witte 9444. — Lacs Edouard et Kivu : Panzi, alt. 1650 m, déc. 1953, févr. et déc. 1955 Goossens-Fontana 5340 et icon., 5447 et 5537.
Afrique centrale.
Observations :
1. Cette espèce décrite de Brazzaville est probablement assez répandue au Zaïre.
2. Elle est très voisine de C. hydrophora Pegler, de l’Uganda.
3. Chaetocalathus africanus (Pat.) Sing. in Lilloa, 8 : 525 (1942). — Planche VI, fig. 6.
Crinipellis africana Pat., Bull. Soc. mycol. Fr., 8 : 52 (1892).
Marasmius africanus (Pat.) Sacc. et Syd., Syll. Fung., 11 : 38 (1895).
Panus papillatus P. Henn., Engl. Bot. Jahrb., 22 : 95 (1895).
Panus paradoxus (P. Henn.) P. Henn., Engl. Bot. Jahrb., 23 : 547 (1897).
Chapeau 3-5,5 mm diam., cupulé à réniforme, attaché par le dos; surface fauve cannelle, couvert de poils fins et courts; marge légèrement striée. Lamelles subadnées, brunâtres, épaisses, étroites et serrées. Stipe excentrique, réduit à une papille à la face inférieure du chapeau. Chair très mince. Spores 7-9,2 × 5-6,5 (7,8 × 6) μm, largement ellipsoïdes, hyalines, inamyloïdes. Basides 17,5-19,5 × 5-6 μm, claviformes. Cystides abondantes, 21-35 (-45) × 3-8,5 μm, à paroi épaisse, hyalines ou brunâtre clair, fortement dextrinoïdes, à sommet ramifié dichotomiquement en formant 2-6 bras fusiformes (jusqu’à 14 μm de long). Poils piléiques simples, 2,5-5 μm diam., hyalins, à paroi épaissie fortement dextrinoïde.
Habitat. — Sur bois mort et débris ligneux dans la forêt.
Distribution :
Zaïre. — Mayombe : Loanga, Dybowski s.n. (holotype, FH); Kinganga, Dewèvre 9. — Kasai : Bumbuli, lac Leopold II, nov. 1932, Lebrun 6579. — Forestier central : Lesse, mars 1914, Bequaert 3186; île Esali, Yangambi, alt. 470 m, oct. 1938, Louis 11767.
Afrique centrale.
Observations :
1. Espèce commune sur bois mort, sur le sol de la forêt.
2. Pour une description complète voir Singer (1942 : 525) et Pegler (1966 : 102, fig. 82-84).
4. Chaetocalathus congoanus (Pat.) Sing. in Lilloa, 8 : 524 (1942). — Planche VI, fig. 8.
Crinipellis congoana Pat., Bull. Soc. mycol. Fr., 11 : 85 (1895).
Marasmius congoanus (Pat.) Sacc. et Syd., Syll. Fung., 14 : 111 (1899).
Chapeau 4-8 mm diam., cupulé à attache dorsale large; revêtement brun roux, couvert de petits poils fins. Lamelles subadnées, brunâtre pâle, étroites, assez espacées. Stipe réduit à une très petite papille ou nul. Spores 6,8-8,5 × 4,5-5,7 (7,5 × 4,8) μm, ellipsoïdes, hyalines, à paroi mince, dextrinoïdes. Basides 24-28 × 5-6,5 μm, claviformes, à 4 stérigmates. Cystides abondantes, provenant de la trame, 14-26 × 5,5-11 μm (au sommet), 2-5 μm (à la base), à paroi épaisse, dextrinoïdes, versiformes, à nombreux petits diverticules donnant une apparence coralloïde. Poils piléiques 3-5,5 μm diam., à paroi épaisse, hyalins, fortement dextrinoïdes.
Habitat. — Sur bois mort.
Distribution :
Zaïre. — Côtier : loc. ind., janv. 1894, Dybowski 48 (holotype, FH).
Endémique.
Observations. — Cette espèce semble très proche de C. africanus, n’en différant que par les spores dextrinoïdes et la forme des cheilocystides. Elle n’est connue que par la récolte type. Pour une description complète, voir Singer (1942 : 524) et Pegler (1966 : 103, fig. 85-87).
5. Panus stipticus (Bull. ex Fr.) Fr., Epicrisis : 399 (1838). — Planche VI, fig. 7.
Agaricus stipticus Bull. ex Fr., Syst. Mycol., 1 : 188 (1821).
Panellus stipticus (Bull. ex Fr.) Karst., Bidr. Kann. Finl. Nat. Folk., 32 : XIV, 96 (1879).
Panus saccharinus Berk. apud Hook. f., Fl. Tasm., 2 : 250 (1860).
Cespiteux. Chapeau 1-3 cm diam., convexe à planconvexe, réniforme; revêtement fauve ocracé à cannelle brunâtre, plus pâle en séchant, laineux-pubescent, parfois à zones concentriques; marge enroulée et lobée. Lamelles adnées, fauve ocracé à cannelle, étroites, serrées, à lamellules de trois longueurs; arête entière. Stipe 5-15 × 3-6 mm, généralement excentrique, souvent latéral, s’élargissant au sommet, plein, blanchâtre à ocracé, glabrescent. Chair blanchâtre, assez épaisse, coriace; saveur amère; odeur nulle. Sporée blanche. Spores 3-6 × 2-4 (4,5 × 2,3) μm, longuement ellipsoïdes, à paroi mince, hyalines, amyloïdes. Basides 15-20 × 3-4 μm, claviformes, à 4 stérigmates. Arête des lamelles stérile; cheilocystides 25-60 × 1,5-4 μm, filiformes, étroites, hyalines, à paroi mince, souvent noduleuse ou brièvement et irrégulièrement ramifiées vers le sommet. Pleurocystides nulles. Trame hyaline, régulière; sous-hyménium bien développé, emmêlé, 8-11 μm de large. Revêtement piléique constitué par un épicutis de 60-95 μm d’épaisseur formé d’hyphes plus ou moins dressées, 1-2,5 μm diam., ramifiées, filamenteuses, à paroi mince, souvent noduleuses ou bifurquées à leur sommet, analogues aux cheilocystides. Piléocystides assez abondantes, éparses dans l’épicutis, 40-75 × 3-6 μm, sinueuses, lancéolées, hyalines ou à contenu brunâtre pâle.
Habitat. — Sur bois mort.
Distribution :
Zaïre. — Kasai : Ipamu, oct. 1921, Vanderyst 11075.
Cosmopolite.
Observations. — La seule récolte zaïroise est parfaitement typique.
6. Lentinellus ursinus (Fr.) Kühn., Le Botaniste, 17 : 100 (1926). — Planche V, fig. 5.
Agaricus ursinus Fr., Syst. Mycol., 1 : 185 (1821).
Chapeau 2-4 (-9) cm diam., étalé-réfléchi à flabelliforme et attaché par une base atténuée; revêtement d’abord blanchâtre puis brun rouille plus ou moins foncé, villeux-hispide surtout vers la base; marge obtuse, pruineuse, glabrescente. Lamelles adnées, blanchâtres puis brun pâle, larges (jusqu’à 1 cm), moyennement espacées; arête denticulée. Stipe nul. Chair présentant deux couches, la supérieure ayant jusqu’à 4 mm d’épaisseur à la base, brune, tendre, facilement séparable, l’inférieure d’environ 0,5 mm d’épaisseur, lignicolore, coriace. Sporée blanche. Spores 3,5-4,3 × 2,8-3,5 (4 × 3) μm, subglobuleuses à ovoïdes, hyalines, fortement amyloïdes, verruculeuses. Basides 20-23 × 4-4,5 μm, cylindracées, à 4 stérigmates. Cheilocystides nulles mais des pseudocystides en provenance de la trame dépasse légèrement les basides. Pleurocystides nulles. Trame régulière formée d’hyphes subparallèles, à paroi mince, amyloïdes, 2-6,5 μm diam. Revêtement piléique constitué par un trichoderme palissadique à hyphes allongées, dressées et bouclées, de 1,5-3 μm diam.
Habitat. — Sur bois mort.
Distribution :
Zaïre. — Forestier central : Binga, août 1931, Goossens-Fontana 944 et icon.
Cosmopolite.
Observations. — La seule récolte zaïroise est parfaitement typique.
7. Resupinatus applicatus (Batsch ex Fr.) S. F. Gray, Nat. Arrang. Brit. Pl., 1 : 617 (1821). — Planche VI, fig. 9.
Agaricus applicatus Batsch ex Fr., Syst. Mycol., 1 : 192 (1821).
Pleurotus palmicola Beeli, Bull. Jard. Bot. Brux., 15 : 38 (1938).
Chapeau 3-8 mm diam., d’abord cupulé puis réniforme et attaché dans le dos; revêtement gris foncé, poilu vers la base, glabrescent ailleurs. Lamelles libres, rayonnant à partir d’un point excentrique situé près de la marge, larges, modérément serrées, gris foncé; arête blanche, pulvérulente. Stipe nul. Chair mince, fortement gélifiée, brun foncé à l’état humide. Sporée blanche. Spores 4-5 × 4-4,8 (4,5 × 4,3) μm, subglobuleuses, à paroi mince, hyalines, inamyloïdes. Basides 12-16,5 × 4-6 μm, claviformes, à 4 stérigmates. Arête des lamelles stérile; cheilocystides 8,5-18 × 3-7,5 μm, hyaline, à paroi mince. Trame irrégulière. Revêtement piléique constitué par un trichoderme formé d’éléments cystidiformes dressés ressemblant aux cheilocystides; poils localisés à la base du chapeau, atteignant 3000 μm de long, 1-3 μm diam., simples, à paroi épaisse et boucles saillantes.
Habitat. — Sur bois mort.
Distribution :
Zaïre. — Forestier central : Wangata, août 1930, Staner 383.
Cosmopolite.
Observations. — La récolte zaïroise correspond, à tous points de vue, au matériel européen tel qu’il est décrit par Josserand (1933 : 363), Pilát (1935 : 62) et Horak (1968 : 533).
8. Nothopanus hygrophanus (Mont.) Sing., Sydowia, 15 : 136 (1961). — Planche V, fig. 6.
Panus hygrophanus Mont., Ann. Sci. Nat. Bot., sér. 4, 1 : 122 (1854).
Agaricus hemiphlebius Berk. et Curt., Journ. Linn. Soc. Bot., 10 : 288 (1869).
Pleurotus hemiphlebius (Berk. et Curt.) Sacc, Syll. Fung., 5 : 369 (1887).
Panus piperatus Beeli, Bull. Soc. Bot. Belg., 60 : 164, fig. 37 (1928) (syn. nov.).
Pleurotus hygrophanus (Mont.) Dennis, Kew Bull., 8 : 36, fig. 9 (1953).
Solitaire ou groupés. Chapeau 1-5 (-8) cm, membraneux-coriace, pleurotoïde, réniforme à flabelliforme, d’abord convexe puis aplani et déprimé vers la base; typiquement blanc pur mais présentant une tendance à se marquer de taches brun pourpre foncé, persistantes, surtout vers la base, hygrophane, translucide à l’état frais, sec, glabre, radialement fibrilleux ou à côtes correspondant aux lamelles sous-jacentes; marge mince, sinueuse, striée, parfois lobée et fimbriée. Lamelles décurrentes, concolores au chapeau et souvent maculées comme lui, larges, assez épaisses, espacées, à lamellules de trois longueurs, légèrement interveinées, rarement fourchues vers la marge piléique; arête concolore, entière. Stipe court, 1-15 × 1-7 mm, généralement latéral, souvent excentrique, rarement nul, égal, cylindrique, plein, blanc et glabre. Chair mince mais tenace et fibreuse, blanche, souvent noircissant par places, inamyloïde, à hyphes fortement emmêlées, 2,5-9 μm diam., à paroi épaissie (jusqu’à 2 μm), légèrement renflées ce qui les fait apparaître rétrécies aux cloisons, à boucles saillantes; odeur nulle, saveur piquante. Sporée blanchâtre. Spores 3,4-5,5 × 2,5-3,2 (4,5 × 2,8) μm, ellipsoïdes, hyalines, inamyloïdes, à paroi très mince, à contenu peu dense. Basides 13,5-19,5 × 3-4 μm, étroitement claviformes à cylindracées, à 4 stérigmates (jusqu’à 4 μm de long). Cheilocystides et pleurocystides nulles. Trame subrégulière à irrégulière, hyaline, analogue à la chair. Sous-hyménium bien développé, pseudoparenchymateux, 9-14 μm d’épaisseur, formé d’hyphes à paroi mince. Revêtement piléique constitué par un épicutis de 25-50 μm d’épaisseur, à hyphes radiales, ramifiées, 2-10 μm diam., à paroi épaissie et hyaline; quelquesunes de ces hyphes présentent des excroissances noduleuses sous forme de branches latérales courtes de croissance limitée.
Habitat. — Sur troncs et bois mort.
Distribution :
Zaïre. — Bas-Congo : Kisantu, 1901, Gillet 709 et 709bis; id., déc. 1906, févr. et déc. 1907, Vanderyst s.n. et 668; Sanda, 1908, Vanderyst s.n.; Bambata (tribu), 1910, Allard in Vanderyst s.n. et 704; Kimiungu, nov. 1907, Vanderyst s.n.; Binza Kinshasa, alt. 340 m, avr. 1955, Dubois 1530. — Kasai : Ipamu, sept. 1922, Vanderyst 12017; Kikwit, janv. 1914 et oct. 1920, Vanderyst 3577 et 8266. — Forestier central : Lukolela, mars 1896, Dewèvre 94; Eala, mai et sept. 1923, Goossens-Fontana 158 et icon. (holotype de Panus piperatus), 301 et icon.; Djuma, Semliki, alt. 800 m, nov. 1955, de Witte 12844.
Pantropical.
Usages. — Comestible à l’état jeune.
Noms vernaculaires. — Tukunu, Lokoyo (Eala).
Observations :
1. La description ci-dessus est basée, en grande partie, sur les aquarelles et les exsiccatums de Mme Goossens.
2. Cette espèce pleurotoïde est reconnaissable à ses carpophores blancs se tachant de noir pourpre, ses lamelles espacées et larges, et, au microscope, par ses spores ellipsoïdes. L’habitus pleurotoïde et les hyphes à paroi épaisse font penser aux Polyporaceae mais les spores non cylindriques indiquent une parenté plus grande avec Marasmiellus Murr. (Tricholomataceaé), parenté renforcée par le chapeau hygrophane, la tendance à se tacher et les excroissances noduleuses des hyphes superficielles.
3. Nothopanus hygrophanus a été confondu avec N. eugrammus Mont. qui n’est connu, jusqu’ici que d’Amérique tropicale et du Sud; cette espèce a des spores plus grandes, 5,3-7,3 × 3,5-4,5 μm, et forme un carpophore plus grand à lamelles plus serrées. Nous avons examiné un spécimen authentique d’Agaricus nothopanus (Montagne, herb. Berk.) ainsi que l’holotype d’A. hemiphlebius (Wright in Curtis, K).
4. N. hygrophanus se distingue facilement de Pleurotus flabellatus (Berk. et Br.) Sacc. par les spores, l’absence de cystides et les hyphes renflées.
5. Le matériel type et les aquarelles de Panus piperatus sont, à tous points de vue, typiques pour N. hygrophanus.
6. Cette espèce est commune non seulement au Zaïre mais dans toute l’Afrique tropicale.
TRAVAUX CITÉS
Beeli M. (1928) Contribution à l’étude de la flore mycologique du Congo VI, Fungi Goossensiani, Bull. Soc. Bot. Belg. 61 : 78-108, pl. I-VI.
Corner E. J. H. (1966) A monograph of Cantharelloid fungi, Ann. Bot. Memoir 2 : 1-255, pl. 1-5.
Dennis R. W. G. (1950) Lentinus in Trinidad, B. W. I., Kew Bull. 5 : 320-333, fig. 1-8.
Donk M. A. (1964) A conspectus of the families of Aphyllophorales, Persoonia 3 : 199-324.
Heim R. (1935) L’Olatafa, Arch. Mus. Nat. Hist. Nat., sér. 6. 12 : 549-554.
Horak E. (1968) Synopsis generum Agaricalium, Beitr. Krypt Fl. Schweiz. 13 : 9-741.
Josserand M. (1933) Notes critiques sur quelques champignons de la région lyonnaise (1re série), Bull. Soc. mycol. Fr. 49 : 340-376.
Pegler D. N. (1966) Tropical African Agaricales, Persoonia 4 : 73-124, fig. 1-146.
Pegler D. N. (1968) Studies on African Agaricales I, Kew Bull. 21 : 499-533, fig. 1-9.
Pegler D. N. (1969) Studies on African Agaricales II, Kew Bull. 23 : 219-249, fig. 1-9.
Pegler D. N. et Rayner R. W. (1969) A contribution to the Agaric flora of Kenya, Kew Bull. 23 : 347-412, fig. 1-9.
Petch T. (1916) Ceylon Lentini, Ann. Roy. Bot. Gard. Peradeniya 6 : 145-152.
Petch T. (1924) Agaricaceae Pleuropodes Zeylanicae., Ann. Roy. Bot. Gard. Peradeniya 9 : 217-227.
Pilát A. (1935) Atlas des champignons de l’Europe II, Pleurotus Fr. : 1-193, pl. 1-80.
Pilát A. (1941) Revision der Gattung Lentinus Fr. aus dem Herbar des Naturhistoriska Riksmuseet in Stockholm, Ann. Mycol. 39 : 71-103.
Singer R. (1942) A monographic study of the genera Crinipellis and Chaetocalathus, Lilloa 8 : 414-534.
Singer R. (1951) The Agaricales (Mushrooms) in modern taxonomy, Lilloa 22 : 5-832, pl. I-XXIX.