Flore illustrée des Champignons d’Afrique centrale

Fascicule 15

 

Russula I (Russulaceae)

 par B. Buyck (mai 1993) : 239-408, pl. 55-68


Planches


 

RUSSULA (Russulaceae)

par B. Buyck

Par son rôle mycorhizateur, le genre Russula est l’un des plus importants dans les forêts de l’Afrique tropicale. Quelques espèces sont notamment très appréciées localement sur le plan alimentaire.

Les auteurs qui ont étudié les Russula africains ont cru retrouver des espèces originairement décrites d’Europe (Beeli 1928; Heim, 1938; Pegler, 1977; Pegler dans Morris, 1990). Mais, en réalité, la florule des Russula d’Afrique centrale est tout à fait originale, seules quelques sous-sections étant communes aux deux domaines.

Avant nos recherches, une trentaine d’espèces avaient été signalées d’Afrique tropicale (Beeli, 1928, 1936; Heim, 1970; Pegler, 1977). Le présent travail décrit plus de cent taxons et tout porte à croire que ce nombre sera fortement augmenté dans l’avenir. Etant donné le grand nombre d’espèces, le traitement du genre comportera 2 ou 3 fascicules. Il n’a pas toujours été possible de faire coïncider l’ordre du texte et l’ordre des planches. Le présent fascicule concerne les sections Compactae et Fistulosae.

La bibliographie et un index général seront fournis à la fin. Au point de vue de la nomenclature, nous n’avons pas suivi l’Index of Fungi (1990) dans les modifications qu’il a apportées aux désinences des sous-sections (Buyck, 1991b).

En régions tempérées, les Russula se reconnaissent facilement sur le terrain par leur port, leur chair grenue cassante et par l’absence de latex qui les différencie des Lactarius. En régions tropicales la distinction entre les deux genres est parfois difficile et il faudra souvent un examen microscopique attentif pour décider.

La position systématique des Russulaceae est diversement interprétée par les auteurs modernes qui admettent tous cependant une parenté entre les Russulaceae et certains genres d’hypogés qui ont une structure de la chair et des ornementations sporales très analogues. De là, la série des Astérosporées proposée par G. Malençon (1931) et qui comprend deux familles: les Russulaceae (épigés, agaricoïdes, lamellés, gymnocarpiques) avec Russula et Lactarius, et les Asterogastraceae (gastéroïdes, hypogés à subépigés ou plus rarement épigés, hyménophore loculé, angiocarpiques à hémiangiocarpiques) renfermant Arcangeliella Cavara, Clathrogaster Petri, Elasmomyces Cavara, Gymnomyces Massee & Rodw., Hydnangium Wallr., Macowanites Kalchbr., Marteillia Matt., Octaviarna Vitt. et Sclerogaster Hesse.

Depuis la revision de Lactarius pour la Flore Iconographique des Champignons du Congo (Heim, 1955), deux classifications différentes des ”Astérosporées” sont à retenir:

Pegler & Young (1979):

Ordo Russulales Kreisel, Grundzüge eines natürlichen Systems des Pilze: 163 (1969), Pegler & Young emend.

Asterosporales Heim, Trans. Brit. mycol. Soc. 30: 161 (1948) nom. inval.

Spores du type ballistospore, montrant une zone différenciée au-dessus de l’appendice hilifère, celui-ci conique, avec hilum abaxial et punctum lacrymans adaxial; carpophores agaricoïdes à gastéroïdes, stipités ...... Russulaceae

Spores du type statismospore, sans zone différenciée audessus de l’appendice hilifère, celui-ci subcylindrique avec un grand hilum terminal, sans punctum lacrymans, portant souvent un appendice stérigmatal; carpophores gastéroïdes, stipités ou sessiles .............................................................. Elasmomycetaceae Pegler & Young

Dans cette classification, les Russulaceae comportent, outre Russula et Lactarius, les genres hypogés Arcangeliella Cavara, Cystangium Sing. & Smith et Macowanites Kalchbr.

 

Singer (1986):

Ordo Agaricales Clements, Genera of Fungi: 102 (1909)

Subordo Russulineae Sing., l.c.: 802

Russulales Kreisel, Grundzüge eines natürlichen Systems des Pilze, p. 163 (1969)

Asterosporales Heim, Trans. Brit. mycol. Soc. 30: 161 (1948), nom. inval.

Bondarzewiales Juelich, Bibl. Mycol. 85: 344 (1981)

Hyménophore tubulaire, trame homoiomère, dimitique; parasites de racines ................... Bondarzewiaceae Kotlaba & Pouzar

Hyménophore en général lamellé, trame au moins partiellement hétéromère; parasites de racines ou de feuilles, saprophytiques ou ectomycorrhiziques .......... Russulaceae

Singer limite donc les Russulaceae aux genres Russula et Lactarius et range toutes les formes gastéroïdes dans les Hydnangiineae Sing. (Gasteromycetales), presque uniquement à cause de la nature statismosporique des spores.

Les formes gastéroïdes n’ont pas encore été trouvées en Afrique tropicale. Etant donné qu’elles constituent probablement une adaptation aux conditions climatiques plus sévères, il est peu probable qu’elles existent en Afrique tropicale.

Nous suivons ici Heim (1955), Kreisel (1969) et Singer (1986) en limitant les Russulaceae aux genres Russula et Lactarius.

Russula semble obligatoirement ectomycorhizique en régions tempérées, mais renferme aussi des espèces au moins facultativement saprophytes en régions tropicales. Les quelques indications que nous possédons, dans ce domaine, en Afrique tropicale, signalent surtout des relations ectomycorhiziques avec des Caesalpiniaceae, Dipterocarpaceae et Uapacaceae (Thoen, 1989; Hoegberg & Piearce, 1986).

Notre travail est basé en ordre principal sur les Russula du Zaïre et du Burundi mais nous y avons inclus les espèces décrites des autres régions d’Afrique tropicale. Un important inventaire reste à faire pour la région Soudano-Zambézienne où le miombo est en majeure partie formé d’arbres ectomycorhiziques (Hoegberg & Nylund, 1981; Hoegberg, 1982; Hoegberg & Piearce, 1986; Thoen 1989) associés, notamment, à de nombreux Russula encore inconnus (Buyck, 1989b, 1991)

Il faut signaler que les descriptions dont nous avons disposé étaient souvent incomplètes, particulièrement en ce qui concerne la saveur, l’odeur, la couleur de la sporée et les réactions macrochimiques. Les caractères organoleptiques, qui constituent pourtant des critères capitaux dans la classification de Russula en régions tempérées, ont souvent été négligés. Il faut aussi préciser que Mme Goossens-Fontana, qui a récolté la grande majorité du matériel étudié, notait apparemment trop souvent des saveurs âcres ou amères. Peut-être l’usage de la quinine en était-il responsable (Heinemann, comm. pers.). Les indications à ce sujet données par Mme Goossens-Fontana, ainsi que celles portant sur la couleur de la sporée, doivent être considérées comme approximatives. Nous les avons données entre guillemets (par ex. sporée ”blanche”).

Sauf indication contraire, le codage des couleurs se réfère à Kornerup & Wanscher (1978) pour le carpophore, et à Romagnesi (1967) pour la couleur de la sporée. Les références portant sur une série de couleurs sont condensé de la manière suivante : 4BCD4-5 (portant sur 4B4-5, 4C4-5, 4D4-5) ou 5-7E3-4 (portant sur 5E 3-4, 6E3-4, 7E3-4).

Tous les dessins et mesures ont été effectués sur matériel d’herbier traité au rouge Congo ammoniacal, généralement après passage au KOH. Dans les figures au trait, le contenu ou les particularités des parois n’ont été représentés en détail que sur un ou deux éléments; pour les autres la présence d’un contenu est schématisée en pointillé. Les légendes des figures comportent les abréviations proposées dans le fascicule 13 (p. 277), avec, en plus, les suivantes:

bo

basidioles

cm

cellules marginales de l’arête des lamelles

lat

hyphes laticifères

ol

hyphes oléifères

L’étude microscopique des tissus nécessite rarement la réalisation de coupes. Pour l’étude du revêtement piléique, il suffit, généralement, de prélever une minuscule partie de celui-ci à l’aide d’une pince et de l’observer directement dans l’eau ou le rouge congo. Il est recommandé d’observer des morceaux du revêtement piléique prélevés aux différents endroit, notamment près de la marge piléique et au centre du chapeau. On utilisera la potasse ou l’ammoniaque, réactifs à pouvoir gonflant, pour l’étude des spécimens d’herbier. Ces réactifs permettent également une meilleure observation pour les spécimens frais, par la dissolution de la gélification des revêtements.

Le bleu de crésyl présente un intérêt tout particulier dans l’étude anatomique des revêtements (Buyck, 1989a). La réaction ortho- ou métachromatique des divers éléments microscopiques ainsi que la présence d’éventuelles incrustations sur les hyphes, facilitent beaucoup la délimitation des taxons infragénériques.

La sulfovanilline et les autres réactifs sulfoaldéhydiques, colorant en noirâtre le contenu des cystides et laticifères de beaucoup de Russulales, sont indispensables pour une étude critique des espèces. Ces réactifs altèrent cependant la morphologie des cellules et nuisent donc à l’observation.

Par contre, le réactif de Melzer est indispensable pour l’observation de l’ornementation sporale et pour l’identification des taxons.

N’ayant pas eu la possibilité de constater la présence d’hyphes à incrustations acidorésistantes (appelées hyphes primordiales, Melzer 1934) sur du matériel frais en Afrique, ce caractère est omis dans les descriptions. L’observation des hyphes primordiales nécessite le lavage du tissu dans l’acide chlorhydrique après passage dans la fuchsine basique. Pourtant, le bleu de crésyl pouvant également servir pour les mettre en évidence, même sur les exsiccata (Buyck, l.c.), semble indiquer que les hyphes primordiales sont absentes dans les Russula tropicaux.

Les techniques et colorants utilisés dans l’étude des Russulales, sont expliquées en détail dans Romagnesi (1985) et Josserand (1985).

Il faut préciser ici le sens de certains termes utilisés dans les descriptions microscopiques:

Cystide: terme utilisé uniquement pour désigner les cystides hyméniales (Heim, 1955), appelées parfois aussi macrocystides (Romagnesi, 1967) ou pseudocystides (Singer, 1986). Le terme cystides peut être défini ici comme un élément hyménial stérile à contenu granulaire ou cristallin, très abondant ou, au contraire, très localisé et d’origine non visiblement pigmentaire.

Pseudocystide: terme qui devrait être réservé aux terminaisons des laticifères, donc d’une utilité très restreinte dans Russula. Seul, dans la sous-section Aureotactinae, l’usage du terme semble parfois justifié. Heim (1955) désigne les pseudocystides comme des cystides laticifères.

Cellule marginale: terme qui s’applique aux éléments stériles de l’arête lorsque ceux-ci sont d’un autre type que les cystides. Les cellules marginales possèdent en général les mêmes caractéristiques que les articles terminaux des revêtements. D’autres auteurs ne font pas la distinction avec les cystides ou utilisent différents termes: cheilocystides (Singer, Pegler), cellules cystidiformes ou cystides de l’arête (Heim, 1955) ou poils cystidiformes (Romagnesi, 1967; Buyck, 1989b).

La densité des cystides, observée à une distance d’au moins 400 µm de l’arête, a été précisée de la façon suivante:

dispersées: < 700 cystides / mm2

peu nombreuses: 700 - 1500 cystides / mm2

nombreuses: 1500 - 3000 cystides / mm2

très nombreuses: 3000 - 5000 cystides / mm2

Nous avons examiné les spores en microscopie électronique à balayage (M.E.B.), mais ce procédé n’ajoute guère à l’examen en microscopie optique et nous n’en ferons donc pas mention. Cependant le lecteur interessé pourra toujours consulter la documentation accompagnant les spécimens déposés à BR ou bien une iconographie annexe à notre dissertation doctorale (Buyck 1989b) déposée au Laboratoire de Morphologie, Systématique et Ecologie des Plantes de l’Université de l’Etat à Gand (Belgique).

Je remercie la Fondation Leopold III, qui, en subsidiant une partie des missions au Zaïre (Buyck en 1984, Schreurs en 1986) et au Burundi (Rammeloo en 1978), a permis la récolte d’une importante partie du matériel étudié lors de cette révision. Prof. Em. Dr. P. Heinemann est particulièrement remercié pour ses commentaires et suggestions lors de la préparation du manuscrit.

Russulaceae Lotsy.

Vorträge Bot. Stammesg. 1: 708 (1907)

Russulaceae Roze, Bull. Soc. Bot. France 23: 51, 110 (1876), nom. nud. ut Russulariées.

Russulaceae Maire, Recherches: 131 (1902), nom. nud. ut Russulacées.

Lactariaceae Gäumann, Vergleich. Morph. Pilze: 529 (1926).

Carpophores épigés, piléolés et stipités, gymnocarpes à pseudoangiocarpes. Hyménophore lamellé. Chair cassante, parfois lactescente. Sporée blanche, crème, ocracée ou jaune d’œuf. Chair hétéromère; anses d’anastomose nulles ou exceptionnelles. Spores du type ballistospore, montrant une zone différenciée (plage) au-dessus de l’appendice hilifère, celui-ci conique, avec hilum abaxial et punctum lacrymans adaxial, à ornementation très variée, amyloïde. Cystides et laticifères à contenu réagissant fréquemment aux sulfoaldéhydes. Espèces mycorhiziques, plus rarement (facultativement?) saprophytes.

Synopsis des genres

Latex blanc ou coloré s’écoulant généralement à la coupe; chapeau rarement de couleur vive; lamelles généralement décurrentes, alternant avec de nombreuses lamellules de longueurs parfois différentes; stipe à revêtement souvent d’aspect ± identique à celui du chapeau; système laticifère bien développé à laticifères ramifiés, présents dans toutes les parties du carpophore et aboutissant à la surface des revêtements et de l’hyménium ............. Lactarius

Latex nul; chapeau souvent de couleur vives; lamelles rarement décurrentes; lamellules rarement nombreuses; stipe souvent beaucoup plus pâle que le chapeau; système laticifère peu ou pas développé; laticifères non ou à peine ramifiés, limité à certaines parties du carpophore, absent dans la trame des lamelles ............................................... Russula

Le genre Lactarius a été traité dans la Flore Iconographique des Champignons du Congo, fasc. 4: 83-97 (1955).

Russula Persoon

Obs. Mycol. 1: 100(1796)

Carpophores gymnocarpes ou pseudoangiocarpes, charnus, toujours relativement fragiles. Chapeau parfois pelliculaire, de couleur très variée, sec ou visqueux, lisse, tomenteux ou squameux. Stipe central, plein ou se creusant assez tôt, portant parfois un anneau généralement éphémère. Lamelles égales ou entremêlées de nombreuses lamellules, libres à subdécurrentes, minces ou épaisses. Sporée blanche à jaune. Revêtements composés d’une à trois couches, renfermant en général des dermatocystides. Chair hétéromère par des cordons de sphérocytes se développant autour d’une hyphe axiale; hyphes oléifères et parfois aussi des hyphes latificères présentes. Basides généralement tétrasporiques. Cystides noircissant parfois aux sulfoaldéhydes, généralement présentes dans l’hyménium et souvent dans les revêtements. Cellules marginales ressemblant aux éléments terminaux des revêtements, occupant souvent l’arête des lamelles. Spores subglobuleuses à ellipsoïdes, à ornementation amyloïde, munies d’une plage parfois amyloïde au dessus de l’appendice hilifère.

Espèce type: R. emetica (Schaeffer) Pers.: Fr.

Synopsis des sections

1. Spores à plage généralement nette et amyloïde; pas de cellules marginales bien différenciées; lamellules rares; éléments du suprapellis jamais variqueux - tortueux; dermatocystides généralement très évidentes, clavées, cylindracées, rarement ellipsoïdes, exceptionnellement capitées, 0-2 fois septées; chapeau à couleurs très variées, souvent rouge orangeâtre, jamais entièrement jaune:

2. Chair généralement rougissant, noircissant ou jaunissant, de façon générale ou localisée .......................... Polychromae

2. Chair ± immuable ................................. Constantes

1. Spores à plages non à faiblement amyloïde, sauf pour quelques espèces à chapeau entièrement jaune ou orangé; cellules marginales des lamelles souvent bien différenciées; lamellules parfois nombreuses; dermatocystides variées, en général s’atténuant vers le haut, souvent peu apparentes, parfois nulles:

3. Lamelles en général régulièrement entremêlées d’abondantes lamellules, ± serrées à fortement espacées; spores à plage jamais amyloïde; carpophores souvent robustes et trapus; revêtements sans articles fortement épaissis:

4. Carpophores blancs à ocracés, sans pigment vacuolaire brunâtre dans les revêtements; chair immuable, tout au plus faiblement brunissante; spores ornées d’éléments isolés ou en virgule ...... Plorantes

4. Carpophores de couleur en général plus foncée, à chapeau noirâtre, pourpre violacé, brunâtre, rarement blanchâtre, renfermant souvent un pigment brunâtre dans les revêtements; chair rarement immuable ou jaunissante, souvent rougissante, brunissante ou noircissante; spores réticulées à subréticulées ......................... Compactae (p. 340)

3. Lamellules en général rares, exceptionnellement abondantes et alors très (!) serrées; revêtements à articles parfois fortement épaissis:

5. Stipe et chapeau rarement concolores; revêtement en général ± gélifié, composé d’hyphes sans pigment brun vacuolaire, en général grêles et à paroi mince sauf en l’absence de dermatocystides; dermatocystides en général très grêles, cylindracées à coniques, rarement clavées; chair ± immuable ..... Heterophyllae

5. Stipe et chapeau souvent concolores; revêtement en général peu ou non gélifié, comportant souvent des éléments à paroi épaissie, ou très volumineux (<10 µm diam.); dermatocystides variées, dans le subpellis parfois très abondantes et longues; chair souvent rougissante, brunissante ou jaunissante:

6. Chapeau souvent ocracé, brunâtre, grisâtre, parfois de couleur plus vive, jaune à orangé, jamais rouge ou vert; la couleur du chapeau se prolongeant souvent sur l’arête des lamelles qui sont alors lisérées de cellules marginales; stipe exceptionnellement annelé; lamelles souvent colorées ................. Fistulosae (p. 361)

6. Chapeau en général de couleur vive vert, jaune, rouge, orangeâtre, ne se prolongeant jamais sur l’arête des lamelles; cellules marginales nulles ou incolores; stipe souvent annelé ................... Crassotunicatae

Sect. Compactae fr.

Epicrisis: 349 (1838)

Carpophores généralement grands et ± trapus, charnus, à revêtements en général secs, tomenteux, non ou peu séparables, bruns, gris, noirâtres, pourpre violacé, toujours dépourvus de voiles. Lamelles en général régulièrement inégales. Chair blanche, se colorant en général avec l’âge ou à la coupe, souvent d’abord rosissante, rougissante ou grisonnante, puis ± noircissante. Sporée très pâle. Spores ellipsoïdes à subglobuleuses, jamais ornées d’éléments isolés, à plage non amyloïde. Cystides nombreuses à très nombreuses. Cellules marginales souvent bien différenciées et nombreuses. Revêtement piléique peu différencié, à cellules terminales ± renflées, souvent à pigment brunâtre vacuolaire; dermatocystides à contenu typiquement peu abondant, souvent capitées, rarement absentes.

Espèce type: R. nigricans Bull.: Fr.

Synopsis des sous-sections

1. Cystides et dermatocystides nulles; chair immuable ou faiblement jaunissante ou brunissante ...... Nigroviolaceinae (p. 341)

1. Cystides et / ou dermatocystides présentes:

2. Chair en général nettement rougissant ou noircissant; dermatocystides généralement peu apparente ..............Nigricantinae (p. 348)

2. Chair ne s’altérant qu’à peine avec l’âge ou à la coupe; dermatocystides longues, naissant dans la chair:

3. Spores ellipsoïdes, sublisses ................................ Ingentinae (p. 344)

3. Spores subglobuleuses, nettement réticulées ....... Albospissinae (p. 346)

Subsect. Nigroviolaceinae Buyck

Bull. Jard. Bot. Nat. Belg.  60: 192 (1990)

Carpophores très grands, parfois à chapeau déprimé et lamelles décurrentes; chapeau et stipe brun rougeâtre, pourpre violacé à bleu grisâtre. Chair faiblement jaunissante. Lamelles jamais blanches, ± ocracées. Revêtements acystidiés.

Espèce type: R. nigroviolacea Buyck.

La définition des Nigroviolaceinae a uniquement été basée sur l’espèce type. R. subseriflua est placé dans la même sous-section à cause de l’absence de tout élément cystidioïde.

Synopsis des espèces

Carpophore teinté de pourpre violacé ou de bleu grisâtre; réaction rosâtre au FeSO................... 1. R. nigroviolacea

Carpophore brun à brun rougeâtre, rappelant un Lactarius par son aspect général; réaction verdâtre au FeSO4 .......................... 2. R. subseriflua

1. Russula nigroviolacea Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 59: 243 (1989). Fig. 210, planches 55/2 et 56.

Chapeau 11-22 cm diam., ferme, d’abord convexe, régulier, pourvu d’une petite dépression centrale, puis s’étalant, finalement profondément creusé; marge assez épaisse, parfois nettement involutée, devenant irrégulièrement ondulée - lobée avec l’âge; revêtement mat, généralement brun-gris violacé à brun pourpre foncé (8F6-8, 9E7-9), localement noirâtre, parfois entièrement teinté de bleu grisâtre ou de pourpre violacé ± grisâtre (12C2-4, 13B1, 13C1). Stipe 3,1-7,7 × 1,6-4,2 cm, subcylindracé, ± concolore au chapeau, généralement atténué vers la base, celle-ci parfois assez brusquement renflée. Lamelles cassantes, épaisses, adnées à subdécurrentes, inégales, espacées (2 L + 1-2 l/cm), 0,7-2 cm de large, interveinées, ocracé-grisâtre (5A3, 5B2, 6B2-3); arête teintée de rose ou de violacé (9B2, 9C2). Chair granuleuse, cassante, 0,6-2,3 cm dans le chapeau, blanche, parfois légèrement jaunissante devenant alors ocracée; saveur et odeur probablement fortes. Sporée blanche. Exsiccatum entièrement brun foncé (6-7F4) à noirâtre.

Teinture de gaïac: réaction négative. FeSO4: réaction lente, rose.

Spores (7,1)7,2-7,70-8,2 × 5,8-6,27-6,7 µm (Q = 1,17-1,23-1,33; n = 60), sublisses; ornementation constituée d’éléments convexes, atteignant rarement 0,5 µm de haut, très finement connexés ou localement confluents, les plus gros nettement amyloïdes; plage non amyloïde, peu différenciée. Basides (45)55-65(70) × 8-11 µm, tétrasporiques; stérigmates 5-6 × 1,5-2,5 µm. Cystides non différenciées. Cellules marginales peu différenciées, parfois brusquement et irrégulièrement renflées vers le sommet. Revêtement piléique peu différencié, entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; hyphes à extrémités peu ramifiées, parfois nettement groupées en touffes, à articles parfois très volumineux, atteignant 20(25) µm diam., ampullacés ou utriformes, généralement plus grêles, env. 3,5-12 µm diam., subcylindracés à ellipsoïdes; article terminal cylindracé, lagéniforme, lancéolé à ampullacé, souvent rétréci en large capitule; pigment incrustant brunâtre; piléocystides et hyphes oléifères nulles. Revêtement du stipe comparable à celui du chapeau à éléments plus grêles, ne dépassant guère 10 µm de large, à paroi légèrement épaissie près de la base du stipe; caulocystides et hyphes oléifères nulles. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Binga, isolé sur le sol de la forêt à Gilbertiodendron dewevrei, 03-1928, Goossens-Fontana 867 et icon. (BR); ibid., 10-1934, Goossens-Fontana 996 et icon. (BR); ibid., sur le sol de la forêt sèche, 04- 1929, Goossens-Fontana 874 et icon. (holotypus BR).

Observations

1. La description est basée sur les notes très sommaires des trois récoltes et sur les aquarelles qui les accompagnent. L’odeur et la saveur sont probablement distinctes mais ont été decrites très différemment dans les trois récoltes et devront être contrôlées à nouveau. Le type est composé de plusieurs carpophores bien conservés.

2. Par sa couleur générale, cette espèce ressemble peutêtre à R. purpureonigra Petch, connu du Sri Lanka (Pegler, 1979), mais l’absence de cystides et dermatocystides exclut toute confusion.

2. Russula subseriflua Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 59: 243-244 (1989). Fig. 211; planche 57.

Chapeau 4,4 cm diam., ferme, assez épais, étalé, largement et très légèrement déprimé au centre; marge lisse, arrondie-obtuse; revêtement entièrement séparable, mat, velouté, très finement granuleux - ponctué sous la loupe, brun orangeâtre à brun rougeâtre (6 E5-7). Stipe 3,2 × 1,1 cm, clavulé, pruineux à la base et au sommet, jaune ocracé (4A3-5), ± orangeâtre (5A3-5) dans la moitié inférieure, plein. Lamelles ± lardacées, décurrentes, inégales, espacées, ni ramifiées ni anastomosées, larges de 0,5-0,6 cm, crème orangeâtre (jusqu’à 5B5); arête entière, brune. Chair crème, immuable à la coupe, brunissant aux morsures de vers et sous les revêtements; saveur douce; odeur très faible. Exsiccatum: chapeau et lamelles brun violacé foncé (9F5); stipe plus pâle, surtout vers la base.

 Teinture de gaïac, Sulfovanilline, Ammoniaque: réactions nulles. FeSO4: réaction faible, verdâtre.

Spores (7,3)7,4-8,07-8,8 × 6,0-6,9-7,7 µm (Q = 1,11-1,16-1,25; n = 60), largement ellipsoïdes, sublisses, ± réticulées; ornementation de petites verrues caténulées - connexées, quelques verrues presque hémisphériques et fortement amyloïdes atteignant 1 µm de haut; plage ellipsoïde, assez large, non ou à peine amyloïde. Basides 50-65 × 9-11 µm, tétrasporiques; stérigmates 5-6×2-3 µm. Cystides non observées. Cellules marginales très abondantes (la zone submarginale reste stérile), assez versiformes, à paroi mince, optiquement vides. Revêtement piléique reposant sur une strate de sphérocytes, peu différencié, entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; hyphes peu ramifiées, assez densément septées, près de la chair ± cylindracées, 4-6 µm diam., s’élargissant et plus versiformes vers la surface, atteignant 10(15) µm diam.; paroi distinctement et transversalement incrustée-zébrée; article terminal généralement (10)20-30(40) µm de long, obtus ou subcapité, assez variable; piléocystides nulles. Revêtement du stipe de structure analogue, à éléments plus grêles, moins longs, l’article terminal plus souvent claviforme; base du stipe hérissée d’éléments très longs, mesurant env. 70-110 × 4-5 µm, grêles, cylindracés, formant un feutrage dense. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Yaenero, près de Kisangani, sur le sol en forêt primaire, 05-1984, Buyck 1808 et icon. phot. (holotypus BR); Binga, isolé sur le sol de la forêt à Gilbertiodendron dewevrei, 04-1928, Goossens-Fontana 705 et icon. (BR); ibid., 11-1928, Goossens-Fontana 838 et icon. (BR).

Observations

1. La description est entièrement basée sur le type, comprenant un seul carpophore intact. Les deux récoltes de Mme Goossens-Fontana diffèrent par la saveur respectivement ”âcre” (Goossens-Fontana 705) et ”très âcre et amère” (Goossens-Fontana 838), par les carpophores plus grands (8 - 11 cm diam.) et par les lames cassantes. Les caractères microscopiques sont pourtant identiques.

2. R. subseriflua ressemble plus à Lactarius serifluus qu’à n’importe quel autre Russula. Ces deux espèces ont le même habitus, sont complètement acystidiées, possèdent la même structure des revêtements, des lamelles décurrentes avec les mêmes cellules marginales et la même réaction verdâtre au FeSO4. Elles diffèrent par l’absence de laticifères et par la présence de nombreux sphérocytes dans la trame lamellaire de R. subseriflua. Cette présence de sphérocytes n’étant un caractère tranchant, pour les genres Russula et Lactarius, qu’en régions tempérées, il n’y a donc que l’absence totale de laticifères dans R. subseriflua. qui impose sa place dans Russula.

Subsect. Ingentinae Buyck

Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 192 (1990)

Carpophores pouvant être très grands et fermes, à chair faiblement brunissante ou grisonnante sans rougissement préalable. Sporée blanche. Spores ellipsoïdes à oblongues, sublisses, rugueuses à ± réticulées. Basides peu volumineuses, subcylindracées. Revêtements peu différenciés, composés d’hyphes grêles entremêlées de nombreuses dermatocystides.

Espèce type: R. ingens Buyck.

3. Russula ingens Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 59: 243 (1989). Fig. 212, planche 55/1.

Chapeau 22-26 cm diam., charnu, largement cratériforme; marge irrégulière, lobée-sinueuse, recurvée à infléchie, lisse; revêtement gorgé d’eau mais non visqueux, recouvert de très fines aspérités granuleuses concolores, mat, brun à brun beige (5CDE5-8 mais plus jaunâtre, 6E6-8), localement brun foncé à brun noirâtre (jusqu’à 6F8). Stipe 12-17 × 4,3-5,7 cm, très ferme, clavé, grossièrement ridé longitudinalement, concolore ou un peu plus grisâtre que le chapeau et avec le même type de revêtement, plein, puis caverneux dans la partie inférieure; base nettement plus pâle, crayeuse, dure. Lamelles subdécurrentes, cassantes, serrées, 0,6 cm large, ocracé rosâtre (6AB2-3); lamellules nombreuses; arête entière, concolore. Chair très friable, brun rosâtre (6B3 mais plus dilué) dans le stipe; odeur inconnue; saveur ”âcre”. Sporée ”blanche”. Exsiccatum entièrement brun rouge grisâtre (5D3-6, 6CDE3-7).

Teinture de gaïac: réaction immédiate, bleu vert intense. FeSO4: réaction immédiate, rosée. Pyrogallol réaction intense, jaune orange, puis brun orange. Phénol: réaction lente, brun chocolat. Aniline: réaction lente, rougeâtre.

Spores 7,6-8,31-9,0(9,1) × (5,1)5,3-5,90-6,2 µm (Q = 1,30-1,41-1,57; n = 20), ellipsoïdes, rugueuses-subréticulées, à ornementation à peine visible, faiblement amyloïde, avec quelques éléments plus nets et parfois latéralement étirés; plage non amyloïde, assez large. Basides 40-52 × 7-8 µm, tétrasporiques; stérigmates 4-5 × 1,5 (-2) µm. Cystides abondantes, (60)80-120 × 9-14 µm, parfois plus petites, peu émergentes à presque affleurantes, généralement obclavées à subulées; près de l’arête jusqu’à 35 µm de large et aussi fusiformes-ventrues, ampullacées-pédicellées ou bulbeuses; contenu granuleux-réfringent, peu abondant, réagissant à peine à la sulfovanilline; paroi très légèrement épaissie. Cellules marginales non différenciées. Revêtement piléique très peu différencié mais assez dense et épais, entièrement orthochromatique au bleu de crésyl, peu gélifié, formé d’hyphes entremêlées, cylindracées, très grêles, env. 1,5-3,5 µm de large près de la surface piléique, éparsément septées, peu ramifiées, obtuses; pigment vacuolaire brunâtre; hyphes oléifères rares; piléocystides nombreuses, bien différenciées surtout par leurs dimensions parfois énormes, excédant généralement 100 µm de long, env. 6-20 µm de large, néanmoins fragiles, cylindracées à clavées-pédicellées, sinueuses, largement arrondies à subapicalement rétrécies ou étranglées en capitule, parfois bifides; contenu dense, granuleux-réfringent, à presque huileux. Revêtement du stipe tout à fait comparable à celui du chapeau, moins épais. Anses d’anastome nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Binga, sur le sol de la forêt à Gilbertiodendron dewevrei, 03-1943, Goossens-Fontana 3022 et icon. (holotypus BR).

Observations

1. La description est entièrement basée sur le type, qui consiste en un seul carpophore morcelé, se regonflant très peu. La présence de gros plis et d’enfoncements sur le stipe caractérise également deux autres espèces probablement proches de R. ingens: R. adusta Fr. en Europe et R. coffeata Perreau au Gabon, espèce reliant les Ingentinae aux Brunneodermatinae.

2. R. heimii Sing. (basionyme: R. velutinopoda Heim non Vel.) représente probablement cette sous-section à Madagascar. Cette espèce diffère de R. ingens surtout par son insensibilité au FeSO4 et par des dermatocystides beaucoup plus grêles (fig. 213).

Subsect. Albospissinae Buyck

Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 192 (1990)

Carpophore pouvant devenir très grand. Chapeau brun ou blanchâtre, tomenteux. Stipe court. Chair ferme, blanche et probablement immuable. Lamelles épaisses et distantes. Sporée pâle. Spores subglobuleuses. Revêtement piléique constitué par un trichoderme assez typique renfermant de nombreuses dermatocystides.

Espèce type: R. albospissa Buyck.

4. Russula albospissa Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 59: 244-245 (1989). Fig. 214, 215, planche 59/2.

Chapeau 6,7-14 cm diam., finalement cratériforme; marge longtemps incurvée à arrondie, grossièrement sillonnée sur le parcours des lames, irrégulièrement lobée-onduleuse; revêtement mat, rugueux, presque blanc ivoire à la marge, brun pâle grisâtre (5B2-3) à grisâtre pâle vers le centre par une fine et dense granulation brun foncé. Stipe 3,5-6,5 × 2-3,4 cm, cassant, subcylindracé ou un peu ventru, grossièrement ridé dans sa longueur, blanchâtre, teinté de crème sous les lamelles (4A2-3), lacuneux, puis creux. Lamelles adnées, subdécurrentes, très espacées, épaisses, cassantes, inégales par de nombreuses lamellules, 1,0-1,4 cm de large, atténuées vers le stipe, assez arrondies à la marge, blanchâtres (3A2). Chair blanche; odeur vireuse; saveur ”amère”. Sporée ”blanche”. Exsiccatum brunâtre (6-7DE3-4), montrant un feutrage jaune pâle (4A3) à la base du stipe; lamelles gris-brun foncé (7E2-3).

Spores 7,3-7,57-8,0 × 6,3-6,86-7,3 µm (Q = 1,06-1,10-1,17; n = 20), subglobuleuses, ± densément réticulées à mailles très irrégulières, ornées de crêtes basses, ± 0,5 µm de haut, minces, ramifiées ou avec de courtes diverticulations latérales, parfois ± noduleuses par de très petites verrues immergées; plage non amyloïde, lisse, arrondie à ellipsoïde. Basides très longues, généralement 55-75 × 9-11 µm, tétrasporiques; stérigmates grands, 6-8(10) × 1,5-2,5 (3) µm. Cystides très nombreuses, très longues mais peu émergentes, naissant profondément dans la trame, 85-125 × 4-6 µm, étroitement cylindracées, généralement ± moniliformes vers le sommet, obtuses, à contenu pailleté-granuleux parfois peu abondant; paroi mince. Cellules marginales non différenciées. Revêtement piléique peu gélifié, peu différencié, entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; extrémités des hyphes densément entremêlées, grêles, env. 2-4 µm diam., septées, formées d’articles subcylindracés; le terminal parfois aminci ou subcapité par un léger étranglement subapical; piléocystides parcourant le piléipellis, parfois jusqu’à plusieurs centaines de µm, 4-8 µm diam., cylindracées, arrondies ou parfois capitées; paroi ruguleuse par une fine incrustation; contenu pailleté-granuleux. Revêtement du stipe analogue à celui du chapeau, à hyphes légèrement plus larges, env. 3-5(6) µm diam., devenant plus grêles vers la base du stipe en formant un feutrage très dense; caulocystides analogues aux piléocystides mais généralement dépourvues de contenu, reconnaissables cependant à leur paroi incrustée. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Binga, épars sur le sol de la forêt à Gilbertiodendron dewevrei, 11-1928, Goossens-Fontana 841 et icon. (holotypus BR).

Observations

1. La description est basée sur le type comportant deux carpophores assez bien conservés.

2. R. rubens Heim, que Heim (1938) a placé dans une sous-section spéciale (Rubentinae, nom. inval.) des Compactae, possède aussi un chapeau blanchâtre et tomenteux et des spores subglobuleuses. Cette espèce diffère de R. albospissa par la chair finalement rougissant, la silhouette différente, les basides beaucoup plus courtes, les revêtements à cellules plus renflées et l’arête des lamelles comportant de nombreuses cellules marginales.

3. Une autre espèce malgache, R. robusta Heim, que son auteur a placé dans les Nigricantinae, ressemble macro-scopiquement à R. albospissa mais en diffère par sa chair très âcre, inodore et noircissant très vite à la coupe, ainsi que par l’ornementation sporale, qui n’est pas du tout comme Heim l’a dessinée (1938, fig. 24), mais qui est presque identique à celle de R. ingens. R. purpureonigra Petch du Sri Lanka, qui ressemblerait fortement à R. robusta (Pegler, 1979: 473), diffère principalement de R. albospissa par les lamelles serrées et le changement de la chair à la coupe.

Subsect. Nigricantinae Bataille

Flore Monographique des Astérosporés: 63 (1908)

Cette sous-section abrite les Compactae à chair nettement rougissante ou noircissante à la coupe (dans cet ordre ou inversément, donc y compris les Rubentinae Heim).

Espèce type: R. nigricans Bull. : Fr.

Synopsis des espèces

1. Spores subglobuleuses:

2. Carpophore très petit, ne dépassant pas 3 cm diam.; chair finalement noircissante; spores ornées de crêtes ............................ 8. R. carbonaria

2. Carpophore nettement plus grand:

3. Chair d’abord grisonnante puis rougissante; revêtement piléique continu, ± velouté- tomenteux; spores plutôt connexées .......................................11. R. rubens s.l.

3. Chair blanche, noircissant au toucher; revêtement piléique fissuré-aréolé; spores plutôt crêtées ailées ...................................6. R. albonigroides

1. Spores ellipsoïdes :

4. Chapeau très mince, fortement strié vers la marge, à revêtement gélifié, formé d’hyphes ± couchées à la surface piléique ............................... 9. R. pellucida

4. Chapeau plus ferme et charnu, non strié vers la marge; revêtement piléique non gélifié:

5. Cystides de forme régulière, à contenu nettement pailleté; basides env. 45-55 × 9-11 µm, à stérigmates non remarquablement forts (4-5 × 1-1,5 µm); spores très densément réticulées ........... 5. R. afronigricans

5. Cystides parfois très irrégulières, à contenu peu abondant, granuleux; basides excédant souvent 55 µm de long, munies de très forts stérigmates:

6. Lamelles remarquablement espacées (3-4 L+l/cm); revêtement piléique aréolé, fortement tomenteux; cystides et autres cellules cystidiformes très abondantes sur la surface entière des lamelles, très grêles, variqueuses-diverticulées au sommet ..................... 7. R. areolata

6. Lamelles peu espacées; revêtement non aréolé; cystides aussi très grêles mais régulièrement cylindracées; autres cellules cystidiformes uniquement marginales ........................................10. R. phaeocephala

 

5. Russula afronigricans Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 59: 249 (1989). Fig. 216, planche 59/1.

Russula nigricans Bull: Fr. sensu Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 60: 169 (1928).

Chapeau 10,4-11 cm diam., épais, d’abord convexe à ombiliqué, puis déprimé à presque cratériforme, parfois ± mamelonné-bosselé au centre; marge longtemps incurvée, puis arrondie à droite, régulière, lisse; revêtement mat, fuligineux, brun gris foncé (5F3-8, 5D3-5, 5E3-6, 6F3-6, 7F3-5) à noirâtre. Stipe 4,5-6 × 2,6-3 cm, courbé ou irrégulièrement sinueux, tantôt assez court, trapu, clavé, tantôt plus long et cylindracé, brun grisâtre (5CDE2), localement noirâtre avec quelques nuances bleuâtres, plein, puis irrégulièrement caverneux. Lamelles brièvement adnées à subdécurrentes, assez espacées, 0,6-0,8 cm de large, assez épaisses, fortement atténuées aux extrémités, inégales, blanchâtres; arête entière, concolore, noircissante. Chair blanchâtre, rougissant puis noircissant à la coupe; saveur et odeur inconnues. Sporée ”blanche”. Exsiccatum: chapeau brun foncé (env. 6F2), stipe brun rougeâtre (6D4-6), lamelles grisâtres (4B2-3, 4C3).

Spores 7,3-7,95-8,7 × 5,7-6,00-6,3 µm (Q = 1,23-1,33-1,39; n = 20), ellipsoïdes, densément réticulées, sublisses; ornementation < 0,5 µm de haut, composée d’ornements convexes et de crêtes assez minces et ramifiées, localement connexés, à peine amyloïde; plage non amyloïde, ± elliptique. Basides 45-55 × 9-11 µm, tétrasporiques; stérigmates 4-5 × 1-1,5 µm. Cystides très abondantes, à peine émergentes, (40)60-80 × 5-8 µm, étroites, cylindracées à clavulées, souvent courbées dans la partie inférieure, obtuses-arrondies, à paroi mince; contenu pailleté abondant. Cellules marginales très abondantes, 30-40(50) × 8-12 µm, clavées, lancéolées, lagéniformes, obtuses-arrondies, capitées ou brièvement appendiculées; pigment brunâtre interne. Revêtement piléique peu différencié, entièrement orthochromatique au bleu de crésyl, formé d’hyphes légèrement gélifiées, entremêlées, à extrémités peu ramifiées et enveloppées d’une gaine muqueuse; articles subcylindracés, 4-8 µm de large, parfois plus volumineux, ellipsoïdes, ampullacés, 10-15 µm diam., légèrement rétrécis aux cloisons, renfermant souvent un pigment brun; l’article terminal assez versiforme, obtus ou parfois obscurément capité, piléocystides nulles; hyphes oléifères nulles. Revêtement du stipe ressemblant à celui du chapeau, à éléments parfois plus volumineux, atteignant 35 µm large; caulocystides 3,5-7 µm diam., cylindracées, obtuses; contenu granuleuxpailleté. Anses d’anastomose nulles.

Usages : consommé par la population locale.

Nom vernaculaire : Ebeki.

Distribution

Zaïre. Forestier central: Djongo Akula, épars et nombreux sur le sol de la forêt à Gilbertiodendron dewevrei, 12-1925, Goossens-Fontana 512a et icon. (holotypus BR), b-c (syntypi BR).

Observations

1. La description est entièrement basée sur Goossens-Fontana 512, qui est une collection mixte comprenant de très nombreux carpophores que Mme Goossens-Fontana avait repartis en trois sachets (512 a-c).

2. Déjà sur le terrain, R. afronigricans diffère de R. nigricans Bull. : Fr. par le stipe plus svelte (plusieurs spécimens de Goossens-Fontana 512 possèdent un stipe dont la longueur excède le diam. du chapeau lequel, dans la plupart des spécimens, n’est que de 3 à 4 cm!) et par les lamelles moins épaisses. Microscopiquement, les spores de R. afronigricans sont plus longues, moins volumineuses, à ornementation plus dense et moins prononcée.

6. Russula albonigroides Sing. , Pap. Michigan Acad. Sci. 32: 109-110 (1946). Fig. 217, 218.

Chapeau env. 7 cm diam., très mince, très fragile, ± plan mais largement et légèrement déprimé au centre; marge lisse, très mince; revêtement adné, concentriquement ridulé, bleu gris sale, puis brun noirâtre. Stipe env. 4 × 1,5 cm, cylindracé, lisse, grisâtre, noirâtre au toucher, plein, blanchâtre à l’intérieur. Lamelles décurrentes, serrées, 0,3 cm large, atténuées aux extrémités, minces, brun grisâtre pâle, noircissant au toucher. Chair blanche, noircissant au toucher; saveur et odeur inconnues. Sporée non obtenue. Exsiccatum très fragile, entièrement brun foncé (6F4-7, 7E3-5), lamelles gris brun noirâtre (6F1-3).

Spores 6,5-6,95-7,4(7,3) × (5,9)6,0-6,46-6,9 µm (Q = 1,03-1,08-1,12; n = 20), subglobuleuses, densément réticulées à subréticulées; ornementation fortement amyloïde formée de crêtes, atteignant 1,5 µm de haut; plage non amyloïde, à contour ± arachnoïde-rayonnant. Basides 40-50 × 10-12 µm, tétrasporiques; stérigmates 5-7 × 2-2,5 µm. Cystides assez nombreuses, 50-90 × 7-9 µm, clavulées à clavulées-pédicellées, minusculement boutonnées ou obtuses-arrondies (surtout près de l’arête), à paroi mince; contenu granuleux-pailleté, assez abondant, insensible à la sulfovanilline. Cellules marginales très abondantes, (15) 20-30 × (8)10-15 µm, clavées, ellipsoïdes à subglobuleuses; pigment brun interne. Revêtement piléique peu différencié, entièrement orthochromatique au bleu de crésyl, assez dense et peu gélifié, à hyphes allongées, ramifiées; articles ± allongés, de diam. très variable, généralement (2) 5-15 µm de large, cylindracés, ellipsoïdes, clavulés, fusiformes à fusiformes-ventrus, à paroi mince, à contenu brun; l’article terminal variable, obtus; piléocystides assez nombreuses au centre du chapeau, 30-50 × 5-8 µm, fusiformes-ventrues à subulées, subcapitées à nettement capitées, à paroi mince; contenu réduit à quelques granulations dispersées; hyphes oléifères non observées. Revêtement du stipe analogue à celui du chapeau, à éléments souvent plus volumineux; caulocystides mieux différenciées, fusiformes à clavulées-pédicellées, atténuées ou subcapitées, parfois très longues; contenu peu abondant, granuleux-réfringent. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Liberia: Ganta, sur le sol de la forêt, 04-1939, G.H. Harley 77 (holotypus FH).

Observations

1. La description des caractères macroscopiques est basée sur les notes de Harley, celle des caractères microscopiques est originale (comparez aussi à Shaffer 1962: 256-257).

2. R. albonigroides est très proche des Brunneodermatinae (sect. Fistulosae) dont il diffère par le noircissement de la chair au toucher.

3. La minceur du chapeau, l’absence d’un rougissement au toucher de la chair et les spores subglobuleuses rappellent R. carbonaria. R. albonigroides en diffère cependant par sa taille plus grande, par les cellules marginales presque isodiamétriques et par les spores plus petites. R. rubens (voir p. 359) diffère de ces deux espèces par le rougissement prononcé de la chair.

 

7. Russula areolata Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 59: 245-246 (1989). Fig. 219, 220, planche 58/1.

Chapeau 16 cm diam., ferme à assez fragile, étalé, légèrement déprimé au centre; marge fortement déchirée, non striée; revêtement mat, tomenteux, brun noirâtre à brun bistre foncé (5-6F4-8, 6E4-6), craquelé-aréolé à aréoles séparées par des fissures assez profondes montrant la chair sous-jacente beige grisâtre à brun orangeâtre. Stipe 5 × 2,8 cm, trapu, s’amincissant jusqu’à 2,2 cm à la base, subcylindracé, lisse, très finement velouté-granuleux sous la loupe, brun bistre grisâtre (env. 5C3), plein. Lamelles cassantes, ± adnées, nettement espacées (3-4/cm), non ramifiées, 1,7 cm de large, épaisses, inégales, beige sale, presque concolores au stipe; arête entière, concolore, noircissant avec l’âge. Chair grisâtre à beige brunâtre, rougissant à la coupe, puis noircissant; saveur inconnue; odeur désagréable. Sporée non obtenue. Exsiccatum: chapeau brun foncé à presque noirâtre (5F3-8), plus pâle vers la marge (5E4-6), stipe brun orangeâtre (5D4-7), lamelles grisâtres (4B2-3, 5B2), maculées de brun orangeâtre (5C4-5).

Spores 8,8-9,41-10,1 × 7,3-7,93-8,6 µm (Q = 1,14-1,19-1,23; n = 20), largement ellipsoïdes, densément subréticulées; ornementation basse, formée de minces crêtes ramifiées et d’ornements convexes subtilement reliés, nettement amyloïde; mailles étroites et souvent parallèles, avec quelques verrues isolées; plage ± elliptique, non amyloïde. Basides (52)55-65(80) × (10)11-12 µm, tétrasporiques; stérigmates robustes, 5-7(20) × 1,5-2,5 µm. Cystides nombreuses, 60-130 × 5-9 µm, naissant souvent profondément dans la trame, grêles, à sommet en générale nettement diverticulé; contenu peu abondant, grossièrement granuleux, insensible à la sulfovanilline; paroi très fragile, mince. Cellules marginales abondantes, 40-70 × 6-16 µm, assez versiformes, arrondies, parfois se poursuivant sur les faces des lamelles où elles sont généralement plus grêles; pigment brunâtre interne parfois présent. Revêtement piléique peu différencié, orthochromatique au bleu de crésyl, à hyphes entremêlées, densément septées; articles assez courts, rétrécis aux septa, cylindracés, souvent aussi irrégulièrement renflés ou munis de courts diverticules plutôt obtus, 5-15 (25) µm diam.; pigment interne brunâtre; article terminal souvent ellipsoïde, claviforme, sphéropédonculé, largement capité ou moniliforme; hyphes oléifères nombreuses, à contenu brunâtre-huileux; piléocystides très dispersées et très peu apparentes, généralement 50-100 × 3-5 µm, étroitement cylindracées à subulées, minusculement boutonnées à paroi mince. Revêtement du stipe à extrémités composées d’articles de 4-8(12) µm diam., subcylindracés, parfois localement renflés et ampullacés à ellipsoïdes; courts diverticules latéraux fréquents, aigus à presque globuleux; pigment vacuolaire brun; l’article terminal obtus, 25-70 µm long, souvent diverticulé, capitulé ou clavé, parfois fortement diverticulé-arborisé; vers la base du stipe, à éléments plus tortueux, plus grêles et souvent brusquement étranglés. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Burundi. Mosso-Malagarasi: à l’est de Dunga, prov. Mosso, en forêt claire, 01-1979, Rammeloo 6296 et icon. phot. (holotypus BR).

Observations

1. Le type consiste en un seul carpophore assez bien conservé. Les notes de Rammeloo montrent qu’il s’agit probablement d’un vieux spécimen presque desséché à chapeau fortement craquelé, à odeur désagréable et à chair déjà grisâtre.

2. Par l’espacement des lamelles, R. areolata ressemble fortement à R. nigricans ou R. afronigricans, mais s’en éloigne fortement par la microscopie différente des structures hyméniales. Celles-ci, par contre, rappellent celles de Lactarius phlebonemus Heim, au point qu’il serait impossible de faire la distinction s’il n’y avait la trame dépourvue de sphérocytes et bourrée de laticifères chez Lactarius phlebonemus.

8. Russula carbonaria Heim & Gilles, Rev. Mycol. 36: 128-129(1971). Fig. 221.

Chapeau jusqu’à 2,6 cm diam., convexe, puis étalé, légèrement déprimé au centre; marge courtement striée-cannelée, plus pâle; revêtement lisse, brunâtre à gris souris, avec quelques légères nuances lilacines. Stipe 0,6-0,7 × 0,18 cm, trapu, cylindracé, courbé, lisse, concolore au chapeau. Lamelles adnées, assez espacées, atténuées aux extrémités, inégales, minces, gris brunâtre clair. Chair grisâtre, rougissant au toucher, noircissant très vite et entièrement en herbier ou en alcool, douce, inodore. Sporée blanche. Exsiccatum entièrement noir.

Spores 6,9-7,45-7,8 × 6,4-6,84-7,2 µm (Q = 1,04-7,09-1,16; n = 20), subglobuleuses à brièvement ellipsoïdes, (sub)réticulées; ornementation fortement amyloïde, formée d’éléments coniques, obtus, atteignant 1,5-2 µm de haut, soudés en crêtes ramifiées et anastomosées, subtilement connexés vers la plage; plage ± arrondie, non ou à peine amyloïde. Basides (30)35-40(45) × 9-14 µm, tétrasporiques, parfois à contenu brun; stérigmates 6-8 × 2-3 µm. Cystides nombreuses, peu apparentes, affleurantes, (40)45-55(60) × 6-8 µm, cylindracées, capitées ou moniliformes; contenu grossièrement granuleux, insensible à la sulfovanilline. Cellules marginales très abondantes, généralement 40-60 × 6-11 µm, sinueuses, souvent cylindracées, lagéniformes, subulées, optiquement vides ou à contenu brun. Revêtement piléique entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; pigment brun interne présent; subpellis formé d’hyphes entremêlées, peu gélifiées, 4-6 µm de large; suprapellis à hyphes peu ramifiées, obtuses, grêles, s’élargissant jusqu’à 10 µm près de la marge piléique; article terminal obtus, cylindracé, fusiforme, lagéniforme ou clavé, parfois relativement volumineux; piléocystides ± abondantes, 23-42 × 4-6 µm au centre du chapeau, cylindriques à ± fusiformes, à 1-3 petits appendices globuleux au sommet, plus grandes et obtuses-arrondies vers la marge du chapeau; contenu réduit à quelques granules réfringents. Revêtement du stipe comme celui du chapeau, mais plus mince et plus lâche; à hyphes plus grêles vers la base; caulocystides non observées. Anses d’anastomose nulles. 

Distribution

Gabon.: forêt de Mondah, près de Libreville, sur le sol de la forêt marécageuse, 11-1968, G. Gilles AG 66 44 (holotypus PC).

Observation

La description macroscopique est adaptée de la description originale, celle des caractères microscopiques est originale. Le type consiste en un carpophore minuscule bien conservé.

9. Russula pellucida (Goossens & Heim) Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 59: 241 (1989). Fig. 222, planches 59/3 et 60/1.

Lactarius pellucidus Goossens & Heim, Bull. Jard. Bot. Etat Brux. 25 : 61; Fig. 22; pl. VI/ 3A, B (1955); Flore Icon.: 93; Fig. 6; pl. XV (1955).

Chapeau 7-9,5 cm diam., d’abord presque ombiliqué, puis assez profondément et largement déprimé au centre; marge très mince, striée-sillonnée sur 1,0-1,5 cm, subtilement tuberculeuse; revêtement légèrement visqueux, mat, non séparable, brun bistre à brun rougeâtre foncé (5-7E5-8) au centre, vers la marge d’abord plus pâle, puis brun bistre, brun foncé avec l’âge. Stipe 2,5-3,5 × 1,4-1,5 cm, cylindracé à clavulé, trapu, blanchâtre, brun gris (5D3) au toucher et avec l’âge, ferme et dur, plein puis creux (vermoulu). Lamelles brièvement adnées à sublibres, épaisses, espacées (3/cm), cassantes, anastomosées, s’atténuant vers la marge, irrégulièrement inégales par quelques lamellules dispersées, crème (3A2-3); arête brun foncé, entière. Chair ferme mais friable, blanchâtre, se maculant à la coupe de rouge carotte après env. 1 minute, puis brunissant; odeur désagréable de décomposition; saveur tardivement brûlante. Sporée crème assez foncé en herbier (en 1988 : Romagnesi IIb-c). Exsiccatum: entièrement brun foncé (6F3-4), noirâtre, à marge profondément sillonnée-tuberculeuse, lamelles gris rosâtre (7BD2).

Spores 8,0-8,30-8,9(9,1) × 6,3-6,57-7,0 µm (Q = 1,19-1,26-1,35; n = 20), ellipsoïdes, subréticulées, densément ornées d’éléments obtus, convexes, hémisphériques, coniques à brièvement cylindracés, isolés, confluents ou réunis en courtes crêtes, subtilement connexés par places, < 1 µm de haut, nettement amyloïdes; plage non amyloïde, ± elliptique. Basides 38-47 × 8-10 µm, tétrasporiques; stérigmates 3,5-5 × 1,5-2,5 µm. Cystides assez nombreuses, affleurantes ou émergentes jusqu’à 30 µm, 60-100(160) × (7)10-13 µm, les plus longues naissant profondément dans la trame, cylindracées à clavulées; sommet obtus-arrondi, lancéolé, capité à moniliforme, à paroi mince ou ± épaissie, optiquement vides ou contenant quelques granules insensibles à la sulfovanilline. Cellules marginales très nombreuses, généralement 20-40 × 8-13 µm, piriformes, clavées à ellipsoïdes-pédicellées, à paroi très mince, optiquement vides ou renfermant un pigment brunâtre. Revêtement piléique peu différencié, gélifié, entièrement orthochromatique dans le bleu de crésyl, composé d’hyphes généralement couchées, ± cylindracées, assez grêles, 3-6 (10) µm diam., à paroi très mince et subtilement incrustée, renfermant souvent un pigment brunâtre diffus; article terminal souvent très long, étroitement cylindracé à subulé, ± différencié; piléocystides bien différenciées, généralement 40-80(120) × 4-8 µm, cylindracées, fusiformes à subulées, obtuses-arrondies, boutonnées-diverticulées, subcapitées à moniliformes; paroi très mince; contenu pailleté-granuleux. Revêtement du stipe assez dense; extrémités des hyphes agrégées en touffes, généralement 5-10(15) µm diam.; article terminal 30-80 µm de long, assez versiforme, obtus-arrondi à appendiculé; caulocystides plus variables que dans le chapeau. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Kivu, Irangi, forêt primaire, endroit humide le long de la Luhoho, 04-1972, Rammeloo Z232 et icon. phot. (BR); Binga, isolé sur le sol de la forêt à Gilbertiodendron dewevrei, 02-1942, Goossens-Fontana 2079 et icon. (holotypus BR).

Observations

1. Le type a été décrit de manière assez détaillée par Heim (l.c.) et consiste en plusieurs carpophores fortement envahis de moisissures, se regonflant très mal. La description ci-dessus est uniquement basée sur la récolte de Rammeloo. Le lecteur pourra comparer ainsi notre description à la description originale de Lactarius pellucidus.

Je suis convaincu qu’il s’agit d’une seule espèce, bien que la description de Lactarius pellucidus signale un revêtement séparable, des lamellules plus nombreuses, une chair très piquante et amère à la fois, un lait blanc, translucide et peu abondant, puis, enfin, une sporée blanche.

Aussi importantes que ces différences puissent paraître à première vue, je ne crois pas qu’elles soient d’une grande valeur dans ce cas-ci. Tout d’abord, Rammeloo Z232 possède quelques carpophores à revêtement entièrement détaché à la marge piléique. Les observations de Goossens-Fontana sur la saveur et la couleur de la sporée doivent toujours être interprêtées avec prudence (il s’agit probablement d’une sporée crème pâle, virant au crème foncé en herbier). Enfin, l’écoulement de latex est peu probable car il n’y a aucun laticifère dans la chair du type, ni dans Rammeloo Z232. 

2. La structure, la gélification, la minceur du chapeau, la rareté des lamellules, ainsi que les caractères des cystides et dermatocystides indiquent que R. pellucida est probablement une espèce transitoire vers les Ilicinae (sect. Heterophyllae), s’approchant surtout de R. sesemoindu Beeli.

10. Russula phaeocephala Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 59: 246- 247 (1989). Fig. 223, planche 58/2.

Chapeau 9-15 cm diam., assez fragile, d’abord convexe, puis s’étalant, à centre étroitement mais profondément déprimé; marge ± régulière, incurvée, lisse; revêtement glabre à finement tomenteux-granuleux, subtilement crevassé vers la marge, brun foncé (5E5-5F3, localement plus pâle 5D5), pâlissant avec l’âge jusqu’à brun grisâtre pâle ou beige ocracé. Stipe 5,5-6 × 2,1-3 cm, cylindracé, parfois légèrement renflé à la base; surface légèrement farineuse, blanchâtre, se salissant de brun grisâtre à partir de la base, d’abord plein, vite vermoulu. Lamelles cassantes, adnées, épaisses, assez espacées, inégales, convexes, 1,2-1,3 cm de large, blanchâtres; arête entière, concolore. Chair 0,9-1 cm d’épaisseur dans le chapeau, blanchâtre puis brun gris marbré, devenant rouge orangeâtre à la coupe, puis passant du brun au noirâtre; saveur douce; odeur de fermentation de bière. Sporée blanche, virant au crème pâle en herbier (en 1988: Romagnesi IIb). Exsiccatum : chapeau brun noirâtre (5F1, 5E5-5), stipe brun foncé (5D3-6), noirâtre par endroit, lamelles brun grisâtre assez foncé (5E5, 5D4).

FeSO4: réaction gris verdâtre sur le stipe. Phénol, ammoniaque, potasse, aniline, formol: réactions nulles.

Spores (7,2)7,5-8,04-8,4 × 6,0-6,61-7,2 µm (Q = 1,12-1,22-1,29; n = 20), ellipsoïdes, (sub)réticulées; ornementation dense, formée d’éléments convexes à hémisphériques, obtus, env. 0,5 µm de haut, nettement amyloïdes, reliés par des tractus subtils ou confluant en crêtes assez épaisses et ramifiées; plage ± elliptique, non amyloïde. Basides (45)50 × 9-10 µm, tétrasporiques; stérigmates 5-7 × 1,5-2,5 µm. Cystides nombreuses, généralement 80-110 × 5-7 µm, étroitement cylindracées à subulées, obtuses-arrondies, capitées ou subcapitées, parfois moniliformes au sommet ou sur toute la longueur; paroi mince; contenu granuleux à finement pailleté, peu abondant, insensible à la sulfovanilline. Cellules marginales nombreuses, assez versiformes, ne dépassant pas les dimensions des basides. Revêtement piléique peu différencié, orthochromatique au bleu de crésyl, reposant sur une couche épaisse de sphérocytes; suprapellis peu différencié, dense, composé des extrémités couchées et entremêlées des hyphes du subpellis, celles-ci 2-4(6) µm diam., renfermant souvent un pigment brunâtre, cylindracées, localement renflées, atténuées, rétrécies ou variqueuses-diverticulées; piléocystides très rares et très peu apparentes, env. 40-60 × 4-6 µm, grêles, étroitement cylindracées à subulées, minusculement boutonnées au sommet, paroi ± mince; contenu granuleux peu abondant. Revêtement du stipe de structure analogue, plus mince, composé d’éléments en moyenne plus larges, 6-12(18) µm diam.; caulocystides non observées. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Burundi. Mosso-Malagarasi : Mugara, groupés dans une végétation secondaire près d’une mission, 12-1978, Rammeloo 6088 et icon. phot. (holotypus BR).

Observations

1. Le type comprend un grand nombre de carpophores bien conservés.

2. Cette espèce est très proche de R. areolata dont elle diffère surtout par les lamelles beaucoup plus serrées, plus minces et étroites, ainsi que par l’aspect général de la surface piléique. Les différences microscopiques se situent dans les structures hyméniales et les articles moins volumineux des revêtements (comparer les fig. 220 et 223).

11. Russula rubens Heim sensu lato, Candollea 7: 383 (1938). Fig. 224, 225.

Chapeau 4,5-6 cm diam., profondément déprimé avec l’âge; marge non striée; revêtement finement tomenteuxlaineux, facilement séparable, blanche, un peu jaunissant au milieu. Stipe court et trapu, 2,5-3 × 1 cm, cylindrique, finement tomenteux - velouté comme le chapeau, blanc crème, plein. Lamelles serrées mais assez épaisses, ± 0,3 cm de large, fermes, blanches, noircissantes. Chair blanche, grisonnant, puis rougissant dans le chapeau et le stipe, noircissant dans les lamelles, douce, inodore. Sporée blanche. Exsiccatum: chapeau brunâtre sale près de la marge (5D3-5), plus foncé et presque noirâtre au centre, localement maculé de beige ocracé (4A5-5C5); stipe brunâtre (5D4-6); lamelles grisâtres (4C2-3).

FeSO4: réaction vive, bleu vert vif. Teinture de gaïac: réaction immédiate intense, bleu gris verdâtre. Gaïacol: réaction intense et immédiate, brun roux. Pyramidon: réaction nulle.

Spores 6,8-7,49-8,4 × 6,2-6,86-7,6 µm (Q = 1,03-1,09-1,20; n = 20), subglobuleuses, réticulées à mailles versiformes; ornementation dense composée de crêtes ramifiées, minces à assez épaisses, et d’éléments connexés, coniques à convexes, obtus, < 1(1,5) |µm de haut; plage ± elliptique à arrondie, parfois verruculeuse au bord, non amyloïde. Basides 45-55(60) × 9-10 µm, tétrasporiques; stérigmates 5-9 × 2-3 µm. Cystides assez nombreuses, (40)50-80 × (4)5-77 µm, peu émergentes, généralement profondément insérées dans la trame, cylindracées à fusiformes- pédicellées ou clavulées, grêles et fragiles, bifurquées ou étroitement capitées; contenu pailleté-réfringent assez abondant, insensible à la sulfovanilline. Cellules marginales peu différenciées, généralement très petites, clavées à piriformes. Revêtement piléique orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis formé d’hyphes gélifiées, entremêlées, 3-4(8) µm diam., cylindracées, souvent sinueuses; suprapellis peu différencié, composé des extrémités ± dressées des hyphes, vite flétries, obtuses à capitulées; pigment brunâtre interne; piléocystides 40-60 × 4-6(8) µm, peu apparentes, étroites, cylindracées à subulées, capitulées à boutonnées de plusieurs diverticules obtus; paroi mince; contenu granuleux à finement pailleté, insensible à la sulfovanilline. Revêtement du stipe de structure analogue à celui du chapeau, à éléments plus larges et plus longs; articles terminaux < 12 µm de diam., le plus souvent fusiformes, clavés ou lancéolés; caulocystides rares à la surface, plus longues vers la base du stipe, 50-80(120) × 5-8 µm; contenu abondant, pailleté-granuleux. Anses d’anastomose nulles. 

Distribution

Zaïre. — Haut-Katanga: Luiswishi, forêt dense sèche, 12-1971, Thoen 5216 (BR).

Madagascar: Antanambé, sur sol humique peu sablonneux, en forêt sublittorale, dense et humide à Pandanus, 12-1934, Heim J.22 (holotypus PC)

Observations

1. La description macroscopique est adaptée de la description originale, Thoen 5216 n’étant accompagné que de la mention: chair grisonnante, puis rougissante. Celle des caractères microscopiques est originale et se réfère uniquement à Thoen 5216.

L’altération de la couleur de la chair du noir au rouge - donc précisément l’inverse de l’altération de la couleur pour la chair des autres Nigricantinae - est pour Heim (1938) le caractère diagnostique de ses Rubentinae (nom. inval.); il nous semble important qu’elle ait été formellement observée par Thoen.

2. Le rougissement de la chair, le chapeau tomenteux à pigmentation brunâtre ou plus pâle, l’arête stérile, la forme des basides et des cystides, ainsi que les spores subglobuleuses rappellent les Dictyosporini Neuhoff du genre Lactarius.

Sect. Fistulosae (Heim ex Sing.) Buyck

Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 190 (1990)

Sect. Ingratae Quel. subsect. Fistulosinae Heim, Prodrome à une flore mycologique de Madagascar et Dépendances, 1. Les Lactario-Russulés du domaine oriental de Madagascar: 84 (1938), nom. inval.

Sect. Ingratae Quel. subsect. Fistulosinae Heim ex Sing., Agaricales in Modern Taxonomy : 815 (1986).

Chapeau souvent très peu charnu ou submembraneux, brun foncé, brun gris, brun orangeâtre, ocracé ou blanchâtre, parfois orangé ou jaune vif; revêtement rarement lisse, parfois tomenteux, généralement granuleux - floconneux ou se rompant en écailles ou squames ± apprimées. Stipe concolore. Lamelles très serrées à espacées, pâles; arête ± concolore aux revêtements. Chair à teinte s’altérant souvent à la coupe ou avec l’âge. Sporée pâle. Spores à plage en général non ou faiblement amyloïde. Basides typiquement à forts stérigmates. Cystides souvent nombreuses, à contenu bien différencié. Revêtements souvent à articles volumineux, se prolongeant sur l’arête des lamelles.

Espèce type: R. fistulosa Heim.

Il s’agit probablement d’un groupe polyphylétique, montrant des affinités avec une ou plusieurs des espèces dans presque chacune des autres sections, et avec, en plus, des affinités évidentes avec plusieurs sections du genre Lactarius.

Synopsis des sous-sections

1. Piléocystides bien différenciées:

2. Cellules marginales des lamelles remarquables par leur volume ou par l’épaisseur de leur paroi:

3. Lamelles subégales, non spécialement serrées; arête entièrement occupée par des lamprocystides; revêtement piléique fissuré en grandes pellicules apprimées ................... Guayarenses (sect. Heterophyllae, dans un prochain fascicule)

3. Lamelles entremêlées de nombreuses lamellules, très serrées; cellules marginales très volumineuses, ressemblant aux extrémités du revêtement piléique, celui-ci entièrement omenteux, non fissuré, brun foncé à brun ocracé ............................. Fistulosinae (p. 378)

2. Arête des lamelles non spécialement différenciée ou cellules marginales plus petites que les basides:

4. Revêtement piléique formé de longues ou courtes extrémités cylindracées, ne dépassant pas 4 µm de large, réunies en touffes, à paroi brune et fortement épaissie; dermatocystides dans le subpellis seulement. Carpophores en général brun foncé et fortement tomenteux ...... Tomentosinae (p. 375)

4. Revêtement piléique formé d’extrémités à paroi non remarquablement épaissie et dépassant généralement largement 4 µm de diam.; dermatocystides aussi dans le suprapellis. Carpophores en général grisâtres, ocres à blanchâtres, jamais fortement tomenteux, fuligineux:

5. Chapeau grisâtre ........ Murinaceinae (p. 374)

5. Chapeau brun à ocracé, même blanchâtre:

6. Revêtement piléique distinctement fissuré vers la marge en pellicules apprimées ou en lobes fissurées ..... Meleagrinae (p. 368)

6. Revêtement piléique continu jusqu’à la marge ou tout ou plus très sub-tilement crevassé-gercé en dehors du centre, entièrement tomenteux:

7. Chapeau brun foncé, port plutôt élancé ................ Brunneodermatinae (p. 362)

7. Chapeau ocracé beige à blanchâtre; port plutôt trapu ............................................ Pallidorimosinae (p. 385)

1. Piléocystides non différenciées:

8. Revêtement piléique ± lisse, composé de très longs poils très grêles (<4 µm diam.); carpophores jamais jaune vif, orangé vif ou brun orangeâtre ................... Pachycystidinae (p. 388)

8. Revêtement distinctement granuleux, de composition très variable;carpophore jaune à orangé vif ou brun orangeâtre à brun foncé (si le carpophore est assez trapu), à chapeau non granuleux-squamuleux, mais muni de pellicules apprimées: voir R. meleagris (p. 372):

9. Carpophore jaune vif ...... Concolorinae (p. 401)

9. Carpophore orangé vif à brun foncé:

10. Carpophore orangé vif à brun orangeâtre; arête concolore aux revêtements ......... Testaceoaurantiacinae (p. 395)

10. Carpophore brun orangé à brun foncé, avec parfois localement des tons orangés ou jaunes; arête des lamelles jamais concolores aux revêtements (si le stipe et le chapeau sont fortement veloutés, brun orangeâtre: voir R. velutina: p. 400) ............................................ Brunneofloccosinae (p. 389)

Subsect. Brunneodermatinae Buyck

Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60 : 193 (1990)

Chapeau très régulier, généralement mat, brunâtre, crevassé vers la marge, qui, elle, reste lisse. Stipe en général grêle, élancé, cylindrique. Lamelles égales ou inégales, serrées à très serrées, pâles. Chair blanche, faiblement jaunissant dans le stipe, inodore, insensible au FeSO4. Sporée pâle. Spores à plage non ou faiblement amyloïde. Revêtements avec ou sans dermatocystides.

Espèce type: R. brunneoderma Buyck.

Synopsis des espèces

1. Spores sublisses ou faiblement ornées, réticulées-crêtées:

2. Dermatocystides bien différenciées dans le supra- et subpellis; lamellules nombreuses; spores sublisses ....14. R. coffeata

2. Dermatocystides nulles ou peu apparentes; lamelles entremêlées de quelques lamellules; spores faiblement ornées:

3. Revêtement piléique d’aspect cellulaire; articles terminaux ± clavées, à pigment interne diffus......13. R. cellulata

3. Revêtement piléique à extrémités fortement ramifiées; articles terminaux amincis au bout, à pigment guttulé interne ................ 15. R. liberiensis

1. Spores à ornements isolés:

4. Ornements sporaux nettement différenciés, atteignant 1 µm de haut .............. 12. R. brunneoderma

4. Ornements sporaux à peine visibles; chapeau sec, gris clair, lisse, 7-8 cm diam.; stipe cylindrique, blanc; lamelles serrées, égales, crème; chair à odeur désagréable ........................................... R. cinerella

Nous ne pouvons fournir de description actualisée de R. cinerella Pat., le type se regonflant très mal. Décrite d’abord de Madagascar (Patouillard, 1927), cette espèce a été retrouvée en Tanzanie (Pegler, 1977).

12. Russula brunneoderma Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 59: 245 (1989). Fig. 226, planche 63/2.

Chapeau assez charnu, 5,9 cm diam., régulier, étalé, largement déprimé au centre; marge fortement craquelée concentriquement, non striée; revêtement séparable sauf au centre, mat, finement tomenteux sous la loupe, brun pourpre à brun rougeâtre foncé (6E5-6, 6E4-7, localement 5F8). Stipe env. 5 × 1 cm, droit, cylindracé, s’amincissant légèrement vers le haut, lisse, finement pruineux par une ponctuation brun bistre à brun orangeâtre (5D4-5, 5C3-4), mat, spongieux, plein. Chair blanche, brunissant à la coupe dans la moelle du stipe; saveur douce, puis lentement et faiblement âcre; odeur de savon. Lamelles libres, un peu lardacées, denses, égales, très minces, étroites, env. 0,3 cm de large, non interveinées, exceptionellement bifurquées, crème (4A3). Sporée non obtenue. Exsiccatum: chapeau brun foncé (5E série, 5F5-8); stipe brun bistre pâle (Séguy 131-134); lamelles beige grisâtre (4A2-5A2). 

Teinture de gaïac: réaction immédiate, bleu vert intense. FeSO4, formol, sulfovanilline, ammoniaque, phénol: réactions nulles.

Spores ellipsoïdes, 6,4-6,91-7,3 × 5,7-5,97-6,3 µm (Q = 1,09-1,16-1,25; n =20); ornementation dense, composée d’éléments isolés ou parfois jumelés, cylindracés, env. 0,5-1 µm de haut, fortement amyloïdes, mélangés à de nombreux éléments ponctiformes à peine amyloïdes; certaines spores présentent des restes amyloïdes du myxosporium; plage ± arrondie, verruculeuse, parfois très partiellement amyloïde. Basides (28)30-38 × 9-10 µm, tétrasporiques; stérigmates 4-5 × 1-2 µm. Cystides assez abondantes, (42)50-70 (80) × 6-10(12) µm, plus petites près de l’arête, fusiformes, cylindracées à clavées, obtusesarrondies ou brusquement atténuées et lancéolées, parfois minusculement capitées; paroi ruguleuse-incrustée vers la base et légèrement épaissie. Cellules marginales petites, peu différenciées, parfois lagéniformes ou lancéolées. Revêtement piléique épais de 180-250 µm, entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis formé d’hyphes grêles, 2,5-4,5 µm de diam., parcouru de très longues piléocystides, mesurant env. 4-7 µm de large, à paroi zébrée-incrustée; suprapellis dense, à hyphes rarement ramifiées, (3)4-6 µm de diam., densément septées, cylindracées; article terminal cylindracé à subulé, souvent sinueux, subcapité à moniliforme; piléocystides du suprapellis peu apparentes, assez dispersées, 30-80 × 5-8 µm, différant des autres articles terminaux par le contenu pailleté-réfringent. Revêtement du stipe comparable à celui du chapeau; suprapellis à hyphes grêles, formées d’articles irrégulièrement renflés à courtement cylindracés, ± rétrécies aux cloisons; article terminal 15-40 × 3-7 µm, cylindracé à brusquement ou graduellement aminci, parfois largement capité; caulocystides 40-120 × (5)6-7(9) µm, fusiformes - pédicellées à subulées, arrondies à capitées, à contenu pailleté. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Yaenero, près de Kisangani, isolé sur le sol en forêt primaire, 05-1984, Buyck 1749 et icon. phot. (holotypus BR).

Observation

La composition du revêtement piléique relie R. brunneoderma aux Heterophyllae Fr. sensu Romagn. Au sein des Brunneodermatinae, R. brunneoderma se rapproche le plus de R. coffeata. Ce dernier diffère par les articles beaucoup plus volumineux des revêtements et par les lamelles régulièrement inégales.

13. Russula cellulata Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 59: 245 (1989). Fig. 227, planche 63/1.

Chapeau assez charnu, 6,6 cm diam., étalé, régulier, largement déprimé au centre; marge non sillonnée-striée mais densément et très subtilement gercée-crevassée, montrant la chair blanchâtre; revêtement sec, mat, gras au centre, brun rougeâtre foncé (5F5) au milieu, présentant une zone brun ocracé (5D4 à 5C3) à mi-rayon, brun gris à brun terne et localement décoloré vers la marge (5D3, 5E4). Stipe 5,1 × 0,7 cm, cylindracé, droit, très finement ridulé longitudinalement, chagriné, mat, brun grisâtre (5C2-3) pâlissant localement à beige grisâtre (5B2); la base elle-même plutôt ocracée (4A2), arrondie, tomenteuse-fibrilleuse; intérieur cotonneux-spongieux. Lamelles libres, très serrées, étroites (0,4-0,6 cm), minces, peu atténuées aux extrémités, fréquemment bifurquées, inégales par quelques lamellules, crème pâle (3A2); arête entière, concolore. Chair beige pâle (5A1 à 5B2) dans le chapeau, plus pâle, jaunissant lentement et finalement jaune brunâtre à la coupe dans le stipe, inodore, douce. Sporée blanche sur le frais, blanchâtre en herbier. Exsiccatum : chapeau brun foncé, presque noirâtre au centre (6C2-3,6D2-4, 6E6-7, 6F5-7), stipe beige grisâtre (3B2-C2) en haut, plus foncé et teinté d’orangeâtre en bas (4A4-5, B5).

Spores ellipsoïdes, 7,3-7,75-8,3 × 5,6-6,02-6,6 µm (Q = 1,21-1,29-1,40; n = 20), réticulées ou à réseau très partiel; ornementation très faible, composée d’éléments bas, légèrement et irrégulièrement convexes, quelques-uns pustuliformes, atteignant 1 µm de haut et fortement amyloïdes, fréquemment ± alignés ou connés et formant de courtes crêtes, rarement connexés; plage verruculeuse au bord, non amyloïde. Basides 35-45 × 9-11 µm, tétrasporiques; stérigmates 5-7 × 1,5-2,5 µm. Cystides nombreuses, 50-70 × 7-13 µm, affleurantes à légèrement émergentes, cylindracées, subfusiformes-pédicellées, clavées ou piriformes, obtuses ou minusculement boutonnées; contenu granuleux-pailleté, assez abondant. Cellules marginales peu différenciées. Revêtement piléique env. 250 µm d’épaisseur, entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis formé d’hyphes très densément entremêlées; suprapellis de structure presque pseudoparenchymateuse au contact du subpellis, composé d’articles assez volumineux, renflés, superposés, en surface presque hyméniforme à cellules clavulées, obpiriformes, ellipsoïdes ou sphériques, en chapelet, parfois cylindracées, 4-15(20) µm diam., renfermant un pigment brun bistre; piléocystides dispersées, très peu apparentes, dressées parmi les extrémités des hyphes du suprapellis, (25)30-40(50) × (3)4-5 µm, cylindracées à fusiformes, capitées, rarement arrondies; contenu peu abondant, pailleté-réfringent. Revêtement du stipe formé d’hyphes de 2-4 µm de large, à paroi incrustée-zébrée et ruguleuse par place, très dense vers la base du stipe, formé d’hyphes ramifiées, souvent arrondies-étranglées aux cloisons; articles assez grêles et versiformes, le terminal arrondi, subulé près de la base du stipe; caulocystides assez abondantes, généralement 30-60 × 5-7(9) µm, cylindracées, clavulées, arrondies à subcapitées. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. Haut-Katanga; Luiswishi, sur le sol en forêt dense sèche. 04-1986, Schreurs 1737 et icon. phot. (holotypus BR); Kipopo, en forêt à Marquesia, 12-1972, Thoen 5533 et icon. phot. (BR).

Observations

1. La description est entièrement basée sur le type, consistant en un seul carpophore bien conservé. L’autre récolte appartient indéniablement à cette espèce, mais n’est pas accompagnée de notes prises sur le terrain.

2. R. cellulata est très proche de R. liberiensis dont elle semble surtout différer par la composition du revêtement piléique. Ajoutons enfin que les dermatocystides de R. cellulata sont parfois très difficile à découvrir.

14. Russula coffeata Perreau, Cryptog. Mycol. 4 : 159 (1983). Fig. 228, 229.

Chapeau assez robuste, atteignant 7 cm diam. pour une épaisseur totale de 15 mm, d’abord convexe, finalement à peine déprimé au centre; marge obtuse, lisse; revêtement adné, partout difficilement séparable, sec, mat, égal, velouté et finement froissé-bosselé à la loupe, brun foncé, brun café à brun tabac foncé (plus brun que 5E2). Stipe jusqu’à 5,5 cm de long, dur, cylindracé ou un peu aplati, légèrement atténué vers la base, creux, lisse sans aucune trace annulaire, sec, à la loupe densément velouté-chagriné, brun foncé (5E5); base crème à jaune très pâle (4A2). Lamelles ± serrées, entremêlées de lamellules de six longueurs différentes, non interveinées, parfois fourchues près du stipe auquel elles sont adnexées par une courte dent, larges de 6-7 mm, ± épaisses, fragiles, crème (4A3) à beige jaunâtre pâle; arête entière, brun foncé à brun bronze (5E4-5). Chair ferme, sèche, env. 6-8 mm d’épaisseur dans le chapeau, blanche, jaunâtre à ivoire (4A2) sur une épaisseur de 1 mm sous la cuticule; dans le stipe coriace, 3 mm d’épaisseur, crème blanchâtre (3A2); inodore ou à odeur faible rappelant celle de Boletus edulis; saveur douce. Sporée blanche.

FeSO4: réaction nulle.

Spores subglobuleuses, 5,7-6,25-6,7 × 5,2- 5,63-5,9 µm (Q = 1,07-1,11-1,14; n = 20), sublisses, ruguleuses; ornementation à peine visible, peu amyloïde; plage parfois faiblement amyloïde dans sa partie distale par rapport à l’appendice hilifère. Basides env. (35)39-40 × 5-8 µm, tétrasporiques; stérigmates 5-7(8) × 1,5-2 µm. Cystides nombreuses, 60-110 × 6-10 µm, très grêles, naissant très profondément dans la trame, peu émergentes, cylindracées-subfusiformes ou clavées, parfois moniliformes, capitulées ou arrondies; paroi rugueuse-incrustée vers la base; contenu peu abondant, pailleté, réagissant à peine à la sulfovanilline. Cellules marginales très nombreuses, env. 30-50 × 6-12 µm, assez variables, obtuses ou brusquement atténuées, parfois à pigment interne, diffus, brunâtre. Revêtement piléique à suprapellis presque hyméniforme naissant d’une couche pseudoparenchymateuse épaisse; éléments (15)30-50 × 5-13(18) µm, cylindracés à sphéropédonculés, obtus-arrondis ou mucronés; piléocystides nombreuses, 40-100(250) × 5-8 µm, cylindracées-sinueuses, obtuses, souvent rétrécies subapicalement en capitule, exceptionellement boutonnées-diverticulées, à paroi rugueuse; contenu paillété-granuleux assez abondant; hyphes oléifères dispersées, de diam. très variable. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Côte d’Ivoire: forêt de Téké, 35 km au nord d’Abidjan, à terre au bord d’un sentier, 01-1973, Gilles Ag. C. I. 11 et icon. (holotypus PC).

Observations

1. La description macroscopique est adaptée de la description originale; celle des caractères microscopiques est originale. Le type consiste en un seul carpophore bien conservé. Nos observations diffèrent de celle de Perreau par les dimensions des cystides (60-110 µm au lieu de 50-60 µm de long) et par la présence de nombreuses dermatocystides dans les revêtements (nulles dans la description originale). Le stipe mesure 7,2 cm sur le dessin accompagnant la description originale; ceci est probablement plus exact que les 5,5 cm dans la description, car le dessin montre un stipe plus long que le diam. du chapeau.

2. R. coffeata relie Brunneodermatinae et Ingentinae par les caractères des basides, des spores et des cystides. Les cellules fortement renflées du revêtement piléique le rattachent aux Brunneodermatinae.

15. Russula liberiensis Sing., Pap. Michigan Acad. Sci. 32: 112(1948). Fig. 230.

Chapeau env. 6 cm diam., étalé et largement déprimé au centre; marge probablement lisse; revêtement mat, finement tomenteux sous la loupe, gris brunâtre, fissuré-aréolé en de très nombreuses et petites squamules apprimées. Stipe env. 5,5 × 1,4 cm, assez ferme, subcylindracé, mat, lisse, crème, spongieux dans sa partie centrale. Lamelles brièvement adnées, lardacées, égales, serrées, minces, étroites, env. 0,3 cm de large, atténuées vers les extrémités, blanches, brunissant au toucher. Chair blanche, brunissant à la coupe dans le stipe; odeur de terre; saveur nulle. Sporée non observée. Exsiccatum: chapeau brun orangeâtre (6DE5-8) à brun rougeâtre assez foncé (7EF7-8), très densément et finement aréolé et plus grisâtre (6EF2-3) vers la marge, stipe ocracé sale.

Spores subglobuleuses, 6,4-6,79-7,3 × 5,8-6,35-6,8 µm (Q= 1,02-1,07-1,13; n = 20), densément à très densément ornées d’éléments isolés, obtus, bas, < 0,5 µm de haut, hémisphériques à ponctiformes, parfois latéralement étirés ou localement confluents sans former des crêtes, nettement amyloïdes; plage non amyloïde, verruculeuse. Basides 40-48 × 9-13 µm, tétrasporiques; stérigmates 6-8 × 1,5-2,5 µm. Cystides très nombreuses près de l’arête, peu nombreuses sur les faces, 40-70 × 8-11 µm, fusiformes à clavées, arrondies ou mucronées-appendiculées; paroi mince ou légèrement épaissie; contenu pailleté abondant, réagissant à peine à la sulfovanilline. Cellules marginales non différenciées. Revêtement piléique ± orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis assez lâche et peu gélifié, composé d’hyphes d’env. 5-10 µm diam., assez densément septées et entremêlées; suprapellis discontinu mais très dense, formant un trichoderme d’hyphes densément septées, ramifiées, à paroi mince ou très légèrement épaissie, composées d’articles de dimensions très variables, plutôt irréguliers, souvent cylindracés ou ellipsoïdes, granuleux-guttulés à l’intérieur par un pigment brunâtre; article terminal atténué vers le sommet, souvent sinueux, arrondi ou subcapité; piléocystides nulles. Revêtement du stipe plus mince et moins différencié que celui du chapeau; caulocystides surtout présentes dans le subpellis à la base du stipe, cylindracées, parfois très longues, env. 3-6 µm de large, à paroi mince; contenu granuleux-réfringent à finement pailleté. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Liberia: Nengbe, terricole dans la litière, 04-1939, Harley 50 (holotypus FH).

Zaïre. — Haut-Katanga: 28 Km NE de Lubumbashi, 1210 m alt., sur le sol en forêt sèche près de la Luiswishi, 03-1971, J. Bercovitz in Thoen 4696, 4696bis (BR); Kipopo. en forêt claire à Marquesia, 12-1972, Thoen 5526 (BR).

Observations

1. La description est originale et entièrement basée sur le type, car les autres récoltes ne sont pas accompagnées de notes suffisantes. Celles de Thoen 5526 mentionnent un chapeau blanc, de taille moyenne (mesurant env. 9 cm en herbier), des lamelles serrées et une réaction orangé, puis rouille au FeSO4. Les caractères microscopiques concordent très bien avec ceux du type, bien que la plupart des éléments des revêtements et de l’hyménium soient en moyenne un peu plus grands que dans le type.

2. La description des caractères microscopiques par Singer comporte plusieurs erreurs: 24 × 7 µm pour les basides, 32-53 × 4-10,5 µm pour les cystides, 6,8-9,5 × 6-8,8 µm pour les spores (probablement incl. ornementation) et ne signale pas la présence de dermatocystides sur le stipe.

3. Après l’avoir placé d’abord dans les Fistulosinae (sect. Ingratae), Singer (1986) a transféré R. liberiensis dans la sect. Crassotunicatae (Sing.) Sing. à cause des articles à paroi fortement épaissie (jusqu’à 2 µm) dans les revêtements. Buyck (1989) n’a pas pu retrouver ces articles sur le type et avait placé R. liberiensis dans la sous-section suivante (Meleagrinae) à cause de la présence d’un pigment brun guttulé dans les éléments du suprapellis et l’absence de piléocystides. Depuis, les récoltes additionnelles du Haut-Katanga montrent bien l’étroite parenté avec R. cellulata et sa place naturelle parmi les Brunneodermatinae.

Subsect. Meleagrinae Buyck

Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 193 (1990)

Chapeau à revêtement d’abord continu, puis se rompant, vers la marge, en plaques apprimées de plus en plus distantes ou en lobes révolutés; marge faiblement à fortement striée. Chair ± immuable, faiblement jaunissante ou grisonnante dans le stipe, parfois nettement orangeâtre sous les revêtements. Sporée pâle. Spores subglobuleuses, à ornements isolés et ± obtus. Basides à forts stérigmates. Cystides à contenu bien différencié et abondant.

Espèce type: R. meleagris Buyck.

Synopsis des espèces

1. Revêtement piléique composé d’articles non remarquablement renflés, ne formant certainement pas une couche pseudoparenchymateuse; pigment brunâtre guttulé; chair orangée au froissement dans les lamelles et sous les revêtements .......................... 17. R. meleagris

1. Revêtement piléique composé d’articles renflés, entièrement remplis d’un suc brun, formant une couche presque pseudoparenchymateuse; dermatocystides présentes, généralement capitées; chair tout au plus légèrement jaunissante ou grisonnante dans le stipe:

2. Revêtement piléique présentant des articles subulés, dispersés, à contenu ± réfringent près du sommet; couche pseudoparenchymateuse parfois très développée et se fissurant seulement près de la marge piléique ...................................... 16 b. R. diffusa var. fissurans

2. Revêtement piléique sans de tels articles; sans couche pseudoparenchymateuse épaisse:

3. Carpophores de taille moyenne; saveur légèrement acide; spores brièvement ellipsoïdes (Q moyen > 1,10), peu densément ornées d’éléments atteignant env. 0,5 µm de haut.............................16 a. R. diffusa var. diffusa

3. Carpophores dépassant à peine 5 cm diam.; saveur douce; spores subglobuleuses (Q moyen < 1,10), très densément ornées d’éléments jusqu’à 1 µm de haut .............. 16 c. R. diffusa var. rotundispora

16. Russula diffusa Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 58: 473(1988).

16 a. — var. diffusa. Fig. 231, 232c, 233b, planche 64/5.

Chapeau 5-7 cm diam., étalé, largement déprimé au centre; marge nettement cannelée-tuberculeuse, très mince; revêtement continu, humide-visqueux et brun bistre (5D5) au centre, se rompant en squames brun chocolat (6E5) ± apprimées à 2 cm de la marge en exposant la chair blanchâtre (4A2). Stipe 5 × 0,8-1,2 cm, cylindracé, creux, couvert d’une ponctuation brun bistre (7E3) très dense, presque continue à la base, plus lâche vers le sommet. Lamelles brièvement adnées à sublibres, assez serrées, minces, fréquemment bifurquées, surtout près du stipe, inégales par des lamellules de longueur très différente; arête concolore, entière. Chair blanche, teintée de jaunâtre dans le stipe, inodore; saveur faiblement acide. Sporée non obtenue. Exsiccatiom: entièrement brun gris orangeâtre (stipe 5BCD2-4, chair et lamelles 4A4-5 à 5D3) sauf pour le revêtement brun foncé (5EF3-5, 6F3-7) du chapeau.

Spores ellipsoïdes, 7,5-7,81-8,5 × 6,5-6,97-7,5 µm (Q = 1,04-1,12-1,21; n = 20), irrégulièrement et densément ornées d’éléments étroitement cylindracés, obtus, mesurant env. 0,5 µm de haut, fortement amyloïdes, mêlés à des éléments plus petits, presque ponctiformes; plage ± arrondie, non ou à peine amyloïde, verruculeuse. Basides 33-38 × 10-12 µm, tétrasporiques; stérigmates forts, 6-8 × 1,5-2,5 µm. Cystides nombreuses, (32)37-47(54) × 6-10 µm, subfusiformes à cylindracées, minusculement capitulées ou appendiculées, plus rarement arrondies; paroi peu épaisse; contenu granuleux-pailleté, réagissant à peine à la sulfovanilline. Cellules marginales abondantes, 20-30 × 4-10 µm, assez variables; sommet arrondi, capité à minusculement appendiculé. Revêtement piléique entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis formé d’hyphes de 3-6 µm diam., à surface légèrement zébrée-ruguleuse; suprapellis composé d’hyphes ramifiées, densément septées, formées d’articles souvent ellipsoïdes, ampullacés, subcylindracés ou lagéniformes, remplis d’un pigment brunâtre diffus; article terminal généralement 15-30 µm de long; piléocystides 20-40 × 5-8 µm, coniques ou lagéniformes, capitées-mucronées; vers la trame subulées ou cylindracées; contenu granuleux-pailleté, peu abondant. Revêtement du stipe formé d’hyphes de 2-6 µm diam., densément septées près de la surface; extrémités semblables à celles du chapeau, mais souvent moins volumineuses et moins serrées; article terminal 20-50(70) µm de long, fréquemment lagéniforme ou subulé, tortueux; extrême base du stipe hérissée de longues hyphes cylindracées à paroi légèrement épaissie; caulocystides assez abondantes, analogues à celles du chapeau. Anses d’anastomose nulles.

Usages : consommé par la population locale (Degreef)

Distribution

Zaïre. Haut-Katanga; Luiswishi, sur le sol en forêt dense sèche, 02-1986, Schreurs 1029 et icon. phot. (holotypus BR); ibid., muhulu, 03-1971, Thoen 4581, 4701 (BR).

Observations

1. La description est uniquement basée sur le type qui est constitué de deux carpophores bien conservés. Les autres récoltes ne présentent pratiquement pas de notes prises sur le terrain, mais possèdent des caractères microscopiques ± identiques.

2. R. diffusa semble une espèce assez commune dans la forêt dense sèche du Haut-Katanga.

16 b. var. fissurans Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 58: 473 (1988). — Fig. 232a, 233d, planche 63/3.

Diffère principalement de la var. diffusa par sa taille plus petite (chapeau 3,6 cm diam.), à revêtement piléique brun noir (6F8), couvrant le chapeau entier lorsqu’il est jeune, puis, à partir de la marge piléique, se fissurant radialement en lobes récurvés à révolutés, exposant la chair blanche et fibrilleuse, salie de crème grisâtre (4A3-4B3) vers la marge; probalement aussi par sa chair légèrement âcre; spores (6,7)7,0-7,57-8,1 × 6,5-6,90-7,3 µm (Q = 1,02-1,10-1,17; n = 20); revêtement piléique émettant une strate presque pseudoparenchymateuse d’éléments à paroi ruguleuse, surmonté d’ un trichoderme serré comparable à celui de la var. diffusa, mais montrant en outre des éléments dispersés, nettement subulés, atteignant 65 µm de long, peu émergents, naissant dans la couche pseudoparenchymateuse, se terminant en long appendice ± aigu, huileux-réfringent, mesurant 1,5 µm diam.

Distribution

Zaïre. Haut-Katanga; Luiswishi, sur le sol en forêt dense sèche, 04-1986, Schreurs 1726 et icon. phot. (holotypus BR); ibid., sur feuilles mortes en forêt dense sèche, 02-1973, Thoen 5686 (BR).

Observation

La description est entièrement basée sur le type. Dans Thoen 5686 le revêtement piléique ne se fissure pas en lobes révolutés, mais se rompt en grandes plaques apprimées; les articles subulés et la strate fortement pseudoparenchymateuse du revêtement piléique montrent qu’il s’agit de la var. fissurans.

16 c. var. rotundispora Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 194 (1990). Fig. 232b, 233c, planche 64/1.

Diffère principalement de la var. diffusa par sa taille plus petite (chapeau 2-5 cm diam.) et par ses spores subglobuleuses, 6,8-7,32-8 × 6,2-6,8-7,2 µm (Q = 1,02-1,08-1,14; n = 20), très densément ornées d’éléments cylindracés, obtus, en moyenne plus hauts que dans les autres variétés, atteignant 1 µm de haut.

Distribution

Zaïre. Forestier central: Binga, épars sur le sol de la forêt à Gilbertiodendron dewevrei, 10-1928, Goossens-Fontana 830 et icon. (holotypus BR); ibid., 11-1946, Goossens-Fontana 4010b (BR).

Observation

Les données sont uniquement basées sur Goossens-Fontana 830, car l’autre récolte contient aussi des carpophores de R. fimbriata, espèce d’apparence très semblable mais annelée, poussant sur bois et appartenant aux Amoeninae (sect. Crassotunicatae).

17. Russula meleagris Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 58: 472 (1988). Fig. 233a, 234, planche 65/1.

Chapeau (3,4)5-10 cm diam., épais ou mince, convexe à sommet aplati, puis largement et légèrement déprimé; marge longtemps enroulée, mince, nettement cannelée-tuberculeuse sur la moitié du rayon; revêtement sec, entièrement séparable, brun foncé (7F3, 5F3), continu ou subtilement crevassé au centre du chapeau, se rompant très vite vers la marge en squamules polygonales, distantes, ± 0,3-0,5 cm de large, exposant la chair blanche envahie de fibrilles radiales brunes donnant un reflet brunâtre (env. 4B3-5) entre les squamules. Stipe (2,5)4-5 × 0,8-1,5 cm, assez ferme, subcylindracé, ridulé, brun jaunâtre à brun bistre (4B3 mais plus brun), vers la base plus foncé (jusqu’à 7E3) par une fine granulation concolore (5E3) au chapeau, pleinspongieux, puis creux-caverneux sous un cortex assez épais. Lamelles adnées-sublibres, assez espacées (7-8/cm), parfois inégales par quelques rares lamellules, parfois bifurquées au contact du stipe, assez épaisses, larges de 0,4-0,9 cm, atténuées vers les extrémités, blanchâtres à crème, se tachant de rose orangeâtre au froissement; arête entière, concolore. Chair friable, granuleuse, blanche, orangeâtre à la cassure sous les revêtements comme dans les lamelles; odeur légèrement désagréable (de toilettes publiques selon Rammeloo); saveur douce. Sporée fraîche de couleur inconnue. Exsiccatum: chapeau noir à brun foncé (5EF2-5 au centre), vers la marge à chair sous-jacente ocracé (4A3), stipe brun bistre à brun foncé (5DE3-5, 5F1-5), lamelles brun pâle orangeâtre (4B1-2, 4D2), sporée crème moyen (Romagnesi IIc).

Teinture de gaïac: réaction assez rapide, bleu vert sur les lamelles, lente et faible ailleurs. FeSO4: réaction brunâtre. Phénol: réaction rose, puis brune sur les lamelles.

Spores ellipsoïdes, 6,7-7,30-7,8 × (5,5) 5,6-6,2-6,7 µm (Q = 1,08-1,18-1,31; n = 20), irrégulièrement et densément ornées d’éléments isolées, coniques à cylindracés, souvent légèrement renflés au sommet, arrondis à tronqués, atteignant env. 0,5-1 µm de haut, fortement amyloïdes, mêlés à des éléments beaucoup plus petits, presque ponctiformes; plage non ou à peine amyloïde, verruculeuse, ± arrondie. Basides 33-38 × 10-12 µm, tétrasporiques; stérigmates forts, 6-8(10) × 1,5-2,5 µm. Cystides nombreuses, (32)37-47(54) × 6-10 µm, subfusiformes à cylindracées, minusculement capitulées ou appendiculées, plus rarement arrondies, à paroi peu épaissie; contenu granuleux-pailleté, réagissant à peine à la sulfovanilline. Cellules marginales non différenciées. Revêtement piléique entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis formé d’hyphes de 3-6 µm diam., à paroi légèrement ruguleuse; suprapellis formant un trichoderme serré d’hyphes septées composées de 1 à 3 articles cylindracés contenant un pigment brunâtre, sous forme d’une granulation grossière; article terminal 30-60(70) × 6-10 µm, obtus, souvent rétréci près du sommet ou irrégulièrement tortueux; piléocystides non différenciées. Revêtement du stipe à suprapellis plus lâche, composé d’éléments dispersés, à pigment brunâtre moins évident; l’article terminal 20-40 µm de long dans la moitié supérieure du stipe, jusqu’à 70 µm à la base et là souvent lagéniforme ou subulé, tortueux; l’extrême base hérissée de trichoïdes formées de longues hyphes cylindracées à paroi légèrement épaissie; caulocystides assez abondantes, ressemblant aux autres articles terminaux, mais toujours nettement capitées-capitulées. Anses d’anastomose nulles. 

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Binga, isolé sur le sol de forêt à Gilbertiodendron dewevrei, 08-1928, Goossens-Fontana 810a et icon. (BR); ibid., 1946, Goossens-Fontana 810b (BR); 5 km NNE de Batiabongena, près de Kisangani, groupés sur le sol, dans un restant de la forêt primaire, 05-1984, Buyck 1650 et icon. phot. (holotypus BR); Irangi, Kivu, dans un endroit humide et marécageux de la forêt primaire, 04-1972, Rammeloo Z231 et ion. phot. (BR).

Observations

1. La description est basée sur les 3 récoltes, bien documentées et formant un groupe homogène. Les dimensions sporales, données dans la description, sont celles du type; pour les deux autres récoltes, nous avons obtenu les dimensions suivantes:

Goossens-Fontana 810: 7,3-7,76-8,5 × 5,9-6,62-7,5 µm (Q= 1,05-1,17-1,25)

Rammeloo Z231: 8,5-9,19-9,8 × 7,3-7,76-8,3 µm (Q = 1,09-1,15-1,23)

2. R. meleagris diffère de R. diffusa par son port plus robuste, le revêtement piléique acystidié, nullement visqueux, composé d’articles ± cylindracés à pigment brun guttulé et aussi par la chair absolument douce, orangeâtre à la coupe.

Subsect. Murinaceinae Heim ex Buyck

Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 194 (1990)

Sect. Compactae Fr. subsect. Murinaceinae Heim, Prodrome à une flore mycologique de Madagascar et dépendances, I. Les Lactario-russulés du domaine oriental de Madagascar: 68 (1938), nom. inval.

Chapeau gris souris, à revêtement peu séparable, parfois nettement strié vers la marge, fortement tomenteux. Stipe renflé à la base. Chair blanche, insipide, odeur parfois spermatique. Spores subglobuleuses. Revêtement piléique composé d’hyphes densément septées, à contenu ± huileux et dense.

Espèce type: R. murinacea Heim.

Synopsis des espèces

Spores ornées d’éléments hémisphériques à convexes, localement étirés ou connexées; odeur spermatique; saveur douce; chapeau 3-3,5 cm diam., gris souris; stipe 3,5 × 1 cm, renflé vers la base ............................. R. murinacea

Spores ornées de gros éléments isolés, ± pustuleux, hémisphériques à brièvement cylindracés, odeur inconnue; saveur probablement âcre .................... 18. R. griseocephala

R. murinacea Heim (1938) a été décrit de Madagascar. Nous ne pouvons en fournir de description actualisée, le type se regonflant très mal.

18. Russula griseocephala Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 194 (1990). Fig. 235, 236, planche 60/3.

Chapeau 4,6-6,6 cm diam., fragile, largement déprimé en coupe; marge longuement et profondément striée, mince; revêtement fuligineux, granuleux, brun grisâtre (4CDE2-3, 5DE2-5), plus pâle vers la marge. Stipe 5,5-6,5 × 0,5-1,5 cm, cylindracé, légèrement renflé à la base, concolore au chapeau. Lamelles brièvement adnées, cassantes, s’atténuant surtout vers le stipe, env. 0,5 cm de large, inégales par quelques lamellules, blanches; arête entière, probablement concolore. Chair ferme, granuleuse, blanche; saveur ”âcre”; odeur inconnue. Sporée ”blanche”. Exsiccatum: chapeau brun bistre foncé (5E4-7 à 5F3-6), un peu plus pâle vers la marge et sur le stipe (5D4-6).

Spores subglobuleuses, (7,3)7,4-8,29-9,2 × 6,7-7,57-8,3 µm (Q = 1,05-1,10-1,14; n = 20), assez densément ornées de gros éléments isolés, pustuleux-hémisphériques, brièvement cylindracés ou ± rétrécies à la base, fortement amyloïdes, mélangés à des éléments beaucoup plus petits, presque ponctiformes; plage verruculeuse, non ou à peine amyloïde. Basides 30-40 × 10-11 µm, tétrasporiques. Cystides nombreuses, 60-85 (110) × 6-8 µm, parfois plus petites près de l’arête, affleurantes ou à peine émergentes, naissant très profondément dans la trame, grêles, clavulées à fusiformes-pédicellées, minusculement capitulées; contenu peu abondant, granuleux-réfringent, réagissant à peine à la sulfovanilline; paroi plutôt mince. Cellules marginales non différenciées. Revêtement piléique orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis dense, peu gélifié, formé d’hyphes assez densément emmêlées; suprapellis formé d’hyphes très fortes, très longues, excédant souvent 200 µm, peu ou non ramifiées, composées de 8-15 articles de forme et de longueur assez variables, jusqu’à 20 µm diam. pour les articles basaux et 5-8 µm pour l’article terminal; contenu dense, brunâtre, ± réfringent; paroi mince, à faibles zébrures transversales; piléocystides étroitement cylindracées, 4-10 µm diam., de longueur très variable, obtusesarrondies ou minusculement capitées; contenu granuleux, peu abondant; paroi ruguleuse. Revêtement du stipe de structure analogue à celle du chapeau, formé d’éléments plus courts en général vers le haut du stipe, atteignant 10 µm de large; caulocystides jusqu’à plusieurs centaines de µm de long, à paroi nettement incrustée. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Binga, 380 m, épars sur le sol de la forêt sèche, 04-1928, Goossens-Fontana 707 et icon. (holotypus BR).

Observations

1. La description est entièrement basée sur les notes et l’aquarelle de Goossens-Fontana qui n’indique pas de réactions macrochimiques. Pour R. murinacea, Heim note des réactions oxydasiques assez faibles (teinture de gaïac: bleu vert peu intense; gaïacol: lilas clair).

2. L’espèce zaïroise diffère macroscopiquement de R. murinacea surtout par sa marge piléique nettement striée. La marge piléique de R. murinacea serait tout à fait lisse selon Heim, pourtant l’examen du spécimen-type de R. murinacea (PC, conservé en alcool et se regonflant très peu) montre une marge nettement striée.

3. En Afrique, il n’y a pas d’autres Russula présentant un revêtement gris tomenteux comme celui des Murinaceinae. Par contre, R. tawai McNabb de la Nouvelle-Zélande, placé dans les Amoeninae (sect. Heterophyllae) par son auteur (1973), ainsi que R. echinospora Heim de la Nouvelle Calédonie, espèce très proche que Heim (1967) situait dans les Heliochrominae (sect. Pelliculariae Heim nom. inval.) possèdent un revêtement d’aspect et de couleur comparable (Buyck, 1989d).

Subsect. Tomentosinae Buyck

Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 194 (1990)

Carpophore fortement et entièrement tomenteux. Sporée pâle. Revêtement piléique composé de longues hyphes brunes, septées, réunies en îlots, à paroi épaisse, entremêlées aux extrémités de nombreuses dermatocystides ascendant du subpellis ou de la trame.

Espèce type: R. tomentosa Buyck.

19. Russula tomentosa Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 58: 476 (1988). Fig. 237, planche 62/1.

Chapeau 4-8 cm diam., charnu, d’abord presque globuleux, puis largement déprimé au centre; marge brièvement striée, régulière; revêtement adné, tomenteux, sec, brun rougeâtre à brun violacé très foncé (8EF6-8) au centre, ocracé (6CD5-8, un peu plus pâle) à reflet violacé (8BC2-4) vers la marge. Stipe 5,5-8 × 1-1,4 cm, subcylindracé, s’évasant légèrement sous les lamelles, droit ou légèrement courbé, entièrement velouté, brun foncé (7-8F3-8), presque noirâtre en bas, plus pâle vers le sommet (5BC4-5 et plus pâle encore), parfois plus rougeâtre (même 8C6-8), vite creux. Lamelles brièvement adnées, égales, assez serrées, 0,3-1,4 cm de large, minces, crème pâle; arête brune. Chair blanchâtre, brunissant fortement sous le revêtement à partir de la base du stipe, brun rouge sous le revêtement piléique; saveur et odeur non observées. Sporée ”blanche”. Exsiccatum: chapeau brun bistre foncé (5DE3-5), stipe brun foncé (5-6F8-3), lamelles beige grisâtre (4A2-3).

Spores largement ellipsoïdes, 8,5-9,03-9,7 × 7,1-7,75-8,3 µm (Q = 1,10-1,17-1,26; n = 20), irrégulièrement et densément ornées d’éléments isolés, cylindracés à légèrement coniques, assez obtus, souvent remarquablement courbés, fortement amyloïdes, atteignant 1,5 (2) µm de haut, mélangés à des éléments beaucoup plus petits, ponctiformes ou hémispériques; plage nettement amyloïde, ± circulaire, décurrente sur l’apicule. Basides (32) 35-40 × 11-14 µm, tétrasporiques; stérigmates 5-8 × 1,5-2 µm. Cystides nombreuses, 40-70 (100) × 7-11 µm, légèrement émergentes, naissant profondément dans la trame, fusiformes à cylindracées, mucronées ou parfois arrondies, à paroi nettement épaissie (parfois jusqu’à 2 µm) et brune, surtout près de l’arête, ruguleuse; contenu granuleux-pailleté, assez abondant, à peine sensible à la sulfovanilline. Cellules marginales non différenciées. Revêtement piléique entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis formé d’hyphes cylindracées, emmêlées, peu gélifiées, avec quelques rares hyphes entièrement ou partiellement huileuses-réfringentes; suprapellis discontinu, formé d’hyphes réunies en touffes; les éléments les plus courts versiformes et assez volumineux; les plus longs cylindracés à filamenteux, éparsement cloisonnés, mesurant 2,5-3,5 µm diam., arrondis au bout; paroi rigide, brun foncé et fortement épaissie, ne laissant qu’un mince lumen; piléocystides assez nombreuses uniquement dans les couches profondes du subpellis et dans la trame, cylindracées, tortueuses, arrondies. Revêtement du stipe comparable à celui du chapeau, mais plus lâche, formé d’hyphes de 2-3(5) µm diam., irrégulières et tortueuses près de la surface, plus étroites vers la base du stipe, parfois aiguës au bout; caulocystides 4-13 µm diam., nombreuses, obtuses, exceptionnellement septées. Anses d’anastomose nulles. 

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Binga, 380 m alt., groupés sur le sol de la forêt à Gilbertiodendron dewevrei, 04-1928, Goossens-Fontana 709 et icon. (BR); ibid., 01-1947, Goossens-Fontana 4024 et icon. (holotypus BR).

Observations

1. La description est entièrement basée sur le type. Goossens-Fontana 709 appartient certainement au même taxon: la saveur a été notée comme ”âcre”, l’arête est figurée concolore aux faces des lamelles, les caractères microscopiques sont presque identiques, les spores mesurant 8,5-9,05-9,5 × 7,1-7,5-8,2 µm (Q = 1,15-1,20-1,25).

2. Par l’aspect fortement tomenteux des revêtements, R. tomentosa ressemble à R. velutina (Testaceoaurantiacinae) et surtout aux Lactarius du groupe Phlebonemi, qui ont également des articles à paroi épaissie dans les revêtements. L’absence de laticifères (s’observant le mieux dans la trame lamellaire) chez R. tomentosa permet une distinction aisée au microscope.

Subsect. Fistulosinae Heim ex Sing.

The Agaricales in Modern Taxonomy: 815 (1986)

Sect. Ingratae sous-sect. Fistulosinae Heim, Prodrome à une flore mycologique de Madagascar et dépendances. I. Les Lactario-russulés du domaine oriental de Madagascar: 84 (1938), nom. inval.

Chapeau ocre, brun orangé à brun foncé, tomenteux, ponctué-squamuleux, à revêtement non séparable, non strié vers la marge. Lamelles généralement très serrées et très étroites, entremêlées de nombreuses lamellules, cassantes. Chair généralement brunissante ou rougissante sous les revêtements, grisonnant dans le stipe, âcre. Sporée pâle. Spores à plage non amyloïde. Cellules marginales identiques aux articles terminaux des revêtements, ceux-ci comprenant de nombreuses dermatocystides clavées à cylindracées.

Espèce type: R. fistulosa Heim.

Synopsis des espèces

1. Chapeau jusqu’à 3 cm diam.; lamelles peu serrées; spores subglobuleuses; cystides rappelant celles des Compactae par les rétrécissements successifs vers l’apex; lignicole ..................... 20. R. archaeofistulosa

1. Chapeau dépassant 3 cm diam.; lamelles très serrées; spores subglobuleuses à ellipsoïdes; cystides à sommet arrondi, minusculement capitulé ou longuement appendiculé; terricole:

2. Chair à saveur douce et odeur ± spermatique; chapeau gris brunâtre; lamelles crème; sporée blanche ....................................... R. fistulosa var. grata Heim (fig. 241c)

2. Chair très âcre, à odeur nulle ou agréable:

3. Chair blanchâtre dans le stipe; cystides hyméniales aussi volumineuses que les cellules marginales des lamelles; spores subglobuleuses ........... R. macrocystis (Heim) Buyck 1989 (fig. 241d)

3. Chair grisonnante ou noircissante, parfois orangé rosâtre sous le revêtement du stipe; cystides plus petites que les cellules marginales; spores subglobuleuses ou ellipsoïdes:

4. Eléments du piléipellis à paroi très épaisse; chapeau brun foncé à brun orangé clair vers la marge; chair noircissant dans le chapeau et le stipe, surtout sous les revêtements; lamelles paille orangé; sporée blanc crème; spores subglobuleuses ..................................................... R. fistulosa var. fistulosa Heim

4. Eléments du piléipellis à paroi non remarquablement épaisse; chair grisonnant dans le stipe, rose orangé sous les revêtements; lamelles crème et sporée blanche; spores ellipsoïdes .... 21. R. subfistulosa s.l.:

5. Chapeau brun foncé; spores densément réticulées ................................ 21b. var. apsila

5. Chapeau ocracé sale, ponctué de brun ou entièrement brunâtre assez pâle; spores subréticulées ................................... 21a. var. subfistulosa:

cellules marginales ressemblant à celles du chapeau .............. forma subfistulosa

cellules marginales longuement appendiculées ..... forma angustoappendiculata

cellules marginales très courtes et larges ..................................forma brevipilosa

R. fistulosa, ses différentes formes et variétés, ainsi que R. macrocystis (basionyme: R. fistulosa var. macrocystis Heim) ont été décrits de Madagascar (Heim, 1938); ils ne sont pas connus d’Afrique centrale.

Heim a distingué deux formes (A et B) dans R. fistulosa var. fistulosa. R. archaeofistulosa semble assez proche de R. fistulosa forme A par les caractères sporaux, les dimensions des carpophores et le sommet ± capité ou moniliforme des éléments du piléipellis. La forme B, par contre, possède des cystides qui ressemblent aux cellules marginales de l’arête de R. subfistulosa forma angustoappendiculata.

Outre les différentes formes et variétés, décrites par Heim de Madagascar, il existe au moins quatre taxa différents en Afrique. Seul pour R. subfistulosa var. subfistulosa, nous avons pu fournir une description complète; les données sont insuffisantes pour les autres récoltes.

Il est utile d’ajouter que les Fistulosinae sont souvent pris pour des Tricholoma sur le terrain.

20. Russula archaeofistulosa Buyck nom. prov. Fig. 238, 239.

Chapeau ocre. Exsiccatum: chapeau 10-25 mm diam., brun foncé (6EF3-6); stipe 1-2,5 × 0,4-0,6 cm, nettement plus pâle; lamelles nettement espacées.

Spores subglobuleuses ou à peine ellipsoïdes, 7,1-7,50-8,0 × 6,2-6,74-7,3 (7,5) µm (Q = 1,05-1,11 1,15; n = 20), assez densément ornées d’éléments isolés, coniques ou convexes, parfois ± cylindracés, atteignant 1 µm de haut, parfois jumelés, latéralement étirés ou confluant en de très courtes crêtes simples, nettement amyloïdes; plage non amyloïde, ellipsoïde à arrondie. Basides 37-42 × 7-9(10) µm, tétrasporiques; stérigmates aigus, 4-6 × 1,5-2,5 µm. Cystides nombreuses, 55-70(90) × 7-9 µm, atteignant 150 µm près de l’arête, tronquées à la base, obtuses-arrondies, capitées ou moniliformes, à paroi mince; contenu pailleté abondant, insensible à la sulfovanilline. Cellules marginales 30-100 × 8-20 µm, assez variables, contenant quelques inclusions colorées. Revêtement piléique entièrement orthochromatique au bleu de crésyl, mince, dense, formé d’hyphes très grêles, env. 2-3 µm diam.; suprapellis formant un chevelu assez irrégulier; articles terminaux parfois très volumineux, ressemblant aux cellules marginales de l’arête tant par la forme que par les dimensions, généralement bourrés d’un pigment brunâtre diffus; piléocystides assez nombreuses, affleurantes à immergées, de dimensions très variables, mais excédant rarement 100 µm de long, cylindracées à clavulées, à contenu pailleté-granuleux assez abondant; hyphes oléifères très rares. Revêtement du stipe formé d’articles volumineux (non seulement le terminal, comme dans le chapeau), cylindracés, parfois irrégulièrement atténués ou rétrécis, jusqu’à 10 µm diam. dans la moitié supérieure du stipe, moins larges vers la base, à paroi légèrement épaissie; l’article terminal également très versiforme, atteignant 200 µm de long, généralement sinueux, obtus, à paroi souvent légèrement épaissie; caulocystides nombreuses, cylindracées, souvent très longues, atteignant parfois quelques centaines de µm, 5-10 µm diam., obtuses; contenu pailleté-granuleux abondant. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Haut-Katanga: Kipopo, sur bois pourrissant en forêt sèche dense, 01-1973, Thoen 5572 (BR).

Observations

1. Le matériel décrit comporte plusieurs carpophores bien conservés. R. archaeofistulosa ressemble le plus à la forme A de R. fistulosa Heim par la forme subglobuleuse des spores et leur ornementation, ainsi que par les rétrécissements subapicaux des éléments stériles des revêtements et de l’hyménium. Cette dernière en diffère cependant par les éléments à paroi fortement épaissie des revêtements et les lamelles très serrées.

2. Par la forme de ses cystides, R. archaeofistulosa semble relier les Fistulosinae aux Nigricantinae (sect. Compactae). Cette parenté semble encore renforcé par le rougissement (bien que faible) de la chair dans R. subfistulosa.

21. Russula subfistulosa Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 193 (1990).

21a. — var. subfistulosa

— forma subfistulosa. Fig. 240, 241a, planche 61.

Chapeau 4,5-8 cm diam., ferme, d’abord pulviné à centre légèrement déprimé, puis en soucoupe; marge lisse, parfois ± sinueuse, mince, régulière, parfois longtemps incurvée; revêtement mat, brun beige (4ABC4), tomenteux par une pilosité brun foncé, disparaissant vers la marge qui est crème à presque blanchâtre. Stipe 3-7 × 1-2 cm, subcylindracé, lisse, régulier, ferme, trapu ou élancé, profondément ridé longitudinalement, blanchâtre sale parfois avec une ponctuation brun foncé éparse, lacuneux, devenant brun jaune à la coupe après quelques minutes. Lamelles adnées, ± friables, très étroites, 0,2(-0,3) cm de large, minces, très serrées, ni ramifiées ni anastomosées, régulièrement inégales par de nombreuses lamellules de différentes longueurs, blanchâtres à crème (2A2-3A2); arête finement fimbriée sous la loupe, d’abord concolore, gris brunâtre avec l’âge. Chair blanche puis devenant gris jaunâtre (jusqu’à 4B3, 4C4), parfois rougissant lentement et faiblement à la coupe; odeur généralement forte et agréable de champignon; saveur d’abord farineuse, puis fortement brûlante. Sporée blanche sur le frais, blanchâtre en herbier. Exsiccatum: chapeau bosselé, brun bistre (5CD3-4), pâlissant vers beige (presque 4A3) près de la marge.

Ammoniaque, potasse, formol, eau anilinée: réactions nulles.

Spores ellipsoïdes, 6,6-7,27-8,1 × 5,7-6,06-6,6 µm (Q = 1,11-1,20-1,24; n = 20), subréticulées avec parfois seulement quelques mailles fermées; ornementation ± dense, env. 0,5 µm de haut, fortement amyloïde, formée de crêtes basses et d’éléments convexes à coniques, isolés à connexés, autour de la plage surtout à éléments isolés à base arrondie ou en virgule; plage elliptique à arrondie, non amyloïde. Basides 40-45(50) × 7-9 µm, tétrasporiques; stérigmates 4-7 × 1,5-2,5 µm. Cystides nombreuses, ± affleurantes, de dimensions très variables, (60)80-140 × 7-13(18) µm, subcylindracées, fusiformes à clavulées, souvent abruptement rétrécies dans la partie supérieure en un long appendice ± moniliforme, arrondies, subcapitées à minusculement capitulées; contenu grossièrement pailleté-granuleux, assez abondant, à peine sensible à la sulfovanilline. Cellules marginales très abondantes, ressemblant aux éléments terminaux du revêtement piléique, 100-130 (170) × 6-9 µm, 1-2(3) septées, à paroi légèrement épaissie. Revêtement piléique entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis dense, à hyphes et articles renflés, parcouru de piléocystides, cylindracées, fusiformes à clavulées, généralement 7-10 µm de large, de longueur très variable, quelques-unes se poursuivant dans la trame, d’autres affleurantes à la surface piléique; contenu pailleté abondant; paroi légèrement épaissie, grossièrement incrustée de zébrures transversales; suprapellis peu dense, comportant des éléments uni- à bicellulaires, généralement 100-230 × 5-7(10) µm, subcylindracés, subulés à fusiformes, sinueux ou irrégulièrement rétrécis, couchés ou en touffes, arrondis ou largement capités, renfermant souvent un pigment brunâtre diffus. Revêtement du stipe très analogue dans sa moitié supérieure, plus compact vers la base; caulocystides beaucoup plus petites, clavées, cylindracées ou fusiformes. Anses d’anastomose nulles. 

Distribution

Burundi. Mosso-Malagarasi: Rumonge, à l’est du lac Tanganyka sur sol pierreux, 12-1976, Dossin 64 et icon. (BR); Mugara, Bururi, en larges groupes parmi les mousses de la forêt claire à Brachystegia, 11-, 12-1978, Rammeloo 5900 et icon. phot., 5928 et icon. phot. (holotypus), 5929 et icon. phot., 6075 et icon. phot., 6076 et icon. phot. (tous BR).

Observation

La description est basée sur le type, mais les autres collections possèdent des caractères micro- et macroscopiques presque identiques. Les paramètres sporaux sont résumés dans le tableau suivant (n = 20)

 

L

l

Q

Rammeloo 5900

6,4-7,45-8,3

5,7-6,09-6,7

1,14-1,22-1,24

Rammeloo 5929

7,3-7,87-8,4

5,8-6,41-7,0(7,2)

1,16-1,23-1,30

Rammeloo 6075

6,8-7,31-7,9

5,6-6,06-6,6

1,16-1,21-1,27

Rammeloo 6076

7,3-7,78-8,3

5,8-6,25-6,7

1,16-1,24-1,28

Dossin 64

7,2-7,70-8,3

6,0-6,37-7,0

1,13-1,21-1,28


—forma angustoappendiculata Buyck
nom. prov. Fig. 241b.

Cette forme diffère surtout des autres par les cystides longuement appendiculées au sommet et par son insensibilité au FeSO4 (réaction brunâtre dans les taxons malgaches); spores 7,6-8,15-8,8 × 6,4-6,73-7,0 µm (Q = 1,13-1,21-1,27; n = 20).

Distribution

Zaïre. Haut-Katanga: Kipopo, en forêt sèche dense, 01-1973. Thoen 5570 (BR).

Observation

L’absence de notes prises sur le terrain interdit de donner une existence légale à cette forme. 

— forma brevipilosa Buyck nom. prov. — Fig. 241e.

Elle diffère des autres formes par les cellules marginales beaucoup moins longues mais plus larges et par la chair apparemment ”noircissante”; spores 7,1-7,83-8,6 × 6-6,34-6,9 µm (Q = 1,14-1,23-1,30; n = 20)

Distribution

Zaïre. Haut-Katanga: Luiswishi, en forêt sèche à Marquesia macroura, 12-1971, Thoen 5185 (BR); Kipopo, id., 07-1972, Thoen 5530 (BR).

Observation

L’absence de notes prises sur le terrain interdit de donner une existence légale à cette forme.

21b. — var. apsila Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 193 (1990). — Fig. 242, planche 60/2.

Cette variété diffère de la var. subfistulosa surtout par la couleur beaucoup plus foncée (6EF2-7) du chapeau, par les spores plus régulièrement et plus densément crêtées, 6,6-7,06-7,8 × 5,5-5,91-6,5 µm (Q = 1,12-1,19-1,23; n = 20), par l’exsiccatum à surface lisse, très foncée (8F4) et par son écologie probablement différente.

Teinture de gaïac: réaction immédiate, bleutée. FeSO4: réaction immédiate, grisâtre. Pyrogallol : réaction immédiate, brune. Phénol: réaction rapide, vineuse. Aniline : réaction brunâtre. Ammoniaque : réaction nulle.

Distribution

Zaïre. Forestier central: Binga, isolé ou groupé sur le sol de la forêt à Gilbertiodendron dewevrei, 09-1938, Goossens-Fontana 2099c et icon. (holotypus BR).

Observation

Les observations écologiques pour les récoltes centrafricaines de R. subfistulosa s.l. montrent que la forme brevipilosa et la var. subfistulosa semblent liées à la forêt sèche (resp. à Marquesia et à Brachystegia) tandis que la var. apsila pousse en forêt dense et humide.

Subsect. Pallidorimosinae Buyck

Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 194 (1990)

Carpophore trapu. Chapeau ocracé brunâtre, se fissurant à partir du centre de façon concentrique, puis, vers le bord, également de façon radiale. Chair très âcre. Sporée pâle. Spores à plage non amyloïde. Lamelles à arête non spécialement différenciée. Revêtement piléique formé de larges articles densément septés et de dermatocystides grêles et cylindracées.

Espèce type: R. pallidorimosa Buyck.

Synopsis des espèces

Spores ornées d’éléments isolés, brièvement cylindracés à presque coniques, atteignant env. 1,5 µm de haut; saveur très piquante; odeur très désagréable ........ 23. R. pallidorimosa

Spores ornées d’éléments reliés par de très fins connexifs, obtus, bas, jusqu’à 1 µm de haut; saveur et odeur inconnues ................................... 22. R. ochraceorivulosa

22. Russula ochraceorivulosa Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 59: 250 (1989). Fig. 243b, 245.

Chapeau 7,5-8 cm diam., ferme, très légèrement déprimé au centre; marge un peu sinueuse, non striée; revêtement mat, fissuré de façon radiale vers le bord, subtilement et presque concentriquement craquelé autour du centre, au centre ocre clair sali de brun grisâtre (4B4-5) ou d’orangeâtre (4A4, 5B3), pâlissant vers l’extrême bord jusqu’à jaune pâle citron (2A2-4). Stipe 4,7 × 1,5-1,6 cm, cylindracé, concolore. Chair blanche, immuable; saveur et odeur inconnues. Sporée crème. Exsiccatum: chapeau brun pâle ocracé (5CD5-6 à 4A4-5), stipe concolore, lamelles plus pâles (3A3 à 3B3).

Spores ellipsoïdes, 8,2-8,67-9,4 × 6,8-7,45-7,8 µm (Q = 1,11-1,16-1,21; n = 20), réticulées à mailles généralement étroites; ornementation ± dense, nettement amyloïde, formée de gros éléments convexes latéralement étirés ou subtilement connexés; plage non amyloïde, large. Basides 40-50 × 9-10 µm, tétrasporiques; stérigmates 5-10 × 1-2,5 µm. Cystides nombreuses, 60-110 × 6-9 µm, naissant très profondément, grêles, cylindracées à fusiformes, arrondies, minusculement capitulées ou appendiculées; contenu assez abondant, pailleté-réfringent, réagissant à peine à la sulfovanilline. Revêtement piléique entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis peu gélifié, peu dense, formé d’hyphes grêles, emmêlées; suprapellis peu différencié, à hyphes assez larges, formées d’articles relativement courts, souvent rétrécis aux cloisons, subcylindracés, doliiformes à ellipsoïdes; l’article terminal parfois franchement ampullacé, lagéniforme ou subulé, 10-30 × 7-15(20) µm, mêlés aux extrémités dispersées des piléocystides du subpellis, celles-ci 3-6 µm diam., arrondies ou largement capitées. Revêtement du stipe analogue à celui du chapeau, mais composé d’hyphes beaucoup plus grêles, cylindracées-subulées, généralement 3-6 µm diam.; les plus larges atteignant rarement 10 µm de large, ellipsoïdes à ampullacées; caulocystides nombreuses. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Haut-Katanga: env. Lubumbashi, 02-1933, De Loose B55 et icon. (holotypus BR); Keyberg, endroit frais sur le sol, 02-1949, Soyer 305 et icon. (BR).

Observation

La description est entièrement basée sur l’aquarelle et les quelques notes du type; les notes de terrain pour Soyer 305 sont trop sommaires. Il ressemble par tous ses caractères microscopiques au type (dimensions sporales: 7,5-7,80-8,3 × 6,3-6,71-7,0 µm (Q = 1,07-1,16-1,25; n = 20).

23. Russula pallidorimosa Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60:195 (1990). Fig. 243a, 244, planche 58/3.

Chapeau 5,5 cm diam., assez ferme, cratériforme; marge lisse, non striée, aiguë; revêtement finement velouté, mat, séparable sur 0,2 cm seulement, concentriquement crevassé au centre, ocracé (4A2-5) à blanchâtre, pâlissant vers la marge. Stipe 2,7 × 1,2 cm, robuste, subcylindracé, ridulé longitudinalement, blanchâtre, spongieux-plein. Lamelles subdécurrentes, assez denses, ni ramifiées ni interveinées, brunâtres (un peu plus brunâtre que 4B4), inégales par quelques rares lamellules; arête entière, concolore. Chair blanche, immuable; saveur très piquante, puis brûlante; odeur nettement désagréable. Sporée non obtenue. Exsiccatum: chapeau jaune orangé à brunâtre à la périphérie, ailleurs brun foncé.

FeSO4: réaction verdâtre. Sulfovanilline, phénol: réactions nulles. Teinture de gaïac : réaction vert bleu, peu intense.

Spores ellipsoïdes à subglobuleuses, 6,8-7,30-7,8 × 5,8-6,36-6,9 µm (Q = 1,04-1,15-1,21; n = 20), assez densément ornées d’éléments isolés, brièvement cylindracés à coniques, obtus, < 1,5 µm de haut, nettement amyloïdes, mêlés à des éléments ponctiformes parfois à peine visibles; plage non amyloïde, verruculeuse. Basides (45)50-60(65) × 8-11 µm, tétrasporiques; stérigmates forts, 5-9 × 1,5-3 µm. Cystides nombreuses, peu émergentes, les plus longues naissant très profondément, clavées à subcylindracées, minusculement boutonnées ou renflées en large capitule; contenu pailleté abondant, réfringent, grisonnant à peine dans la sulfovanilline; paroi mince à ± épaissie. Cellules marginales non différenciées. Revêtement piléique orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis formé d’hyphes assez larges, généralement 4-7 µm diam., légèrement écartées par gélification; suprapellis peu différencié, à hyphes densément septées, peu ramifiées; articles subcylindracés, plus larges vers la surface piléique, ne dépassant pas 15 µm diam., souvent doliiformes, 25-50 µm de long, à paroi subtilement incrustée-zébrée; l’article terminal le plus souvent aminci à subcapitulé; piléocystides nombreuses, grêles et parfois très longues, se perdant dans la trame, env. 3-6 µm diam., cylindracées à clavées-pédicellées, irrégulièrement capitées, rarement arrondies; contenu pailleté-granuleux; hyphes oléifères dispersées. Revêtement du stipe assez semblable à celui du chapeau, plus dense, plus mince, à hyphes plus grêles et étroitement cylindracées; caulocystides nombreuses, ressemblant aux piléocystides. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: 5 km NNE Batiabongena (près de Kisangani), dans un reste de forêt primaire, 05-1984, Buyck 1655 et icon. phot. (holotypus BR). 

Observation

L’odeur désagréable, la saveur brûlante ainsi que l’ornementation sporale rappellent R. flavispora (Blum in Romagn.) Romagn. d’Europe, qui en diffère surtout par la composition des revêtements. On retrouve l’odeur désagréable (spermatique ?) aussi dans quelques autres sous-sections des Fistulosae (Murinaceinae et Fistulosinae).

Subsect. Pachycystidinae (Sing.) Buyck

Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 196 (1990)

Sect. Pachycystides Sing., Beih. Nova Hedw. 77: 236 (1983), emend.

Carpophores très grêles, assez petits, dépourvus de couleurs vives. Revêtement piléique acystidié, composé de longues hyphes à contenu guttulé-granuleux. Cystides hyméniales insensibles à la sulfovanilline. Spores ornées d’éléments isolés, aigus.

Espèce type: R. pachycystis Sing.

24. Russula tenuipilosa Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 196 (1990). Fig. 246, planche 62/3.

Chapeau 3-4 cm diam., globuleux, puis largement déprimé au centre, très mince; marge nettement striée, présentant de fines fibrilles brunâtres; revêtement sec, visqueux par temps humide, montrant - vers le centre du chapeau - des veines gélifiées se prolongeant par des fibrilles s’accollant sur le pied et se poursuivant sur celui-ci, pourpre à brun pourpré foncé (7-8F4-7), ocré (4A3, 5B3, 5A2) vers la marge. Stipe 4-5,5 × 0,4-0,5 cm, cylindracé, brun-pourpre (7-8F4-7), dans le haut engainé par de longues fibrilles concolores provenant du chapeau et y laissant une sorte d’anneau éphémère filamenteux pourpré, plein puis creux sous un cortex épais. Chair blanchâtre, puis ocrée, brunissante; saveur forte; odeur non observée. Lamelles adnées à sublibres, env. 0,4 cm de large, atténuées aux extrémités, minces, serrées, égales, blanches puis ocracées (4A4). Sporée pâle. Exsiccatum: chapeau brun bistre foncé (6DEF3), crème (4A2-3) vers la marge.

Teinture de gaïac: réaction immédiate, bleu vert intense. Phénol: réaction lente, vineux. Pyrogallol : réaction rapide, chocolat. FeSO4 : réaction immédiate, rosé. Ammoniaque, aniline: réaction nulle.

Spores à peine ellipsoïdes, 8,9-9,53-9,9 × (7,8)7,9-8,30-8,6 µm (Q = 1,08-1,15-1,19; n = 20), densément ornées d’éléments isolés, irrégulièrement disposés, coniques, aigus, nettement amyloïdes, 0,5-1 µm de haut, plus bas vers la plage; celle-ci généralement nettement amyloïde dans la partie opposée à l’appendice hilifère. Basides env. 45 × 12 µm, tétrasporiques; stérigmates forts. Cystides nombreuses, 50-80 × 7-10 µm, plus petites près de l’arête, étroitement clavulées, fusiformes ou cylindracées, arrondies, mucronées ou brièvement appendiculées; paroi légèrement épaissie; contenu pailleté abondant, insensible à la sulfovanilline. Cellules marginales non observées. Revêtement piléique orthochromatique à faiblement métachromatique au bleu de crésyl; subpellis légèrement gélifié; suprapellis à hyphes très longues cachant des extrémités plus courtes, env. 3-5 µm de large, éparsement septées, à paroi nettement et parfois grossièrement rugueuse par des zébrures transversales et orthochromatiques au bleu de crésyl; contenu granuleux-guttulé; piléocystides non observées. Revêtement du stipe analogue à celui du chapeau. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Binga, isolé sur le sol de la forêt à Gilbertiodendron dewevrei, 10-1943, Goossens-Fontana 3034 et icon. (holotypus BR).

Observation

R. tenuipilosa ne correspond pas à la définition originale des Pachycystides par Singer (Singer, Araujo & Ivory, 1983). L’espèce zaïroise est pourtant très proche de R. pachycystis par ses caractères microscopiques. Les différences principales entre les deux espèces concernent la couleur générale des carpophores et la prolifération de la marge piléique en zone annulaire chez R. tenuipilosa.

Subsect. Brunneofloccosinae Buyck

Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 196 (1990)

Carpophores brun orangé à brun foncé, parfois teinté d’orangé ou de jaune, chapeau en général très mince, à marge fortement striée-tuberculeuse, squameux ou squamuleux. Chair se colorant avec l’âge. Sporée pâle. Spores ornées d’éléments aigus, isolés à subtilement connexés, à plage jamais fortement amyloïde. Revêtements composés de volumineux articles, en général acystidiés (au moins dans le chapeau).

Espèce type: R. brunneofloccosa Buyck.

Synopsis des espèces

1. Spores ornées d’éléments toujours isolés:

2. Longueur du stipe excédant généralement le diam. du chapeau, revêtement brun orangé, taille moyenne des spores 8,3-10 × 7,2-8,2 µm....................................... 27a. R. brunneorigida var. brunneorigida

2. Longueur du stipe généralement inférieure au diam. du chapeau, revêtement brun foncé, taille moyenne des spores 10-10,5 × 8,6- 8,9 µm ............................. 27b. R. brunneorigida var. brachystegiensis

1. Spores ornées d’éléments au moins localement connexés (observer à l’immersion!) :

3. Chapeau nettement teinté de jaune et d’orangé; revêtement composé d’articles ellipsoïdes, doliiformes à brièvement cylindracés; le terminal mesurant 30-80 × 7-15 µm; chair âcre ........ 25. R. aurantiofloccosa

3. Chapeau entièrement brunâtre; revêtement composé de poils très volumineux, mesurant 10-25 (30) µm de large et jusqu’à 130 µm de long; chair douce ........... 26. R. brunneofloccosa

25. Russula aurantiofloccosa Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 196 (1990). Fig. 247, planche 65/3.

Chapeau 2,5-5 cm diam., très mince, étalé-ombiliqué; marge grossièrement et profondément cannelée-tuberculeuse; revêtement adné, sec, continu et orangé brunâtre (6AC4-5) au centre, ocre à jaune pâle (3A2-3, 4A2-5) et se rompant en fines écailles orangeâtres vers la marge, montrant la chair crème sous-jacente. Stipe env. 2,5 × 0,6-0,7 cm, cylindracé, squamuleux près du sommet, blanc grisâtre, fortement feutré à la base, brunissant avec l’âge, creux sous un cortex épais. Lamelles brièvement adnées, épaisses, cassantes, assez espacées (4/cm), arrondies près de la marge piléique, env. 0,8 cm de large, interveinées, égales, crème teinté de rose (probablement par transparence du revêtement piléique). Chair blanche, virant au gris brun; odeur forte; saveur très âcre. Sporée pâle. Exsiccatum entièrement brun bistre à brun rougeâtre (6D3-4, 6E3-6).

Spores ellipsoïdes, 6,7-7,41-8,1 × 5,7-6,11-6,6 µm (Q = 1,13-1,21-1,31; n = 20), assez densément ornées d’éléments étroitement cylindracés à coniques, mesurant 1-1,5 µm de haut, ± aigus, fortement amyloïdes, connexés-réticulés; plage large, ± amyloïde. Basides (28)31-41 × 10-11 µm, tétrasporiques; stérigmates forts, 7-10 × 1,5-3 µm. Cystides peu nombreuses à nombreuses, surtout situées près de l’arête, affleurantes ou à peine émergentes, lancéolées, clavulées à lagéniformes, arrondies ou appendiculées; paroi légèrement épaissie; contenu pailleté peu abondant, réagissant à peine à la sulfovanilline. Cellules marginales peu différenciées. Revêtement piléique orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis peu gélifié, peu épais, composé d’hyphes de 4-6 µm diam.; suprapellis continu au centre du chapeau, discontinu vers la marge, à hyphes formées de 3-7 articles ± ellipsoïdes, doliiformes à brièvement cylindracées; l’article terminal 30-80 × 7-15 µm, de forme très variable, obtus. Revêtement du stipe semblable à celui du chapeau; cellules terminales 30-60(80) × 10-15(20) µm, mêlées à des caulocystides cylindracées à clavulées, obtuses, 8-10 µm diam., à contenu pailleté abondant. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Binga, groupés dans l’humus et sur les brindilles mortes de la forêt sèche, 04-1933, Goossens-Fontana 968 et icon. (holotypus BR).

Observation

Cette espèce est très proche de la suivante, dont elle diffère par les couleurs plus vives du chapeau et du stipe, les dimensions des articles du revêtement piléique, la présence de caulocystides, la saveur probablement âcre et, d’après l’aquarelle, aussi par la silhouette des lames. Toutefois, il est utile de rappeler ici que les descriptions de ces espèces ne sont basées chacune que sur une seule récolte.

26. Russula brunneofloccosa Buyck, Bull. Jard. Nat. Belg. 60: 196 (1990). Fig. 248, 249, planche 65/4.

Russula pantherina Heim, Bull. Soc. mycol. France 86: 76 (1970), nom. nud.

Chapeau env. 3 cm diam., très mince, ombiliqué; marge grossièrement et profondément striée-cannelée, souvent déchiquetée; revêtement adné, sec, brun cannelle (8DE7-8; 6C4-6)), continu au centre, se rompant en fines squames concolores vers la marge, exposant la chair ocracée sousjacente. Stipe env. 2,5 × 0,6 cm, cylindracé, s’amincissant légèrement vers le bas, concolore au chapeau, pruineux-squamuleux dans le haut, lisse et blanchâtre vers le bas, creux sous un cortex épais. Lamelles adnées à subdécurrentes, 0,3 cm de large, fortement atténuées vers les extrémités, égales, ocrées (4A4). Chair blanchâtre dans le chapeau, brunissant dans le stipe; saveur douce; odeur non observée. Sporée pâle. Exsiccatum entièrement brun grisâtre pâle (5C4-5).

Teinture de gaïac: réaction immédiate, bleu vert intense. Phénol: réaction rapide, pourpre intense. Pyrogallol: réaction immédiate, brun foncé. FeSO4, ammoniaque, aniline : réactions nulles.

Spores ellipsoïdes, 6,8-7,27-7,8 × 5,6-6,00-6,5 µm (Q = 1,14-1,21-1,30; n = 20), ± densément réticulées, ornées d’éléments étroitement cylindracés à coniques, 1-1,5 µm de haut, assez aigus, fortement amyloïdes, très subtilement connexés; plage large, ± amyloïde. Basides (25)30-36 × 9-11 µm, tétrasporiques; stérigmates forts, (4)5-7(8) × 1,5-2,5 µm. Cystides peu nombreuses, peu émergentes, généralement 40-60 × 8-12 µm, fusiformes, clavées, mucronées-appendiculées, arrondies près de l’arête, à paroi très fragile; contenu finement pailleté, réagissant à peine à la sulfovanilline. Cellules marginales non observées. Revêtement piléique entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis légèrement gélifié, à hyphes mesurant généralement 4-6 µm diam.; suprapellis discontinu, à hyphes en touffes, les 2-4 articles terminaux très volumineux, jusqu’à 130 × 10-25(30) µm, à paroi légèrement épaissie et nettement incrustée-zébrée; article terminal subfusiforme, lancéolé, lagéniforme, plus rarement clavé ou utriforme, obtus; piléocystides nulles. Revêtement du stipe assez semblable mais plus compact, à éléments beaucoup plus petits et paroi très mince; caulocystides nulles; base du stipe densément hérisée d’hyphes étroitement cylindracées, 2-4 µm diam., parfois ± réunies en trichoïdes. Anses d’anastomose nulles. 

Distribution

Zaire. Forestier central: Binga, isolé sur le sol de la forêt à Gilbertiodendron dewevrei, 12-1943, Goossens-Fontana 3000a et icon. (holotypus BR); ibid., 01-1946, Goossens-Fontana 3000b (BR).

Côte d’Ivoire: Sproa, env. de Gagnoa, 06-1939, Heim A88 (PC, comme R. pantherina Heim ad int.).

Observation

La description est entièrement basée sur Goossens-Fontana 3000. Bien que nous ne disposions pas de données macroscopiques sur le spécimen de la Côte d’Ivoire, les caractères microscopiques font supposer qu’il s’agit de la même espèce: la seule différence réside dans les dimensions nettement supérieures des poils du revêtement.

27. Russula brunneorigida Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 58: 471 (1988).

27a. var. brunneorigida. Fig. 250a, planches 65/2, 66/1.

Chapeau 2,5-9 cm diam., globuleux à sommet aplati, puis largement déprimé; marge mince, longuement et profondément striée-cannelée; revêtement séparable au centre, écailleux-rugueux, d’un magnifique brun orangeâtre ± foncé (7DEF5-6, 8DE5-6), d’abord continu, se déchirant radialement en petits flocons près de la marge piléique, exposant la chair sous-jacente ocracée à brunâtre (4A4, 5A4, même 6C2-7). Stipe 3,5-10 × 0,4-1 cm, cylindracé, droit ou légèrement courbé dans la moitié inférieure, entièrement tomenteux, brun foncé, parfois plus pâle vers le sommet, vite creux-rongé. Chair presque nulle dans le chapeau, néanmoins peu fragile, blanchâtre, brunissant fortement sous le revêtement du stipe; odeur de champignon avec de faibles composants désagréables; saveur douce à légèrement nauséeuse. Lamelles brièvement adnées, parfois inégales par quelques lamellules, assez serrées, 0,3-1,4 cm de large, minces, crème; arête d’abord entièrement brun foncé, avec l’âge ponctuée vers la marge piléique. Sporée pâle. Exsiccatum: chapeau brun foncé (6C2-7), brun orangeâtre à grisâtre (5CD2-5), stipe brun foncé à noirâtre (6F2-6), lamelles brun-beige grisâtre (5B2-3).

Teinture de gaïac: réaction immédiate, bleu vert foncé. Sulfovanilline: réaction violacée sur les revêtements et l’arête des lamelles. Sulfoformol: réaction brunâtre sur les revêtements.

Spores ellipsoïdes, non mesurées sur le type (obs.1) mais mesurant, en moyenne, pour les autres récoltes 7,40-9,95 × 6,70-8,21 µm (Q = 1,10-1,21; n = 80), densément ornées d’éléments isolés, irrégulièrement disposés ou alignés, étroitement cylindracés à coniques, aigus, nettement amyloïdes, < 2 µm de haut; plage non ou à peine amyloïde. Basides 35-50 × 11-16 µm, tétrasporiques; stérigmates énormes, 8-12 × 2-3 µm. Cystides nombreuses, 50-75(85) × 9-13(15) µm, plus petites près de l’arête, fusiformes, cylindracées ou clavulées, minusculement capitulées ou mucronées, souvent arrondies près de l’arête, à paroi légèrement épaissie; contenu pailleté abondant, réagissant à peine à la sulfovanilline. Cellules marginales non différenciées. Revêtement piléique entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis formé d’hyphes cylindracées, env. 4-6 µm diam., entremêlées, écartées par une légère gélification, parfois à contenu partiellement huileux-jaunâtre; suprapellis épais, discontinu en dehors du centre; les hyphes ± dressées, à pigment brun, subparallèles, assez volumineuses, très cloisonnées, à paroi légèrement épaissie et ± nettement incrustée-zébrée; articles allantoïdes, cylindracés, sinueux; le terminal mesurant 5-7(10) µm diam., parfois franchement ampullacé; piléocystides nulles. Revêtement du stipe semblable au revêtement piléique; hyphes du subpellis env. 3-4 µm de large; suprapellis à hyphes mesurant 6-10 µm diam., formées d’articles plus allongés, davantage vers la base du stipe. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central : Binga, 380 m. alt., groupés sur le sol de la forêt à Gilbertiodendron dewevrei, 10-1928, Goossens-Fontana 826b (BR); ibid., 12-1946, Goossens-Fontana 4010a et icon. (BR), 4020 et icon. (BR); ibid., 01-1947, Goossens-Fontana 4026 et icon. (BR); 5 km NNE de Batiabongena, près de Kisangani, groupés sur le sol de la forêt primaire, 05-1984, Buyck 1651 et icon. phot. (holotypus BR).

27b. var. brachystegiensis Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 58: 472 (1988). — Fig. 250b, planche 66/2.

Diffère de la var. brunneorigida principalement par le chapeau brun rouge foncé (6E5, 7E4, 7D4, 8E8, 8F8), crème ocracé (4A2, 5A3, 5B4) à la marge; par le stipe en général plus court, 3-7 × 0,8-1,3 cm, excédant rarement le diamètre du chapeau, blanchâtre à beige brunâtre (5A3 ou plus pâle); par la sporée blanche à crème pâle (Romagnesi IIa-b) devenant crème moyen (IIb) en herbier, par les spores généralement plus volumineuses, mesurant 9,5-9,96-10,5 × 8,1-8,63-9,2 µm (Q = 1,09-1,15-1,22; n = 20).

Distribution

Burundi. Mosso-Malagarasi: Mugara, Bururi, 1000-1050 m, en groupes sur le sol de la forêt à Brachystegia, 12-1978, Rammeloo 6003 et icon. phot. (holotypus), 6081 et icon. phot., 6097 et icon. phot. (tous BR).

Zaïre. Haut-Katanga: Kipopo, en forêt claire à Marquesia, 12-1972, Thoen 5332 (BR).

Observations

1. Il s’agit apparemment d’une espèce très variable. Le type de la var. brunneorigida, composé de carpophores très jeunes, possède des spores probablement développées de façon anormale, présentant des dimensions trop divergentes pour en calculer la moyenne. Nous présentons ci-dessous les dimensions des autres récoltes, comparées à celles de la var. brachystegiensis (n = 20):

 

L

l

Q

var. brunneorigida:

 

 

 

Goossens-Fontana 826b

7,6-8,32-9,7

6,2-7,21-8,4

1,09-1,16-1,26

Goossens-Fontana 4010a

6,9-7,40-8,2

6,3-6,70-7,3

1,05-1,10-1,15

Goossens-Fontana 4020

9,2-9,86-10,9

7,5-8,11-8,7

1,11-1,21-1,28

Goossens-Fontana 4026

9,0-9,95-11,1

7,5-8,21-9,2

1,11-1,21-1,29

var. brachystegiensis:

 

 

 

type

9,5-9,96-10,5

8,1-8,63-9,2

1,09-1,15-1,22

Rammeloo 6081

9,6-10,16-11,1

8,3-8,92-9,5

1,10-1,14-1,20

Rammeloo 6097

9,7-10,53-11,8

8,3-8,77-9,5

1,11-1,20-1,27

2. La description de la var. brachystegiensis est entièrement basée sur les notes de Rammeloo; la couleur de la sporée fraîche reste à contrôler: notée comme blanche pour Rammeloo 6081 & 6097 et blanchâtre à crème pour Rammeloo 6003. Thoen 5332 diffère par son association à Marquesia mais ne renferme aucune donnée macroscopique; elle est rangé ici à titre provisoire.

La différence entre les deux variétés se situe apparemment surtout au niveau de leur écologie, la var. brunneorigida étant typique de la forêt dense humide, la var. brachystegiensis de la forêt claire.

Subsect. Testaceoaurantiacinae Buyck

Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 195 (1990)

Heliochrominae Heim pro parte (?), Prodrome à une flore mycologique de Madagascar et Dépendances. I. Les Lactario-russulés du domaine oriental de Madagascar: 131 (1938), nom. inval.

Carpophore de taille moyenne à très petit, en général entièrement concolore, jaune à orangé vif ou brun orangeâtre. Chapeau fortement strié vers la marge, granuleux. Lamelles lisérées de cellules marginales à pigment identique à celui des articles du revêtement. Cystides parfois longuement émergentes. Spores à plage parfois fortement amyloïde et décurrente. Revêtement piléique acystidié.

Espèce type: R. testaceoaurantiaca Buyck.

Cette sous-section comprend plusieurs espèces très proches, dont la plupart ont été décrites il y a un demi siècle. Bien qu’il soit possible que certaines espèces doivent être synonymisées, je préfère attendre de nouvelles récoltes.

Synopsis des espèces

1. Revêtement formé d’hyphes fortement septées, composées parfois d’articles ± globuleux, donnant alors un aspect cellulaire aux revêtements:

2. Arête des lamelles surtout occupée par des cystides énormes; carpophore orangé vif ............................... 29. R. heinemannii

2. Arête des lamelles occupée par des articles colorés, clavés ou sinueux-irréguliers:

3. Revêtement formé de touffes d’hyphes composées de courtes cellules .................... 30. R. testaceoaurantiaca

3. Revêtement d’aspect cellulaire, ressemblant à première vue à un épithelium.................................... 28. R. binganensis

1. Revêtement d’apparence filamenteuse et formé en grande partie d’hyphes grêles et longues, mesurant env. 2-3 µm diam.:

4. Spores ornées d’éléments étroitement coniques et connexés .......................................... 31. R. velutina

4. Spores ornées d’éléments obtus, convexes ou tronqués; chapeau 5-6 cm diam., rose orangé; stipe env. 6 cm de long., fusiforme, rosé ou rose orangé dans la partie supérieure, brun orangé vif dans la partie médiane, brun orangé foncé vers la base; lamelles assez serrées, ± tachées d’ocre et de brun orangé; chair blanc rosé dans le chapeau, brune dans le stipe, inodore; saveur douce .................................................... R. tuberculosa Heim

R. tuberculosa a été décrit de Madagascar. Pegler (1977) l’a signalé de forêt claire en Tanzanie, mais sa description indique un revêtement piléique différent de celui du type. Exception faite pour R. heinemannii, les espèces zaïroises ont toutes été trouvées en forêt dense humide.

28. Russula binganensis Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 60: 167 (1928). Fig. 251a, 252b, planche 67/1.

Chapeau 6-7 cm diam., mince, légèrement déprimé au centre; marge longuement sillonnée, parfois radialement fissurée en exposant la chair blanchâtre sous-jacente; revêtement séparable, brun orangeâtre (5C7) à rouge brunâtre (8DE5-7) au centre, par une granulation dense brun rougeâtre, jaune ocracé vers la marge. Stipe 6-8 × 1-1,5 cm, cylindracé, légèrement renflé vers la base, concolore au chapeau par une même granulation. Lamelles libres à échancrées, assez serrées (jusqu’à 10/cm), inégales par quelques lamellules, 0,5-0,7 cm de large, blanchâtres, ponctuées d’orangé; arête légèrement crénelée, jaunâtre à concolore à la marge piléique. Chair blanche; saveur et odeur non observées. Sporée non obtenue. Exsiccatum brun rouge sombre à brun foncé (7F4-7).

Spores ellipsoïdes, 7,1-7,70-8,3 × 6,3-6,56-6,9 µm (Q = 1,09-1, 18-1,25; n = 20), assez densément ornées d’éléments coniques, < 1,5 µm de haut, isolés ou localement connexés, rarement jumelés, assez obtus à aigus, droits ou implantés en oblique, souvent alignés, nettement amyloïdes; plage non ou à peine amyloïde, verruculeuse, ± arrondie. Basides 40-50 × 12 µm, tétrasporiques, parfois bisporiques; stérigmates forts, 6-9 × 1,5-2,5 µm. Cystides peu nombreuses, 50-80 × 8-14 µm, légèrement émergentes, clavées à utriformes-pédicellées, arrondies ou minusculement capitées; paroi parfois nettement épaissie (jusqu’à 2 µm), orthochromatique au bleu de crésyl, amincie aux extrémités; contenu pailleté peu abondant, presque insensible à la sulfovanilline. Cellules marginales très abondantes, généralement 40-60 × 5-10 µm, souvent groupées en touffes denses, clavulées à cylindracées, généralement longuement pédicellées. Revêtement piléique entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis formé d’hyphes de 3-5 µm diam., à contenu parfois localement huileux-réfringent; suprapellis formant - contre le subpellis - une strate de sphérocytes très volumineux, mesurant par ex. 20-30 µm diam., d’où naissent des articles subglobuleux à ellipsoïdes, de moins en moins volumineux vers l’article terminal, celui-ci très souvent clavé, renfermant un nécropigment; piléocystides nulles. Revêtement du stipe discontinu, rompu en îlots, à articles beaucoup moins volumineux, 5-10 µm de large; caulocystides non différenciées. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Binga sur Mongala, sur le sol de la forêt sèche, 11-1925, Goossens-Fontana 395 et icon. (holotypus BR).

Observations

1. R. binganensis ressemble probablement à R. velutina et à R. tuberculosa, mais en diffère par la forme des articles stériles de l’arête des lamelles et par le suprapellis piléique composé principalement de sphérocytes.

2. R. binganensis diffère de tous les autres Testaceoau-rantiacinae par les exsiccata brun foncé (chocolat foncé) sans aucun reflet orangeâtre.

29. Russula heinemannii Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 195 (1990). Fig. 251b.

Chapeau env. 3-5 cm diam., régulier, assez ferme, largement mais légèrement déprimé au centre; marge ± déchiquetée; revêtement orangé très vif, couvert d’une granulation brune. Stipe 5-6 × 0,5-1 cm, cylindracé, concolore au chapeau et également granuleux, creux. Lamelles brièvement adnées, atténuées vers le stipe, ± arrondies vers la marge piléique, minces, assez serrées, orangé vif. Chair blanche, noircissante; odeur subnulle, acide, vinaigrée; saveur douce. Sporée non observée. Exsiccatum entièrement orangé très vif (6-7AB4-8) et le restant en herbier.

FeSO4: brunissement.

Spores ellipsoïdes, 8,1-9,00-9,7 × 6,9-7,62-8,35 µm (Q = 1,12-1,18-1,30; n = 20), assez densément ornées d’éléments coniques, < 1,5 µm de haut, isolés ou localement connexés, rarement jumelés, ± obtus à aigus, droits ou implantés en oblique, souvent alignés, nettement amyloïdes; plage non ou à peine amyloïde, verruculeuse, ± arrondie. Basides 35-45 × 12-14 µm, bi- à tétrasporiques; stérigmates forts, 6-9 × 1,5-2,5 µm. Cystides très nombreuses sur l’arête, mesurant 50-80 × 8-12 µm, peu nombreuses mais longuement émergentes et très volumineuses sur les faces, 80-150 × 10-20 µm, subfusiformes à clavulées, arrondies à minusculement capitulées, à paroi fortement épaissie (jusqu’à 2,5 µm) et pourvue d’un manchon incrustant jaune brunâtre très apparent; contenu grossièrement guttulé-huileux, réfringent, réagissant à peine à la sulfovanilline. Cellules marginales peu ou pas différenciées. Revêtement piléique entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis formé d’hyphes de 2-4 µm diam., peu gélifié; suprapellis discontinu, ressemblant à un épithelium mais formé d’hyphes incrustées d’un pigment brunâtre, composées de 3-6 articles globuleux, ellipsoïdes ou brièvement cylindracés, jusqu’à 30 µm diam.; le terminal aussi ampullacé, clavé, mesurant généralement 7-15 µm diam., à contenu guttulé-granuleux coloré; paroi mince; piléocystides nulles. Revêtement du stipe ± discontinu, à articles très variables selon la récolte mais généralement plus volumineux que ceux du chapeau, longuement cylindracés, obpiriformes ou ellipsoïdes; l’article terminal plus versiforme, obtus ou mucroné; caulocystides non différenciées. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Haut-Katanga: Luiswishi, en forêt sèche dense, 04-1971, Thoen 4688 (BR); Kipopo, en forêt claire à Marquesia, 12-1972, Thoen 5525, 5564 (BR); ibid., id., 01-1961, Schmitz-Levecq 310 et icon. (holotypus BR).

Observations

1. La description est basée sur les notes sommaires de Schmitz-Levecq, sauf pour la saveur et l’odeur provenant des notes de Thoen. Les lamelles décrites comme orangé vif par Schmitz-Levecq, sont probablement blanches mais ponctuées d’orangé par les cystides pigmentées émergentes. A titre de complément, voici les paramètres sporaux de deux récoltes de Thoen:

5525: 7,9-8,55-9,0 × 6,0-7,29-7,8 µm (Q = 1,11-1,17-1,30)

5564: 8,2-8,89-9,3 × 7,1-7,75-8,3 µm (Q = 1,09-1,15-1,23)

2. Bien que très proche de R. testaceoaurantiaca, qui est une espèce de la forêt dense humide, R. heinemannii se reconnaît facilement par les cellules du suprapellis plus grandes et par la présence d’énormes cystides sur les faces et sur l’arête des lamelles. Ces cystides énormes et la forme des basides rappellent R. purpureocephala Buyck (sect. Constantes, sous-sect. Sardoninae).

30. Russula testaceoaurantiaca Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 60: 167 (1928). Fig. 252a, 253, planches 67/5, 68/1.

Chapeau 2-8 cm diam., submembraneux, étalé-plan ou largement déprimé en soucoupe; marge légèrement puis nettement striée, souvent déchiquetée; revêtement peu séparable, jaune orangé (5A7-8, 5C7 à la marge) par une granulation ocre orangé parfois ± brunâtre, dense au centre, de plus en plus lâche vers la marge piléique, parfois gris verdâtre au centre. Stipe 3-8 × 0,4-0,6 cm, cylindracé ou clavulé, concolore au chapeau par une même granulation, parfois blanc à l’extrême base, moelleux puis creux à partir du sommet. Lamelles adnées, minces, serrées (10/cm sur les carpophores jeunes, s’espaçant jusqu’à 5-7/cm à la fin, mesurant env. 0,4-1 cm de large, non ramifiées ni interveinées, égales ou avec quelques lamellules; arête orangée à jaune orangé, entière. Sporée pâle. Chair blanche; odeur subnulle. Exsiccatum d’abord entièrement orangé vif (5-6AB4-7), devenant brun orangeâtre pâle à la fin.

Spores ellipsoïdes, 6,4-7,00-7,4 × 5,7-6,10-6,4 µm (Q = 1,07-1,15-1,25; n = 20), assez densément ornées d’éléments coniques, < 1,5 µm, isolés ou localement connexés, rarement jumelés, assez obtus à aigus, droits ou implantés en oblique, souvent alignés, nettement amyloïdes; plage non ou faiblement amyloïde, verruculeuse, ± arrondie. Basides (30)35-45(55) × 12-14 µm, tétrasporiques; stérigmates forts, 6-9 × 1,5-2,5 µm. Cystides peu nombreuses à dispersées, très peu apparentes, généralement 40-60 × 9-14 µm, affleurantes, clavulées, arrondies à minusculement capitulées, à paroi légèrement épaissie, près de l’arête souvent une ou plusieurs fois septées; contenu peu abondant, légèrement granuleux-réfringent vers le sommet, insensible à la sulfovanilline. Cellules marginales occupant l’arête entière, 30-50(70) × 5-10 µm, clavées à piriformes, ± pédicellées à presque sphéropédonculées; pigment intracellulaire brun jaunâtre abondant. Revêtement piléique entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis formé d’hyphes de diam. très variable et d’articles fortement renflés, atteignant 20-30 µm diam., à paroi ± incrustée-zébrée; quelques rares fragments à contenu huileux; suprapellis discontinu, ressemblant localement à un épithelium; extrémités des hyphes réunies en îlots, densément septées, formées de 5-15 articles d’env. 4-10 µm de large, brièvement cylindracés à ± ellipsoïdes, souvent rétrécis aux cloisons, contenant un pigment jaune brunâtre sous forme d’une fine granulation ou de fines guttules; paroi ± épaissie; article terminal versiforme, (5)8-13 µm de large, généralement assez court, mais atteignant parfois 65 µm de long; piléocystides nulles. Revêtement du stipe analogue, formé d’articles généralement plus volumineux, longuement cylindracés, obpiriformes ou ellipsoïdes; article terminal obtus ou mucroné; caulocystides non différenciées. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Binga, épars sur le sol de la forêt sèche, 11-1928, Goossens-Fontana 831 et icon. (BR); ibid. 05-1944, Goossens- Fontana 3037 et icon. (BR); Eala, isolé sur le sol de la forêt sèche, 09-1925, Goossens-Fontana 375 et icon. (holotypus BR); Kivu, Irangi, forêt primaire dense et humide, 03-1972, Rammeloo Z26 et icon. phot. (BR); ibid., 04-1972, Rammeloo Z336 et icon. phot. (BR).

Observations

1. Le type ne comporte qu’un seul carpophore fragmenté, se regonflant mal. La description est basée sur l’ensemble des notes des différentes récoltes de Goossens-Fontana, sauf pour les dimensions sporales qui se réfèrent au type. Les dimensions sporales de deux autres récoltes figurent ci-dessous :

Rammeloo Z26: 7,4- 7,81-8,3 × 6,0-6,57-6,9 µm (Q = 1,10-1,19-1,27)

Goossens-Fontana 3037: 7,0-7,64-8,3 × 6,0-6,30-6,8 µm (Q = 1,15-1,21-1,30)

2. Il s’agit apparemment d’une espèce de taille très variable qu’on peut confondre sur le terrain avec R. velutina et R. binganensis. La composition du revêtement piléique permet de distinguer les trois espèces. Rammeloo Z26 diffère des autres collections par la forme très irrégulière, sinueuse et longuement pédicellée des cellules marginales. L’autre récolte du Kivu, Rammeloo Z336, ressemble à celles de Binga.

31. Russula velutina (Bres.) Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 58: 476 (1988). Fig. 252c, 254, planche 62/2.

Lactarius velutinus Bres., Bull. Jard. Bot. Etat Brux. 4: 25 (1914).

Chapeau 4,5-5,5 cm diam., peu charnu et friable, d’abord convexe à sommet aplati, puis largement et peu profondément déprimé; marge longuement cannelée-tuberculeuse, mince; revêtement mat, granuleux-velouté, versicolore mais le plus souvent brun rougeâtre ferrugineux (7CDE6-7) à brun bistre orangeâtre (6D3-5, 5BC-7, 4A5-7, Seguy 196), parfois localement teinté de gris violacé (12CD4-6, Seguy 205), de vert jaunâtre (4C3-6) ou de jaune (Segu169–215). Stipe 6-7 × 0,9-1,3 cm, cylindracé, légèrement renflé vers le bas, concolore au chapeau, fortement velouté, spongieux. Chair granuleuse, blanche, finalement vert brun grisâtre (4BCDE2-4) dans le stipe; saveur âcre. Lamelles brièvement adnées, env. 0,5 cm de large, crème à reflet gris violacé; lamellules rares; arête brunâtre. Sporée non observée. Exsiccatum: chapeau brun rougeâtre (6D 6-8), stipe un peu plus pâle (5DE 5-7), lamelles gris brunâtre (6CD 2-3).

Teinture de gaïac: réaction immédiate, bleu vert. Sulfovanilline: réaction immédiate, rose pâle. Phénol: réaction lente, lie de vin. Pyrogallol: réaction immédiate, brun jaune.

Spores ellipsoïdes, 7,7-8,20-8,8 × 6,2-6,75-7,8 µm (Q = 1,14-1,21-1,29; n = 20), densément ornées d’éléments isolés, parfois jumelés ou connexés, aigus, étroits, aciculaires à coniques, < 2,5 µm, très souvent courbés ou implantés en oblique; plage rugueuse, amyloïde, ± ellipsoïde, parfois légèrement décurrente sur l’apicule. Basides 33-40(44) × 10-12(13) µm, tétrasporiques; stérigmates forts, 6-9(15) × 2-3 µm. Cystides nombreuses, 45-60(85) × (8)10-14 µm, parfois septées près de l’arête, peu émergentes, fusiformes, clavulées à cylindracées, obtuses; les plus longues naissant profondément dans la trame; paroi peu ou pas épaissie; contenu peu abondant, granuleux-réfringent, réagissant à peine à la sulfovanilline. Cellules marginales non différenciées. Revêtement piléique entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis peu gélifié, formé d’hyphes emmêlées, composées d’articles ± renflés, à paroi incrustée-ruguleuse; suprapellis constitué d’hyphes emmêlées ou réunies en trichoïdes, 2-4(7) µm de large, peu ramifiées, grêles, à paroi mince à légèrement épaissie, incrustée de zébrures brunâtres; article terminal cylindracé, souvent ± tortueux, arrondi à subcapité; piléocystides non observées. Revêtement du stipe vers la base comparable à celui du chapeau, dans la partie supérieure composé d’articles nettement incrustés, plus volumineux, atteignant 10 µm de large; le terminal généralement clavé, piriforme à ellipsoïde. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Binga, 380 m, épars sur le sol de la forêt sèche, 04-1928, Goossens-Fontana 716a et icon. (BR); ibid., 02-1929, Goossens-Fontana 716b (BR). Bas-Katanga: Lubunda, 1910, Vanderyst 167 (BR). Bas Congo : Ututula, région des Bambatas, 1910, Allard in Vanderyst 159 (BR); Longo, région des Bambatas, 1910, Allard in Vanderyst 162 (holotypus BR).

Observations

1. La description est entièrement basée sur Goossens-Fontana 716. Les récoltes de Vanderyst sont dépourvues de notes prises sur le terrain, mais l’absence de laticifères dans la chair montre bien qu’il ne s’agit pas d’un Lactarius; les autres caractères microscopiques sont très analogues à la récolte de Goossens-Fontana. La nature fortement tomenteuse des revêtements, caractérisant R. velutina en herbier, rappelle les Lactarius africains du groupe phlebonemus.

2. Ci-après, les dimensions sporales des récoltes de Vanderyst, dont le type:

 

L

I

Q

Vanderyst 157:

Vanderyst 159:

type:

7,4-8,18-9,0

7,5-8,14-8,6

7,5-8,15-9,1

6,6-7,01-7,7

6,3-6,78-7,2

5,8-6,84-7,5

1,11-1,17-1,24 1,13-1,20-1,30 1,11-1,19-1,28


Subsect. Concolorinae Buyck

Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 60: 195 (1990)

Sect. Pelliculariae sous-sect. Heliochrominae Heim p.p.. Prodrome à une flore mycologique du Madagascar et Dépendances. I. Les Lactario-russulés du domaine oriental de Madagascar: 131 (1938), nom. inval.

Sect. Pelliculariae sous-sect. Discopodinae Heim p. p., ibid., nom. inval.

Phaeohygrocybe Hennings, Engl. Bot. Jahrbuch: 50 (1902)

Carpophore généralement très petit, entièrement concolore, jaune vif. Chapeau grossièrement granuleux, fortement strié-cannelé vers la marge, presque alvéolé par les anastomoses transversales entre les lamelles. Chair souvent à odeur fruitée. Lamelles à arête concolore aux revêtements. Trame parcourue de nombreuses hyphes vasculaires, septées, à contenu huileux. Spores à plage fortement amyloïde, parfois nettement décurrente. Basides larges mais courtes, à très forts stérigmates. Revêtement piléique acystidié.

Espèce type: R. concolora Buyck.

Ce groupe d’espèces, à couleurs très vives, est largement répandu en Afrique tropicale. Des espèces semblables ont probablement déjà été décrites par Heim (1938, 1970) dans les Heliochrominae et par Hennings (1902) dans le genre Phaeohygrocybe, mais, à l’exception de R. discopus Heim (Heim, 1970), aucun des types de ces espèces n’a été retrouvé et les descriptions de Heim ou de Hennings, trop sommaires, ne permettent pas de situer les espèces par rapport à celles décrites ci-après.

Synopsis des espèces

1. Spores ornées d’éléments toujours isolés:

2. Spores très densément ornées d’éléments subaigus, atteignant 2,5 µm de haut ............. 32. R. concolora

2. Spores assez densément ornées d’éléments aigus, n’atteignant que 0,5-1 µm de haut ........ 34. R. luteopulverulenta

1. Spores ornées d’éléments reliés ou localement crêtées ..... 33. R. discopus

32. Russula concolora Buyck, Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 58: 473 (1988). Fig. 255, planche 67/2.

Chapeau jusqu’à 2 cm diam., fragile, plan ou largement et légèrement déprimé au centre; marge parfois révolutée, festonnée, fortement striée-cannelée jusqu’au disque; revêtement mat-granuleux, très visqueux et luisant à l’état humide, subtilement ridulé, jaune vif (1A2-8). Stipe 2-2,5 × 0,6-0,7 cm, cylindracé ou aminci ou élargi à la base, lisse, concolore au chapeau, finalement creux. Chair blanche, virant au jaune vif; odeur fruitée très nette et persistante; saveur douce. Lamelles sublibres à brièvement adnées, assez espacées, ± épaisses, souvent sinueuses ou bifurquées-anastomosées contre le stipe, fortement interveinées, crème puis concolores au chapeau; arête entière, jaune. Sporée non obtenue. Exsiccatum entièrement jaune, brunâtre aux endroits manipulés.

FeSO4, teinture de gaïac: réactions très faibles.

Spores ellipsoïdes, 7,5-8,17-9,0 × 5,9-6,99-7,8 µm (Q = 1,06-1,17-1,31; n = 20), densément ornées d’éléments isolés, étroits, assez aigus, cylindracés à coniques, < 2,5 µm de haut, droits ou implantés en oblique, fortement amyloïdes; plage épaisse, fortement amyloïde, irrégulière, souvent décurrente sur l’apicule. Basides 30-38 × 11-13 m, tétrasporiques; stérigmates forts, 6-8 × 2-3 µm. Cystides peu à assez nombreuses, (8)10-11(14) × (30)35-45(55) µm, naissant peu profondément, à peine émergentes, clavées, arrondies, atténuées ou mucronées; paroi mince; contenu peu abondant, granuleux-réfringent, réagissant à peine à la sulfovanilline. Cellules marginales très nombreuses, en chaînettes de 2 à 3 articles mesurant 3-6 µm diam. et brièvement cylindracés à doliiformes; le terminal souvent clavé ou capitulé, jusqu’à 20 µm de long, renfermant des granulations jaunes. Revêtement piléique orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis gélifié, formé de chaînettes ramifiées de petites cellules brièvement cylindracées, contenant, vers la trame, d’innombrables hyphes oléifères très grêles et septées, env. 3-5 µm de large; suprapellis composé d’hyphes ramifiées, trapues, formées d’articles très courts, souvent renflés et relativement volumineux, à paroi granuleuse-ruguleuse; article terminal 4-16 × 4-6 µm, arrondi, aminci ou capitulé; piléocystides nulles. Revêtement du stipe à subpellis plus dense, comportant moins de chaînettes d’articles ± doliiformes, à hyphes oléifères moins abondantes; suprapellis assez discontinu, à hyphes moins ramifiées que dans le chapeau, ressemblant plus aux cellules marginales des lamelles, à contenu granuleux-réfringent, beaucoup plus longues vers la base du stipe, étroitement cylindracées, éparsement septées, env. 2-4 µm diam., obtuses; caulocystides nulles. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: 5 km NNE de Batiagongena, près de Kisangani, au bord d’un fossé, au pied de Scaphopetalum thonneri, dans un restant de la forêt dense humide, 04-1984, Buyck 1436 et icon. phot. (BR), 1437 et icon. phot. (holotypus BR).

Observation

La structure presque aérenchymateuse de la trame, l’odeur nette et fruitée, la plage sporale décurrente et la composition des revêtements indiquent une très proche parenté avec le type de R. discopus, dont cette espèce diffère surtout par l’ornementation sporale. Les dimensions sporales pour Buyck 1436 sont les suivantes: 8,0-8,85-9,4 × 7,2-7,92-8,4 µm (Q = 1,05-1,12-1,18; n = 20).

33. Russula discopus Heim, Rev. Mycol. 34: 346 (1970). Fig. 256, planche 67/3.

Chapeau 3,5-4 cm diam., mince, fragile, d’abord convexe à sommet déprimé, puis profondément infundibuliforme; marge fortement et longuement cannelée, presque alvéolée entre les cannelures; revêtement adné, luisant, humide-visqueux, jaune vif (1-2A5-8), pâlissant vers le centre (1A2-4), granuleux. Stipe 2,8-4 × 0,6-0,7 cm, cylindracé à clavulé, concolore au chapeau, creux. Lamelles adnées, subdécurrentes à échancrées, nettement espacées, assez épaisses, 0,6-0,7 cm de large, arrondies à la marge piléique, reliées par des veines transversales; arête entière, concolore. Chair mince, blanchâtre, jaunissant fortement jusqu’à devenir concolore au reste du champignon; saveur et odeur non observées. Sporée non obtenue. Exsiccatum: chapeau et stipe jaune saturé (3-4A6-7), plus pâle sur les lamelles et vers la base du stipe (3A2-3).

Spores subglobuleuses, 7,7-8,40-9,0 × 7,3-7,78-8,3 µm (Q = 1,02-1,08-1,12; n = 20), densément ornées d’éléments étroitement cylindracés à coniques, < 2,5 µm de haut, isolés, localement caténulés à connexés, fortement amyloïdes; le tout formant un réseau très incomplet avec quelques mailles fermées, souvent légèrement amyloïde entre les ornements; plage granulaire à arachnoïde, entièrement à partiellement amyloïde, décurrente sur l’appendice, rayonnante aux bords. Basides (32)35-40(45) × 11-14 µm, bi- à tétrasporiques; stérigmates forts, 8-10 × 2-3 µm. Cystides assez nombreuses, 45-55(65) × 9-12(14) µm, naissant ± profondément dans la trame, affleurantes, fusiformes, légèrement rétrécies subapicalement ou atténuées, à paroi mince; contenu pailleté, abondant, réagissant à peine à la sulfovanilline. Cellules marginales très abondantes mais très petites, clavées, cylindracées ou fusiformes. Revêtement piléique orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis composé de chaînettes d’articles cylindracés à doliiformes, 3-6 µm diam., gélifiés et munis d’une gaine muqueuse épaisse, formant un tissu très lâche (rappelant un aerenchyme); suprapellis celluleux, presque pseudoparenchymateux, formé d’hyphes à extrémités ramifiées, trapues, intriquées, composées d’articles ± isodiamétriques, ellipsoïdes ou courtement cylindracées, s’élargissant fortement vers la trame; article terminal 4-7 µm diam., ovoïde ou ampullacé, obtus; piléocystides nulles. Revêtement du stipe à subpellis plus mince, plus dense et moins gélifié que dans le chapeau, à hyphes env. 3-4 µm diam.; suprapellis à éléments dispersés ou réunis en touffes, plus grêles que dans le chapeau; article terminal sinueux, cylindracé ou fusiforme, obtus, parfois rétréci subapicalement, à contenu granuleux coloré; caulocystides nulles. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Binga, épars sur le sol de la forêt, 10-1936, Goossens-Fontana 1053 et icon. (BR).

Sénégal: Casamance, P.N. Basse Casamance, au pied d’un palmier à huile, 08-1986, Thoen 7609 et icon. phot. (BR); ibid., terrestre, 09-1985, A. Fraiture S48 (BR).

Guinée: Seredou, lignicole sur le sol de la forêt, 04-1939, Heim D38 et icon. (holotypus PC); Dalaba, Arboretum A. Chevalier, 07-1988, Thoen 7931 (BR); Kapeco, Chutes de la Saola, en forêt galerie, 07-1988, Thoen 7900 (BR).

Observations

1. La description est entièrement basée sur Goossens-Fontana 1053. Le type a été décrit en détail par Heim (l.c.); il consiste en deux minuscules carpophores conservés en flacon et se regonflant à peine. Sauf pour une diapositive de Thoen 7609, il n’y a pas de notes pour les autres récoltes, leur dimensions sporales sont reprises ci-dessous (n = 20):

Thoen 7609: 8,0-8,48-9,1 × 7,5-7,90-8,3 µm (Q = 1,03-1,07-1,10)

Thoen 7900: 8,1-8,60-9,0 × 7,6-7,86-8,3 µm (Q = 1,04-1,10-1,17)

Thoen 7931: 8,4-9,17-10,2 × 7,6-8,22-9,0 µm (Q = 1,07-1,11-1,14)

2. R. discopus se reconnaît facilement à son ornementation sporale et diffère probablement des deux autres espèces par son habitat en forêt claire.

34. Russula luteopulverulenta Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 60 : 166, fig. 46 (3) (1928). Fig. 257, planche 67/4.

Chapeau 2,3-2,6 cm de diam., régulier, mince, submembraneux, plan-concave; marge nettement striée; revêtement granuleux, recouvert de fines rugosités poussiéreuses concolores, jaune vif (3A6-8, 2A7, 3B7-8). Stipe 3,7 × 0,4-0,5 cm, cylindracé, courbé dans la partie inférieure, arrondi à la base, à revêtement identique et concolore au chapeau, creux. Lamelles brièvement adnées, atténuées aux extrémités, ± serrées, 0,2-0,3 cm de large; arête jaune. Chair blanche, saveur et odeur inconnues. Sporée pâle. Exsiccatum entièrement brun orangé.

Spores ellipsoïdes, 7,9-8,64-9,2 × 6,8-7,47-8,1 µm (Q = 1,06-1,16-1,25; n = 20), densément ornées d’éléments coniques, isolés, aigus, droits, nettement amyloïdes, mesurant env. 0,5-1 µm de haut; plage non ou à peine amyloïde, verruculeuse, ± arrondie. Basides 25-30 × 10-13 µm, bi- à tétrasporiques; stérigmates forts, 4-7(9) × 1,5-3 µm. Cystides assez nombreuses, 45-65 × 10-15 µm, peu émergentes, subfusiformes à clavées, arrondies ou minusculement capitulées; paroi généralement nettement épaissie (jusqu’à 3,5 µm); contenu granuleux-réfringent, souvent seulement dans le haut de la cystide, insensible à la sulfovanilline. Cellules marginales très abondantes, clavées à brièvement cylindracées, subcapitées, à paroi mince; contenu granuleux jaune. Revêtement piléique entièrement orthochromatique au bleu de crésyl; subpellis formé d’hyphes de 2-4 µm diam.: suprapellis discontinu, localement ± pseudoparenchymateux ou ressemblant à un épithelium; extrémités des hyphes composées de 3-6 articles globuleux, ellipsoïdes, brièvement cylindracés, ampullacé ou clavés, généralement (3)5-9( 15) µm diam. ; contenu guttulé-granuleux jaune; paroi ± mince; piléocystides nulles. Revêtement du stipe à suprapellis assez discontinu, formé d’articles généralement plus volumineux, longuement cylindracés, obpiriformes ou ellipsoïdes; le terminal ellipsoïde obtus ou mucroné; caulocystides non différenciées. Anses d’anastomose nulles.

Distribution

Zaïre. — Forestier central: Lisala, épars sur le sol de la forêt sèche, 121925, Goossens-Fontana 538 et icon. (holotypus BR).

Observation

 La description macroscopique est basée sur quelques notes sommaires et une aquarelle de qualité médiocre. R. luteopulverulenta diffère surtout des deux autres Concolorineae par les caractères sporaux, qui rappellent ceux des Brunneofloccosineae.

 

 

Légende des planches

Planche 55. — 1. Russula ingens (holotype). — 2. R. nigroviolacea (a: holotype; b: Goossens-Fontana 876).

Planche 56. Russula nigroviolacea (a: holotype; b: Goossens-Fontana 996).

Planche 57. Russula subseriflua (a: Goossens-Fontana 705; b: Goossens-Fontana 838; c: holotype).

Planche 58. — 1. Russula areolata (holotype). — 2. R. phaeocephala (holotype). — 3. R. pallidorimosa (holotype).

Planche 59. — 1. Russula afronigricans (holotype). — 2. R. albospissa (holotype). — 3. R. pellucida (Rammeloo Z232).

Planche 60. — 1. Russula pellucida: aspect des lamelles et spores, (Rammeloo Z232). — 2. R. subfistulosa var. apsila (holotype). — 3. R. griseocephala (holotype).

Planche 61. Russula subfistulosa var. subfistulosa forma subfistulosa (a: Rammeloo 5900; b: Rammeloo 5929; c: Rammeloo 6075; d: Rammeloo 6076; e: holotype; f: Dossin 64, spores seules).

Planche 62. — 1. Russula tomentosa (a: holotype; b: Goossens-Fontana 709). — 2. R. velutina (Goossens-Fontana 716). — 3. R. tenuipilosa (holotype).

Planche 63. — 1. Russula cellulata (holotype). — 2. R. brunneoderma (holotype). — 3. R. diffusa var. fissurans (holotype). — 4. R. meleagris (holotype).

Planche 64. — 1. Russula diffusa var. rotundispora (holotype). — 2. R. annulatobadia (a: holotype; b: Goossens-Fontana 269). — 3. R. brunneorigida var. brachystegiensis (Rammeloo 6097). — 4. R. lamprocystidiata (holotype). — 5. Russula diffusa var. diffusa (holotype).

Planche 65. — 1. Russula meleagris (Goossens-Fontana 810). — 2. R. brunneorigida var. brunneorigida (Goossens-Fontana 4020). — 3. R. aurantiofloccosa (holotype). — 4. R. brunneofloccosa (holotype).

Planche 66. — 1. Russula brunneorigida var. brunneorigida (a: holotype; b: Goossens-Fontana 4026; c: Goossens-Fontana 826). — 2. R. brunneorigida var. brachystegiensis (a: holotype; b: Rammeloo 6081) tirage un peu trop vert pour la coupe et les lamelles.

Planche 67. — 1. Russula binganensis (holotype). — 2. R. concolora (a: Buyck 1436; b: holotype). — 3. R. discopus (a: Goossens-Fontana 1053; b: Thoen 7609). — 4. R. luteopulverulenta (holotype). — 5. R. testaceoaurantiaca (a: holotype; b: Goossens-Fontana 831).

Planche 68. — 1. Russula testaceoaurantiaca (Goossens-Fontana 3037). — 2. R. oleifera var. oleifera (holotype). — 3. R. brunneoannulata (holotype).