Flore illustrée des Champignons d’Afrique centrale

Fascicule 7

 

Leucocoprineae p.p. (Agaricaceae)

par P. Heinemann (avril 1980) : 121-127, pl. 20

 

Gyrodontaceae p.p. (Boletineae) 

par P. Heinemann & J. Rammeloo (avril 1980) : 128-131, pl. 21-22


Planches


 

LEUCOCOPRINEAE p.p. (Agaricaceae)

par P. Heinemann

La tribu des Leucocoprineae a été traitée précédemment dans la Flore Iconographique des Champignons du Congo (genres Macrolepiota et Chlorophyllum) ainsi que dans le présent ouvrage (genres Leucoagaricus, Leucocoprinus, Rugosospora et Horakia). La création récente du genre Sericeomyces nous conduit à modifier le synopsis publié plus haut (p. 29) et à décrire les espèces que le nouveau genre comporte.

D’autre part, nous donnerons, en supplément, la description de deux espèces, récemment décrites, du genre Leucoagaricus (p. 126).

Leucocoprineae Sing.

Pap. Mich. Ac. Arts & Lett. 32 : 141 (« 1946 », 1948)

Synopsis des genres

1. Chapeau charnu, non fortement et longuement strié à la marge; spores toujours lisses.

2. Spores à pore évident, à apex arrondi ou tronqué; anneau complexe souvent mobile; lamelles collariées :

3. Sporée blanche ou crème; spores à apex arrondi ou tronqué; endospore métachromatique dans le bleu de crésyl ....... Macrolepiota (Fl. Icon., p. 323)

3. Sporée verdâtre devenant jaune d’or par la dessication; spores tronquées, orthochromatiques dans le bleu de crésyl; un anneau; pas de volve en sac ....... Chlorophyllum (Fl. Icon., p. 332)

3. Sporée verte; pas d’anneau; une volve en sac ....... Clarkeinda

2. Spores à pore nul ou rudimentaire, rarement bien développé, à apex arrondi ou ± étiré; anneau le plus souvent simple et attaché au stipe, rarement mobile; lamelles peu ou non collariées ....... Leucoagaricus (p. 30 et 126)

1. Chapeau membraneux ou submembraneux, parfois longuement strié silloné à la marge; spores lisses ou ornées :

4. Spores lisses ; lamelles souvent collariées :

5. Chapeau et stipe souvent floconneux et pulvérulents; marge souvent striée sur une grande longueur; revêtement piléique ± hyméniforme ou indifférencié ....... Leucocoprinus (p. 87)

5. Chapeau et stipe lisses; marge peu ou non striée; revêtement piléique à hyphes radiales, parfois ± gélifiées au centre, au dessus d’un hypoderme ± vésiculeux ....... Sericeomyces (p. 123)

4. Spores verruqueuses; éléments du revêtement piléique piriformes et longuement pédicellés; chapeaux submembraneux :

6. Spores bassement verruqueuses; endospore métachromatique dans le bleu de crésyl ....... Rugosospora (p. 46)

6. Spores épineuses diverticulées; orthochromatiques dans le bleu de crésyl ....... Horakia (p. 47)

Le genre Clarkeinda ne semble pas exister en Afrique centrale. Horakia Oberwinkler (1976) est le nom correct pour Verrucospora; la seule espèce de ce genre doit s’appeler Horakia flavofusca (P. Henn.) Oberwinkler (synonyme : Lepiota verrucospora Beeli, nom illégitime : Verrucospora verrucospora (Beeli) Horak).

Sericeomyces Heinem.

Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 48 : 401 (1978)

Lepiota sect. Sericellae Kühner, Bull. Soc. Myc. Fr. 52 : 182, 188 (1936).

Leucoagaricus sect. Sericelli (Kühner) Bon & Boiffart, Doc. Myc. 6, fasc. 24 : 44 (1976).

Pseudobaeospora Sing, emend Locquin, Bull. Soc. Myc. France 68 : 169 (1952) p.p. non typica.

Carpophore souvent grêle et fragile, à chapeau et stipe distincts et séparables. Chapeau peu charnu, lisse, sec ou légèrement visqueux, à marge peu ou non striée. Stipe muni d’un anneau fragile simple, membraneux, ± mobile, en entonnoir. Lamelles libres. Sporée très généralement blanche ou crème, rarement colorée.

Spores hyalines, moyennes, à paroi légèrement épaissie, à endospore métachromatique dans le bleu de crésyl, à pore nul ou rudimentaire. Revêtement piléique à hyphes couchées radialement, parfois ± gélifiées, à extrémité libre ± piliforme; la chair sous-cuticulaire comporte des éléments vésiculeux de forme variée (hypoderme). Anses d’anastomose nulles. Espèce-type : Sericeomyces serenus (Fr.) Heinem.

Le genre comporte dans les régions tempérées une série d’espèces très voisines, confondues jadis sous le nom de Lepiota serena, et dont la détermination exige le recours au microscope.

Synopsis des espèces d’Afrique centrale

1. Chapeau blanc ou à peine teinté d’ocracé; lamelles blanches :

2. Revêtement gélifié; spores 5-6,5 × 3,5-3,8 μm ....... 1. S. viscidulus

2. Revêtement non gélifié; spores plus grandes ou plus petites :

3. Cheilocystides claviformes bien différenciées; spores 6-8,3 × 3,5-4,3 μm ....... S. serenus

3. Cheilocystides petites, 16-20 × 7-10 μm; spores 3,5-4,5 × 2,3-2,7 μm ....... Lepiota eriphaea

1. Chapeau nettement coloré en gris, mauve ou violacé :

4. Carpophore entièrement violet, à spores colorées ....... 2. S. violaceus

4. Chapeau coloré; stipe blanc; spores blanches ....... cf Leucoagaricus (p. 126)

S. serenus (Fr.) Heinem. est signalé par Pegler (1977) du Kenya, de Tanzanie et de l’Uganda où cette espèce serait répandue. On peut se demander si S. serenus n’a pas été fréquemment confondu avec S. viscidulus qui, lui, est répandu au Zaïre.

Lepiota eriphaea (Berk. et Br.) Sacc. signalé de l’Uganda par Pegler (1977) est probablement un Sericeomyces.

Nous avons publié, d’autre part, une clé plus complète du genre, comprenant aussi les Lepiota que l’on pourrait y chercher (Heinemann, 1978 : 401-402).

1. Sericeomyces viscidulus Heinem., Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 47 : 402 (1978). Fig. 69, planche XX/l.

Chapeau 2-3 cm de diam., très mince, ovoïde, allongé puis convexe-campanulé, à la fin étalé à centre largement mamelonné; revêtement séparable, pellucide, légèrement visqueux, blanc à peine lavé d’ocracé pâle sur le mamelon où il est continu puis rompu en squamules ± farineuses laissant apparaître la chair sous-jacente soyeuse; marge unie. Stipe 4,5-6,5 cm × 2-3 mm, cylindrique à base courbée et un peu épaissie (4-6 mm), fistuleux; revêtement blanc soyeux; anneau blanc, fragile, fibrilleux, en entonnoir. Lamelles serrées, inégales, d’env. 3 mm de large, aiguës aux extrémités, libres, blanches; arête finement crénelée. Chair ferme, blanche; saveur légère d’amande. Sporée blanche. Exsiccatum crème à lamelles crème ocracé.

Teinture de gaïac : lent, gris bleu. Gaïacol : rapide, pourprée. Sulfate ferreux : réaction nulle.

Spores : 5-6,5 × 3,5-3,8 μm, ellipsoïdes; paroi assez mince, orthochromatique dans le Melzer, endospore métachromatique dans le bleu de crésyl dilué; pore nul ou très rudimentaire sur un petit nombre de spores, visible notamment dans le Melzer; pas de gonflement obtenu par NH4OH + HAc. Basides 4-sporiques, claviformes, de 18 × 6,3 μm par ex. Cheilocystides hyalines, claviformes, exceptionnellement lancéolées, d’env. 33-43 × 10-17 μm. Revêtement piléique à hyphes cylindracées, ± radiales, de 3-6 μm de diam., formant au centre une couche gélifiée épaisse (70 μm par ex.) sur chair sous-jacente à éléments vésiculeux (20 μm de diam. par ex.); à mi-rayon, les éléments superficiels sont plus courts et plus larges, de 20-50 × 3-9 μm mais peut-être s’agit-il d’éléments de la chair devenus superficiels par rupture du revêtement proprement dit. Revêtement du stipe à hyphes cylindracées de 2-4 μm de diam., à l’extrémité libre parfois piliforme un peu élargie; par place, petites touffes de poils irréguliers et emmêlés de 1,5-2 μm de diam. Anses d’anastomose nulles mais fausses boucles assez fréquentes.

Habitat : Sur le sol ombragé, notamment dans des plantations de caféiers, d’orangers, de goyaviers, etc.

Distribution :

Zaïre. Lacs Edouard et Kivu : Panzi, alt. 1650 m, avril 1948, mars et avril 1953, avril 1954, Goossens-Fontana 5049 et icon. (holotype BR), 5250 et icon., 5264, 5382 et icon. Haut-Shaba : Keyberg, mars 1947, D. Soyer 40.

Observations

1. La description est basée sur la récolte type qui est accompagnée d’une excellente aquarelle et de notes abondantes.

2. Espèce caractérisée par son revêtement fortement gélifié, au moins au centre du chapeau, ses spores de petite taille et ses cheilocystides claviformes.

3. S. pulcherrimus (Graff) Heinem. semble l’espèce la plus voisine. Elle en différerait essentiellement par sa cuticule très amère.

4. La récolte 5250, également accompagnée d’une bonne aquarelle et de notes copieuses, consiste en carpophores de plus grande taille; le stipe est moins régulier, comme gonflé par place, l’anneau est déchiré quoique le chapeau soit encore campanulé. L’exsiccatum ne permet pas une étude microscopique poussée; ce que nous en avons pu en voir coïncide suffisamment avec les caractères du type. Les spores sont cependant un peu plus arrondies.

5. La détermination de la récolte du Shaba est légèrement douteuse car l’exsiccatum est en mauvais état.

2. Sericeomyces violaceus Heinem., Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 47 : 406 (1978). Fig. 70, planche XX/2.

Chapeau de 3 cm env. de diam., peu charnu mince à la marge, campanulé puis étalé à centre bassement mamelonné; revêtement séparable, violet [puis rapidement brun], fibrilleux, squamuleux à petites squamules concolores apprimées; marge longtemps incurvée, peut être un peu striée. Stipe 5 cm × 4 mm env., énucléable, cylindrique à base longuement renflée, fistuleux; revêtement concolore au chapeau; anneau membraneux en entonnoir, concolore au stipe, situé un peu au dessus du milieu, [anneau non observé]. Lamelles serrées, inégales, [lamellules peu nombreuses], minces, libres assez larges (3 mm), aiguës aux extrémités, violettes puis brunes. Chair ferme, ocracé pâle dans le chapeau, rose violacé dans le stipe, brunissant; saveur « amère et piquante »; [odeur « forte, âcre »]. Sporée pourpre brunâtre [brun pourpre].

 

Teinture de gaïac, gaïacol : nul. Sulfate ferreux : gris vert, rapide.

Spores ca. 5,7-6,9 × 3,8-4,2 μm, jaunâtres, ellipsoïdes, à sommet subtilement étiré; paroi épaisse orthochromatique dans le Melzer, endospore métachromatique dans le bleu de crésyl; pore nul ou très rudimentaire; gonflement léger par NH4OH + HAc. Basides [claviformes 25 × 6 μm par ex.], 4-sporiques. Cheilocystides abondantes, brunes sur exsiccatum regonflé à l’ammoniaque [pâles ou violacées], claviformes à lagéniformes, 30-70 × 12-15 7-9) μm env. Trame ainsi que les éléments hyméniens présentant un certain rougissement dans l’ammoniaque, [régulière]. Revêtement piléique indéchiffrable, [à hyphes parallèles, un peu rétrécies aux cloisons; pigmentation interne violette et dissoute ou concrétionnée et brune; éléments bruns à contenu réfringent (hyphes oléifères); éléments terminaux légèrement élargis, 50-100 × 6-9 μm env.]. Revêtement du stipe à hyphes parallèles, pâles ou violacées, à membrane mince. Anses d’anastomose non observées.

Habitat : isolés, sur le sol d’une plantation de caféiers arabica.

Usages : non consommé par l’indigène.

Distribution

Zaïre. Lacs Edouard et Kivu : Panzi, avril 1951 et mai 1952, Goossens-Fontana 5181 et icon. et 5239 et icon. (holotype BR).

Observations

1. La description est basée sur la planche, d’abondantes notes et l’exsiccatum de la récolte type; elle est complétée, entre crochets, d’après le n° 5181. L’état des exsiccatums ne permet pas une étude anatomique suffisante.

2. Espèce sûrement caractérisée par sa teinte générale et ses spores colorées.

3. La position de cette espèce est douteuse. Si de nouvelles récoltes montraient le bien fondé de notre attitude, il y aurait lieu de créer une nouvelle section dans le genre pour accueillir cette espèce.

Leucoagaricus (Locquin) Sing.

Sydowia 2 : 35 (1948)

(Compléments)

Les deux espèces décrites ci-après pourraient être classées dans une section nouvelle, voisine des Rubrotincta, caractérisée par la coloration piléique et l’habitus. Cette solution est prématurée car une étude approfondie de matériel en bon état pourrait faire verser ces deux espèces dans Sericeomyces.

Leucoagaricus malvaceus Heinem. Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 49 : 461 (1979). Fig. 71, planche XX/4.

Chapeau 4-5 cm de diam., peu charnu, très mince vers la marge, convexe puis étalé à centre mamelonné; revêtement visqueux par temps humide, violet, un peu brunâtre et lisse au centre, ailleurs ± rompu radialement en fibrilles violacées, le fond soyeux et blanc de la chair apparaissant vers la marge. Stipe 5-7 cm × 3-4 mm, énucléable, étroitement creux, cylindracé, un peu atténué vers la base; revêtement blanc, lisse; anneau en entonnoir, blanc, membraneux et fragile, libre. Lamelles larges (6 mm), ventrues, subaiguës aux extrémités, libres, blanc crème, serrées, inégales. Chair blanche; saveur « âcre ». Sporée blanche. Exsiccatum : chapeau gris à centre plus foncé; stipe brunâtre; lamelles ocracées; efflorescences petites, abondantes sur le chapeau.

Teinture de gaïac, sur le chapeau et le stipe : bleu verdâtre, assez rapide. Gaïacol : rosâtre, lent. Melzer, sur le chapeau : orange vif.

Spores 7,7-9,5 × 4,4-5,4 μm, hyalines, étirées pépiniformes; paroi assez épaisse, brune dans le Melzer; endospore métachromatique dans le bleu de crésyl, parfois tronquée à l’apex; pore nul. Basides claviformes tétrasporiques, 25 × 9 μm env. Cheilocystides claviformes ou rarement lancéolées, à sommet souvent muni de rugosités réfringentes, ca 30-55 × 12-18 [29-36 × 8-13] μm. Revêtement piléique à hyphes ± radiales, cylindracées, 3,5-7,5 μm env. de diam., les éléments terminaux étroitement claviformes. Anses d’anastomose probablement nulles.

Usages : non consommé par l’indigène.

Distribution

Zaïre. Lacs Edouard et Kivu : Panzi, sur le sol, plantations de caféiers, déc. 1947, nov. 1953, déc. 1953 Goossens-Gontana 5012 et icon. (type), 5311, 5346.

Observations

1. La description est basée sur l’aquarelle et les notes accompagnant le type. L’exsiccatum ne permet plus que l’examen des spores; les autres caractères microscopiques sont donnés d’après les notes et les dessins de Mme Goossens.

Leucoagaricus griseus Heinem. , Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 49 : 461 (1979). Fig. 72, planche XX/3.

Chapeau 4,5 cm de diam., étalé, bassement mamelonné, peu charnu, très mince vers la marge; revêtement probablement viscidule au centre où il est gris foncé et uni, ailleurs radialement rompu en laissant apparaître la chair blanche; marge devenant probablement striée avec l’âge. Stipe 5,5 cm × 5 mm, énucléable, cylindrique, fistuleux; revêtement blanc, villeux au dessus de l’anneau; anneau blanc, fragile, en entonnoir, non soudé au stipe mais non mobile; mycélium apparent à la base. Lamelles libres, assez larges, légèrement ventrues, serrées, inégales, blanches; arête finement denticulée. Chair blanche; saveur peu prononcée. Sporée blanche. Exsiccatum : chapeau brun clair, plus foncé au centre; stipe brunâtre; lamelles brun ocre; petites efflorescences, par places, sur le chapeau.

Teinture de gaïac, gaïacol : réactions nulles.

Spores 6,6-7,15-7,8 × 4,4-4,86-5,1 μm, subamygdaliformes, arête interne à peine moins convexe que l’externe, sommet parfois subtilement conique; paroi épaisse, orthochromatique au Melzer, endospore mince faiblement métachromatique au bleu de crésyl; pore nul ou rudimentaire. Basides piriformes, 4-sporiques, 17-22 × 7,5-8 μm env. Sous-hyménium celluleux. Cheilocystides très abondantes, hyalines, lancéolées à sommet arrondi, conique ou courtement appendiculé, lisse ou verruqueux, ± recouvert d’un exsudat granuleux; ca 18-29 × 7-10 μm. Revêtement piléique à hyphes cylindracées de 4-8 μm diam., certains éléments terminaux cystidiformes, longuement lancéolées de 100-120 × 7-14 μm env.; revêtement très nettement gélifié au centre du chapeau, non gélifié à la périphérie; pigment vacuolaire brunâtre. Revêtement du stipe présentant dans le haut des caulocystides analogues aux cheilocystides, cependant plus longues. Anses d’anastomose nulles.

Usages : non consommé par l’indigène.

Distribution

Zaïre. Lacs Edouard et Kivu : Panzi, isolé sur sol herbeux, dans un verger, mai 1948, Goossens-Fontana 5046 et icon. (holotype BR).

Observations

1. Description basée sur le matériel type qui est accompagné d’une excellente aquarelle et de notes copieuses.

2. Probablement voisin de Leucoagaricus fuligineus Pegler qui a cependant des spores nettement plus allongées et un chapeau plus épais; d’autre part le dessin, que Pegler donne du chapeau, montre des squames irrégulières et non radiales comme dans notre espèce.

BIBLIOGRAPHIE

Heinemann, P., Sericeomyces, genre nouveau de Leucocoprineae (Agaricaceae). Bull. Jard. Bot. Nat. Belg. 48 : 399-407 (1978).

Oberwinkler, F., Eine agaricoide Gattung der Thelephorales. Syd., Ann. Myc. 28 : 359-361 (1976).

Pegler, D.N., A preliminary Agaric Flora of East Africa, Kew Bull., Add. Ser. 6, 615 p. (1977).

 

 

 

GYRODONTACEAE (Boletineae)

par P. Heinemann et J. Rammeloo

Depuis la publication, en 1954 et en 1966, dans la Flore Iconographique des Champignons du Congo (fasc. 3 et 15), un matériel abondant a été récolté dans l’est et le sud-est du Zaïre, au Burundi, au Rwanda et au Malawi. Dans ces conditions, nous avons pu reprendre l’étude de ce groupe en Afrique centrale. Les nouvelles récoltes sont dues notamment à D. Thoen pour le Shaba, à l’un de nous (J.R.)* pour le Kivu, le Rwanda et le Burundi. Citons également les récoltes de P. Van der Veken pour le Rwanda, de F. Dossin, pour le Burundi et de E. Tybaert pour le Malawi.

Mrs Geston-Angway, à l’occasion de son mémoire de licence (Angway, 1975) avait déjà étudié le matériel du Kivu et du Rwanda. Nous la remercions vivement de nous avoir permis de consulter et d’utiliser des parties de ce travail qui comporte la description méticuleuse d’une trentaine d’espèces, en partie seulement déterminées. N’ayant pas l’expérience ni le temps elle n’a pas pu donner de nom aux taxons qu’elle estimait nouveaux. Nous espérons pouvoir combler cette lacune avec sa collaboration dans la suite de notre travail.

Les notations de couleur, indiquées entre parenthèses, se rapportent au Methuen Handbook of colour (Kornerup & Wanscher, 1967).

 

En 1972, lors du Programme d’écologie forestière de l’IRSAC subsidié par la « Volkswagenstiftung »; en 1974, lors de la deuxième « Mission des Volcans », recherches bénéficiant de l’appui du Fonds de la Recherche fondamentale collective programme du Centre de recherches sur la flore et la végétation des volcans et de la chaîne des Birunga et Kahuzi-Biegaen 1978-1979, lors d’une mission du Jardin Botanique National de Belgique.

Gyrodontaceae (Sing.) Heinem.

Bull. Jard. Bot. Etat Brux. 21 : 228 (1951)

Boletaceae subfam. Gyrodontoideae Sing., Farlowia 2 : 230 (1945).

Carpophore putrescible ou submarcescent, très généralement gymnocarpe. Hyménophore tubulé ou alvéolé. Sporée citrine ou ocracée. Spores subglobuleuses ou ellipsoïdes, rarement allongées mais alors ± arquées vers l’intérieur et à extrémités arrondies, ne présentant généralement pas de dépression supra-apiculaire, dépourvues de pore apical. Cystides petites ou nulles. Anses d’anastomose fréquentes. Genre-type : Gyrodon Opat.

Synopsis des sous-familles et des genres

1. Sporée ocracée ou olivacée; spores colorées sous le microscope; tubes courts ou moyens; chair non cassante, parfois submarcescente, généralement colorée, immuable ou bleuissante (subfam. Gyrodontoideae) :

2. Pas d’anneau sur le stipe

3. Carpophore moyen à très grand, épais; hyménophore adné ou déprimé autour du stipe; tubes bien développés; pores ± arrondis; spores subglobuleuses à ellipsoïdes; chair putrescente ....... Phlebopus (p. 128)

3. Carpophore moyen, peu charnu, hyménophore arqué décurrent; tubes très courts; pores labyrinthés; spores ellipsoïdes; chair submarcescente ....... Gyrodon

2. Un anneau, spores subglobuleuses ....... Paragyrodon

1. Sporée citrine ou blanche; spores incolores s.m.; tubes généralement longs et minces; stipe souvent creux; chair cassante blanche, immuable ou bleuissante (subfam. Gyroporoideae)** ....... Gyroporus

Le genre Paragyrodon (Sing.) Sing., décrit d’Amérique du Sud, ne paraît pas exister en Afrique centrale.

 

** Gyroporoideae Heinem. Rammeloo subfam. nov. subfamilia Gyrodontoidearum sporis albis vel citrinis distincta. Genretype Gyroporus Quélet.

Gyrodontoideae Sing.

Farlowia 2 : 230 (1945) sensu restricto

Phlebopus (Heim) Sing.

Ann. Myc. 34 : 326 (1936)

Boletus subgen. Phlebopus Heim, Rev. Myc. 1 : 9 (1936).

Phaeogyroporus Sing., Myc. 36 : 360 (1944).

 

Carpophore putrescible de taille souvent grande, même gigantesque. Chapeau épais, pulviné. Stipe très vigoureux, fréquemment renflé, souvent ± excentrique, parfois sillonné à la base et prolongé en un faux-sclérote mycélien. Chair molle, jaunâtre et ± bleuissante. Sporée ocre olivacé. Spores subglobuleuses à ellipsoïdes. Espèce-type : Phlebopus colossus (Heim) Sing.

L’excentricité du stipe, la présence de sillons et le mycélium aggloméré en faux-sclérote n’ont probablement que peu de valeur pour la définition du genre. Singer (1975 : 742) ne reconnaît plus le genre Phlebopus car le spécimen-type en est perdu et que l’on ignore s’il possèdait des anses d’anastomose. Il admet cependant que, si on pouvait être assuré de leur présence chez P. colossus, Phaeogyroporus devrait être synonymisé à Phlebopus. Or, du matériel authentique de Phlebopus colossus vient d’être retrouvé et montre des anses d’anastomose, de façon indéniable, dans le tomentum de la base du stipe.

D’autre part, nous ne pensons pas que la présence ou l’absence d’anses ait l’importance absolue que Singer lui attribue : l’abondance de boucles varie considérablement d’une récolte à l’autre de P. silvaticus; chez P. braunii var. brunneoruber, il ne semble pas y en avoir (Heinemann, 1951), alors qu’elles existent à presque toutes les cloisons du lectotype de la var. braunii dont Horak (1968 : 444) a donné une étude anatomique illustrée (sub Phaeogyroporus).

Dans ces conditions nous maintenons Phlebopus, pour P. colossus, sudanicus et silvaticus.

Cependant il est possible que le genre Phaeogyroporus puisse être retenu pour les espèces voisines de P. braunii mais la distinction entre les deux genres ne doit pas reposer sur la présence ou l’absence d’anses d’anastomose, mais peut-être sur l’absence chez Phlebopus et la présence chez Phaeogyroporus de cystides hyméniales bien différenciées. Cette séparation nous semble cependant peu justifiée au niveau générique. Nous considérerons ici ces taxa comme des sous-genres.

Dans les descriptions qui suivent, les paramètres moyens sont donnés en italiques. L’indice de forme des spores, L/l, est le rapport de la longueur à la largeur.

 

Synopsis des espèces

1. Spores < 12 × 8 μm

2. Pleurocystides nulles, carpophores souvent gigantesques (subg. Phlebopus)

3. Spores subglobuleuses (L/1 < 1,3 en moyenne); chapeau brun rouge, localement teinté de rouge carmin; tubes et chair verdissant légèrement; pores concolores (ou devenant rouges); carpophore de grande taille (jusqu’à 30 cm de diam.); chair ocracée; spores 6,5-8,6 × 5,7-7,3 μm ....... 1. P. silvaticus

3. Spores ellipsoïdes, 6,7-8,7 × 4,1-6,3 μm (L/1 > 1,35 en moyenne); chapeau brun ± foncé, non ou à peine nuancé de rouge :

4. Chapeau très foncé, brun noirâtre ou même presque noir ....... 2. P. colossus

4. Chapeau brun d’ombre, un peu olivacé ....... P. portentosus (Berk. & Br.) Boedijn (1929)

4. Chapeau brun jaune ....... 3. P. sudanicus

2. Pleurocystides bien différenciées; carpophore moyen; hyménophore déprimé autour du stipe, jaune franc dans la jeunesse (subgen. Phaeogyroporus*) :

6. Chapeau brun jaune; anses d’anastomose fréquentes :

7. Chapeau 5-10 cm diam., chair blanchâtre; spores 6,8-9,5 × 5,3-6,8 μm .... Phaeogyroporus tropicus (Rick) Sing. (1945)

7. Chapeau 8-15 cm diam.; chair jaunâtre; spores 7-8 × 5,3-6,3 µm ....... 4. P. braunii

6. Chapeau brun rouge; chair jaune; spores 5-7 × 4,1-5,1 μm; anses d’anastomose rares ou nulles ............................ 4a. P. braunii var. brunneoruber

1. Spores 12-15 × 8-13 µm, carpophore brun très foncé, de petite taille ....... Boletus zenkeri P. Henn. (1901)

 

Phaeogyroporus (Sing.) Heinem. Rammeloo subgen. nov. pleurocystidiis a subgen. Phlebopode distinctus. Basionyme Phaeogyroporus Sing., Myc. 36 : 360 (1944).

 

Dans la mesure où nous n’admettons pas la synonymie entre P. sudanicus et P. portentosus, l’existence de cette dernière espèce en Afrique centrale ne nous semble pas démontrée quoiqu’elle soit évidemment possible.

Phaeogyroporus tropicus, décrit du Brésil, a été signalé au Liberia par Singer (1945).

Boletus zenkeri, décrit du Cameroun, est probablement un Phlebopus caractérisé par ses grandes spores. A notre connaissance, il n’a pas été retrouvé depuis sa création. Selon le conservateur de l’herbier de Berlin (B), le type à probablement été détruit pendant la seconde guerre mondiale.

1. Phlebopus silvaticus Heinem., Bull. Jard. Bot. Etat Brux. 21 : 245, fig. 55 (1951); Flore Icon. : 56, pl. 9/1 (1954); Heinem., Bull. Jard. Bot. Etat Brux. 30 : 24 (1960). Planche XXI/2, XXII/2.

Phaeogyroporus silvaticus (Heinem.) Pegler, Prel. Agar. Fl. East Afr. : 550 (1977).

Compléments de description

Chapeau brun rouge (7D6), non nuancé d’ocre ou de vineux, devenant brun foncé par pression, humide, paraissant finement granuleux au centre, mat à la marge. Stipe central concolore au chapeau, jaune à sa partie supérieure, humide et mat, Hyménophore non séparable de la chair qui est sèche. Odeur et saveur faibles.

Spores 6,6-7,50-8,8 × 5,2-5,85-6,7 μm (L/l : 1,1-1,28-1 ,4). Basides 16-25,5 × 9,0-12,5 µm. Revêtements incrustés d’un pigment ocracé. Anses d’anastomose présentes, constantes dans le tomentum basal du stipe.

Melzer : spores et hyphes non amyloïdes.

Usages : non consommé par l’indigène.

Distribution

Zaïre : Forestier central : Irangi, alt. 850 m, forêt ombrophile, mai 1972, Rammeloo Z453 (GENT, BR); connu aussi de Binga et de Yangambi (Heinemann, 1951).

Uganda (Heinemann, 1960).

Observations

1. Nous avons donné ci-dessus les caractères de la récolte d’Irangi qui s’écartaient de la description originale ou qui la complétaient. Cette dernière faisait notamment mention, sur la foi des observations de Mme Goossens, d’une chair gorgée d’eau, caractère probablement accidentel, dépendant des conditions climatiques du moment.

2. Le matériel dont nous disposons ne permet pas de s’assurer de la présence ou de l’absence de cheilocystides.

3. Nous avons remesuré les spores du type pour en préciser les paramètres : 5,8-6,91-8,1 × 5,3-5,82-6,5 µm avec L/l : 1,1-1,19-1,3.

4. Lors de la publication de cette espèce dans la Flore Iconographique, en 1954, toutes les aquarelles de Mme Goossens n’avaient pas été reproduites faute de place. Nous croyons utile de publier cette documentation inédite qui donne une idée de la variation de l’espèce.

2. Phlebopus colossus (Heim) Sing. , Ann. Myc. 34 : 326 (1936); Heinem., Flore Icon. : 55, pl. 9/2 (1954). Planches XXI/1 & XXII/1.

Boletus robustus Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg. 58 : 211 (1926) non Fr., nec Frost.

Chapeau charnu épais (3-6 cm), de 10-20 cm diam., pulviné, parfois légèrement déprimé au centre, parfois un peu lobé au bord; revêtement non séparable, lisse ou légèrement velouté, pouvant se craqueler très finement à la périphérie chez les carpophores âgés, d’un brun très foncé (5F5) ou nuancé en mosaïque de brun foncé un peu rougeâtre (8D4), de gris ocracé foncé (5D4 à 5F3) ou presque de noir (7E4, 7E3, 7F4, 7F3); marge parfois étroitement débordante et ± incurvée ou, au contraire, débordée par les tubes. Stipe excentrique, plein et ferme, 12-17 × 4-9 cm, plus étroit au sommet, régulièrement élargi vers la base qui atteint 11 cm de diam., qui est brusquement tronquée et parfois munie au centre d’un prolongement ± hémisphérique formé par du mycélium aggloméré; revêtement velouté, irrégulièrement scrobiculé, à scrobicules simulant par place un réseau grossier, sillonné à la base, à sillons peu nombreux et assez profonds, jaune clair 3A4, 3A5, 3A7, 3B7) au contact des tubes, plus bas à coloration foncée ponctuée sur fond jaunâtre, d’une manière générale brun foncé (5D4-5E4) ± nuancé par place, progressivement plus foncé vers la base (7F5) qui présente un tomentum olive foncé (27D3-27D2); au toucher, le revêtement du stipe devient légèrement carminé. Hyménophore mou, facilement séparable de la chair piléique, irrégulièrement bosselé, arrondilibre au stipe; tubes assez longs (1,5-3 cm), jaune ocracé olivâtre (3B6), se tachant légèrement de vert à la coupe; pores ronds, petits (< 1 mm), concolores, plus jaunes à la marge, devenant brunâtres avec l’âge. Chair ferme puis rapidement molle, jaune clair (2A2), ± marbrée de brun dans le stipe, à la coupe, se teintant légèrement de vert au dessus des tubes; saveur acidulée, parfois un peu raphanoïde; odeur presque nulle chez les jeunes, puis fongique très prononcée, parfois un peu raphanoïde chez les carpophores adultes. Sporée olivacée (3D5). Exsiccatum à chapeau et stipe brun olivâtre foncé; odeur très forte, désagréable.

Spores 6,5-7,48-8,4 × 4,7-5,22-5,7 μm (L/l : 1,3-1,43-1,6), jaunâtres, ellipsoïdes, à arête interne souvent moins convexe que l’externe, rarement subrectiligne près de l’appendice hilaire. Basides 16 × 9 μm par ex., 4-sporiques, courtement claviformes, subcylindracé à base large. Cheilocystides 47-70 × 15-22 μm, claviformes, à paroi très mince, hyaline, souvent collapses et d’observation difficile. Pleurocystides nulles. Trame subrégulière à peine divergente vers l’hyménium, formée d’hyphes à paroi mince, très allongées, gélifiées vers l’hyménium; sous-hyménium non observé, probablement peu distinct. Revêtement piléique peu différencié, à hyphes cylindracées, de 4-12 μm, brunes, sinueuses, emmêlées; la partie supérieure du revêtement, plus compacte et plus colorée sur env. 100 μm, à extrémités des hyphes superficielles ± redressées; hyphes oléifères présentes; une légère gélification s’observe dans la partie la plus interne du revêtement, vers la chair. Revêtement du stipe à hyphes cylindracées, analogues à celles du revêtement piléique, à extrémités redressées, parfois légèrement claviformes, formant une palissade discontinue, comportant de rares basides normales mais plus longues que celles des tubes, 26 × 6 μm par ex.; mycélium basal comportant quelques hyphes à paroi munie de cristaux losangiques. Hyphes oléifères brunes, sinueuses, localement abondantes, notamment dans la trame des tubes et dans le revêtement et la chair piléique. Anses d’anastomose bien formées, abondantes dans le mycélium basal, éparses ailleurs, notamment dans les revêtements et dans la chair.

Melzer : spores et hyphes non amyloïdes.

Usages : non comestible; provoquerait des indigestions, selon la population locale.

Distribution

Burundi : Lacs Edouard et Kivu : Bujumbura, alt. 750 m, pelouse comportant une forte proportion de Cyperus sp., autour des habitations, nov. 1978, J. Rammeloo 5689 et icon. phot. (BR); id. J. Rammeloo 5688 (BR).

Malawi : Chinteche (11° 50’ S; 34° 13’ E), alt. 450 m, sur le sol près des habitations, janv. 1978, E. Tybaert 133 et icon. (GENT).

Zaïre, Madagascar (Heinemann 1951).

Observations

1. La description est basée uniquement sur le matériel burundien cité plus haut.

2. Monsieur Mouchacca du Muséum d’Histoire naturelle de Paris, a eu l’amabilité de nous communiquer un exsiccatum d’un Boletus sp., récolté par R. Heim à Madagascar et qui a, selon toute vraisemblance, servi de base pour l’établissement de son Phlebopus colossus. Les indications de station et de date de l’étiquette correspondent aux données publiées par Heim [Rev. Myc. 1 : 8 (1936)], pour une de ses récoltes. De plus, les spores mesurent 5,6-6,32-7,0 × 4,4-4,96-5,6 μm (L/1 : 1,15-1,27-1,37), ce qui correspond bien avec les données publiées par Heim (loc. cit.) : 5,2-7,3(7,8) × 4,4-5,1(5,7) μm. Dans ces conditions, nous désignons ce spécimen comme le lectotype de Phlebopus colossus Heim; il s’agit du n° H73, Boletus sp., dans la terre, sous les caféiers, dans des terrains récemment cultivés, Tampina (Madagascar) 24 novembre 1934. Leg. : R. Heim (PC).

3. La récolte du Malawi, comporte des carpophores jeunes, à spores peu abondantes, légèrement plus petites : 5,9-6,87-7,8 × 4,1-4,58-5,1 μm (L/l : 1,4-1,50-1,6). L’aquarelle de E. Tybaert (pl. XXI/1) montre des pores foncés, caractère non signalé jusqu’ici, propre peut-être aux carpophores jeunes.

3. Phlebopus sudanicus (Har. & Pat.) Heinem., Bull. Jard. Bot. Etat Brux. 24 : 113 (1954). Planche XXI/3.

Boletus sudanicus Har. & Pat., Bull. Mus. Hist. Nat. Paris 15 : 87 (1909).

B. loricaceus Beeli, Bull. Jard. Bot. Etat Brux. 15 : 43 (1938).

Phaeogyroporus sudanicus (Har. & Pat.) Sing., The Agaricales in Modem Taxonomy 2d ed. : 711 (1962).

Chapeau charnu, épais de 3,5 cm, de 12,5 cm de diam., convexe; pulviné à marge étroitement débordante; revêtement brun jaune présentant au centre des taches cuivrées à brun rouge (résultant du toucher ?). Stipe de 6,5 × 3,5 cm, plein, vigoureux à la base napiforme oblique à surface irrégulièrement sillonnée dans la moitié inférieure; revêtement finement floconneux-ponctué, brun rougeâtre foncé sauf au sommet qui est concolore au chapeau. Hyménophore courtement adné, sinué au stipe, atténué arrondi à la marge; tubes courts (10 mm), jaune olivâtre; pores très étroits (10-20/cm), courtement elliptiques, concolores, plus ou moins teintés de brun avec l’âge (et les manipulations); pores jeunes jaune d’or à la marge. Chair ferme, jaune soufre, devenant bleue à la coupe, notamment au dessus des tubes, teintée de rouge vineux autour des galeries de vers.

Spores 6,7-7,62-8,6 × 4,1-4,67-5,0 μm (L/1 : 1,5-1,63-1,8), jaunâtres, ellipsoïdes ou rarement un peu ovoïdes, arête interne parfois droite ou subtilement déprimée; paroi peu épaisse. Basides 18-23 × 7,3-10 μm, (2-3)4-sporiques, claviformes. Cystides nulles; l’arête des pores présente des cellules longuement piriformes de 23-35 × 6-7 μm, peu distinctes des basidioles. Trame bilatérale, à hyphes très allongées, de 4-19 μm de diam. Revêtement piléique à hyphes cylindracées de 3-5 μm de diam., à élément terminal ± élargi, claviforme, de 23-35 × 9-14 μm; pigment incrustant. Revêtement du stipe analogue mais présentant des basides normales; pigment incrustant. Anses d’anastomose présentes, au moins sur le stipe.

Melzer : spores et hyphes non amyloïdes.

Distribution

Rwanda. Rwanda et Burundi : Bugesera, crête au sud de la riv. Nyabarongo, colline Kanzenze, alt. 1 450 m, bosquet xérophile dans savane basse pâturée, mars 1972, Bouxin in Van der Veken 9761 et icon. phot. (GENT).

Zaïre. Haut-Katanga : près du Mont Numbi, forêt claire, nov. 1971, D. Thoen 5036.

Haute-Volta, Chari, Ubangi, Kenya, Tanzanie, Uganda, Sierra Leone. (Heim, 1936, Heinemann, 1954).

Usages. Consommé en Haute-Volta (Heim, 1936).

Observations

1. La description est basée uniquement sur la récolte du Rwanda qui est accompagnée d’une diapositive en couleur qui a servi de modèle à l’aquarelle publiée (pl. XXI/3).

2. Phlebopus silvaticus diffère de cette espèce par une coloration rougeâtre générale du chapeau, par des spores nettement plus larges et des pores parfois teintés de rouge.

3. Phlebopus portentosus (Berk & Br.) Boedijn diffère de P. sudanicus par une coloration générale beaucoup plus foncée où les nuances rouges paraissent faire défaut. L’examen des spores du type (Sri Lanka) nous a donné les dimensions suivantes : 6,7-7,31-8,4 × 4,7-5,25-6,0 (L/l : 1,2-1,39-1,5) semblables à celles de P. sudanicus. Malgré cette dernière similitude, nous ne pouvons admettre la synonymie établie par Pegler (1977). Il n’empêche que les différences entre les P. sudanicus, P. portentosus et P. colossus sont essentiellement basées sur la coloration générale des revêtements.

 

4. Phlebopus braunii (Bres.) Heinem., Bull. Jard. Bot. Etat Brux. 21 : 243 (1951).

Distribution

Cameroun, Liberia (Singer 1945).

4.a. Phlebopus braunii var. brunneoruber (Beeli) Heinem., Bull. Jard. Bot. Etat Brux. 21 : 243 (1951); Flore Icon. : 56, pl. 9/3 (1954).

Distribution

Zaïre (Heinemann 1951).

BIBLIOGRAPHIE

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Heim, R., Observations sur la flore mycologique malgache. III, Trois bolets gigantesques d’Afrique et de Madagascar, Rev. de Myc. 1 : 1-18, pl. 1-4 (1936).

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Kornerup, A. & Wanscher, J.H., Methuen Handbook of Colour 2d ed. Methuen London (1967). La lere édition danoise (1961) a été utilisée conjointement; de petites différences existent entre les deux ouvrages sans que cela porte à conséquence dans le cas présent.

Pegler, D.N., A Preliminary Agaric Flora of East Africa, Kew Bull. add. ser. 6, 615 p. (1977).

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Singer, R., The Boletineae of Florida, with Notes on extralimital species, Farlowia 2 : 97-141, 223-303 (1945).

Singer, R., The Agaricales in Modern Taxonomy, 3rd ed. Cramer, Vaduz, 912 p., 84 pl. (1975).