Flore iconographique des Champignons du Congo

Fascicule 10

 

Stereum s.l.

par J. Boidin (mars 1961) : 185-198, pl. 32-34

 

Illustrée en couleurs par Mme M. Goossens-Fontana


Planches


STEREUM s. l.

par J. Boidin

L’ancien genre Stereum, très hétérogène, regroupait la plupart des Thelephoraceae cumulant les caractères suivants: coriaces, couche d’hyphes perpendiculaires à l’hyménium, spores blanches. En ont été peu à peu dissociées, d’une part, les espèces possédant des spinules (g. Hymenochæte), des hyphes dendroïdes (g. Aleurodiscus p. p.) ou des dendrophyses (g. Vararia .....), et, d’autre part, les espèces stipitées à hyménium lisse (g. Cotylidia, g. Podoscypha) ou ornementé (g. Cladoderris ou Cymatoderma) pour ne citer que des genres actuellement admis, bien d’autres propositions étant tombées dans l’oubli.

Ces champignons sont très généralement lignicoles et peuvent présenter de ce fait une importance économique non négligeable soit comme destructeurs de bois d’œuvre soit même comme parasites des végétaux ligneux.

 Synopsis des genres

A. Spores amyloïdes; carpophores le plus souvent étalés-réfléchis, dimidiés, très rarement avec un pseudo-stipe court (S. lobatum):

I. Spores lisses, contexte dimitique:

a) Boucles verticillées (voir cultures); homothallie; pseudocystides souvent nues, contenant ou non un suc rougissant après blessure; spores binucléées.............Stereum  (p. 185)

b) Boucles le plus souvent rares ou absentes, jamais opposées ni verticillées; acanthophyses ...... Xylobolus

c) Boucles constantes; cystides incrustées et brunes; hétérothallie tétrapolaire; tyrosinase abondante; spores uninucléées ........................... Amylostereum

II. Spores aspérulées, boucles constantes; contexte monomitique lâche; glœocystides; chlamydospores; champignon plus ou moins largement réfléchi, à hyménium blanc et face stérile brune ..................................Laxitextum * (p. 188)

B. Spores non amyloïdes:

I. Carpophores généralement flabelliformes ou infundibuliformes, franchement stipités, ou attachés par une base étroite:

a) Contexte monomitique, le plus souvent dépourvu de boucles; parfois des cystides émergentes peu différenciées.............................Cotylidia * (p. 188)

b) Contexte à plusieurs types d’hyphes, les génératrices régulièrement bouclées; le plus souvent des glœocystides immerses, rarement accompagnées de cystides à paroi épaisse capuchonnées d’oxalate:

1. Hyménium à plis surbaissés et ramifiés, parfois papilleux; champignons atteignant une grande taille, à face stérile souvent ornée de mèches ou d’une couche feutrée ............................. Cymatoderma * (p. 190)

2. Hyménium lisse; champignons plus grêles, à chair généralement mince .... Podoscypha * (p. 192)

II. Carpophores étalés ou étalés-réfléchis:

a) Champignons épais à trame coriace de teinte sombre; cystides cylindriques obtuses, brunes, nues ou seulement rugueuses......................... Columnocystis

b) Champignons moins épais ou plus mous, à hyménium lisse ou garni de crêtes ou de pores peu profonds; cystides généralement à fortes incrustations cristallines...... Lopharia * (p. 196)

 

*  Genres représentés au Congo.

 

Genre Stereum Pers. ex S.F. Gray emend. Boid.

Caractères: Carpophores souvent étalés-réfléchis, parfois dimidiés ou même pétaloïdes avec stipe court, coriaces, constitués d’un contexte horizontal d’hyphes serrées, les génératrices à paroi mince ou un peu épaisse, les squelettiques abondantes dans toute l’épaisseur mais plus nombreuses dans la partie supérieure d’où certaines se redressent dans l’hyménium en pseudocystides incluses; celles-ci peuvent contenir en plus ou moins grande quantité des tannoïdes, d’où la teinte vert sombre que prend l’hyménium sous l’action des sels de fer, et s’ils sont très abondants, le rougissement à la blessure. Au sommet du contexte, des hyphes agglutinées forment le plus souvent une croûte jaunâtre sous le microscope, parfois baie ou brun rouge à l’œil nu, portant un tomentum plus ou moins abondant d’hyphes à paroi épaissie. Basides étroites subcylindriques, à quatre stérigmates, parfois transformées en éléments stériles porteurs de courtes digitations flasques (à ne pas confondre avec des acanthophyses). Spores blanches en masse, oblongues, subcylindriques parfois un peu déprimées; à paroi mince, lisse et amyloïde, binucléées. Les boucles ne sont pratiquement pas observables dans les carpophores, elles sont très inconstantes sur les mycéliums en culture, parfois opposées ou verticillées sur les hyphes les plus larges. Toutes les espèces étudiées jusqu’à ce jour ont des cultures monospermes semblables aux cultures polyspermes (homothallie). Espèces saprophytes lignicoles.

Synopsis des sections et des espèces

A. Pseudocystides à contenu non remarquable (hyménium ne rougissant pas au froissement à l’état frais) .........................................sect. Luteola

I. Carpophores étalés-réfléchis; strigosités de la face stérile bien développées; pas de pseudo-acanthophyses :

a) Carpophore épais; face supérieure hirsute, strigueuse............ 1. S. hirsutum

b) Carpophore plus mince; face supérieure avec mêches bien distinctes ....... 2. S. vellereum

II. Carpophore à points d’attache très limités, souvent substipité, grand, mince, multizoné, avec croûte baie à brun rouge très visible sous un tomentum peu abondant et caduc; des basides stériles aculéoléés (pseudo-acanthophyses) ........................ 3. S. lobatum f. intertropicale

B. Pseudocystides à paroi souvent assez longuement amincie vers le sommet, et à contenu brunissant avec l’âge (rougissant à la blessure en bonne végétation).................. sect. Cruentata

Seule espèce congolaise.............................4. S. australe

A. Section Luteola Bourd. et Galz.

1. Stereum hirsutum (Willd. ex Fr.) Fr., Epicr., p. 549 (1838); Boid., Bull. Jard. Bot. Etat Brux., XXX, p. 58 (1960).

Caractères macroscopiques. Carpophores étalés, puis fortement réfléchis, confluents ou imbriqués, coriaces, à marge entière. Surface stérile hirsute, strigueuse, ocre alutacé à cannelle et même brun fauve, assez faiblement zoné concentriquement. Hyménium mat, pruineux, cendré, sur fond plus ou moins orangé chamois avec marge plus vive.

Caractères microscopiques. Spores oblongues subelliptiques, peu ou pas déprimées, 4-6,5 μ × 2,7-3,5 μ, à paroi lisse et amyloïde. Contexte pâle, épais de 400-550 μ, dimitique sans boucles, émettant dans l’hyménium des pseudocystides larges de 4-9 μ. Croûte jaune. Tomentum constitué d’hyphes pâles ou subhyalines, larges de 3,5-6 μ, à paroi très épaisse.

Distribution géographique. District des Lacs Édouard et Kivu : Ruwenzori, Mahungu, alt. 3280 m, de Witte 9373; Luzira (Kahele), alt. 1760 m, J. Lebrun 5433. — Cosmopolite, mais en altitude dans les régions chaudes (?).

Habitat. Sur bois mort d’arbres feuillus.

Observation. Il a semblé inutile de figurer cette espèce connue de tous.

2. Stereum vellereum Berk., Fl. Nov. Zealand, II, p. 183 (1855); Boid., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 60, fig. 5 (1960). Planche XXXII, fig. 1.

Caractères macroscopiques. Carpophores étalés-réfléchis, imbriqués ou confluents, relativement minces, coriaces. Surface stérile blanchâtre à ocre pâle, ornée de mèches bien distinctes, longues de 2-3 mm, disposées en rangées concentriques, un peu couchées vers l’avant et débordant la marge qui paraît frangée-dentée. Hyménium lisse, ocre alutacé pâle.

Caractères microscopiques. Spores oblongues subcylindriques, parfois nettement déprimées, pouvant atteindre 5,5-7 μ × 3-3,5 μ, à paroi lisse non amyloïde. Contexte blanchâtre, n’atteignant pas 200 μ, d’épaisseur, dimitique sans boucles, émettant dans l’hyménium des pseudocystides larges de 5,5-7 μ. Croûte nulle ou peu marquée. Mèches constituées d’hyphes fasciculées larges de 3,2-5-(8) μ, à paroi très épaisse subhyaline.

Distribution géographique. District des Lacs Édouard et Kivu : Ruwenzori, près de Kyandolire, de Witte 8348. — Nouvelle-Zélande, Australie, Afrique du Sud, (Californie et Japon?).

Habitat. Sur branches mortes.

Observation. Très voisin de l’espèce précédente.

3. Stereum lobatum (Kunze ex Fr.) Fr., Epicr., p. 547 (1838) f. intertropicale Boid., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 62, fig. 6 (1960). Planche XXXII, fig. 2.

Syn. Thelephora lobata Kunze ex Fr., Linnaea, V, p. 527 (1830).

Caractères macroscopiques. Carpophores flabelliformes, grands (3-10 cm de rayon), à point d’attache très réduit et généralement substipités; le stipe aplati est brun bistre, stérile sur 1 cm à sa face inférieure et par suite bien distinct de la face hyménifère, tandis qu’il ne se différencie pas, côté supérieur, de la face stérile. Face stérile courtement tomenteuse, ocracée, ocre verdâtre, argillacée, parfois cannelle ou même châtain, faiblement sillonnée concentriquement mais abondamment zonée, avec bandes dénudées, laissant voir la croûte luisante satinée, finement striolulée, baie, brun rouge, brun garance. Chair mince et pâle. Hyménium sublisse, mat, pruineux, ocre alutacé pâle, beige, tirant plus sur l’orangé vers la marge et passant à noisette ou brun châtaigne dans les parties âgées. Marge mince (150 (—300) μ), entière ou largement lobée lorsqu’il y a eu confluence.

Caractères microscopiques. Spores oblongues subcylindriques, non ou peu déprimées, 4,8-6,2-(7) μ × 2,25-3-(3,5) μ, à paroi lisse et amyloïde. Contexte dimitique sans boucles, émettant vers l’hyménium des pseudocystides larges de 6-7-(9) μ. Pseudo-acanthophyses de 18-25 μ × 3-4 μ. Croûte constituée d’hyphes très brunies, soudées. Tomentum formé d’hyphes larges de 4-6-(8) μ, à paroi très épaisse jaunâtre.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 1067; Mamudioma, Ilemba, de Witte 11006, 10907ter. District du Haut-Katanga : Gorges de la Pelenge, de Witte 2673E. Zone intertropicale (Congo, Uganda, Philippines .......).

Habitat. Sur bois mort en forêt sèche, forêt galerie et forêt ombrophile.

Observation. Semble bien distinct des faux S. lobatum d’Amérique du Nord et d’Afrique du Sud, qui sont à rapporter à S. ostrea. La planche en couleurs représente un bel exemplaire placé de telle façon que le court pseudo-stipe aplati n’est malheureusement pas visible. Consulter les photographies correspondantes (2a).

B. Section Cruentata Bourd. et Galz.

4. Stereum australe Lloyd, Myc. Notes, IV, lett. 48, p. 10 (1913); Boid., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 68, fig. 7 (1960). Planche XXXII, fig. 3.

Caractères macroscopiques. Carpophores brièvement étalés, puis largement réfléchis sur 2-3,5 cm de rayon, ou dimidiés, conchoïdes, souvent imbriqués, parfois fixés par une base très étroite d’où un port subflabelliforme. Chair subéreuse pâle, épaisse, atteignant déjà 750 μ, près de la marge, coriace. Face stérile tomenteuse, souvent sillonnée concentriquement; en herbier, brun rouillé, ou cannelle avec quelques zones bai-ferrugineux, ou encore ocracé pâle et unicolore. Hyménium sublisse, beige jaunâtre ou beige orangé pouvant devenir brun bistre clair avec l’âge (ou le froissement?), très pruineux-cendré sauf à la marge; doit rougir à la blessure sur le vivant. Marge entière ou un peu lobée sur les exemplaires composites.

Caractères microscopiques. Spores oblongues subcylindriques, non déprimées, 5-6 μ × 2,7-3 μ à paroi lisse et amyloïde. Contexte dimitique sans boucles, parfois zoné de brun, émettant des pseudocystides à paroi longuement amincie au sommet et au contenu souvent brun et concrété. Pseudo-acanthophyses nombreuses, 10-20 μ × 2,8-4 μ. Croûte très brunie. Tomentum formé d’hyphes de 2,5-5,5 μ de large, à paroi ± épaissie, subhyaline à brun jaune.

Distribution géographique. District forestier central : Banyingi près de Maginda, de Witte 10904. District des Lacs Édouard et Kivu : Panzi, M .Goossens-Fontana 5293b. Afrique du Sud, Madagascar, Amérique centrale et méridionale.

Habitat. Sur bois mort, en forêt ombrophile et en forêt d’altitude (au Congo).

Genre Laxitextum Lentz emend. Boid.

Caractères: Carpophores étalés, étalés-réfléchis, parfois dimidiés, mous en herbier, mais pouvant paraître assez fermes quand ils sont gorgés d’eau. Chair tendre, pâle, aérifère. Hyphes bouclées, d’un seul système, à paroi mince ou peu épaisse, le plus souvent lâchement entremêlées. Glœocystides au contenu huileux ne réagissant pas aux sulfo-aldéhydes. Basides normales. Spores amyloïdes ornementées. Saprophytes lignicoles.

Ce genre est monospécifique.

1. Laxitextum bicolor (Pers. ex Fr.) Lentz, Agric. Monogr. U.S. Dpt Agric, XXIV, p. 18, (1955); Boid., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 71, fig. 8 (1960). Planche XXXII, fig. 4.

Caractères macroscopiques. Carpophores étalés, étalés-réfléchis, ou dimidiés, imbriqués, à chair pâle, molle et tendre. Face stérile rapidement feutrée, puis même subglabre, sillonnée, souvent presque unicolore, jaune paille ou miel puis brun noisette sur le frais, alutacée à brun bistré en herbier. Hyménium lisse, puis fendillé, blanchâtre, crème ocre, mat.

Caractères microscopiques. Spores brièvement oblongues, 1-2-guttulées, 4-5,5 μ × 2,5-3,5 μ, à paroi très amyloïde, finement grénelée. Contexte monomitique avec boucles, non limité par une croûte du tomentum lâche et bruni. Glœocystides au contenu huileux, (40)-100-250 μ × 5-10 μ. Basides 17-25 μ × 3,5-4,2 μ, à 4 stérigmates.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 2041. District des Lacs Édouard et Kivu : Ilimba, de Witte 10902. — Cosmopolite.

Habitat. Sur bois mort d’Angiospermes; au Congo, en forêt sèche et en forêt galerie.

Observations. La planche représente un spécimen étalé-réfléchi à tomentum très pâle, fort différent d’aspect et de couleur des récoltes subdimidiées, américaines notamment, en notre possession. Il faut souhaiter des essais d’interfertilité entre récoltes géographiquement très distantes.

Genre Cotylidia Karst. emend. Weiden

Caractères: Carpophores dressés, stipités, infundibuliformes ou flabelliformes, isolés ou confluents, à face supérieure stérile fréquemment striée radialement ou fibrilleuse. Hyménium infère lisse, souvent pourvu de cystides peu différenciées, émergentes ou non. Chair assez épaisse, molle mais solide sur le frais, subcornée en séchant, constituée d’hyphes d’un seul type (système monomitique), à paroi mince ou un peu ferme, toutes ramifiées et cloisonnées, aux boucles généralement nulles (sauf chez C. radicans et pusiola). Basides à 2 ou 4 stérigmates. Spores blanches en masse, ovoïdes ou subsphériques, non amyloïdes. Espèces généralement terricoles ou poussant parmi les mousses, plus rarement sur débris ligneux.

Observation. Nous avions (1959), avant d’avoir eu connaissance d’un travail de Welden (1958), proposé une même conception du genre Cotylidia que cet auteur, et fait figurer, dans le synopsis qui commence notre étude des Stereum s.l. congolais (mars 1960), l’absence de boucles comme le caractère primordial. Amené à plus de souplesse dans la deuxième partie de ce dernier travail (octobre 1960), après étude de S. radicans, nous croyons devoir modifier la diagnose du genre Cotylidia et insister d’abord sur le système monomitique, et secondairement sur l’absence de boucles qui ne caractériserait pas l’absolue totalité des Cotylidia.

Synopsis des sections et des espèces

A. Pas de boucles..............................sect. Effibulata (*)

Une seule espèce congolaise: carpophore chamois orangé en herbier, avec face stérile ± hérissée de mèches; spores largement obovales, 6-8,5 μ × 4,5-5,8 μ ...............1. C. cf. aurantiaca

B. Des boucles................................sect. Fibulata (**)

Une seule espèce congolaise: carpophore pâle puis ocracé à face stérile striée; spores subsphériques, 6-(9) μ × 6-7,5 μ devenant polygonales à la dessiccation.......................................2. C. radicans

 

(*) Sectio Effibulata nov.: Cotylidia pars typica, hyphis effibulatis.

(**) Sectio Fibulata nov.: hyphis fibulatis (type C. radicans Berk.).

 

1. Cotylidia cf. aurantiaca (Pers.) Welden, Lloydia, XXI, p. 40 (1958); Boid., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 289, fig. 31 (1960). Planche XXXII, fig. 5.

Syn. Stereum Sowerbeyi auct. non (Berk.) Sacc.; Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LVIII, p. 207 (1926).

Caractères macroscopiques. Carpophores isolés ou groupés, de formes très variées, le plus souvent dressés, flabelliformes ou infundibuliformes, stipités, atteignant 6 cm de hauteur totale. Face stérile, striée radialement, les crêtes se détachant pour donner un aspect pelucheux-hirsute. Blanc sale ou un peu bruni à la récolte, jaunit puis passe à l’orangé en herbier: chamois pâle, chamois alutacé à bai ferrugineux. Hyménium un peu plissé en éventail surtout vers la marge, de même couleur que la face supérieure. Marge subentière à incisée, ou comme ciliée. Stipe cylindrique ou aplati, large de 1-2-(6) mm, mat, chamois.

Caractères microscopiques. Spores oblongues, obovales ou subsphériques, 6-8,5 μ × 4,5-5,8 μ avec un apicule court mais large et une paroi lisse non amyloïde. Basides 25-35-(42) μ × 5,5-7 μ, à 4 stérigmates atteignant 6 μ de long. Hyphes d’un seul type, de 2,2-4 μ de large, à paroi mince et vite flasque, sans boucles. Pas de croûte. Ni caulo- ni piléocystides.

Distribution géographique. District forestier central : Eala, M. Goossens-Fontana 130. — Le C. aurantiaca ss. Welden est connu d’Amérique centrale, Brésil, Samoa...

Habitat. Sur le sol en forêt marécageuse.

Nom vernaculaire. Koyo.

Observation. Nous le rapprochons de C. aurantiaca ss. auteurs américains, sans pouvoir l’identifier formellement, car nous n’avons pu y déceler de cystides.

2. Cotylidia radicans (Berk.) Boid. comb. nov. Planche XXXII, fig. 6.

Syn. Thelephora radicans, Berk., Hook. London J., III, p. 190 (1844).

Stereum radicans (Berk.) Burt, Ann. Miss. Bot. Gard., VII, p. 108 (1920); Boid., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 291, fig. 32 (1960).

Stereum crenatum auct. non Lév.; Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LVIII, p. 207 (1926).

Caractères macroscopiques. Carpophores dressés, groupés, hauts de 4-7 cm, spatulés, flabelliformes ou en entonnoir souvent incomplet, avec stipe plein, subcylindrique puis aplati et passant insensiblement à la partie élargie hyménifère. Chair coriace un peu cornée en herbier, épaisse de 600-900 μ. Face supérieure stérile, mate, finement striolulée radialement, blanchâtre à ocracé pâle, ± obscurément zonée. Hyménium mat, pruineux, en herbier ocracé plus soutenu, ou même taché de brun (endroits froissés ?), montrant de très légers sillons séparant des côtes larges et à faible relief. Marge subentière, faiblement lobée ou dentée.

Caractères microscopiques. Spores subsphériques, 5,8-7-(9) μ × 6-7,5 μ, à fort apicule et à membrane lisse non amyloïde, flasque, prenant en séchant un contour polygonal. Basides riches en gouttes huileuses, 25-38 μ × 4-5 p., généralement à 2 stérigmates. Cystides peu différenciées, non émergentes, à paroi submince, 40-50-(avec la racine 50-100) μ × 4-7 μ, au contenu non différencié. Hyphes bouclées, d’un seul type, de 2-4 μ de large, à paroi mince ou ferme et comme un peu gélifiée, aux ramifications espacées naissant souvent sur une boucle. Ni caulo- ni piléocystides.

Distribution géographique. District forestier central : Bantoie, Eala, M. Goossens-Fontana 264. — Amérique centrale, Java?, Rhodésie?.

Habitat. Sur bois pourri, en forêt inondée.

Nom vernaculaire. Eliakoka.

Genre Cymatoderma Jungh.

Syn. Cladoderris Pers. ex Berk.

Caractères : Carpophores sessiles dimidiés ou en éventail ou ±_ longuement stipités flabelliformes ou infundibuliformes ; le stipe est alors vertical-central ou latéral, toujours tomenteux. Hyménium irrégulièrement onduléveiné au moins dans les parties jeunes, pouvant en outre porter des papilles ou verrues. Face stérile villeuse, ornée de mèches ou d’un tomentum feutré parfois très épais cachant alors les veines. Marge entière ou dentée. Chair pâle, ferme, constituée d’hyphes génératrices bouclées et d’hyphes squelettiques hyalines ou subhyalines, emmêlées. Glœocystides toujours abondantes, de forme irrégulière, renflées vers la base, tubuleuses-obtuses ensuite, au contenu homogène. Parfois des cystides incluses ou peu émergentes, claviformes, puis piriformes, à paroi d’abord assez mince puis s’épaississant fortement et dont le sommet rétréci peut porter un manchon cristallin. Spores souvent uni- ou pluri-guttulées, courtement ovoïdes à longuement elliptiques, à paroi lisse non amyloïde. Espèces saprophytes lignicoles.

Synopsis des espèces africaines

A. Cystides à paroi épaisse; spores 6-9,5 μ × 3,5-5 μ; hyménium souvent orné de papilles ..............1. C. elegans

I. Carpophores rigides à marge épaisse entière; face stérile avec tomentum développé jusqu’à la marge .....................................ssp. spongiosum

II. Carpophores minces, flexibles, à marge crénelée-dentée; face stérile avec tomentum moins abondant, discontinu ou subnul, à l’œil nu, dans les parties jeunes.........ssp. infundibuliforme

B. Pas de cystides à paroi épaisse:

I. Spores petites courtement ovoïdes, 4 μ × 3 μ environ; dimidié ou à stipe court, généralement latéral; tomentum feutré abondant, hyménium peu ou non pruineux........2. C. dentriticum

II. Spores grandes, elliptiques, 8-10 μ × 3-4,2 μ; stipe élancé naissant sur un amas sclérotiforme, et portant un entonnoir ajouré à la base, hyménium pruineux pâle.........3. C. africanum

1. Cymatoderma elegans Jungh., Tijdschr. Nat. Gesch. Phys., VII, p. 290 (1840).

Syn. Cladoderris elegans (Jungh.) Fr., Fung. Natal., p. 22 (1848).

Cl. Roccati Matt., Il Ruwenzori, I, p. 594 (1909) ou Ann. Bot. Roma, VII, p. 144 (1908).

Thelephora caperata f. elegans (Jungh.) Henn. in De Wild., Miss. Laurent, p. 357 (1905-1907).

Cladoderris dendritica auct. non (Pers.) Fr.; Beeli, Bull, Soc. Roy. Bot. Belg., LVIII, p. 206 (1926) p.p.

— ssp. spongiosum (Fr.) Boid., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 296, fig. 33 (1960). Planche XXXIII, fig. 1.

Syn. Cladoderris spongiosa Fr., Fung. Natal., p. 20 (1848).

Caractères macroscopiques. Carpophore dressé, infundibuliforme, haut de plus de 8 cm avec un court stipe de 1 × 0,5 cm, velouté brunâtre; entonnoir de 7,5 cm de rayon, rigide sur le sec, épais de 1,2 mm à la marge puis atteignant 2-4 mm, constitué d’une chair blanchâtre surmontée d’un tomentum feutré ou pelucheux sale, jaunâtre terne. Hyménium pâle, pruineux, beige ocre ou beige saumon rabattu, orné de plis larges et grossiers, se ramifiant en éventail vers la marge, séparés par des sillons assez marqués et aigus ; ces plis portent des rangées de papilles ou tubercules arrondis, irréguliers. Marge entière, glabrescente laissant voir une croûte brunie.

Caractères microscopiques. Spores oblongues ou obovales, parfois sublarmiformes, 7-9,5 μ × 4-(6) μ, lisses, non amyloïdes. Contexte dimitique avec boucles, limité du tomentum par une croûte dense. Glœocystides 40-90 μ × 7-(15) μ, élargies vers la base puis tubuleuses-sinueuses. Cystides 35-70 μ × 8-14 μ, à paroi très épaisse surtout au sommet qui est généralement conique et porteur de cristaux.

Distribution géographique. District des Lacs Édouard et Kivu : Environs de Kalonge, de Witte 8970. — Afrique du Sud, Malaisie, Java, Viet-Nam, Philippines.

Habitat. Lignicole, en forêt ombrophile.

ssp. infundibuliforme (Klotzsch) Boid., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 299, fig. 34 (1960). Planche XXXIII, fig. 2.

Caractères macroscopiques. Stipe trapu, naissant verticalement sur un coussinet fixé au support, plein, pelucheux blanchâtre, lavé de brunâtre puis, en herbier, cannelle-testacé pâle, ocre rouillé, 10-30 mm × 5-8 mm, portant un entonnoir de 4-14 cm de rayon, à face interne ornée de crêtes étroites, ocre brunâtre, puis en herbier brun testacé, cachées seulement chez le jeune ou chez les autres dans le fond de la coupe par un tomentum méchulaineux, cannelle pâle. Hyménium blanchâtre, devenant cannelle ou cannelle testacé en herbier, lisse sur les petits, puis ornés de plis larges et grossiers, rayonnants, ramifiés, irréguliers et divergents, se rétrécissant en se multipliant vers la marge; ces plis sont agrémentés de papilles nombreuses parfois alignées en crêtes incisées. Marge mince, crénelée ou denticulée.

Caractères microscopiques. Spores 6-9,5 μ × 3,5-4,5 μ. Pour les autres détails microscopiques, voir la sous-espèce précédente.

Distribution géographique. District forestier central : Eala, M. Goossens-Fontana 5, 297; Stanleyville, Bequaert 7032; Yambao, J. Louis 14038. District des Lacs Édouard et Kivu : Kiandolili, de Witte 8266. — Philippines, Australie, Madagascar, Afrique du Sud.

Habitat. Sur bois, en forêt sèche, forêt inondée, forêt secondaire à parasoliers, forêt ombrophile...

Noms vernaculaires. Efalola (Eala), Bongole (dial. Turumbu).

2. Cymatoderma dendriticum (Pers.) Reid, Kew Bull., p. 523 (1958); Boid., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 303, fig. 35 et 36 (1960). Planche XXXIII, fig. 3.

Syn. Cladoderris dendritica (Pers.) Berk., Hook. London Journ. Bot., I, p. 152 (1842); Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LVIII, p. 206 (1926) p.p.

Stereum amphirhytes auct. non Sacc. et Berlèse; Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LVIII, p. 207 (1926) p.p.

Caractères macroscopiques. Carpophores sessiles et alors fréquemment imbriqués, ou à stipe horizontal court et trapu, tomenteux feutrés, brun ou noisette foncé, puis en large éventail mince, flexibles même en herbier, de 4-7-10 cm. Marge mince, finement denticulée, blanchâtre puis concolore en herbier. Face stérile entièrement couverte d’un tomentum souvent épais de plusieurs millimètres, feutré, blanchâtre sur les parties jeunes, brun rougeâtre, brun testacé, cacao sur les parties âgées, mais devenant assez uniformément ocre alutacé en herbier. Hyménium orné d’une multitude de plis étroits presque tous égaux, rayonnant et s’étalant vers la marge en petits éventails qui se recouvrent, lisses ou porteurs de quelques tubercules épars, non pruineux, ocracé sauf à la marge qui est blanchâtre (en herbier, alutacé à brun roussâtre, parfois brun cacao foncé à brun caroube clair). Chair mince et pâle.

Caractères microscopiques. Spores ovoïdes ou brièvement oblongues, 3,5-4,5 μ × 2,7-3 μ, à paroi lisse, non amyloïde. Glœocystides ; pas de cystides. Contexte hétérogène (hyphes génératrices avec boucles, hyphes squelettiques...); hyphes du tomentum régulières, lâchement entrelacées, de 3-3,5 μ de large, à paroi épaissie mais lumen large, bouclées sur leur parcours.

Distribution géographique. District forestier central : Eala, M. Goossens-Fontana 9, 241.

Habitat. Sur troncs morts.

Nom vernaculaire. Lofafale.

3. Cymatoderma africanum Boid., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 306, fig. 37 et 38 (1960). Planche XXXIII, fig. 4 et Planche XXXIV, fig. 1.

Syn. Cladoderris dendritica auct. non (Pers.) Fr.; Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LVIII, p. 206 (1926) p.p.

Caractères macroscopiques. Carpophores généralement isolés, dressés, infundibuliformes, hauts de 10-12 cm ou davantage, naissant sur une masse sclérotiforme constituée en grande partie de résidus ligneux enrobés de mycélium. Stipe élancé, 35-70 mm × 2,5-3,5 mm, velouté, brun bistré ou brun d’ombre, s’ouvrant au sommet en plusieurs branches divergentes, aplaties, qui s’élargissent et se ressoudent pour donner un entonnoir de 2-5,5 cm de rayon, ajouré à sa base, et lacinié-denté à la marge. Hyménium mat, pruineux, crème ocracé puis beige ocré en herbier, pouvant devenir brunâtre sur des échantillons âgés, orné d’abondantes côtes arrondies, serrées, se multipliant et se chevauchant en prenant un cours ± sinueux sur la moitié jeune. Ces nervures sont beaucoup moins marquées à la face supérieure qui porte un maigre tomentum brunâtre, plus pâle que celui du stipe. Chair mince (200-600 μ hors des plus grosses côtes) et pâle.

Caractères microscopiques. Spores subelliptiques (7,5)-8,5-10 μ × 3-4,2 μ, à paroi lisse non amyloïde. Glœocystides; pas de cystides. Contexte hétérogène (hyphes génératrices bouclées, hyphes squelettiques...), séparé du tomentum aux hyphes à paroi jaunâtre épaissie, par une mince croûte dorée.

Distribution géographique. District du Kasai : Bampuma, Vanderyst 12592. District forestier central : Ipeko-Mongo (Eala), M. Goossens-Fontana 121; Yambao, J. Louis 15282. — N’est connu jusqu’ici que du Congo.

Habitat. Sur bois au sol ou enterré, saprophyte dans la litière.

Nom vernaculaire. Isofu ankéma (Eala).

Observations. La planche coloriée figure un cotype. L’holotype est représenté Pl. XXXIV, fig. 1, après enlèvement d’un fragment de l’entonnoir ce qui permet d’observer sa face interne stérile. Se distingue aisément par son port, son entonnoir ajouré à la base et ses spores.

Genre Podoscypha Pat. emend. Boid.

Caractères : Carpophores généralement distinctement stipités, spatulés, flabelliformes ou infundibuliformes, isolés ou soudés. Stipe subcylindrique glabre ou recouvert soit d’un léger tomentum, soit d’éléments redressés et élargis à paroi mince et contenu homogène (cauloglœocystides), soit à paroi épaissie et contenu ambré ou nul (caulocystides), soit encore de mèches formées par la juxtaposition d’hyphes à paroi très épaisse. La face supérieure du carpophore est stérile et peut se montrer glabre et lisse ou pourvue de piléocystides, ou encore couverte de mèches ou d’éléments dressés ramifiés. Hyménium infère, lisse et pruineux. En coupe le contexte, di- à trimitique, est limité par une zone corticale assez généralement distincte parce que agglutinée et teintée. Hyphes génératrices bouclées. L’hyménium est constitué d’éléments dressés, serrés entre lesquels circulent (chez la très grande majorité des espèces) des éléments glœocystidiformes au contenu homogène, à paroi mince ou peu épaissie pouvant naître horizontalement dans le sommet du contexte, et atteindre, rarement dépasser, la surface hyméniale. Leur forme est irrégulière, avec largeur maximum dans le tiers inférieur, puis tubuleuse, sinueuse, obtuse. Basides normales à 4 stérigmates, bouclées. Quelques espèces possèdent des cystides à paroi épaisse, souvent sans contenu à maturité, pouvant porter un manchon terminal cristallin. Spores hyalines courtes, elliptiques à subsphériques, souvent guttulées, blanches en masse, à paroi mince non amyloïde. Terrestres ou lignicoles.

Synopsis des espèces

A. Pas de cystides hyméniales; spores à largeur dépassant 2,7 μ :

I. Spores 3,8-4,5 μ × 2,8-3,3 μ; piléocystides; carpophores généralement flabelliformes; lignicoles:

a) Caulocystides très longues, jusqu’à 150-240 μ, agglutinées en mêches brunes bien visibles à l’œil nu .......1. P. cf. affinis

b) Caulocystides plus courtes, 50-120 μ × 10-12,5 μ, non groupées en mèches visibles à l’œil nu ..............2. P. subaffinis

II. Spores 4,5-6,2 μ × 3,2-4,5 μ:

a) Face supérieure couverte de longues mèches; espèce infundibuliforme à stipe court et trapu; lignicole ..................................3. P. ursina

b) Face supérieure pratiquement glabre à l’œil nu, cependant des piléocystides éparses:

1. Contexte riche en chlamydospores; carpophores souvent infundibuliformes et longuement stipités, isolés ou groupés par 2-3; lignicole ......................... 4. P. Bolleana

2. Contexte sans chlamydospores; au-dessus des stipes distincts, les carpophores sont largement confluents formant des rosettes complexes.............. 5. P. cf. elegans

III. Spores 6-9 μ × 6-7,5 μ, à gros apicule, devenant polygonales en séchant; contexte monomitique; face stérile striée radialement...............voir Cotylidia radicans (p. 189)

B. Cystides hyméniales présentes; carpophore pétaloïde, très rarement infundibuliforme avec stipe court; face supérieure veloutée; hyménium jaune vif puis orangé, bai, pouvant brunir ou noircir avec l’âge; spores minuscules 2,2-2,8 μ × 1,8-2,4 μ ................................... 6. P. involuta

1. Podoscypha cf. affinis (Lév.) Pat., Essai taxon., p. 71 (1900); Boid., Bull. Jard. Bot. Etat Brux., XXX, p. 316, fig. 39 (1960).

Caractères macroscopiques. Carpophores flabelliformes, isolés ou concrescents, hauts de 2 à 6 cm, avec stipes distincts, longs de 4 à 20 mm, souvent aplatis, fixés au bois par un coussinet. Stipe brun velouté par d’abondantes mèches visibles à l’œil nu ou sous une faible loupe. Face stérile mate plus ou moins sensiblement zonée, brun ferrugineux, ou brun garance, testacée, pouvant devenir bai ferrugineux ou même presque noire sur des spécimens avancés et tout cornés; cette face, dans sa partie âgée peut être ± veloutée de petites méchules sombres, caduques, et se montre toujours sous la loupe finement striolulée radialement. Hyménium pâle puis avec l’âge translucide et seulement pruineux. Chair mince, 200 à 600 μ. Marge entière, tardivement incisée.

Caractères microscopiques. Spores 4,2-4,5 μ × 2,9-3,5 μ, uniguttulées, à paroi lisse non amyloïde. Glœocystides ; pas de cystides. Contexte dimitique avec boucles, limité par une croûte. Piléocystides subcylindriques ou à tendance moniliforme, 35-60 μ × 9,5-15 μ, à paroi épaissie dans leur moitié inférieure. Caulocystides subcylindriques très longues, 45-180 μ × 8,5-12,5 μ, à paroi teintée souvent très épaisse, accolées en mèches.

Distribution géographique. District forestier central : Mulungongi, de Witte 10654. — Sensu Talbot, ce Podoscypha ne peut être indiqué avec certitude que d’Afrique du Sud. Nous ne savons si le champignon de Léveillé, originaire de Sumatra et signalé dans toute l’Océanie, est le même.

Habitat. Lignicole, ici en forêt ombrophile.

Observation. Vu l’état de l’unique récolte, il n’en sera pas donné d’illustration. Ses caractéristiques principales sont ses longues caulocystides accolées en mèches et ses spores.

2. Podoscypha subaffinis Boid. nom. prov., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 318, fig. 40 A (1960). Planche XXXIV, fig. 2.

Caractères macroscopiques. Carpophores lignicoles naissant sur un large disque basal (3-7 mm de diamètre) ocre, formés d’un stipe grêle et élancé, 5-(2o) mm × 0,5-0,8 mm, ocre puis brun rougeâtre, mat, finement velouté sous la loupe, et d’un éventail subtriangulaire de 10-20 mm de rayon, à marge entière s’enroulant en séchant, puis un peu incisée en herbier. Chair mince, 100-400 μ, pâle. Face stérile orangé testacé, faiblement zonée sur le frais, brun garance, baie en herbier, mate, et sous une forte loupe, striolulée et poudrée. Hyménium pâle, rosé, très pruineux, noisette pâle en herbier.

Caractères microscopiques. Spores elliptiques, uniguttulées, 3,8-4,2 μ × 2,8-3,2 μ à paroi mince non amyloïde. Glœocystides, pas de cystides. Contexte dimitique avec boucles, sans chlamydospores. Piléocystides à paroi épaisse, 20-35-(70) μ × 10-12-(15) μ, dressées sur la croûte mince et jaune. Caulocystides à paroi épaissie jaunâtre, au contenu homogène, 40-110 μ × 8-12,5 μ.

Distribution géographique. District des Lacs Édouard et Kivu : Kalonge, Parc National Albert, de Witte 8946. Cameroun.

Habitat. Lignicole en forêt ombrophile.

3. Podoscypha ursina Boid. et Berthet, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 320, fig. 41 (1960). Planche XXXIV, fig. 3.

Caractères macroscopiques. Carpophores dressés, isolés ou soudés par deux, atteignant 6 cm de hauteur, profondément infundibuliformes, avec stipe trapu, 5-8 mm × 2-4 mm, ocracé jaunâtre à chamois sur le vivant, puis « café crème », fixé par un disque de 4-8 mm de diamètre. Face stérile brillante, sur le frais brun tabac, en herbier bai foncé à brun caroube, avec marge plus claire, nue sur 0,5 cm, mais montrant quelques crêtes étroites qui vont, en arrière se redresser en mèches subcylindriques, longues de plusieurs mm, brun rouillé. Hyménium lisse puis marqué de quelques sillons longitudinaux peu profonds qui s’accentuent en séchant, ocracé pâle, un peu zoné concentriquement vers le haut de bandes grisâtres ou olivacées. Chair mince et pâle.

Caractères microscopiques. Spores ovoïdes à oblongues subelliptiques, 4,5-5-5,7 μ × 3-3,5-4 μ, uniguttulées, à paroi mince non amyloïde. Contexte hétérogène avec hyphes génératrices bouclées, limité par une croûte jaune doré. Glœocystides, pas de cystides, ni de chlamydospores. Ni caulo-, ni piléocystides ; le stipe est recouvert d’hyphes étroites à paroi épaissie et brunie, tandis que les mèches de la face stérile sont des faisceaux d’hyphes parallèles à paroi submince à fort épaisse, ± teintée, bouclées.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 2029. — Cameroun.

Habitat. Sur bois mort.

Observation. Espèce bien caractérisée par les mèches de sa face stérile.

4. Podoscypha Bolleana (Mont.) Boid., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 323, fig. 40 B, 42, 43 (1960). Planche XXXIV, fig. 4.

Syn. Stereum Bolleanum Mont., Syll. Crypt. n° 583, p. 177 (1856).

Thelephora Amigenatscha P. Henn., Engl. Jahr., XXX, p. 42 (1901).

Stereum elegans auct. non (Meyer ex Fr.) Fr.; Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LVIII, p. 207 (1926).

Caractères macroscopiques. Carpophores fixés par un petit disque mycélien, dressés, longuement stipités, infundibuliformes ou flabelliformes (rayon 2-3 cm), isolés ou confluents par 2 ou 3. Marge très mince et pâle. Face stérile beige ocracé à baie, passant en herbier à brun ferrugineux, bai ferrugineux, brun caroube (badius Sacc. ou bay R.) avec quelques zones brun chocolat sombre. Hyménium blanc ocré à cannelle, plus foncé en herbier. Stipe 6-35 mm × 0,5-1,5 mm, finement hérissé, comme les parties stériles âgées.

Caractères microscopiques. Spores 4,8-5,5-(6) μ × (3,2)-3,8-4,5 μ, à paroi lisse, non amyloïde. Contexte mince, hétérogène avec boucles et abondantes chlamydospores, limité par une croûte peu différenciée. Glœocystides, pas de cystides. Caulocystides, 40-125 μ × 7-15 μ , à paroi très épaisse teintée. Piléocystides 25-70 μ × 11-14 μ, parfois rares.

Distribution géographique. District forestier central : Eala, M. Goossens-Fontana 186, 188; Yangambi, J. Louis 12877; Ilemba, de Witte 10910; Koli-Koli, Staner 468. District du Kasai : Wumbali, Vanderyst 2555. — Semble commun en Afrique tropicale (Cameroun, cap Vert...).

Habitat. Sur bois mort en forêt primitive, forêt galerie.

Noms vernaculaires. Tombombo (dial. Turumbu), Kuwakoka (région d’Eala).

Observation. Gracieuse espèce généralement infundibuliforme, bien reconnaissable à ses abondantes chlamydospores.

5. Podoscypha cf. elegans (Meyer ex Fr.) Pat., Essai taxon., p. 71 (1900); Boid., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 328, fig. 44 (1960). Planche XXXIV, fig. 5.

Syn. Thelephora elegans Meyer ex Fr., Syst. Myc., I, p. 430 (1821).

Stereum elegans (Meyer ex Fr.) Fr., Epicr., p. 545 (1838) ss. Lloyd, Synops. Stip. Stereums, p. 24 (1913); Burt, Ann. Miss. Bot. Gard., VII, p. 105 (1920).

Caractères macroscopiques. Carpophores hauts de 4-6-(10) cm, stipités, dressés, serrés et fort coalescents dans leurs parties élargies mais parfois aussi au niveau des stipes, formant des ensembles composites de spécimens ± flabelliformes. Stipes veloutés, bruns. Marge lobée, pâle. Face stérile striolulée, mate, ± obscurément zonée d’ocre rouge, brun ferrugineux, rouille doré, devenant baie en herbier. Hyménium pruineux, blanc à lilacin pâle puis grisâtre.

Caractères microscopiques. Spores ovoïdes, uniguttulées, à paroi lisse non amyloïde, 4,2-5,3 μ × 3-4 μ. Contexte hétérogène avec boucles, limité par une mince croûte jaune. Glœocystides, pas de cystides ni de chlamydospores. Caulocystides à paroi épaisse, 50-85 μ × 8-12,5 μ. Piléocystides courtes, 20-40 μ × 8,5-12,5 μ.

Distribution géographique. District des Lacs Édouard et Kivu : Panzi Kivu, M. Goossens-Fontana 5432. — La stirpe « elegans » est de répartition pantropicale.

Habitat. Sur bois mort très décomposé, souvent enterré ou mêlé au sol.

Observation. Si l’aquarelle donne une idée exacte des coloris, nous avons voulu lui adjoindre une photographie montrant mieux les rosettes complexes constituées par ce champignon caractérisé surtout par ce port, la taille des spores, la présence de piléo- et caulocystides.

6. Podoscypha involuta (Klotzsch) Boid., Rev. Mycol. Paris, XXIV, p. 212 (1959); Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 332, fig. 45 (1960). Planche XXXIV, fig. 6.

Syn. Stereum involutum (Klotzsch) Fr., Epicr., p. 546 (1836-1838).

S. nigrobasum Lloyd, Myc. Writ., VII, p. 1339, fig. 3112 (1925).

S. maculatum Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LVIII, p. 208 (1926).

S. bellum auct. non Kunze; Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LVIII, p. 207 (1926).

Lloydella membranacea (Fr.) Bres., Ann. Myc., IX, p. 271 (1911).

Caractères macroscopiques. Carpophores sessiles, subsessiles ou courtement stipités, pétaloïdes, flabelliformes, exceptionnellement bien infundibuliformes, isolés ou non, atteignant 7-8 cm de diamètre et 7-10 cm de largeur. Stipe subnul ou court, aplati, tomenteux, brun, non distinct de la face stérile, mais souvent limité, côté hyménium, par un bourrelet en croissance plus pâle. Face stérile uniformément couverte d’un tomentum finement feutré, délicatement velouté sous la loupe, rarement caduc, peu ou pas sillonné, étroitement zoné, ocracé, beige rosé, cannelle pâle et pouvant s’assombrir (marron, brun sombre...) vers le pied. Hyménium pruineux sublisse, blanchâtre à la marge puis jaune, orange vif, brun orangé; teintes très diverses en herbier selon l’état lors de la récolte et la conservation. Marge entière ou largement lobée; substance pâle, épaisse de 0,25-1 mm.

Caractères microscopiques. Spores minuscules, 2,2-3 μ × 1,8-2,4 μ, à membrane lisse non amyloïde. Contexte hétérogène avec boucles. Croûte peu différenciée, portant des hyphes bouclées à paroi épaissie et souvent teintée. Ni caulo- ni piléocystides. Glœocystides présentes. Cystides 28-45 μ × 6-15 μ, à sommet souvent conique et incrusté.

Distribution géographique. District forestier central : Eala, M. Goossens-Fontana 28, 224, 227; Yambao, J. Louis 15280, 15311. District des Lacs Édouard et Kivu : Panzi, Kivu, M. Goossens-Fontana 5293a; Abyalose, de Witte 10990. District du Bas-Congo : Kisantu, Vanderyst (1907). — Fréquent en Afrique (Ile Maurice, Cameroun,...), en Océanie (Salomon...), Insulinde.

Habitat. Sur bois ou débris ligneux.

Observations. Malgré des aspects très divers, et ses changements de couleur avec l’âge, c’est un Podoscypha bien différent des autres et aisément reconnaissable. Microscopiquement il est en outre bien caractérisé par ses spores minuscules et ses cystides.

Genre Lopharia Kalchbr. et McOw. emend. Boid.

Caractères: Carpophore étalé ou étalé-réfléchi, à hyménium infère, lisse ou couvert de crêtes incisées, ± entrecroisées, ou de pores peu profonds (pouvant même devenir franchement poré ou hydné?). Contexte constitué d’hyphes généralement parallèles au substratum, de deux types: les génératrices bouclées ou non, les squelettiques à paroi épaissie, parfois colorée ou enduite de substances brunes, se redressant en partie pour figurer des pseudocystides hyméniales souvent incrustées; à côté de celles-ci, des cystides courtes, nées verticalement, peuvent exister en ± grand nombre. Basides normales à 4 stérigmates. Spores elliptiques, oblongues, parfois un peu déprimées, à paroi lisse, non amyloïdes. Espèces saprophytes lignicoles.

Synopsis des espèces

A. Hyménium s’ornant de crêtes entrecroisées; croûte distincte; fortes cystides incrustées, larges de 12-30 μ, hyalines ou peu colorées à la base; spores 10-12 μ × 6μ. ............1. L. mirabilis

B. Hyménium lisse ou seulement craquelé; pas de croûte; hyphes squelettiques et cystides ± brunies, ces dernières larges de 5-9 μ; spores 7-10 μ × 3-5 μ ............ 2. L. spadicea et fulva

1. Lopharia mirabilis (Berk, et Br.) Pat., Bull. Soc. Mycol. France, XI, p. 15 (1895); Boid., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXX, p. 338, fig. 46 (1960). Planche XXXIV, fig. 7.

Syn. Radulum mirabile Berk. et Br., J. Linn. Soc., XIV, p. 61 (1875).

Lopharia lirellosa Kalchbr. et McOw., Grevillea, X, p. 58 (1881).

Caractères macroscopiques. Carpophores en petites taches veloutées, ocracées, à marge fibrilleuse, puis confluents, étalés, atteignant plusieurs cm, avec marge nettement limitée peu adhérente. Hyménium lisse sur le jeune mais bientôt couvert de crêtes ± dentées, surtout rayonnantes et concentriques, dessinant ainsi des pores peu profonds, presque carrés, larges de 0,8-1 mm, ou irréguliers, arqués, labyrinthiformes.

Caractères microscopiques. Spores oblongues, (8,5)-10 μ × 5,5-6 μ environ (?), à paroi lisse non amyloïde. Tomentum constitué d’hyphes à paroi épaisse, parfois bouclées, lâchement enchevêtrées, porté par une croûte. Contexte dimitique avec boucles. Cystides fortes, fusiformes à paroi très épaisse, hyaline ou un peu teintée à la base, très incrustées, 70-130 μ × 10-30 μ (avec les incrustations).

Distribution géographique. District du Bas-Congo : Kisantu, Vanderyst 613, 614. District du Kasai : Kwango, Manzenacle, Vanderyst 16819 et 17614. Afrique méridionale, Asie (Pakistan, Inde, Ceylan, Tonkin, Chine, Japon, Bornéo...), (Brésil?).

Habitat. — Lignicole.

2. Lopharia spadicea (Pers. per Fr. non sensu Fr.) Boid., Bull. Soc. Linn. Lyon, XXVIII, p. 211 (1959); Bull. Jard. Bot. État, XXX, p. 340, fig. 47 (1960).

Syn. Stereum spadiceum (Pers.) Bres., Att. Acc. Ag. Roveretto, III, 3, p. 106 (1897).

Lloydella retiruga (Cooke) Bres., Ann. Myc., IX, p. 271 (1911).

L. Schomburgkii (Berk.) Bres. cité in Hendrickx, Syll. Fung. Cong., p. 82 (1948).

Caractères macroscopiques. Carpophores en petites taches orbiculaires, puis confluents, étalés-réfléchis, parfois conchoïdes. Hyménium lisse, brun cannelle, brun olivacé, rarement jusqu’à brun fuligineux, pouvant se fendiller, avec marge pâle, papyracée. Face stérile feutrée, sillonnée, brun olive clair puis grisonnante.

Caractères microscopiques. Spores oblongues subelliptiques, déprimées, 6,5-8,5-(9,5) μ× 3,5-4,2 μ, à paroi lisse non amyloïde. Contexte hétérogène constitué d’hyphes génératrices bouclées, et de quelques hyphes squelettiques à paroi teintée. Pseudocystides et cystides brunies, porteuses de cristaux détersiles, ces dernières subfusiformes, 30-65 μ × 5-6,5-(8,5) μ. Pas de croûte. Tomentum stérile formé d’hyphes à paroi épaissie, teintées ou subhyalines, bouclées.

Distribution géographique. District du Bas-Congo : Kisantu, Vanderyst (1907); Bambata, Allard (1910). District des Lacs Édouard et Kivu : piste Mwenda-Katuka, de Witte 8906. — Europe (de la Suède à l’Italie), Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie), Asie (Sibérie, Chine, Japon), Amérique?, Océanie?

Habitat. Lignicole sur bois feuillus ou à aiguilles, généralement aux expositions chaudes.

Observation— La récolte d'Allard pose le difficile problème de la différenciation entre L. spadicea et L. fulva. Il ne pourra être abordé expérimentalement que par des essais d'interfertilité.