Flore iconographique des Champignons du Congo

Fascicule 17

 

Hydnum s.l.

par R.A. Maas Geesteranus (février 1970) : 325-331, pl.53

 

Macrolepiota

par P. Heinemann (février 1970) : 332-338, pl. 54-55

  

Illustrées en couleurs par Mme M. Goossens-Fontana


Planches


HYDNUM s.l.

par R. A. Maas Geesteranus

Les espèces de l’ancien genre Hydnum sont actuellement dispersées dans des genres souvent très éloignés les uns des autres et dont l’appartenance à une famille déterminée est parfois tout à fait obscure. Cependant, il est pratique de continuer de parler du genre Hydnum (sensu lato), parce qu’on sait immédiatement qu’il s’agit de champignons dont la face inférieure est munie d’aiguillons ou de dents. Grâce à sa simplicité, nous sommes convaincu que cette façon de faire garde tout son intérêt, tant pour le mycologue professionnel que pour l’amateur averti.

Synopsis des genres

A. Aiguillons pourvus soit d’hyphes oléifères (qui se terminent dans l’hyménium en gloeocystides), soit d’hyphes squelettiques :

I. Aiguillons pourvus de gloeocystides :

a) Spores amyloïdes ........................................................................ Stecchericium (p. 326)

b) Spores non amyloïdes ........................................................................ Donkia (p. 329)

II. Aiguillons pourvus d’hyphes squelettiques :

a) Contexture des aiguillons blanchâtre, presque immuable dans KOH ...... Steccherinum (p. 330)

b) Contexture des aiguillons brunâtre, se colorant en rouge brun dans KOH ........ « Irpex » flavus (p. 327)

B. Aiguillons dépourvus de gloecystides et d’hyphes squelettiques :

I. Spores subfusiformes, finement verruqueuses ................................................ Beenakia (p. 325)

II. Spores arrondies-anguleuses, grossièrement tuberculeuses .............................. Sarcodon (p. 328)

Les genres seront traités dans les familles auxquelles ils appartiennent et celles-ci classés par ordre alphabétique.

 

GOMPHACEÆ

Caractères. — Carpophore entièrement adhérent au support (à hyménophore lisse ou orné de dents), ou dressé et dans ce cas soit coralloïde (à hyménophore lisse ou ruguleux) soit cantharelloïde (à hyménophore rameux-plissé et radié-plissé), ou bien piléolé (à hyménophore orné de dents). Contexture blanche, pâle ou se décolorant, monomitique, constituée d’hyphes bouclées. Basides claviformes, bi-tétrasporiques, sans cloisons secondaires. Spores ellipsoïdes, oblongues ou subfusiformes-asymétriques, aplaties à la face interne, plus ou moins colorées, verruqueuses, rugueuses ou striées longitudinalement, cyanophiles. Cystides nulles ou indistinctes. Espèces humicoles ou lignicoles.

Genre Beenakia D. Reid

Caractères. — Carpophore stipité et piléolé. Chapeau tomenteux, développant à sa face inférieure un hyménophore hydnoïde. Stipe naissant d’un subiculum. Aiguillons subulés. Chair du chapeau molle. Chapeau à contexture monomitique, constituée d’hyphes bouclées. Base du stipe à hyphes renflées aux cloisons. Aiguillons à contexture également monomitique, les hyphes subhyméniales dépourvues de boucles (du moins dans l’espèce-type). Basides claviformes, tétrasporiques, sans boucles. Spores subfusiformes, finement verruqueuses, brunâtres, non amyloïdes, cyanophiles. Cystides et gloeocystides nulles.

Observations. Le genre ne compte que deux espèces; l’espèce type, B. dacostæ D. Reid, est connue de l’Australie du Sud et de la Nouvelle-Zélande.

1. Beenakia fricta Maas G., Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., XXXVII, p. 80, fig. I (1967). Planche LIII, fig. 1.

Caractères macroscopiques. Carpophores atteignant environ 6-7 cm de haut, solitaires. Chapeau d’environ 4-5 cm de large, plan un peu ondulé et déprimé au centre, finement tomenteux, mat, non zoné ni sillonné concentriquement, ocracé au centre, tirant sur le brunâtre vers la marge qui est amincie. Stipe 4,5-5 cm × 6-10 mm, plein, central ou presque latéral, un peu atténué en haut, à base arrondie ou radicante, courbe, feutré de haut en bas, brunâtre ocracé au sommet, blanc vers la base, celle-ci munie d’un coton mycélien. Aiguillons de 5 mm de long et 0,2-0,3 mm d’épaisseur, décurrents, serrés, subulés, olivâtres. Chair du chapeau épaisse au centre, 8 mm, fibreuse-spongieuse, molle (au moins à l’état sec), d’une structure assez lâche, passant en haut à une couche feutrée et plus dense; chair blanche sur le frais, à l’exception de la couche supérieure, brunissant à la coupe; saveur très amère.

Caractères microscopiques. Spores 8,5-10,7 × 3,6-4 µ (mesurées sans apicule), subfusiformes-asymétriques, densement verruqueuses au point d’être échinulées, jaune brunâtre par lumière transmise, brunes en tas, à apicule oblique, non amyloïdes mais par contre cyanophiles. Cystides nulles. Tomentum de la base du stipe à hyphes caractérisées par de prodigieux renflements aux cloisons.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 4009.

Habitat. Sur bois complètement pourri, dans la forêt sèche.

 

HERICIACEÆ

Caractères. — Carpophore soit entièrement adhérent au support ou apprimé-réfléchi, soit piléolé et parfois rattaché par le sommet, soit encore rameux à ramifications pendantes ou dressées. Stipe se matérialisant parfois sous forme d’une base qui s’atténue en une racine pénétrant le support. Hyménophore lisse ou orné d’aiguillons. Contexture charnue, coriace ou cotonneuse, blanche ou pâle, monomitique, constituée d’hyphes génératrices et oléifères, mais parfois imparfaitement dimitique par la présence d’hyphes ressemblant beaucoup à des hyphes squelettiques. Basides claviformes, tétrasporiques. Spores globuleuses à ovoïdes-ellipsoïdes, incolores, lisses ou légèrement aspérulées, amyloïdes. Gloeocystides nombreuses. Espèces saprophytes ou parfois parasites, lignicoles.

Genre Stecchericium D. Reid

Caractères. — Carpophore piléolé. Chapeau dimidié-sessile ou réfléchi, velouté ou pelucheux, développant à sa face inférieure un hyménophore hydnoïde. Aiguillons subulés. Chair du chapeau coriace. Chapeau à contexture monomitique, constituée d’hyphes génératrices et oléifères; hyphes génératrices bouclées. Aiguillons à contexture semblable. Basides claviformes, tétrasporiques, bouclées. Spores ellipsoïdes, à face interne aplatie, finement ponctuées, incolores, fortement amyloïdes. Gloeocystides nombreuses.

1. Stecchericium seriatum (Lloyd) Maas G., Proc. Kon. Nederl. Akad., ser. C, LXIX, p. 325 (1966); Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., XXXVII, p. 84, fig. 2 (1967). Planche LIII, fig. 2.

Syn. Hydnum seriatum Lloyd, Mycol. Writ., 7, p. 1196, tab. 242, fig. 2438 (1923).

Caractères macroscopiques. Carpophores apparement isolées. Chapeau de 15-20 mm de diam. et 30-32 mm de large, dimidié-sessile ou réfléchi, flabelliforme, plan-convexe, concentriquement sillonné, velouté ou pelucheux dans les parties jeunes, devenant feutré en vieillissant, un peu luisant par places, miel ocracé sale, plus clair vers les bords. Aiguillons atteignant environ 1,5 mm de long, serrés, subulés, grêles, incarnats. Chair du chapeau, environ 0,8 mm, homogène ou constituée de deux couches (la supérieure un peu plus lâche), non zonée, coriace, blanchâtre ou jaunâtre sale dans la couche supérieure; saveur et odeur nulles.

Caractères microscopiques. Spores 2,6-3,1 (-3,4) × 2-2,5 µ, ellipsoïdes, aplaties à la face interne, finement ponctuées, incolores, fortement amyloïdes, à apicule petit. Gloeocystides (c’est-à-dire terminaisons des hyphes oléifères) de 2,7-5,4 µ de diam., droites dans la pointe des aiguillons, qu’elles constituent à l’exclusion d’autres hyphes, ± infléchies ailleurs, remplies de matière oléagineuse, à paroi mince vers le sommet mais s’épaississant en arrière, non ramifiées, n’émergeant que peu en dehors de l’hyménium. Hyphes bouclées.

Distribution géographique. District forestier central: Yangambi, Fassi 217. — Uganda : Mpanga, et Malaisie (Sabah) : Sandakan.

Habitat. Sur l’écorce de Phyllanthus sp.

POLYPORACEÆ

Caractères. — Carpophore soit entièrement adhérent au support ou apprimé-réfléchi, soit piléolé et sessile ou stipité, annuel ou pérennant. Hyménophore tubulé, irpicoïde ou lamellé, les tubes étant stratifiés ou non, soudés entre eux, s’ouvrant par des pores dont l’arête est stérile. Contexture blanche, pâle ou colorée, mono-, di- ou trimitique. Basides généralement claviformes, bi-tétrasporiques. Spores subglobuleuses, ovoïdes, ellipsoïdes ou cylindriques, généralement lisses et incolores. Cystides tramales abondantes ou nulles. Setae nulles. Espèces saprophytes ou parasites, lignicoles ou humicoles.

Genre X

Caractères. — Carpophore étalé ou piléolé. Chapeau réfléchi à sessile, velu, à hyménophore infère, hydnoïde ou poroïde. Aiguillons souvent comprimés, représentant probablement des dissépiments peu développés, brunissant en herbier. Chair du chapeau coriace. Chapeau à contexture dimitique, constituée d’hyphes génératrices et squelettiques; hyphes génératrices dépourvues de boucles (du moins dans l’espèce indiquée ici). Aiguillons à contexture semblable. Basides claviformes, tétrasporiques, non bouclées. Spores ellipsoïdes, à face interne aplatie, lisses, incolores, ni amyloïdes ni cyanophiles. Cystides nombreuses.

1. « Irpex » flavus Klotzsch, Linnæa, VIII, p. 488 (1833); Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., XXXVII, p. 87, fig. 3-4 (1967). Planche LIII, fig. 3.

Syn. Hydnum luteomarginatum Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LVIII, p. 210 (1926).

Caractères macroscopiques. Carpophores groupés ou ± imbriqués, ordinairement confluents. Chapeau jusqu’à 2 cm de diam. et 3 cm de large, étalé-réfléchi ou dimidié, plan-convexe, concentriquement zoné-sillonné, densement velu ou presque hérissé, blanc jaunâtre liséré de jaune très clair ou partout d’un jaune verdâtre sale, s’obscurcissant en séchant. Hyménophore probablement toujours poroïde au début, pouvant devenir hydnoïde à la fin. Aiguillons de 5 mm de long, tantôt serrés, tantôt épars, subulés ou comprimés et alors souvent laciniés, simples ou fusionnés en palettes, passant aux bords du chapeau à des dissépiments plus ou moins élevés (l’hyménophore y étant poroïde), sulfurins, brunissant en herbier. Chair du chapeau jusqu’à environ 2,5 mm, fibreuse, ± double, molle en haut, plus ferme en bas, zonée, blanchâtre sur le frais, jaunâtre brunâtre sur le sec; saveur nulle; odeur inconnue.

Caractères microscopiques. Spores 5,4-6,3 × 2,8-4,5 µ ellipsoïdes, aplaties à la face interne, à paroi lisse, incolores, ni amyloïdes ni cyanophiles, à apicule oblique. Cystides jusqu’à 6,3 µ de large, droites au sommet des aiguillons, incurvées sur leurs côtés.

Distribution géographique. District côtier : Moanda, Vanderyst s. n. District du Bas-Congo : Kinshasa, Sanda, riv. Benga, Kisantu, région des Bambatas, Kimpako, Vanderyst s. n. et 15627, 30731 et 31456, Allard in Vanderyst 41, 77, 121, 124 et 127. District du Kasai : Wombali, Vanderyst s. n. District forestier central : Eala, Binga, Penge, M. Goossens-Fontana 330, 444, 726, Bequaert 2193. District? : Dewèvre s. n. Afrique tropicale, Pakistan occidental, Inde, Philippines, Java, Nouvelle-Guinée australienne.

Habitat. Sur bois et troncs morts dans les endroits ombragés et humides des forêts marécageuses ou inondées.

 

THELEPHORACEÆ

Caractères. — Carpophore soit entièrement adhérent au support ou apprimé-réfléchi, soit stipité et dans ce cas piléolé, ou la partie fertile divisée en segments dorsiventraux, ou bien ramifié comme une clavaire (à hyménium amphigène). Hyménophore lisse, verruqueux, orné de dents, poroïde, rugueux, plissé, ou même imparfaitement lamellé. Contexture pâle ou colorée, monomitique. Basides claviformes, bi-tétrasporiques. Spores globuleuses ou subellipsoïdes, souvent arrondies-anguleuses à contour très irrégulier, brunâtres à presque incolores, non amyloïdes. Cystides et gloeocystides nulles ou rares. Espèces terrestres, humicoles ou lignicoles.

Genre Sarcodon P. Karst.

Caractères. — Carpophore stipité et piléolé. Chapeau initialement tomenteux, changeant d’aspect en se développant, ou écailleux dès l’origine, à hyménophore infère, hydnoïde. Stipe ordinairement central. Aiguillons subulés. Chair du chapeau homogène, non zonée, ou du moins non zonée par l’affaissement des hyphes. Chapeau à contexture monomitique, constituée d’hyphes devenant renflées, bouclées ou non. Aiguillons à contexture semblable. Basides claviformes, tétrasporiques, bouclées ou non. Spores arrondies-anguleuses, grossièrement tuberculeuses, brunâtres. Cystides et gloeocystides nulles.

Observation. Le genre est répandu aussi bien dans les régions tempérées que tropicales.

Synopsis des espèces

A. Chair ne noircissant pas à la blessure; stipe creux ............................................. 1. S. procerus

B. Chair noircissant à la blessure; stipe plein (ou peut-être farci) ................................. 2. S. quietus

1. Sarcodon procerus Maas G., Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., XXXVII, p. 93, fig. 5 (1967). Planche LIII, fig. 4.

Caractères macroscopiques. Carpophores de 7 à presque 10 cm de haut, solitaires. Chapeau de 4-6 cm de large, convexe-tronqué puis s’étalant, avec le centre déprimé et lisse, assez densement cannelé vers les bords, légèrement pruineux ou glabre, un peu luisant sur le sec, d’un ocre sale un peu brunâtre sur le frais, brun foncé à brun noir sur le sec, à marge récurvée, amincie. Stipe 7-9 cm × 8-10 mm, creux, central, élancé, égal ou un peu dilaté en haut, courbé ou peu flexueux, lisse, glabre, gris cendré, brun noir ou noir à l’état sec. Aiguillons de 2-3 mm de long environ, non décurrents, serrés, subulés, bruns. Chair du chapeau mince pour le genre, atteignant environ 4 mm d’épaisseur, homogène comme celle du stipe, crème incarnat pâle, brun foncé sur le sec; saveur inconnue.

Caractères microscopiques. Spores 6,7-8,1 × 4,5-5,4 µ (y compris les tubercules), à contour très irrégulier, arrondies-anguleuses, grossièrement tuberculeuses, brunâtres, à apicule oblique. Basides 29 × 8-10 µ, claviformes, tétrasporiques, bouclées à la base; stérigmates atteignant 4,5-5,4 µ. Cystides nulles.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 958.

Habitat. Sur le sol de la forêt sèche.

2. Sarcodon quietus Maas G., Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., XXXVII, p. 95, fig. 6 (1967). Planche LIII, fig. 5.

Caractères macroscopiques. Carpophores atteignant 6 cm de haut, solitaires. Chapeau de 3-3,5 cm de diam., convexe à plan-convexe, mamelonné ou non, finement strié, hérissé de mèches au centre, mat, non zoné par changement de teinte ni sillonné concentriquement, les stries et les mèches étant d’une couleur olivâtre sur un fond pâle; marge plus ou moins sinueuse, droite ou un peu infléchie, amincie. Stipe 5,5 cm × 5-8 mm, plein, élancé, légèrement atténué en haut, flexueux, finement ridé ou lisse, glabre, feutré en bas, ocre brunâtre dans le tiers supérieur, noir violacé dans toute la partie inférieure, le revêtement basal gardant cependant une couleur olivâtre. Aiguillons jusqu’à 2 mm de long, de 0,3 mm d’épaisseur, non décurrents, serrés, fragiles, olivâtres. Chair du chapeau assez mince, de 2-3 mm à mi-rayon, homogène, blanche, lavée de crème; celle du stipe semblable, mais noircissant à l’air, notamment dans les piqûres de ver; saveur amère.

Caractères microscopiques. Spores 6,7-8 × 4,9-6,3 µ (y compris les tubercules), à contour très irrégulier, arrondies-anguleuses, grossièrement tuberculeuses, brunâtres, à apicule oblique. Basides d’environ 36 × 9-10,5 µ, claviformes, tétrasporiques, à stérigmates de 5,8-6,3 µ de long, bouclées à la base. Cystides nulles.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 792.

Habitat. Sur le sol de la forêt sèche.

Genera incertæ sedis

Les deux genres suivants ne sauraient être placés dans aucune famille reconnue à ce jour.

Genre Donkia Pilát

Caractères. — Carpophore piléolé. Chapeau sessile ou stipité, couvert de fibrilles, développant à sa face inférieure un hyménophore hydnoïde. Stipe nul ou plus ou moins central. Aiguillons subulés. Chair du chapeau fibreuse (sur le sec), parcourue de cordons radiaux. Chapeau à contexture monomitique, constituée d’hyphes génératrices, connectives et sarmenteuses; hyphes génératrices bouclées seulement jusqu’à une certaine distance de la marge du chapeau. Aiguillons à contexture dépourvue d’hyphes connectives et sarmenteuses, contenant des hyphes génératrices non bouclées. Basides claviformes, tétrasporiques, sans boucles. Spores ellipsoïdes, à face interne aplatie, lisses, incolores, non amyloïdes. Gloeocystides nombreuses. Lignicole ou terrestre.

Synopsis des espèces

A. Carpophore sessile ou attaché au substrat par un point dorsal, blanchâtre sur le vif ..... 1. D. pulcherrima

B. Carpophore stipité, rouge ................................................................................. 2. D. sanguinea

1. Donkia pulcherrima (Berk. et Curt.) Pilàt, Bull. Soc. Mycol. France, LII, p. 328 (1937); Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., XXXVII, p. 98, fig. 7 (1967). Planche LIII, fig. 6.

Syn. Hydnum pulcherrimum Berk. et Curt., Hook. Journ. Bot., I, p. 235 (1849).

Caractères macroscopiques. Carpophores groupés ou imbriqués. Chapeau jusqu’à 6,5 cm de diam. et atteignant environ 10 cm de large, dimidié-sessile ou étalé-réfléchi ou encore fixé par un point dorsal, semi-circulaire à réniforme, plus ou moins aplati ou fortement gibbeux en arrière, couvert de fibrilles entrelacées, longues, grêles, molles, soyeuses et visqueuses, blanc ou parfois légèrement jaunâtre. Aiguillons atteignant 5-6 mm de long, non décurrents, serrés, subulés, blancs. Chair du chapeau épaisse à très épaisse en arrière, 7-20 mm, gorgée d’eau, fibreuse, ferme, blanche, légèrement teintée de jaune vers l’attache au support; saveur nulle mais odeur nauséabonde en séchant.

Caractères microscopiques. Spores 4,5 × 2,7 µ environ, ellipsoïdes, aplaties à la face interne, à paroi lisse, incolores, non amyloïdes, à apicule oblique. Basides (pour la plupart immatures) 16-19 × 3,6-4,5 µ, claviformes, tétrasporiques, non bouclées, à stérigmates de 3,6 µ de long. Gloeocystides constituant la pointe des aiguillons, remplies de matière oléagineuse, à paroi mince, non ramifiées, plus haut (c.-à-d. en se rapprochant de la base des aiguillons) passant graduellement à des hyphes gloeocystidiales ramifiées, et celles-ci à leur tour à des hyphes porteuses de basides. Boucles parfois par 3-4, à certaines cloisons des hyphes génératrices de la chair piléique.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 917, 1038, 1091. — Amérique du Nord et du Sud, Philippines, Singapore, Inde, Sibérie, Europe (Tchécoslovaquie).

Habitat. Sur bois et troncs morts de la forêt sèche.

2. Donkia sanguinea (Beeli) Maas G., Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., XXXVII, p. 101, fig. 8 (1967). Planche LIII, fig. 7.

Syn. Hydnum sanguineum Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LVIII, p. 210 (1926).

Caractères macroscopiques. Carpophores groupés. Chapeau de 4,5-11 cm de diam., en forme d’entonnoir, déchiré ou lobé, hérissé ou villeux au centre, fortement ridé-fibrilleux radialement, muni en outre de plusieurs zones concentriques alternativement feutrées et glabres, rouge sang vif, ou vermillon à écarlate pâli vers la marge et d’un jaune brunâtre sale au centre, à zones alternantes plus claires et plus foncées; marge mince, laciniée. Stipe 2-5,5 cm × 3-13 mm, plein, central ou presque, égal ou atténué ou bien élargi à la base, courbe ou droit, feutré, purpurin pâle. Aiguillons atteignant 3-3,5 mm de long, plus ou moins longuement décurrents, serrés, subulés, rouge sang vif. Chair du chapeau environ 2 mm, homogène, rose purpurin, celle du stipe blanchâtre lavée de rose sale, nettement zonée; saveur et odeur non observées.

Caractères microscopiques. Spores (probablement immatures) 4-4,5 × 2,2-2,5 p., ellipsoïdes, aplaties à la face interne, à paroi lisse, incolores, non amyloïdes, à apicule oblique. Basides 20 × 4,5 µ par exemple, claviformes, tétrasporiques, non bouclées. Gloeocystides constituant la pointe des aiguillons, de 3,6-5,4 p de large, remplies de matière oléagineuse, à paroi mince, non ramifiées, plus haut (c’est-à-dire en se rapprochant de la base des aiguillons) passant graduellement à des hyphes gloeocystidiales ramifiées, passant à leur tour à des hyphes basidifères; encore plus haut, présence de curieuses cystides, séparées du sommet des aiguillons par une distance de 700 µ ou davantage, très dispersées sinon rares, mais se distinguant de prime abord par leur taille (jusqu’à 15 µ), leur longueur et l’épaisseur des parois (jusqu’à 3,6 µ).

Distribution géographique. District forestier central : Binga, Kalo, Ubangi, Yangambi, M. Goossens-Fontana 873 et 416, J. Louis 14036.

Habitat. Sur le sol et sur tronc mort dans la forêt sèche.

Genre Steccherinum S. F. Gray

Caractères. — Carpophore étalé, étalé-réfléchi ou piléolé. Chapeau pelucheux ou fibrilleux, à hyménophore infère, hydnoïde. Stipe nul ou chapeau rétréci en arrière en un stipe court. Aiguillons subulés. Chair du chapeau coriace, non zonée. Chapeau à contexture dimitique, constituée d’hyphes génératrices et squelettiques; hyphes génératrices bouclées (à notre connaissance). Aiguillons à contexture semblable. Basides claviformes, tétrasporiques, bouclées. Spores ellipsoïdes, à face interne aplatie, lisses, incolores, non amyloïdes. Cystides nombreuses, le plus souvent à paroi épaisse. Lignicole.

1. Steccherinum Sp. Maas G., Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., XXXVII, p. 106, fig. 9 (1967). Planche LIII, fig. 8.

Caractères macroscopiques. Carpophores étalés-réfléchis, confluents pour former une plaque d’où sortent plusieurs chapeaux imbriqués. Chapeau de dimensions variables, de 3-6 mm de diam. et 3-12 mm de large, conchoïde ou spathulé à réniforme, radialement bosselé-anfractueux et concentriquement sillonné, fibrilleux primitivement et çà et là aux bords, puis sur le sec en grande partie affaissé en une surface ni franchement feutrée ni soyeuse, jaunâtre brunâtre ocracé à fibrilles et taches isolées plus fauves. Aiguillons atteignant environ 1 mm de long, serrés, un peu comprimés, souvent laciniés au sommet, quelque peu hispides en raison de la saillie des cystides, de couleur incarnat brunâtre. Chair du chapeau mince, 0,2-0,5 mm, homogène, non zonée, coriace, jaunâtre sale; saveur et odeur nulles.

Caractères microscopiques. Couche hyméniale collapsée, aucun élément n’étant visible sauf les cystides qui se distinguent par leurs dimensions (6-10 µ), l’épaisseur de leurs parois et l’incrustation cristalline de leur partie saillante.

Distribution géographique. District des lacs Edouard et Kivu : Mont Kahuzi, Hendrickx 61.

Habitat. Sur bambous.

Observation. Bien que les aiguillons ne montrent pas tout à fait l’aspect habituel dans ce genre, le port général et l’anatomie nous ont amené à croire que les échantillons appartiennent à un Steccherinum. Nous ne saurions cependant identifier l’espèce à l’heure actuelle, d’une part faute d’information sur les spores, et d’autre part à cause des difficultés qu’entraîne la révision de ce genre. Nous envisageons une telle révision pour les prochaines années.

 

MACROLEPIOTA

par P. Heinemann

Caractères. Chapeau à revêtement continu à l’origine, tôt rompu en squames ou en squamules. Stipe énucléable, bulbeux; anneau complexe, mobile. Lamelles distantes, collariées,’larges et serrées. Sporée blanche ou crème. Spores hyalines; paroi épaisse, complexe; endospore métachromatique dans le bleu de crésyle; pore apical toujours présent. Anses d’anastomose généralement présentes, notamment au pied des basides. Carpophores terrestres. Cosmopolite.

Observations. Le genre Macrolepiota Sing. appartient à la tribu des Leucocoprineæ dont un synopsis sera donné dans un fascicule ultérieur.

Les diverses espèces du genre sont généralement considérées comme comestibles quoique les données sûres concernant les espèces africaines soient peu abondantes. Il existe d’autre part un danger de confusion avec les Chlorophyllum (voir p. 323) qui sont probablement toxiques.

Synopsis des espèces

A. Spores ellipsoïdes, à sommet arrondi ou ± étiré et pore apical évident :

I. Revêtement piléique se rompant en grandes squames plates, brunes; stipe coloré, souvent moiré; spores de grande taille (12-16 × 8-11 µ) :

a) Squames veloutées, brun très foncé; parties colorées des revêtements comportant des poils aigus à membrane épaisse; poils des squames piléiques naissant sur des cellules vésiculeuses; stipe très long ........................ 3. M. africana

b) Squames glabres, brunes; pas de poils aigus ni de cellules vésiculeuses dans les revêtements :

1. Stipe très long, moiré ........................................................................ 1. M. procera

2. Stipe égalant environ le diamètre piléique, peu moiré ........................ 2. M. prominens

II. Revêtement piléique à squames de petite taille ou sublisse; stipe souvent clair :

a) Carpophore de grande taille (D>8 cm); spores de grande taille (10-15 × 7,5-11,5 µ) :

1. Stipe très long (L/D=env. 2,5), coloré; squamules piléiques ponctiformes, bien individualisées, brunes sur fond brunâtre; lamelles blanches ou crème ...... 4. M. gracilenta var. goossensiæ

2. Stipe plus court (L/D=1-1,5), pâle; squames piléiques moins individualisées ou nulles:

α) Squames piléiques ± farineuses :

*) Lamelles très larges, blanches puis rosées .................................... 5. M. zeyheri

**) Lamelles de largeur moyenne, blanches ou crème .............................. M. mastoidea

β) Revêtement non squameux mais se déchirant superficiellement à la marge; lamelles blanches ou crème, de largeur moyenne ............................................................ M. excoriata

b) Carpophore de petite taille (D<6 cm); spores plus petites (L<11 µ), à pore parfois rudimentaire ou nul :

1. Chapeau lisse, à marge non striée; lamelles gén. non collariées ...... Leucoagaricus div. sp.

2. Chapeau ± squamuleux, parfois velu, à marge striée; lamelles souvent collariées ................. Leucocoprinus div. sp.

B. Spores amygdaliformes, à sommet largement tronqué, même excavé, à pore apical très large; spores de taille moyenne (7-10 × 5-6 µ) :

I. Sporée blanche ou crème; endospore rouge dans le bleu de crésyle :

a) Chapeau coloré et squameux; stipe à base brusquement bulbeuse; chair rosissant à l’air :

1. Carpophore très grêle; cellules du revêtement piléique bourrées de gouttelettes brunes ......... 6. M. abruptibulba

2. Carpophore assez trapu; cellules du revêtement piléique à gouttelettes brunes rares ou nulles, la pigmentation étant principalement membranaire ....................................... M. rhacodes

b) Chapeau blanc, lisse ou squameux :

1. Revêtement piléique ± hyméniforme au disque; stipe parfois teinté de bleuâtre; odeur de rose .... 7. M. odorata

2. Revêtement piléique non hyméniforme; chapeau à grande écaille centrale ......... 8. M. albida

II. Sporée verdâtre devenant ocre vif en séchant; spores bleues dans le bleu de crésyle .... Chlorophyllum molybdites (p. 323)

Observations. Les Macrolepiota excoriata (Schaeff. ex Fr.) Moser et M. rhacodes (Vitt.) Sing. ont été signalés par erreur du Congo, la première par confusion avec M. zeyheri, la seconde par confusion avec Chlorophyllum molybdites. La présence de ces espèces, ainsi que de M. mastoidea (Fr.) Sing., nous semble cependant très probable en Afrique centrale.

1. Macrolepiota procera (Scop. ex Fr.) Sing., Pap. Michig. Acad. Sc. Acts Lett., XXXII, p. 141 (1948); Heinem., Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., XXXIX, p. 203, fig. 1 (1969). Planche V, fig. 1 en haut (sub Lepiota procera à l’exclusion du 391) et planche LIV, fig. 1.

Syn. Lepiota procera (Scop. ex Fr.) S. F. Gray, Nat. Arrang. Brit. Pl. (1821).

L. procera var. gracilis Bres. ex De Wild., Bull. Jard. Bot. État Brux., IV, p. 14 (1914) nom. nud.

Caractères macroscopiques. Chapeau globuleux-campanulé puis convexe, d’env. 15 cm de diam., épais; revêtement brun foncé, entier et mat au disque, ailleurs rompu en larges squames plates, brun foncé sur fond brun clair. Stipe de 25 × 1,7 cm, cylindracé, à base bulbeuse de 3,5 cm de diam., creux-tubuleux; revêtement brun foncé, continu puis rompu en bandes transversales irrégulières (moiré), brun foncé sur fond brun pâle; anneau complexe, mobile. Lamelles blanches, d’env. 1 cm de large, très serrées, libres-distantes et collariées. Chair assez ferme, blanche, immuable; odeur faible. Sporée blanc crème.

Caractères microscopiques. Spores d’env. 14-16 × 10,5-11,8 µ, hyalines, ellipsoïdes ou à peine ovoïdes; paroi épaisse (2 µ), brune dans le Melzer, à endospore rouge dans le bleu de crésyle; pore évident, large (env. 2 µ). Basides 4-sporiques, piriformes. Cheilocystides vésiculeuses ou lancéolées à sommet ± étiré, de 30-65 × 11-19(27) µ.

Distribution géographique. District du Kasai : Lukombe, Sapin s. n. District du Bas-Katanga : Vieux-Kasongo, Dewèvre 144. District forestier central: vallée de l’Ikimi (Motima) et terr. de Gbwaka, M. Goossens-Fontana 407. District du Haut-Katanga : Kipopo, Lubumbashi, M. C. Schmitz-Levecq 75, 75bis, 298, de Loose 11. — Cosmopolite.

Habitat. Sur le sol, en forêt sèche et dans les galeries forestières; en forêt claire et dans les pelouses.

Usages. Comestible; consommé dans le Kasai et dans les environs de Binga.

Noms vernaculaires. Lipalabanza (dial. gombe), Bongwanu (dia. gbwaka), Songo dali dali (Vieux-Kasongo), Bobu (dial, bangala), Snsésé Bawana(Lukombe).

Observations. — 1. Cette espèce est signalée depuis longtemps en Afrique centrale mais elle a souvent été confondue avec les autres espèces du genre.

2. Des deux carpophores représentés sur la planche V du fascicule 2 de cet ouvrage, seul celui du haut correspond à M. procera encore que ce ne soit pas absolument certain car le stipe est peu moiré et fort foncé pour cette espèce. Aussi la description ci-dessus a-t-elle été prise sur une récolte plus sûre (Schmitz-Levecq 75). L’autre carpophore, représenté sur la planche V, est rapporté à l’espèce suivante.

2. Macrolepiota prominens (Fr.) Moser in Gams, Kleine Kryptogamenfl., II, p. 114 (1953); Heinem., Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., XXXIX, p. 206 (1969). Planche V, fig. 1 en bas (sub. Lepiota procera, à l’exclusion du n° 407).

Syn. Lepiota procera Auct. non (Scop. ex Fr.) S. F. Gray.

Caractères macroscopiques. Chapeau convexe, à centre mamelonné, de 30 cm de diam., épais; revêtement brun bistre foncé, entier au disque, ailleurs rompu en squames plates, ± détersiles, brun foncé sur fond blanchâtre; marge appendiculée. Stipe de 36 × 3 cm, cylindracé, à base bulbeuse de 7 cm de diam., creux; revêtement bistre noirâtre très foncé, moiré; anneau complexe mobile. Lamelles blanches, libres, séparées du stipe par une vallécule profonde d’env. 2 cm. Chair blanche, immuable.

Caractères microscopiques. Spores de 16,5 × 10 µ par exemple, semblables à celles de M. procera. Basides 4-sporiques, piriformes.

Distribution géographique. District forestier central : entre Diobo et Akula, M. Goossens-Fontana 391. — Europe.

Habitat. Sur le sol de la forêt sèche.

Usages. Comestible; consommé par l’indigène.

Nom vernaculaire. Litutundu (entre Diobo et Akula).

Observation. Cette espèce est extrêmement proche de M. procera; elle n’en constitue peut-être qu’une forme écologique.

3. Macrolepiota africana (Heim) Heinem., Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., XXXIX, p. 207, fig. 2 (1969). Planche LIV, fig. 2.

Syn. Leucocoprinus africanus Heim, Cah. Maboké, V, p. 63, tab. 1 (« 1967 », 1968 !) et Rev. Mycol., XXXIII, p. 212 (1968).

Caractères macroscopiques. Chapeau de 10-15(30) cm de diam., campanulé puis étalé à fort mamelon central; revêtement brun très foncé, tomenteux, continu sur le mamelon, ailleurs rompu en grandes squames plates sur fond clair, les marginales souvent très grandes et orientées radialement. Stipe de 30-55 × 1,5 cm, cylindracé, un peu sinueux, à base bulbeuse de 3 cm de diam., creux; revêtement tomenteux, brun très foncé, moiré par places; anneau complexe, analogue à celui de M. procera, pâle, à squames brunes à sa face inférieure. Lamelles très serrées, libres, nettement collariées, crème rosé. Chair rougeâtre dans la partie inférieure du stipe.

Caractères microscopiques. Spores de 12,2-13,9(15) × 7,6-9,9 µ, jaunâtres ou subhyalines, ellipsoïdes; paroi épaisse (1,5-2 µ), brune dans le Melzer, à endospore rouge dans le bleu de crésyle; pore évident, large (1,5 µ). Basides 4-sporiques, de 29-32 × 12-14 µ, piriformes, bouclées à la base. Revêtement du chapeau et du stipe comportant des poils aigus, bruns, à membrane épaisse, de 50-100 × 5-10 µ.

Distribution géographique. District forestier central : Yembe près de Bikoro (lac Tumba), Mamet 3. District des lacs Edouard et Kivu : Mutsora (Parc National Albert), alt. 1200 m, riv. Ngokoye (affl. de la Talya), Fredericq in de Witte 8356, 8359, 8369, 9573, 10368. — République Centrafricaine, Cameroun.

Habitat. Sur le sol, probablement en forêt.

Usages. Comestible excellent (Yembe).

Noms vernacuiaires. Yánanga, au pluriel Biánanga (Yembe).

4. Macrolepiota gracilenta (Krombh.) Moser in Gams, Kleine Kryptogamenfl., II, p. 114 (1953).

var. goossensiae (Beeli) Heinem., Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., XXXIX, p. 210, fig. 3 (1969). Planche V, fig. 2 et planche LIV, fig. 4.

Syn. Lepiota procera Scop. var. goossensiae Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LXIV, p. 211, pl. XXV, fig. 1 (1932).

Lepiota gracilenta Krombh. var. congolensis Beeli, Fl. Icon. Champ. Congo, p. 30, pl. V, fig. 2(1936).

Caractères macroscopiques. Chapeau campanulé puis étalé à centre mamelonné et marge incurvée, d’env. 11 cm de diam., revêtement brun d’ombre, entier sur le mamelon, ailleurs rompu en squames ponctiformes brun foncé sur fond brunâtre clair. Stipe de 24 cm × 8 mm, raide, cylindrique, à base bulbeuse de 20 mm de diam., creux-tubuleux; revêtement mat, brun clair puis brun rougeâtre, uni ou parfois rompusquamuleux, blanchâtre à la base; anneau mobile, gainant le stipe sur env. 1 cm, à partie étalée assez épaisse, brune à la face inférieure. Lamelles serrées, blanches, assez larges (10 mm), un peu ventrues, aiguës aux extrémités, libres, collariées; collarium séparé du stipe par une vallécule aiguë de 5 mm de profondeur. Chair blanche, immuable, peu épaisse.

Caractères microscopiques. Spores de 9,8-11,5 × 7,4-8,4 µ, jaunâtres, ellipsoïdes; paroi épaisse (env. 1,5 µ), brune dans le Melzer, à endospore rouge dans le bleu de crésyle; pore évident, assez large (env. 1 µ). Basides 4-sporiques, piriformes, de 23-31 × 10-12 µ, bouclées à la base mais à boucle plate souvent difficile à observer. Cheilocystides hyalines, claviformes, lancéolées ou piriformes, de 23-35 × 10-18 µ.

Distribution géographique. District du Bas-Congo : Kisantu, Kinshasa, Vanderyst s. n., Bequaert s. n. District forestier central: Binga, environs du mont Hoyo, riv. Issehe, alt. 1200 m, M. Goossens-Fontana 652, Vanschuytbroeck in de Witte 12560. District des lacs Edouard et Kivu : Mutsora (Parc National Albert), alt. 1200 m, mont Kahuzi, Kisozi, Fredericq in de Witte 8364 et 8365, Hendrickx 3099 et 3775. District du Haut-Katanga : Kipopo, alt. 1250 m, M. C. Schmitz-Levecq 75ter et 298bis.

Habitat. Sur le sol, forêt claire, galeries forestières, forêt ombrophile, pelouse à Paspalum.

Usages. Probablement comestible.

Nom vernaculaire. Ngoma ya nyamuzinda (Kivu).

Observations. Cette espèce, très voisine de M. procera, s’en distingue essentiellement par la structure du revêtement qui se résout en un grand nombre de très petites squamules et par une moindre tendance du stipe à présenter des chinures par ruptures superficielles.

5. Macrolepiota zeyheri (Berk.) Sing., Sydowia, XV, p. 67 (1952); Heinem., Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., XXXIX, p. 214, fig. 4 (1969). Planche VIII, fig. 13 (sub Annularia congolensis) et planche LIV, fig. 3.

Syn. Lepiota zeyheri (Berk.) Sacc, Syll. Fung., V, p. 32 (1887).

Annularia congolensis Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LXI, p. 79, pl. III, fig. 3 (1928).

Lepiota excoriata Auct. non (Schaeff. ex Fr.) Kumm.

Caractères macroscopiques. Chapeau de 10-16 cm de diam., d’abord conique à sommet tronqué puis globuleux, mamelonné, ensuite convexe à mamelon proéminent et marge longtemps incurvée; revêtement d’abord brun clair à centre ocre puis pâlissant, continu et jaune ocracé sur le mamelon, ailleurs se résolvant en granulations et squamules méchuleuses, caduques, brun très clair sur fond blanc; marge floconneuse et appendiculée par des restes de voile blancs. Stipe de 11-21 cm × 8-13 mm, cylindrique, à base brusquement renflée en un bulbe subsphérique ou un peu aplati de 25-35 mm de diam., énucléable, profondément enfoncé dans le chapeau, creux; revêtement blanc puis brun rosâtre au toucher et en vieillissant, tomenteux, furfuracé, blanc et feutré sur le bulbe; anneau mobile, blanc, double, à rebord supérieur squamuleux-fimbrié, à rebord inférieur lisse. Lamelles blanc crème ou blanc jaunâtre puis rosées, assez serrées, très larges (jusqu’à 23 mm), obtuses à la marge, aiguës-atténuées au stipe, libres, collariées, inégales; arête finement crénelée. Chair du chapeau blanche, immuable, épaisse, ferme puis molle et sèche comme de l’amadou; chair du stipe blanche puis ocracé sale, fibreuse; saveur et odeur agréables. Sporée blanc rosé.

Caractères microscopiques. Spores de 12,5-15 × 9-10,4 µ, jaunâtres, ellipsoïdes; paroi épaisse brune dans le Melzer, à endospore rouge dans le bleu de crésyle; pore assez large (1 µ). Basides 4-sporiques, claviformes, bouclées à la base, de 40-45 × 11,5-13 µ. Cheilocystides claviformes, piriformes ou largement lancéolées, de 22-40 × 8-14 µ.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac, gaïacol : réactions positives, rapides. Phénol : réaction rapide, pourpre noirâtre. α-Naphtol : réaction lente, violacé noirâtre. FeSO4, aniline, ammoniaque : réactions nulles (chapeau et stipe).

Distribution géographique. District du Bas-Congo : Kisantu, Vanderyst s. n. District du lac Albert : Nioka, Mahagi, alt. 1700 m, M. Goossens-Fontana 561, D. Froment 445. District des lacs Édouard et Kivu: Panzi, Mulungu, M. Goossens-Fontana 5031, 5061, 5221, 5262, 5329, 5375, 5416 et 5450, Hendrickx 511. District du Haut-Katanga : Lubumbashi, Keyberg, Kipopo, de Loose B7, Soyer-Poskin 158, 177 et 307, M. C. Schmitz-Levecq 3. — Afrique du Sud.

Habitat. Sur le sol, souvent abondant, savanes, pelouse à Paspalum, pâturages, forêt sèche.

Usages. Comestible (D. Froment) mais non consommé par l’indigène à Panzi (Mme Goossens). Donné comme comestible en Afrique du Sud (Pearson).

Noms vernaculaires. — Djilo (dial. Kilendu), N’volo mighom (dial. Kilur).

Observations. M. zeyheri est caractérisé par ses lamelles très larges et roses; sinon, cette espèce semble extrêmement voisine de M. mastoidea (Fr.) Sing., qui a sensiblement les mêmes caractères microscopiques. Cette espèce est très commune au Kivu et au Katanga; ses carpophores se dessèchent facilement sur place et prennent alors un aspect pouvant les faire prendre pour une autre espèce. La récolte Goossens-Fontana 5061 se rapporte exclusivement à de tels carpophores.

6. Macrolepiota abruptibulba (Heim) Heinem., Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., XXXIX, p. 218, fig. 5 (1969). Planche V, fig. 3 (sub Lepiota subprocera) et planche LV, fig. 1.

Syn. Lepiota subprocera Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LXIV, p. 212, pl. XXV, fig. 3 (1932) non (Saut.) Sacc.

Leucocoprinus abruptibulbus Heim, Rev. Mycol., XXXIII, p. 213 (1968).

Lepiota subprocera Auct. non (Saut.) Sacc.

Lepiota nympharum Auct. non (Kalchbr.) Sacc.

Caractères macroscopiques. Chapeau d’abord globuleux puis convexe-étalé, de 8-15 cm de diam., à centre aplani ou plus souvent mamelonné, assez épais; revêtement brun rougeâtre foncé entier et le restant au centre, ailleurs rompu en larges squames imbriquées brun gris foncé sur fond crème rosé puis brun clair. Stipe de 15-19 cm × 8-10 mm, cylindracé, s’élargissant assez progressivement ou brusquement vers la base qui mesure 20-30 mm de diam., creux, tubuleux; bulbe d’abord marginé puis arrondi; revêtement lisse, soyeux, blanc puis jaunâtre à brun violacé sale, restant blanchâtre à la base, rougissant puis brunissant au toucher; anneau adhérent puis mobile, assez étroit, à rebord épais, blanc puis brunâtre. Lamelles blanches puis jaunâtres, d’env. 1 cm de large, se tachant de rose à l’arête, serrées, atténuées à la marge, arrondies-atténuées au stipe, distantes, séparées du stipe par une vallécule peu profonde de 2-6 mm de large, tendant à se détacher de la chair piléique au voisinage du stipe. Chair ferme puis molle à consistance d’ouate, blanche, rougissant à la coupe, légèrement dans le chapeau, plus vivement au contact des lamelles et dans le stipe; brunissant graduellement dans le bulbe; saveur et odeur fortes. Sporée blanche.

Caractères microscopiques. Spores de 7,5-12X5,5-7 µ, hyalines à jaunâtres, amygdaliformes, à sommet tronqué; paroi épaisse (1,5-2 µ), brune dans le Melzer, à endospore rouge dans le bleu de crésyle; pore évident, tronquant, de 2-2,2 µ de diam. Basides 4-sporiques, claviformes, de 20-25 × 7-10 µ. Cheilocystides abondantes, claviformes ou lancéolées, hyalines à jaunâtres, de 25-60 × 7-13 µ, à base étroite, de 2-3 µ de diam. Revêtement piléique à hyphes dressées et ramifiées, les éléments terminaux ± claviformes, de (15)20-45 × 7-11 µ contenant de nombreuses gouttelettes brunes.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac : bleu noir, rapide. Gaïacol : pourpre foncé, rapide. Phénol : vineux, rapide. Aniline : ocre, rapide. Ammoniaque : rosé clair (active peut-être le rougissement naturel). Pyrogallol : réaction nulle.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, Yembe près de Bikoro (lac Tumba), M. Goossens-Fontana 662, 1016 et 3055, Mamet 5. District des lacs Edouard et Kivu : Panzi, M. Goossens-Fontana 5035, 5131, 5154, 5263, 5328, 5351 et 5469. — République Centrafricaine.

Habitat. Sur le sol en forêt et dans les plantations de caféiers; sur des détritus ménagers.

Usages. Non consommé par l’indigène (Binga, Panzi).

Observations. Cette espèce est voisine de M. rhacodes (Vitt.) Sing., qui a un habitus plus trapu, un anneau plus complexe, mobile, des cheilocystides plus grandes et surtout une autre répartition de la pigmentation dans le revêtement piléique : principalement membranaire et non sous forme de gouttelettes internes. Sinon, les spores des deux espèces sont très semblables.

7. Macrolepiota odorata Heinem., Bull. Jard. Bot. Nat. Belg., XXXIX, p. 221 (1969). Planche LV, fig. 3.

Caractères macroscopiques. Chapeau charnu, épais jusqu’à la marge, globuleux puis étalé, à centre largement et bassement mamelonné, de 4-10 cm de diam.; revêtement brun rougeâtre chez les jeunes puis brun ocre, entier et le restant au centre, ailleurs rompu en squames peu adhérentes, brunes ou ocracées sur fond blanchâtre. Stipe de 7-16 × 0,5-1,3 cm, énucléable, cylindrique, à base bulbeuse de 2-2,5 cm de diam., creux, à moelle soyeuse; revêtement lisse, blanc puis brunâtre rosé, teinté par places de bleu verdâtre pâle; anneau assez épais, étalé horizontalement, mobile. Lamelles blanches puis rosées, serrées, larges, ventrues. arrondies à la marge, atténuées, libres-distantes au stipe dont elles sont séparées par une vallécule arrondie de 2 mm de large et de profondeur. Chair blanche, rosissant à la coupe dans le stipe; saveur et odeur parfumées, rappelant la rose. Sporée blanc pur.

Caractères microscopiques. Spores d’env. 7,6-9(10,5) × 4,9-6,3(7) µ, amygdaliformes, largement tronquées (2 µ), paroi épaisse, brune dans le Melzer; endospore rouge dans le bleu de crésyle; pore évident. Basides (2)-4-sporiques, étroitement claviformes, de 24 × 7 µ par ex. Cheilocystides abondantes, hyalines, piriformes, d’env. 25-40 × 8-15 µ.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac : vert bleu foncé, immédiat. Gaïacol : pourpre intense, immédiat. α-Naphtol : violet intense, immédiat. Pyrogallol : brun chocolat, lent. Phénol : vineux, lent. Ammoniaque, sulfate de fer : réactions nulles.

Distribution géographique. District des lacs Edouard et Kivu : Panzi, M. Goossens-Fontana 5439, 5445, 5459, 5463, 5491, 5482, 5496 et 5512.

Habitat. Sur le sol, parmi les détritus ménagers, près des cases.

Usages. Non consommé par l’indigène.

8. Macrolepiota albida Heinem., Bull, Jard. Bot. Nat. Belg., XXXIX, p. 222, fig. 6 (1969). Planche V, fig. 5 (sub. Lepiota albida) et planche LV, fig. 2.

Syn. Lepiota alba Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LXIV, p. 212, pl. XXV, fig. 4 (1932) non (Bres.) Sacc.

Lepiota albida Beeli. Fl. Icon. Champ. Congo, II, p. 31, pl. V, fig. 5 (1936) non Mass.

Caractères macroscopiques. Chapeau épais au centre, progressivement aminci vers la marge, convexe, à centre largement mamelonné-tronqué, d’env. 7 cm de diam.; revêtement blanchâtre, restant entier au centre où il forme une large écaille, ailleurs rompu-pruineux. Stipe de 11 × 0,7 cm, cylindracé, à base bulbeuse de 2 cm de diam., étroitement creux jusque dans le bulbe; revêtement blanchâtre, lisse en haut, pelucheux dans le bas; anneau blanchâtre, simple, membraneux, d’origine supère, en entonnoir étroit, adhérent puis probablement mobile. Lamelles blanches, larges (1 cm), atténuées aux deux extrémités, libres, distantes du stipe par une vallécule étroite, peu profonde et striée par la décurrence en filet des lamelles. Chair blanche dans le chapeau, un peu roussâtre dans le stipe.

Caractères microscopiques. Spores de 7,8-9,6 × 5,2-6,4 µ, hyalines-jaunâtres, amygdaliformes, largement tronquées (2 µ); paroi épaisse, brune dans le Melzer; endospore rouge dans le bleu de crésyle; pore tronquant, large. Basides 4-sporiques, étroitement claviformes, de 32X9 µ par ex. Cheilocystides claviformes ou vésiculeuses, hyalines, d’env. 25-40 × 10-21 µ.

Distribution géographique. District forestier central: Binga, M. Goossens-Fontana 788.

Habitat. Sur le sol de la forêt.

Observation. — Il faut remarquer que le chapeau est beaucoup plus charnu que l'aquarelle de Mme Goossens le montre.