Flore iconographique des Champignons du Congo

Fascicule 4

 

Lactarius

par R. Heim (mars 1956) : 81-98, pl. 13-15

 

Illustrée en couleurs par Mme M. Goossens-Fontana


Planches


 

LACTARIUS

par Roger Heim

ASTEROSPORALES (Malençon ex Quél.) Heim

Caractères : Champignons charnus, plus ou moins putrescibles, parfois à peine; généralement terrestres, épigés ou hypogés, presque toujours mycorhiziques, rarement lignicoles sous les tropiques. Hyménobasidiés; soit angiocarpes et hypogés, soit subangiocarpes, pseudoangiocarpes ou hémiangiocarpes et épigés-agaricoïdes. A réseau lactifère constant; à latex abondant, rare ou nul, résinoïde ou séreux, hyalin, blanc ou coloré. Spores globuleuses, ovoïdes ou ovoïdes-ventrues, asymétriques par rapport à un axe (type agaricoïde) ou symétriques (type gastéroïde), toujours à ornementation amyloïde paraissant provenir d’une périspore rompue en verrues ponctiformes, tuberculeuses ou linéaires, anastomosées ou non, et qui dessine un réticulum parfois incomplet, rarement total; à plage hilaire nue ou plus souvent tache hilaire amyloïde, granuleuse ou crêtée. Basides à 1-4 stérigmates, le plus souvent 4 dans les formes agariciformes, exceptionnellement plus dans certaines formes hypogées. Cystides hyméniennes fréquentes, souvent riches en composés phénoliques, à inclusions guttiformes et parfois cristallines. Chair grenue-cassante (très nettement dans les formes épigées), à sphérocystes en îlots groupés autour d’un axe, et dont les amas sont enveloppés de faisceaux d’hyphes connectives. Hyménium non déliquescent.

Observations. — 1. — Cet ordre comporte toute une série de formes hypogées ou subépigées (Asterogastraceae Malenç.) dont les parentés avec les formes épigées, lamellées, agaricoïdes (Russulaceae auct.) ont été mises en lumière par Buchholtz (1902, 1903) et surtout par G. Malençon (1931). Le caractère primitif ou dégradé de diverses espèces lamellées et leurs affinités avec des formes gastéroïdes subhypogées a été d’autre part précisé par R. Heim (1936-1943).

2. Jusqu’ici aucune des Astérogastracées ne paraît avoir été rencontrée au Congo belge (cette famille comporte les genres MacOwanites, Elasmomyces, Arcangeliella, Gymnomyces, Hydnangium, Clathrogaster, Martellia, Octaviania, Sclerogaster).

 

Synopsis des familles

A. Champignons subépigées ou hypogés, à hyménium locellé, clos ou le devenant, capillitium nul. Basides souvent à 1, 2 ou 3 stérigmates ...................................... ASTEROGASTRACEÆ

B. Champignons épigés, agariciformes, terricoles et mycorhiziques, rarement lignatiles; à voile général nul, évanescent ou adné-diffus, à voile partiel nul ou membraneux, à hyménium finalement ouvert et lamellé, à chair grenue-cassante, un peu tenace dans les formes primitives, lactescente ou non; sous-hyménium ± celluleux, trame des lamelles généralement à sphérocystes, rarement filamenteuse; basides le plus souvent tétraspores; sporée variant selon les espèces du blanc pur au jaune d’œuf......... RUSSULACEÆ

RUSSULACEÆ

Caractères : Champignons épigés, agariciformes, gymnocarpes ou pseudoangiocarpes, terricoles et mycorhiziques, rarement lignatiles; à voile général nul, évanescent ou adné-diffus, à voile partiel nul, ou membraneux persistant (alors à anneau double, parfois mobile, parfois caduc), à hyménium toujours finalement ouvert et lamellé. Généralement privé de lamellules vraies, indépendantes ou à développement centripète, mais offrant des ramifications lamellaires d’origine non périphérique; à chair grenue-cassante, non fibreuse, mais un peu tenace dans les formes primitives, lactescente on non; sous-hyménium ± celluleux, rarement accompagné d’un hyménopode; trame des lamelles généralement à sphérocystes, rarement filamenteuse; basides le plus souvent tétraspores; sporée variant selon les espèces du blanc pur au jaune d’œuf.

Observations. — 1. — La famille des Russulaceae, qui constitue un ensemble très naturel au sein des Astérosporales, ne comporte que deux genres : Lactarius et Russula, qui se différencient par la présence ou l’absence d’un latex et pourraient être réunis d’ailleurs en une seule coupure tant les affinités entre certains de leurs représentants respectifs sont intimes, et tant l’ensemble de leurs caractères essentiels concorde.

2. La parenté des deux genres Lactarius et Russula avec les autres Agaricacés reste discutable, quoique leurs affinités réelles se montrent incertaines : pour Fayod et R. Heim, Lactaires et Russules sont plus proches des Hygrophores que de tout autre genre d’Agarics, pour R. Kühner au contraire une certaine proximité semble unir les Russulacées aux Amanites.

3. Dans l’étude du genre Lactarius comme dans celle des Russula où R. Maire (1908, 1910), suivi par Melzer et Zvara (1927), par J. Schaeffer (1934), par R. Singer (1932, 1935), et d’autres auteurs, ont précisé peu à peu les caractères distinctifs pratiquement utilisables des particularités macroscopiques, microscopiques, macro et microchimiques aident considérablement à la définition, la limitation et la caractérisation des espèces. L’importance systématique des pigments piléiques doit céder le pas devant celle qui s’applique à la saveur et à l’odeur de la chair, critères sensitifs hautement utilisés par les mycologues descripteurs, chez les Russules à la coloration du pied, chez les Lactaires aux qualités du latex : couleur sur le frais et sitôt après, saveur, fluidité, abondance. Dans toute la famille, mais surtout chez les Russules, la couleur exacte de la sporée, fraîche et sèche, conservée dans des conditions précises, bien déterminées, est d’une haute signification taxinomique. Aux dimensions des spores, dépassant rarement 12 μ et descendant exceptionnellement au-dessous de 6 μ, doivent être jointes les indications propres à l’ornementation périsporique, autrement dit à l’aspect et aux dispositifs des ornements amyloïdes, virant au brun foncé ou au violet sombre sous l’influence des solutions iodo-iodurées : verrues isolées ou anastomosées, réseau partiel ou complet. L’examen des cystides hyméniennes (vraies ou lactifères) et des dermatocystides propres au revêtement piléique, aisément colorables en teinte foncée (bleue, violette, noire ou grise), notamment par les réactifs sulfovanillique et sulfobenzaldéhydique, celui des hyphes primordiales présentes dans l’épiderme de certaines espèces éléments inactifs à la sulfovanilline et souvent enrobés de dépôts résistant aux acides permettent d’apporter des éléments micrographiques de détermination fort utiles, mais difficilement interprétables sur le sec, et auxquels d’ailleurs on a aujourd’hui tendance à donner une importance exagérée dans le cadre de la systématique classique et pratique. De même, les réactifs macrochimiques sulfate de fer à 10 %, ammoniaque, potasse à 4 %, phénol ordinaire à 2 %, teinture de gaïac, etc. livrent de précieux moyens de confirmation ou d’infirmation d’un diagnostic.

4.  Les Russules d’Europe, mieux que les Lactaires, offrent un intérêt gastronomique non négligeable. Malheureusement, rarement utilisés par les populations noires, ils ne paraissent, ni les uns ni les autres, conduire aux mêmes utilisations culinaires sous les tropiques, du moins au Congo belge. Il convient encore de signaler que tous les Lactario-Russulés sont probablement en rapport mycorhizique avec les racines d’arbres forestiers et qu’à ce titre ils méritent d’attirer l’attention des sylviculteurs.

 

Synopsis des genres

A. Un latex fluide (aqueux ou résinoïde). Des pigments surtout de membrane................ Lactarius

B. Pas de latex visible, mais parfois des gouttelettes d’exsudation dans les lamelles. Des pigments surtout vacuolaires ..................... Russula (*)

 

(*) Ce genre sera traité dans un fascicule ultérieur.

Genre Lactarius Fries

Caractères : Champignons agariciformes, toujours épigés gymnocarpes ou pseudoangiocarpes, terricoles et mycorhiziques, rarement lignatiles sous les tropiques; à voile général nul, évanescent ou adné-diffus, à voile partiel nul, ou membraneux et dans ce cas à anneau (Lactariopsis P. Henn.); à hyménium finalement ouvert et lamellé, aux feuillets souvent décurrents, à chair grenue-cassante, un peu tenace dans les formes primitives; à latex fluide; trame des lamelles à sphérocystes souvent accompagnés d’hyphes filamenteuses; basides tétraspores, rarement bispores; sporée variant selon les espèces du blanc pur à l’ocre pâle ou l’ocre rosé clair. Pigments surtout de membrane.

Observations. Des classifications commodes des Lactaires des régions tempérées ont été proposées par divers auteurs : Fries, et ceux qui l’ont suivi (Cooke, Ricken, Lange), par Quélet, Bataille, Pearson, Konrad,

Josserand, Kühner et Romagnesi. Chacune a ses qualités, toutes sont utilisables. Par contre, la classification satisfaisante, qu’on oserait appeler naturelle, qui grouperait les formes dans un nombre limité de sections en traduisant heureusement d’essentielles parentés, en faisant apparaître des relations étroites entre les composants de chacune de ces coupures, reste probablement à établir. Peut-être doit-on admettre qu’une différenciation trop limitée des critères que livrent les Lactaires rend irréalisable un tel arrangement idéal. De telles difficultés, liées ainsi à la subtilité de certaines distinctions, ont conduit des auteurs, comme Kühner et Romagnesi dans leur Flore analytique (1953), à admettre un nombre relativement élevé de sectionnements s’inspirant de critères directeurs de nature respectivement toute distincte. Cette tendance est probablement la plus raisonnable. Mais elle ne pourrait revêtir une valeur durable que s’il n’existait pas toute une série de Lactaires tropicaux dont la position reste, pour beaucoup, entièrement en dehors des cases taxinomiques ainsi ménagées par les auteurs européens.

En essayant de tenir compte à la fois des espèces des régions tempérées (septentrionales et australes) et de celles des pays chauds, on peut proposer la classification pratique suivante que nous ne voulons considérer que comme toute provisoire et qui ne tient compte des affinités naturelles que pour une partie des sections composantes. Nous revenons plus longuement sur ces questions dans notre mémoire récent.

Synopsis des sections

A. Espèces à lait naturellement et immédiatement rouge (d’orange à rouge violacé)......... Dapetes + (#)

B. Espèces à lait non immédiatement rouge (mais soit immuablement blanc ou hyalin, soit de teinte naturellement ni blanche ni rouge, mais jaune, brune, grise, soit virant plus ou moins rapidement à l’air en jaune, rose, rouge, brun, bleu-violet, gris ou noir) :

I. Spores réticulées, au moins partiellement, et toujours profondément ailées . . . PTEROSPORI * (§) (p. 90)

II. Spores non profondément ailées :

a) Chapeau sillonné radialement et marqué de veines cérébriformes ± gélifiées, se retrouvant en haut du pied où elles prolongent les lamelles décurrentes. Subiculum mycélien basal .... CAPERATI ** (p. 86)

b) Autres caractères :

1. Espèces à chair piléique pelliculaire et marge profondément striée .... PELLICULARES **

2. Autres caractères : (p. 97)

α) Espèces puissantes et compactes ................................... COMPACTI *

* Espèces puissantes, à chapeau non pruineux ni glutineux. (p. 92)

* Chapeau blanc ou blanchâtre, sec, glabre ou finement pubescent, non barbu ni zoné, non visqueux. Chair et lait âcres. Spores à ornementation fine............ Piperati

** Chapeau non blanc. Stipe et chapeau concolores, de teinte sombre. Marge piléique striée :

Chair immuable............................................. Ingrati * (p. 93)

Chair rougissante ou brunissante......................... Nigricantini * (p. 93)

*** Chapeau roux, brun clair ou orange entièrement velouté, à revêtement souvent formé de poils à membrane épaisse, à marge non striée. Lait faiblement coloré, souvent brunissant ........................................... Volemi *

** Espèces puissantes, à chapeau glutineux et feutré-barbu sur la marge. Latex âcre.... Barbati +

*** Espèces plus ou moins robustes, à chapeau un peu visqueux, à peine pubescent ou glabre aux bords. Latex âcre, immuablement blanc ..................... Immutabiles

β) Espèces non puissantes, mais souvent assez grandes .................... GENUINI *

* Chapeau glutineux-visqueux, à marge non barbue, nue ou d’abord pruineuse .... Glabrati +

** Chapeau tomenteux ou floconneux.................................. Floccosi * (p. 95)

*** Chapeau pruineux............................................... Pruinosi +

 

(#) C’est le groupe deliciosus dont certains représentants suivent les pins dans les régions subtropicales.

L’astérisque signifie que le sectionnement est représenté à la fois dans les régions tropicales, notamment au Congo belge, et en Europe. Le double astérisque ** signifie que le sectionnement n’est représenté jusqu’ici que dans les régions tropicales et notamment au Congo belge. La croix signifie que le groupe, comportant des espèces européennes, a été retrouvé sous les tropiques, mais non au Congo belge ni en Afrique Noire Française. 

(§) Section probablement artificielle, basée surtout sur un critère sporal et retirant aux Fuliginosi de Konrad une partie de leurs constituants.

A. Section Caperati Heim (*)

Caractères : Chapeau à la fois sillonné radialement et marqué de veines cérébriformes généralement concentriques se retrouvant en haut du pied où elles prolongent en filet ou en bourrelet les lamelles, adnées ou décurrentes. Mycélium basal abondant. Spores tuberculeuses ou réticulées, mais à ornementation basse, jamais crêtée.

 

(*) Les Venolactarius, à spores profondément réticulées-ailées pourraient, par leur revêtement, s’intercaler parmi les Caperati. On les retrouvera dans les Pterospori (voir p. 90).

 

Synopsis des groupes

A. Un anneau ou un bourrelet péripédiculaire. Chair mince, latex blanc................ Lactariopsis

B. Pas d’anneau :

I. Latex blanc. Pied plus pâle que le chapeau. Lamelles décurrentes, distantes et épaisses. Chair mince .......... Gymnocarpi

II. Latex blanchâtre, ocracé ou brunâtre. Chapeau et pied concolores et à revêtement identique. Lamelles adnées, nombreuses et minces. Chair épaisse.................................... Phlebonemi

a) Groupe Lactariopsis (P. Henn.) emend. Heim.

Caractères : Lignicoles ou sur humus ligneux; à subiculum membraneux basal, souvent large. Développement pseudoangiocarpique : voile partiel formant un anneau paraissant simple, plus exactement un bourrelet double annuliforme; voile général filamenteux, persistant, à hyphes raides offrant une membrane épaisse, et à terminaison aiguë. Chapeau d’abord couvert de veines gélifiées se prolongeant au sommet du stipe, puis longuement strié sur la marge. Lamelles cassantes, céracées-charnues. Latex blanc, très âcre. Spores asymétriques, à verrues inégales, étirées, doublées d’un réticulum à larges alvéoles, mais variable et irrégulier. Chair immuable à l’air. Oxydases plutôt actives. Cystides hyméniennes lactifères étroites et très émergentes.

Synopsis de l’espèce et des formes

A. Lamelles serrées :

I. Pied de couleur pâle.......................................... L. Pandani f. pallidus

II. Pied et chapeau brun roux orangé................... ..................... f. aurantiacus

B. Lamelles distantes ............................................................ f. intermedius

1. Lactarius Pandani Heim, Les Lactario-Russulés du domaine oriental de Madagascar, p. 36, fig. 5-9, Pl. I, fig. A (1938); Diagnoses latines d’espèces et var. nouv. de Lactario-Russulés du dom. orient. de Madagascar, Candollea, VII, p. 367 (1938); Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 17, fig. 3d, 3e, Planche XIII, fig. 2 à 4. (1955). Planche XIII, fig. 1.

Caractères macroscopiques. Chapeau de 5-6 centimètres de diamètre (jusqu’à 8 cm dans la f. pallidus), d’abord épais, convexe, mamelonné, puis étalé, même largement déprimé; à marge primitivement enroulée et libre, ensuite adhérente au haut du stipe; à voile général finement tomenteux, puis formant des veines gélifiées concentriques vers le centre, sinueuses ou radiales sur la marge, se prolongeant longitudinalement sur le haut du stipe, subsistant en plaques écailleuses, blanchâtres, apprimées, surtout sur la marge où elles masquent les stries, par transparence des lamelles, qu’offre le revêtement, de couleur brun roux orangé, plus foncé au centre (finalement ocre orangé dans la f. pallidus). Stipe de 3,5-5 cm de hauteur, de 1,5-2,3 cm de largeur, cylindracé, un peu aminci vers la base, ridé, marqué dans la partie supérieure de veines gélifiées, longitudinales-sinueuses; subconcolore au chapeau (f. aurantiacus), ou blanchâtre (f. pallidus), ou ocre-roussâtre (var. intermedius); plein, parfois rongé; muni d’un anneau ou d’un bourrelet de formation secondaire, membraneux-granuleux, souvent subtil, même caduc, non mobile, blanchâtre; reposant sur un subiculum feutré blanchâtre. Lamelles assez serrées, parfois presque distantes (var. intermedius), épaisses, étroites, arquées-décurrentes, aiguës vers la marge, ocracé-jaunâtres, accompagnées de lamellules inégales. Chair jaunâtre clair, à saveur très piquante. Latex abondant, au moins au début, blanc, très âcre. Sporée blanc pur.

Caractères microscopiques. Spores 7,5-10 × 6,5-8,5 μ (orn. exclus), obovoïdes-subcylindracées, à verrues tuberculeuses, peu denses, de 1-1,5 μ de hauteur, ou isolées, ou reliées par des trabécules également amyloïdes formant un réseau incomplet à alvéoles larges. Basides bi- ou tétraspores. Cystides hyméniennes lactifères nombreuses, émergentes, fusiformes, à terminaison arrondie ou en quille, de 55-80 × 5-15 μ, généralement en continuité avec les laticifères. Voile général filamenteux, persistant, à hyphes raides, aiguës à leur extrémité, simples, bifides ou ramifiées, de 5-7 μ de large, à membrane épaisse (1-2,5 μ) et très réfringente.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac : gris bleuté lentement. Sulfovanilline : rougit la chair, colore en bleu sombre les cystides et les laticifères. Sulfoformol. : en brun clair et laticifères. Sulfate ferreux : négatif. Phénol : pourpre, de suite.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 2038 (f. aurantiacus), 807 (f. pallidus = type), 2069, 3036 (var. intermedius). Cameroun et Madagascar.

Habitat. Sur les branches et feuilles mortes, isolé ou groupé, dans la forêt à Macrolobium Dewevrei, durant toute la saison des pluies.

Observation. Cette espèce, fort proche du L. Zenkeri P. Henn., du Cameroun, constitue avec celle-ci les Lactariopsis ou Lactaires annelés, à voile partiel d’origine pseudoangiocarpique, caractérisés en outre par de grandes cystides lactifères hyméniennes-faciales et par un voile général gélifié, formé de grands poils aigus, raides, à membrane épaisse et réfringente, très typiques, identiques à ceux qu’on observe dans le revêtement piléique du L. gymnocarpus.

b) Groupe Gymnocarpi Heim

Caractères : Espèces de grande ou moyenne taille, à chapeau finalement infundibuliforme, à la fois plissésillonné radialement et zoné de veines cérébriformes ± concentriques; à revêtement feutré ou subglabre, non séparable. Stipe de couleur nettement plus claire que le chapeau, à mycélium basal abondant. Lamelles distantes, épaisses, très décurrentes, se prolongeant très loin en filet ou en bourrelet sur le stipe. Latex blanc. Saveur variable. Spores réticulées. Cystides lactifères abondantes.

Synopsis des espèces

Chapeau brun orangé. Chair blanche, brunissant dans le stipe. Revêtement piléique à grands poils munis d’une épaisse membrane ....................................................... 2. L. gymnocarpus

Chapeau brun cannelle. Chair blanche, jaunissante. Revêtement piléique à larges cellules renfermant des inclusions brunes cristallines ............................................. 3. L. cinnamomeus

2. Lactarius gymnocarpus Heim, Boissiera, p. 273, fig. 27 (1943); Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 24, fig. 5, 6, 7, pl. II, fig. 1 a à 1 e (1955). Planche XIII, fig. 2, 3, 4.

Caractères macroscopiques. Chapeau atteignant généralement 4-9 cm de diamètre, mais souvent plus large (jusqu’à 14 cm), toujours déprimé fortement au centre, même à l’état jeune, mais à bords primitivement enroulés, largement rabattus puis aplanis ou relevés, irréguliers, largement festonnés, crénelés et souvent fendillés sur la marge; les bords sont fortement striés-sillonnés jusqu’aux 2/3 de la moitié du rayon, des veines d’anastomose réunissant les marques des lames sur un revêtement adné non séparable, jaune orangé, constitué d’un fin réseau, légèrement en relief, de veines gélifiées-radiales, sinueuses et visibles à la loupe; d’abord orange assez vif (K. 127), puis brun orange plus sombre au centre, plus vif sur les bords, plus clair par places (K. 107 au centre, K.127, 136, 137 sur les bords); un peu hygrophane; à chair relativement mince, translucide à la fin. Stipe robuste, environ 10 × 2 cm, s’amincissant régulièrement vers la base, peu régulier, bosselé, çà et là scrobiculé, à rides et vallécules irrégulières, longitudinales, moins nettes que sur le chapeau; même revêtement quoique moins manifeste que celui du chapeau, brunissant et noircissant çà et là; plein, puis creux-caverneux. Lamelles distantes, peu nombreuses (14-22 lames principales décurrentes, 3 séries régulières de lamellules longues et variables, intermédiaires et marginales très courtes), les principales se prolongeant sur le stipe en veines longitudinales et en bourrelets saillants, blancs, jusqu’à la moitié, le plus souvent le 1/3 ou le 1/4 de la hauteur de celui-là, épaisses, moyennement larges (4-8 mm), interveinées irrégulièrement et peu nettement, crème ivoire (153 B) ou blanc sale se maculant de taches brun fauve notamment sur l’arête. Chair très cassante, mais très ferme, rosé lilas sale, très pâle dans le chapeau et les lamelles, blanche puis ivoire dans le stipe, brunissant et grisonnant à la cassure; « à odeur à la fois poivrée et âcre, à saveur très âcre ». « Latex peu abondant, transparent et âcre ».

Caractères microscopiques. Spores de 8-9,3 × 6,5-7,5 μ. (ornem. inclus), ovoïdes-asymétriques, verruqueuses-réticulées, à réseau fin, complet ou non, réunissant des verrues amyloïdes larges, irrégulières, peu saillantes. Basides longues et étroites, 48-56 × 7-8 μ, tétraspores. Cystides lactifères très nombreuses, faciales et marginales, en continuité avec les laticifères, cylindracées ou fusiformes, étroites. Voile général et revêtement piléique constitués d’hyphes raides dressées, minces, simples, aiguës ou à peine arrondies au sommet, rarement septées, réfringentes, jaunâtres ou hyalines.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac : bleu vert, net, même intense. Ammoniaque : à peine olivâtre. Sulfate ferreux : rapidement rosé grisâtre. Sulfovanilline : trame des lames en rose violacé, chair en rose. Sulfoformol. : inactive.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana, 899, 714, 3001. — Côte d’Ivoire, Cameroun.

Habitat. Sur le sol, dans la forêt sèche.

Observation. La description ci-dessus s’applique aux échantillons recueillis et décrits par Mme Goossens-Fontana du Congo belge, et elle s’identifie à celle que nous avons déjà donnée de cette espèce, recueillie à diverses reprises lors de nos prospections en Côte d’Ivoire (1939) et au Cameroun (1946). Cependant, il convient de signaler que la saveur du lait et de la chair dans nos exemplaires se montrait douceâtre et non point âcre, que l’odeur, peu agréable quoique peu notable, s’est révélée à nous comme proche de celle du poisson ou de la valériane.

En outre, les réactions chimiques relatives à nos propres exemplaires se sont montrées quelque peu différentes : au gaïac, peu intense; au sulfate de fer, bleu vert vif dans le chapeau, roussâtre dans le pied.

Ces différences n’affectent pas la certitude quant à l’identité de tous ces échantillons africains qui s’appliquent à une espèce véritablement très remarquable par l’ensemble de ses caractères, notamment son revêtement piléique plissé, ses lames hygrophoroïdes, puissantes et longuement décurrentes, sa chair et son lait à saveur variable.

3. Lactarius cinnamomeus Goos. et Heim, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 32, fig. 8, 9, pl. II, fig. 2a, 2b, 2c, 2d (1955). Planche XIV, fig. 1.

Caractères macroscopiques. Chapeau de taille moyenne mais pouvant dépasser 12 cm de diamètre, convexe-bombé, puis fortement déprimé; à bords festonnés et zonés de veines cérébriformes, concentriques, puis marqués de sillons radiaux; entièrement velouté; brun cannelle sur le frais; brun cannelle violeté sur le sec. Stipe robuste, cylindrique, jusqu’à 7-8 cm de haut sur 18-20 mm de large, finement velouté, fauve cannelle clair sur le frais, sur le sec crème en haut, fauve lilas ailleurs; à base enveloppée de filaments mycéliens. Lamelles distantes, plutôt épaisses, peu larges, arquées-triangulaires, très longuement décurrentes se prolongeant en filet, jaune orangé. Chair blanche puis jaunâtre, à odeur un peu « âcre », saveur âcre. Latex blanc, abondant, très âcre. Sporée blanche.

Caractères microscopiques. Spores subglobuleuses, 8,2-9,4 × 7,1-8 μ (orn. incl.), inégalement et densément réticulées, aux fils ténus, aux nœuds apparents. Cystides lactifères nombreuses, étroites. Laticifères très nombreux. Revêtement piléique à files d’éléments terminés par des cellules piriformes ou effilées, renfermant des inclusions volumineuses ou guttulaires, brun foncé, amorphes ou cristallines, accompagnés d’hyphes incrustées, cylindracées-étroites.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac : bleu vert lentement. Sulfovanilline : immédiatement rosit les lamelles, colore en brun foncé les hyphes lactifères. Sulfoformol. : en rose intense ou brun les lamelles. Sulfate ferreux : entièrement rosé.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 3025, 2062.

Habitat. Sur le sol de la forêt sèche.

Observation. Ce champignon peut être rattaché aux Gymnocarpi en raison de son aspect général, de ses lamelles larges et distantes se prolongeant en haut du stipe, enfin de ses veines cérébriformes couvrant le chapeau et formées de cellules à inclusions brunes et souvent cristallines.

c) Groupe Phlebonemi Heim

Caractères : Espèces de grande ou moyenne taille, à chapeau finalement infundibuliforme, à revêtement adné, velouté, à veines sinueuses et rugosités gélifiées ± radialement ou concentriquement, mais non strié, formé d’éléments filamenteux dressés à membrane épaisse. Stipe concolore et généralement à veines gélifiées longitudinales et sommitales; feutré ou muni d’un subiculum à la base. Lamelles serrées, minces, adnées-décurrentes. Latex blanc, ocracé ou brunâtre, âcre. Spores tuberculeuses, à anastomoses rares.

Synopsis des espèces et formes

A. Latex blanchâtre. Champignon de coloration entièrement jaune ocracé ou brun bistre. 4. L. phlebonemus

I. Couleur entièrement brun bistre; spores à verrues assez régulières et non anastomosées. f. brunneus

II. Couleur entièrement jaune ocracé vif; spores à verrues inégales et finement anastomosées f. ocraceus

B. Latex blanchâtre. Champignon de coloration entièrement ocre orangé vif .......... 5. L. caperatus

4. Lactarius phlebonemus Heim et Goos., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 38, fig. 12, 13, 14, pl. III, fig. 2a, 2b, pl. IV, fig. 1a, 1b, 2 (1955). Planche XIV, fig. 2, 3, 4.

Caractères macroscopiques. — Espèce de grande taille, au moins moyenne. Chapeau irrégulier, sinueux, bosselé, finalement infundibuliforme, à revêtement velouté, à veines sinueuses, momentanément gélifiées, subsistant sur le sec, non strié, monochrome, mais variant selon les formes du jaune au brun. Stipe robuste, exactement concolore, au chapeau, et pareillement muni au sommet de veines gélifiées. Lamelles serrées, inégales, étroites, jaunâtres. Chair blanche, à odeur peu agréable, à saveur piquante. Latex abondant, ocracé, puis brun foncé, à saveur très âcre. Sporée blanche.

Caractères microscopiques. Spores ovoïdes-subglobuleuses, de 7-8 μ environ, à fortes verrues tuberculeuses, irrégulières, peu serrées, certaines reliées par de fines et brèves anastomoses. Cystides piliformes marginales, à membrane assez épaisse; terminaisons cystidiformes de laticifères sur les faces lamellaires. Laticifères nombreux. Revêtement piléique et pédiculaire à longs poils cylindracés-onduleux, cloisonnés, en fascicules, et à membrane épaisse et colorée.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac : bleu vert intense et rapide, vert noirâtre. Sulfovanilline : rose carmin intense. Sulfate ferreux : gris. Ammoniaque : négatif.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 956, 957, 2044.

Habitat. Isolé, en forêt sèche.

Observation. On trouvera dans notre Mémoire des descriptions détaillées des diverses formes se rattachant à cette espèce dont plusieurs récoltes s’appliquent aux exemplaires de Mme Goossens-Fontana. Qu’il nous suffise de préciser ici que ce Lactaire à lait ocracé, caractérisé encore par sa couleur, allant du jaune au brun, par le revêtement piléique et pédiculaire velouté et à veines sinueuses, gélifiées au moins momentanément, offre une saveur très âcre et une odeur peu agréable. Le nombre élevé de récoltes le concernant permet de considérer la position et la diagnose de cette espèce comme désormais parfaitement définies.

5. Lactarius caperatus Heim et Goos., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 36, fig. 10, 11, pl. III, fig. 1a, 1b, 1c (1955). Planche XIV, fig. 5.

Caractères macroscopiques. Chapeau de 4-7 cm de diamètre, bombé, puis largement déprimé, mamelonné ou non, rugueux-veiné et abondamment marqué de plis concentriques, gélifiés; sec, à revêtement adné, épais, ocre orangé vif. Stipe de 4-7 cm de long sur 1 de large, long, cylindrique, striolé, concolore au chapeau mais plus pâle, à subiculum basal ouaté, blanc, plein. Lamelles serrées, peu épaisses, inégales, étroites, blanc crème puis ocracé clair. Chair blanc crème, à saveur très piquante. Latex blanchâtre-translucide, immuable, à saveur très piquante. Sporée blanche.

Caractères microscopiques. Spores subglobuleuses, 6-7,7 × 5,5-7,2 μ, à tubercules amyloïdes obtus, accompagnés de rares et brèves anastomoses. Basides tétraspores, parfois bispores. Cystides lactifères surtout faciales, à peine émergentes. Revêtement à hyphes piliformes dressées, cylindracés-étroites, accompagnés de dermatocystides sublosangiques.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac : bleu vert intense, immédiat. Suflovanilline : intense, brun pourpre. Sulfoformol. : intense, brun foncé. Phénol : intense et rapide, vineux noirâtre. Sulfate ferreux : négatif.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 4038, 4078.

Habitat. Isolé, en forêt sèche.

Observation. Ce Lactaire, à piléus pareillement veiné-plissé, se différencie bien nettement de L. phlebonemus par son lait blanc, translucide, immuable et par sa couleur vive, d’un ocre presque orange.

B. Section Pterospori Heim

Caractères : Cette section groupe tous les Lactaires à spore réticulée et nettement ailée, parfois profondément. Sans doute n’est-elle pas naturelle, puisqu’elle réunit les Venolactarius à veines gélifiées piléiques et latex blanc immuable, L. melanogalus à lait finalement noir, les espèces L. acris, L. fuliginosus, L. lignyotus qui constituent les Rubescenti ou les Fuliginosi des auteurs. Cependant, il est remarquable que presque toutes ces espèces (sauf L. adhaerens, de Madagascar) offrent une chair rosissante, ou manifestent au moins une telle tonalité dans les gouttes de latex séchées. Plusieurs de ces Champignons possèdent des lames très décurrentes (L. pseudolignyotus, L. pterosporus) ; certains des feuillets fort colorés, jaune ocracé (L. pterosporus, L. picinus) ; la plupart des espèces européennes sont ochrosporées, les espèces africaines à spore blanche ou à peine teintée. Presque tous ces Lactaires sont de couleur foncée brun bistre, fuligineux, brun ocracé ou ocre brunissant cette teinte sous-cuticulaire correspondant à la présence d’un pigment en général vacuolaire, mais qui peut apparaître aussi sous forme de concrétions externes. Le revêtement piléique varie; il est constitué de grands poils à membrane épaisse et réfringente chez les Venolactarius, celluleux avec un épicutis filamenteux-emmêlé, correspondant à une apparence veloutée, sèche ou un peu visqueuse, dans la plupart des autres espèces et notamment dans toutes les formes boréales. Les éléments incrustés sont fréquents, et apparaissent soit sur les cystides hyméniennes, soit également dans les poils du revêtement piléique (L. pseudolignyotus, L. melanogalus).

Synopsis des espèces

A. Chapeau à veines gélifiées. Latex blanc. Espèces de couleur pâle. Spores très profondément réticulées-ailées. (Venolactarius Heim) Chair rougissante, âcre .............................. 6. L. (Ven.) nudus

B. Chapeau non à veines gélifiées, mais parfois ridé-strié. Espèces le plus souvent de couleur brun foncé, parfois presque noire, au moins à la fin :

I. Latex blanc, puis gris rosâtre, enfin noir-violacé, chair roussissante, puis noire; âcre. Marge piléique un peu ridée. Spores très profondément réticulées-ailées .................. 7. L. melanogalus

II. Latex blanc ou hyalin, immuable. Espèces de couleur très foncée.

a) Chair rosissante; à saveur âcre. Marge piléique cannelée.............. 8. L. melanodermus

b) Chair rougissante et brunissante; à saveur douce. Marge piléique non striée 9. L. craterelloides

6. Lactarius nudus Heim, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 53, fig. 19, pl. V, fig. 5a, 5b, 5c, (1955). Planche XIV, fig. 8.

Caractères macroscopiques. Chapeau de 1,5-5 cm de diamètre, convexe, puis aplani, enfin déprimé au centre qui est ridé-rugueux et non mucroné, marge blanche, striée de veines radiales en relief; olivâtre-bistre ; à revêtement adné, glabrescent, pubérulent sur le sec. Stipe plutôt grêle, de 3-4,5 cm de hauteur sur 0,5-0,8 cm d’épaisseur, s’amincissant vers la base, ocracé olivâtre dans la partie inférieure, plus clair en haut, à même revêtement que le chapeau, à base nue; irrégulièrement creux. Lamelles assez peu serrées, peu épaisses, de ± 3,5 mm de largeur, aiguës aux extrémités, adnées-décurrentes par la dent, blanc-crème, rougissante. Sporée blanche. Chair ferme-tenace, blanc rougissant, à saveur « âcre et piquante ». Latex abondant, blanc, très piquant.

Caractères microscopiques. Spores sphéroïdales, de 10-12 μ (ornem. inclus), couvertes d’un puissant réseau amyloïde à éléments profonds (jusqu’à 2,7 μ). Basides grandes, de 50-55 × 12 μ environ. Cystides lactifères nombreuses, émergentes, onduleuses, parfois bifides à leur extrémité, de 4-6 μ de diamètre. Laticifères très nombreux. Revêtement piléique à éléments cystidiformes ou sublarmiformes allongés dressés.

Caractères chimiques. Chair blanche virant au rouge, lait blanc immuable. Teinture de gaïac : bleu vert immédiat. Sulfate ferreux : négatif. Pyrogallol : brun. Phénol : vineux. Ammoniaque : négatif.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 1006.

Habitat. Sur le sol de la forêt sèche.

Observation. Cette espèce est très proche de Venolactarius adhaerens que nous avons recueilli à Madagascar et dont nous avons fait le type d’un sous-genre : mêmes veines piléiques, même consistance tenace de la chair, mêmes basides, grandes et parfois bispores, mêmes spores sphéroïdales et ailées, mêmes nombreux laticifères et lamelles décurrentes par la dent. L’espèce congolaise est olivâtre-bistre et non orangé vif, sa chair, contrairement à V. adhaerens, rougit, enfin son lait est très piquant : ce sont là les seules distinctions qui séparent respectivement les formes malgache et congolaise.

7. Lactarius melanogalus Heim, Boissiera, p. 268, fig. 26 (1943); Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 46, fig. 15, pl. V fig. 1, 2a, 2b (1955). Planche XIV, fig. 6.

Caractères macroscopiques. Chapeau de 5-6 cm de diamètre, irrégulier, fortement creusé au centre; marge aiguë mais ondulée; bistre-sombre, un peu plus clair çà et là; à revêtement glabre, sec, non séparable, finement sillonné. Stipe de 5-6 cm de haut sur 0,7-1 cm de large, cylindracé, s’amenuisant légèrement à la base ou vers elle, s’élargissant un peu au sommet, souvent quelque peu arqué, bistre dans la moitié inférieure, jaunâtre au-dessus, glabre, plein, dur. Lamelles assez espacées, moyennement larges et épaisses, « nettement décurrentes » par la dent, ocracé-grisâtres, « rougissant au toucher puis noircissant ». Chair mince dans le chapeau, crème, devenant violacée, puis noire, fibreuse à la base du pied, très amère, sans odeur notable. Latex très abondant, aqueux, transparent puis grisâtre, enfin noirâtre, noircissant le papier, très amer. Sporée blanche.

Caractères microscopiques. Spores de 10,4-11 × 8,9-10,7 μ (ornem. inclus), de 7,6-9,8 μ × 6,9-8 μ (ornem. exclus), ovoïdes-subglobuleuses, profondément réticulées-ailées, à réseau aux éléments épais, souvent interrompus, à alvéoles profondes de 1,4-3,8 μ. Basides 40 × 10 μ env., tétraspores, fusiformes-cylindracés. Cystides hyméniennes longues et fusiformes, 44-55 × 6,5-8,5 μ, riches en granulations gris foncé, à exsudats externes. Revêtement piléique à cellules brièvement piriformes. Laticifères nombreux, à multiples guttules noires.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac : bleu vert intense.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 979. — Côte d’Ivoire, Cameroun, Gabon.

Habitat. Épars sur le sol de la forêt sèche.

Observations. — 1. — Les échantillons du Congo belge sont inséparables de ceux de l’Afrique Noire Française, malgré quelques différences peu importantes : au Cameroun et au Nord du Gabon, les exemplaires que nous avons recueillis, de même que ceux de Côte d’Ivoire, se montrent plus petits et à pied très clair, presque blanc. Les lames étaient plutôt adnées par la dent que décurrentes, la saveur du lait n’était qu’acrescente et l’odeur révélait une parenté avec celle du poisson.

2. Ce champignon est bien reconnaissable, parmi les Pterospori, à son lait blanc d’abord et peu à peu noircissant jusqu’à devenir noir-violacé.

8. Lactarius melanodermus Heim et Goos., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 50, fig. 16, 17, pl. V, fig. 3a, 3b (1955). Planche XIV, fig. 7.

Caractères macroscopiques. Chapeau de 2-6 cm de diamètre, convexe puis déprimé, à marge aiguë, à la fin profondément strié-cannelé sur la moitié du rayon, brun fuligineux unicolore, à revêtement mince, séparable, humide, finement tomenteux, sur le sec poudré de blanc. Stipe de 4-6 × 0,5-1 cm., cylindrique, concolore au chapeau. Lamelles espacées, inégales, assez larges, se rétrécissant nettement vers la marge, épaisses, blanches, finalement grisâtre clair et décurrentes par la dent. Chair mince, subtranslucide, blanche puis grisâtre pâle, rosissant à la coupe, « à saveur de mine de plomb ». Latex blanc, subtransparent, puis blanc opaque, âcre. Sporée blanche.

Caractères microscopiques. Spores globuleuses, de 10,5-12 u (orn. incl.), réticulées-ailées. Cystides lactifères faciales. Revêtement piléique à cellules renflées ou cylindracées.

Caractères chimiques. Inconnus (Sulfoformol. : colore en noirâtre rosé les hyphes lactifères).

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 4039; probablement aussi M. Goossens-Fontana 703 (aquarelle, pas d’échantillon).

Habitat. Isolé, en forêt sèche.

Observation. Parmi les Pterospori, cette espèce se caractérise par sa teinte entièrement fuligineuse, par son latex blanc et âcre, sa marge profondément cannelée, sa chair d’abord blanche puis grisâtre ou rosâtre.

9. Lactarius craterelloides Heim et Goos., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 52, fig. 18, pl. V fig. 4a, 4b (1955). Planche XIV, fig. 9.

Caractères macroscopiques. Chapeau de 4-7 cm de diamètre, charnu, convexe, à marge enroulée, puis profondément déprimé, brun foncé à reflets noirâtres, à revêtement adné et finement velouté. Stipe de 4-7 cm de hauteur, cylindrique-subfusiforme, de 10-17 mm de largeur, bistre-brunâtre et subtilement velouté, plein. Lamelles serrées, inégales, étroites, minces, blanc crème à arête lisérée de brunâtre, un peu décurrentes. Chair assez épaisse, homogène, rougissante et brunissante, à saveur douce, à odeur forte. Latex abondant, opaque, blanc, doux. Sporée blanche.

Caractères microscopiques. Spores de 9-10,4 × 7,7-8,5 μ (ornem. inclus), brièvement obovoïdes, fortement réticulées-ailées. Basides tétraspores. Revêtement piléique et pédiculaire à hyphes dressées, étroites, souvent à contenu brunâtre. Cellules cystidiformes marginales longuement fusiformes, amincies ou étirées au sommet, à contenu parfois brunâtre.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac : lent. Sulfate ferreux : négatif. Phénol : brun pourpre. Ammoniaque : négatif.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 2081.

Habitat. Sur le sol de la forêt sèche.

Observation. Cette espèce, par sa saveur douce, sa chair rougissante et brunissante et la marge non striée du piléus, se distingue nettement de la précédente, malgré sa teinte générale pareillement brun sombre, ses lames également subdécurrentes.

C. Section Compacti Heim

Caractères : Espèces puissantes ou trapues, compactes, à pied et chapeau non blancs et généralement concolores. Lait blanc ou orange (*). Revêtement piléique visqueux, glabre ou très finement tomenteux.

(*) Le lait naturellement et immédiatement rouge, orange ou rouge violacé caractérise un quatrième groupe, non proprement tropical, les Dapetes Fries (groupe deliciosus)que l’on peut séparer selon une section indépendante.

Synopsis des groupes du Congo belge

Chapeau sec (+). Espèces colorées. Stipe et chapeau concolores :

A. Marge striée. Couleurs sombres. Spores verruqueuses. Lait âcre :

I. Chair rougissante ou brunissante ......................................... Nigricantini

II. Chair immuable .............................................................. Ingrati

B. Marge non striée. Couleurs vives. Chair ou lamelles brunissantes. Lait doux ou âcre........Volemi

a) Groupe des Nigricantini Heim

Caractères : Espèces robustes, compactes; à chapeau et pied de même couleur, sombre; revêtement piléique visqueux ou glabre; parfois à marge striée. Chair rougissante ou brunissante. Spores verruqueuses.

Chapeau à revêtement visqueux, à marge striée, à chair rougissante, puis brune. Saveur piquante. Lait blanc, âcre .....................10. L. pellucidus

(+) Les espèces puissantes, à chapeau glutineux, caractérisent le cinquième groupe des Barbati Quél., presqu’uniquement septentrional et ne renfermant jusqu’ici aucune espèce recueillie au Congo belge.

10. Lactarius pellucidus Goos. et Heim, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 61, fig. 22, pl. VI, fig. 3a, 3b (1955). Planche XV, fig. 6.

Caractères macroscopiques. Chapeau de 8-10 cm de diamètre, charnu, convexe puis déprimé, finalement cratériforme; à bords ondulés-lobulés et profondément striés; brun bistre; à pellicule séparable, transparente et visqueuse par temps humide. Stipe cylindrique, égal, robuste, généralement court et trapu, mais atteignant 9 cm sur un centimètre d’épaisseur, lisse vers le haut, sillonné ailleurs de rides longitudinales et sinueuses, concolore au chapeau, plein. Lamelles assez épaisses mais plutôt serrées, moyennement larges, inégales, décurrentes, blanchâtres puis jaune clair, sur le sec crème ivoire foncé. Chair blanche, ferme-granuleuse, puis rougissante, enfin d’un brun vineux, à saveur à la fois piquante et amère. Lait blanc mais translucide, peu abondant, à saveur très piquante. Sporée blanche.

Caractères microscopiques. Spores de 7,4-7,8 × 5,9-6,4 μ, largement ovoïdes, à verrues amyloïdes assez fortes, inégales, peu denses, reliées incomplètement par des anastomoses. Basides tétraspores. Revêtement piléique et pédiculaire à hyphes couchées. Cellules cystidiformes hyméniennes très longues, cylindracées-sinueuses, étroites, parfois mucronées au sommet.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac : + + +. Sulfate ferreux : + + (rosé). Phénol : vineux-foncé. Ammoniaque : négatif. Sulfovanilline : colore en bleu cystides et laticifères. Sulfoformol.: en brun ces mêmes éléments.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 2079.

Habitat. Sur le sol de la forêt sèche.

Observation. Il s’agit là d’une espèce qui, notamment par son port et l’altération de teinte de sa chair passant du blanc au rouge, se rattacherait indiscutablement aux Russules Nigricantinæ si la présence d’un latex ne l’en éloignait. Elle n’est pas non plus sans ressemblance avec L. rubroviolascens Heim, de Madagascar, dont la position nous paraît cependant plus justifiée parmi les Volemi.

b) Groupe des Ingrati Heim

Caractères : Chapeau glabre, de couleur sombre, à marge striée-pectinée et aiguë. Saveur piquante et odeur peu agréable. Chair restant blanche.

Espèce du Congo belge

Chapeau ocré-brun. Lames espacées, décurrentes. Spores à tubercules souvent finement anastomosés ...... 11. L. Corbula

11. Lactarius Corbula Heim et Goos., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 64, fig. 23, 24, pl. VI. fig. 2a, 2b (1955). Planche XV, fig. 5.

Caractères macroscopiques. Chapeau de 3,5-9 cm de diamètre, charnu, convexe, puis fortement déprimé, finalement cratériforme, au centre bosselé et rugueux-granuleux, sur la moitié périphérique profondément sillonnée; ocracé-brun; revêtement pelliculaire mince, nettement adné au centre du chapeau, séparable par portions. Stipe trapu, de 20-35 × 7-15 mm, cylindracé, aminci vers la base, blanchâtre, plein. Lamelles espacées, inégales, épaisses, anastomosées en arrière par de fines veinules assez larges, mais aiguës vers la marge, nettement décurrentes; d’un jaune pâle à peine citrin. Sporée blanche. Chair blanche puis jaunâtre pâle, à odeur peu distincte, à saveur fortement piquante; à latex blanc, opaque, épais, à saveur piquante.

Caractères microscopiques. Spores de 9,2-10,7 × 8,4-8,8 μ (ornem. inclus) sphéroïdales ou brièvement ovoïdes, tubercules amyloïdes cylindriques, souvent finement anastomosés. Revêtement piléique constitué d’hyphes couchées assez étroites, dont les terminaisons arrondies, septées, offrent un contenu ponctué de brun ou de jaune. Revêtement pédiculaire à éléments filamenteux arrondis à l’extrémité, à membrane épaisse. Laticifères nombreux. Cystides plus ou moins lactifères, fusiformes, étirées à l’extrémité fibre, parfois en quille. Basides claviformes, bi ou tétraspores.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac : bleu vert de suite. Sulfate ferreux : rosâtre lentement. Phénol : vineux, rapide. Ammoniaque : négatif.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 2070.

Habitat. Sur le sol de la forêt sèche.

Observation. Ce Lactaire fait penser, lui aussi, à un groupe de Russules, la stirpe fœtens, et particulièrement à R. sororia, au chapeau pareillement sillonné, à la chair également insensible à l’ammoniaque, aux spores fortement ornementées elles aussi, et aux cystides hyméniennes lactifères se prolongeant de même dans la chair profonde de la lamelle.

c) Groupe des Volemi Pearson emend.

Caractères : Espèces robustes. Marge piléique non striée. Chair ou lait se colorant à l’air; le latex d’abord blanc ou séreux, doux ou âcre. Chapeau et stipe concolores, brun ocre ou orangé, à revêtement sec, tomenteux, velouté ou pruineux (non glabre ni visqueux).

Spores non réticulées. Chair brunissante. Lait blanc, âcre ....................... 12. L. angustus

12. Lactarius angustus Heim et Goos., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 67, fig. 25, pl. III, fig. 3a, 3b (1955). Planche XV, fig. 7.

Caractères macroscopiques. Chapeau de 5-8 cm de diamètre, convexe-plan puis largement déprimé au centre, irrégulier-lobé, à marge étroitement involutée, unicolore, non striée; ocracé-rougeâtre vif, à revêtement subglabre, très finement velouté. Stipe de 4-6,5 cm de haut sur 10-18 mm de large, cylindrique, un peu épaissi à la base, concolore, unicolore, plein, ferme. Lamelles serrées, extrêmement étroites, mais non pliciformes, s’amincissant insensiblement vers le haut du pied, en réalité sublibres, blanches. Sporée blanche. Chair blanche, brunissant à l’air, à odeur fétide, à saveur à la fois âcre et amère; latex très abondant, blanc, à odeur fétide et saveur piquante.

Caractères microscopiques. Spores de 8-9 × 7,5-8,3 μ, largement ovoïdes, à verrues tuberculeuses, courtes, peu émergentes, rarement anastomosées. Cystides différenciées absentes. Laticifères nombreux. Revêtement piléique à éléments filamenteux dressés, constituant des cellules allongées, de 40-50 × 5-8 μ environ, à membrane assez épaisse et réfringente. Revêtement pédiculaire à éléments pareillement filamenteux.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 713.

Habitat. Sur le sol de la forêt sèche.

Observation. Ce champignon paraît bien placé parmi les Volemi, au voisinage du L. volemus cystidié, de son sosie acystidié (L. Clarkei Cleland, L. rugatus Kühn, et Romagn.) et de L. rubroviolascens de Madagascar dont il possède le port et les cystides hyménennes à paroi épaisse.

D. Section Genuini Heim

Groupe Floccosi Kühner emend.

Caractères : Espèces non puissantes, de taille moyenne ou petite. Revêtement pubescent, floconneux ou tomenteux, au moins au début, toujours sec. Lait blanc.

Synopsis des espèces

A. Revêtement floconneux ou fortement tomenteux, ne se craquelant pas. Stipe caverneux :

I. Espèce petite, ocre roux. Lait et chair âcres.................................. 13. hispidulus

II. Espèce moyenne, bistre. Lait et chair doux. Spores globuleuses, largement réticulées ...... 14. unicolor

B. Revêtement tomenteux se craquelant : chair douce. Spores tuberculeuses, à anastomoses rares ou limitées :

I. Champignon entièrement brun jaune orangé. Spores à rares anastomoses .......... 15. inversus

II. Champignon polychrome, jaune citron au centre. Spores à anastomoses rectilignes... 16. latifolius

13. Lactarius hispidulus Heim, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 75, fig. 29, pl. VI, fig. 5a, 5b (1955). Planche XV, fig. 3.

Caractères macroscopiques. Chapeau petit, de 2,2-3,4 cm de diamètre, bombé, se creusant au centre, à bords enroulés, à revêtement entièrement squamuleux-tomenteux-hispide, d’un ocracé rougeâtre assez clair. Stipe cylindracé, s’amincissant propressivement vers la base, de 2,5-3 × 0,5-0,3 cm, lisse, unicolore, d’un ton ocre roussâtre foncé, creux-lacuneux. Lamelles plutôt épaisses, distantes, inégales, larges, subéchancrées, crème. Chair blanche, à saveur « âcre et piquante », à odeur « âcre et poivrée ». Latex blanc, opaque, très abondant, âcre. Sporée blanche.

Caractères microscopiques. Spores largement ovoïdes, 7,6-9,5-11 × 7,2-9 μ à réseau profond, à alvéoles inégales, accompagnées d’aiguillons aigus. Basides tétraspores. Cystides hyméniennes, longues, à contour sinueux, cylindracées ou claviformes allongées, atteignant 75 μ de longueur, larges de 10-13 μ en moyenne. Revêtement piléique à poils cuticulaires dressés, formés d’éléments ellipsoïdes ou cylindracés bien distincts, atteignant 55 μ de long, de 13-18 μ de large.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 725.

Habitat. Sur le sol de la forêt sèche.

Observation. Cette espèce mineure pourrait être assimilée à une miniature de L. helvus, parmi les Floccosi au sens de Kühner dont les limites nous paraissent contenir également diverses formes tropicales. Les spores de celle-ci sont relativement grosses, plus fortement ornementées, réticulées, et son lait âcre.

14. Lactarius unicolor Goos. et Heim, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 77, fig. 30, pl. III, fig. 4 (1955). Planche XV, fig. 2.

Caractères macroscopiques. Chapeau de 5-12 cm de diamètre, charnu, convexe, puis creusé largement au centre, à surface très veloutée, bistre sombre; à marge finement rabattue. Stipe épais, cylindroïde, de 4-7 cm de haut sur 12-23 mm de large, velouté, concolore, plein puis devenant caverneux. Lamelles plutôt serrées, assez étroites, non aiguës à la marge, adnées-subdécurrentes par la pointe, blanc crème. Sporée blanche. Chair blanc immuable, à odeur très persistante de dulcine, à saveur douce mais astringente. Latex abondant surtout à l’état jeune, blanchâtre, immuable, astringent.

Caractères microscopiques. Spores de 8,5-10,5 μ, sphéroïdales, à lignes amyloïdes épaisses, à réseau profond à mailles très inégales, accompagné de verrues tuberculeuses. Cystides longues, très émergentes, effilées souvent. Laticifères extrêmement nombreux. Revêtement piléique et pédiculaire à poils dressés et denses.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 881.

Habitat. Sur le sol de la forêt sèche.

Observation. Les caractères sporaux de ce Lactaire s’apparentent vivement à ceux du L. fulgens que nous avons décrit de Madagascar et retrouvé en Côte d’Ivoire, mais dont les spores, pareillement sphéroïdales, sont nettement plus petites (de l’ordre de 5-6 μ de diamètre). Le réseau profondément réticulé fait penser aussi à celui de L. lignyotus.

15. Lactarius inversus Goos. et Heim, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 78, fig. 31, 32, 33, pl. III, fig. 5 (1955). Planche XV, fig. 4.

Caractères macroscopiques. Chapeau de taille moyenne 3-6,5 cm de diamètre; convexe, puis de plus en plus déprimé, à bords enroulés, lobés; finement tomenteux-velouté, à marge couverte d’étroites veines concentriques, sinueuses-concolores, puis radiales et variqueuses; revêtement adné, brun-jaune orangé, se déchirant typiquement en petites plaques veloutées-mouchetées. Stipe robuste mais long, cylindrique, de 4-6,5 cm sur environ 1 cm, velouté et brun orange; veiné longitudinalement de rides partant de l’insertion des lames, atteignant environ le 1/3 de la hauteur du pied; plein. Lamelles serrées, étroites, inégales, décurrentes en pointe, jaunâtre pâle, concolores sur l’arête. Chair blanche, jaunissant légèrement, à saveur douce, à odeur « âcre ». Latex blanc mais transparent, immuable, à saveur de dulcine. Sporée blanche.

Caractères microscopiques. Spores de 7,5-8 × 6,5-7,4 μ brièvement obovoïdes, à petites verrues, rarement anastomosées. Basides bisporiques et tétrasporiques. Cystides le plus souvent lactifères, nombreuses, de 65-100 × 7-9 μ environ. Revêtement piléique constitué par des files de cellules globuleuses-cylindracées terminées par des éléments variables.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac : bleu vert lentement. Sulfate ferreux : lentement rosâtre. Phénol : immédiatement vineux. Ammoniaque : négatif.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 3063.

Habitat. Sur le sol de la forêt sèche.

Observation. Le L. inversus est bien caractérisé par ses spores ponctuées presque privées de trabécules amyloïdes, comme deux espèces malgaches que nous avons décrites : L. phlebophyllus et L. pseudotorminosus. Ces trois Lactaires ont encore en commun la présence d’un revêtement piléique velouté et celluleux.

16. Lactarius latifolius Goos. et Heim, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 82, fig. 34, 35, pl. IV, fig. 3a, 3b, 3c (1955). Planche, XV fig. 1.

Caractères macroscopiques. Chapeau de 5-15 cm de diamètre, puissant, charnu, convexe-aplani, bientôt déprimé, subinfundibuliforme, très irrégulier, à bords lobés, à revêtement velouté, se déchirant selon de fines craquelures, adné, de couleur variant de l’orange-brun au brun rougeâtre, fréquemment polychrome et jaune ocre citron au centre. Stipe de 4 cm de hauteur sur 2-2,6 cm de large, court, épais, cylindracé, très subtilement velouté, brunâtre rosé pâle, plein puis caverneux. Lamelles très espacées et fort épaisses; adnées-décurrentes, se prolongeant par la dent; orangées. Sporée blanc crème. Chair blanche, inodore, à saveur douce. Latex abondant, blanc, à saveur douce.

Caractères microscopiques. Spores de 7,2-8,4 × 6-7,2 μ, brièvement obovoïdes, à réseau amyloïde, inégal. Basides étroites et longues. Cystides hyménienns nulles. Revêtement piléique à éléments dressés, cylindroïdes, renfermant des globules brun foncé, petits et gros, amorphes ou cristallins. Hyphes incrustées étroites.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac : bleu vert immédiat. Sulfovanilline : lentement rose dans les lamelles. Sulfate ferreux : brunâtre rapide.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 1009.

Habitat. Sur le sol de la forêt sèche.

Observation. Bien reconnaissable à sa taille, sa couleur mêlée et variée qui fait penser à celle de certaines Russules, cette espèce offre certaines similitudes avec L. cinnamomeus : les spores sont très proches par leur ornementation, le revêtement piléique montre pareillement des globules et des cristaux brunâtres dans les éléments celluleux qui le constituent. Or nous avons placé L. cinnamomeus parmi les Gymnocarpi. De ceux-ci L. latifolius se sépare, semble-t-il, par l’absence de veines gélifiées sur le chapeau, d’un autre côté par la chair et le latex de saveur âcre.

E. Section Pelliculares Heim

Caractères : Chapeau pelliculaire, à marge profondément striée-cannelée, finalement obtuse, de couleur vive. Stipe finalement se creusant. Lamelles peu serrées. Latex blanc sale, âcre. Pigments vacuolaires.

Synopsis des espèces

Chapeau rouge cuivré. Spores grandes, à longs tubercules coniques ................ 17. L. pellicularis

Chapeau jaune orangé. Spores verruqueuses à brèves et fines anastomoses ..... 18. L. chamæleontinus

17. Lactarius pellicularis Heim, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXV, p. 85, fig. 37, pl. VI, fig. 1a à 1d (1955). Planche XV, fig. 9.

Caractères macroscopiques : Chapeau de 2,5-3,5 cm de diamètre, convexe, puis déprimé, enfin infundibuliforme mais restant mamelonné au centre, marge profondément sillonnée-striée; d’un rouge un peu cuivré mêlé de lilas; à revêtement pelliculaire, glabre. Stipe assez long, cylindracé-subfusiforme, de 2-3 cm sur 4-7 mm de largeur, concolore au chapeau, plus pâle en haut, glabre, parfois creux. Lamelles distantes et inégales, moyennement épaisses, larges, nettement décurrentes, blanc jaunâtre marquées subtilement de rose. Sporée blanche. Chair très mince dans le chapeau, de couleur rose ocracée plus vive à la base; à odeur « amère », à saveur à la fois amère et très piquante; latex blanc jaunâtre, âcre.

Caractères microscopiques : Spores brièvement ovoïdes, subsphéroïdales, de 9,8-13 × 8,5-11,5 μ, à tubercules amyloïdes étroits, çà et là anastomosés par de fins trabécules.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 926.

Habitat : Sur le sol de la forêt sèche.

Observation. Cette espèce à chair piléique pelliculaire mérite de caractériser avec la suivante un groupe particulier de Lactaires tropicaux les Pelliculares aussi bien que les Russules à chapeau très mince et fugace ont mérité de constituer une large section des Russules dite Pelliculariae. Fragilité et minceur du chapeau, profonds sillons marginaux, vivacité des tons, délicatesse du stipe fusiforme et concolore, espacement des lamelles, autant d’indices communs aux deux groupes. La forme des spores, presque sphéroïdales, leur ornementation à longs tubercules effilés, constituent des particularités qui n’étonneraient pas parmi les Russules Pelliculariae sur lesquelles nous nous sommes longuement étendu dans des travaux antérieurs, et qui comportent deux groupes au sein desquels, pour l’un comme pour l’autre, se retrouvent les Russules tropicales et pseudoangiocarpes à anneau. Comme dans l’espèce suivante, L. chamaeleontinus, les lamelles sont ici décurrentes, caractère qui sépare ces deux espèces des Russules Pelliculariae, mais qui ne saurait surprendre parmi les Lactaires.

18. Lactarius chamæleontinus Heim, Bull. Jard. Bot. État Brux, XXV, p. 87, fig. 37, pl. VI, 4a, 4b, 4c (1955). Planche XV, fig. 8.

Caractères macroscopiques. Chapeau de 2-4 cm de diamètre, convexe puis déprimé, mince, à bords profondément et régulièrement striés-sillonnés, d’un bel orangé pâle; à revêtement pelliculaire aisément séparable. Stipe cylindrique et long, sinueux, de 4-6,5 cm de haut sur 3-8 mm d’épaisseur, concolore, blanchâtre au sommet et à la base, devenant farci-creux. Lamelles peu serrées, inégales, assez larges, amincies vers la marge et décurrentes, se prolongeant en filet en haut du pied, jaune-ocracé clair. Sporée blanche. Chair immuablement blanche; à saveur piquante, à odeur âcre. Latex blanc « devenant ocracé », âcre.

Caractères microscopiques. Spores de 9-9,4 × 7,8-8 μ, subglobuleuses, à verrues amyloïdes ponctiformes, larmiformes ou coniques, accompagnées de lignes pareillement amyloïdes.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 942.

Habitat. Sur le sol de la forêt sèche.

Observation.  Cette espèce leucosporée, à chapeau pelliculaire profondément sillonné, à spores subglobuleuses, se rattacherait sans discussion aux Russules Pelliculariae si la présence de latex ne venait contrarier cette position générique.