Flore iconographique des Champignons du Congo

Fascicule 7

 

Termitomyces

par R. Heim (mars 1958) : 139-152, pl. 23-25

 

Illustrée en couleurs par Mme M. Goossens-Fontana 


Planches


TERMITOMYCES

par Roger Heim

Une première étude descriptive et critique des récoltes de Termitomyces faites au Congo belge par Mme M. Goossens-Fontana a été publiée par nos soins dans le Bulletin du Jardin Botanique de l’État en décembre 1951; elle était accompagnée de deux planches hors-texte et de dessins au trait auxquels on pourra se référer; les planches en couleurs avaient été réalisées par Mme Michelle Bory d’après les aquarelles de Mme Goossens. Le présent fascicule de la Flore Iconographique s’applique à l’ensemble des spécimens recueillis, soit par Mme Goossens, soit par d’autres collecteurs, et qui, tous, sont déposés dans les collections du Jardin Botanique de l’État à Bruxelles. Les planches de ce fascicule reproduisent les aquarelles originales de Mme Goossens; il y a été adjoint quelques documents provenant d’autres correspondants et réalisés pour la plupart par Mme Michelle Bory.

Le genre Termitomyces, à l’étude duquel nous nous sommes attaché depuis de nombreuses années, a fait l’objet de divers mémoires et notes publiés dans des périodiques variés. Nous citerons ici les principaux :

Roger Heim. Études descriptives et expérimentales sur les Agarics Termitophiles d’Afrique Tropicale. Acad. des Sc., Mémoires, T. 64, 74 p., 10 pl., Gauthier-Villars éditeur, Paris, 1941.

Roger Heim. Nouvelles études descriptives sur les Agarics Termitophiles d’Afrique Tropicale. Archives du Muséum, 6e série, t. XVIII, 60 p., 20 fig., 3 pl. phot. h.-t., 1 pl. quadrichr., Paris, 1942.

Roger Heim. Les Champignons des Termitières. Nouveaux aspects d’un problème de Biologie et de Systématique générales. Rev. Scient., 3205, fasc. 2, 80e ann., p. 69-86, 22 fig., Paris, février 1942.

Roger Heim. Les Termitomyces du Congo Belge recueillis par Mme M. Goossens-Fontana. Bull. Jard. Bot. État Brux., vol. XXI, fasc. 3-4, p. 205-222, 4 fig., 2 pl., Bruxelles, décembre 1951.

Roger Heim. Les Termitomyces du Cameroun et du Congo français. Mém. Soc. Helvét. Sc. Nat., LXXX, 1, 29 p., 9 fig., 10 pl., Zürich, 1952.

Pierre-P. Grassé et Roger Heim. Un Termitomyces sur meules d’un Ancistrotermes africain. Rev. Scient., 3305, fasc. 1, 88e ann., p. 3-13, 14 fig., Paris, janvier-mars 1950.

A cette documentation, où les différents aspects descriptif, taxinomique, biologique et cultural sont successivement examinés, le lecteur pourra aisément se reporter.

Genre Termitomyces Heim

Caractères : Champignons agaricacés termitophiles, à primordiums croissant soit sur meules souterraines édifiées par les Termes, soit plus rarement dans la terre sur gazon mycotique expulsé des meules par les termites. Mycotêtes hypogées, à structure radialement orientée, constituée de chaînes : 1° de sphérocystes, 2° de cellules ovales ramifiées dichotomiquement et de sporidies terminales, blastosporoïdes et binucléées; produisant en culture artificielle des colonies sphériques levuroïdes géantes et des coussinets blancs filamenteux ou poudreux. Développement hémiangiocarpique. Voile général caduc ou persistant parfois en anneaux autour du stipe et en écailles sur le chapeau. Voile partiel variable, caduc ou formant un anneau supère, tombant et strié. Voile marginal variable, généralement caduc ou à peine indiqué, formant parfois une cortine membraneuse annuliforme plus ou moins appendiculée autour du piléus. Revêtement peu séparable, palissadique dans la partie centrale, à éléments cloisonnés correspondant à un aspect souvent velouté, ponctué ou glabre, sans ou avec épicutis gélifiable, ridé radialement ou non. Mamelon en forme de perforatorium, proéminent, acéré ou indiqué. Pseudorhize hypogée, souvent très longue, filamenteuse, d’abord fragile-cassante, puis fibreuse, pleine comme le stipe qui la prolonge au-dessus du sol et dont le revêtement propre n’est pas différencié. Lames blanchâtres, crème incarnat ou jaune clair, généralement entièrement libres, rarement adnées-décurrentes par la dent, souvent séparées du sommet du stipe par un collarium annulaire nu, non veinées, facilement clivables dans le sens longitudinal, à arête non ou inégalement denticulée. Spores incarnates ou paille en masse, relativement petites (longueur presque toujours ≤7,5μ; largeur généralement ≤5μ), ellipsoïdales, parfois subcylindracées, lisses, à tégument externe unique, sans pore germinatif, non amyloïdes et rougissant ± sous l’action de l’iode. Basides piriformes-allongées, toujours tétraspores. Chair du stipe continue avec celle de la région piléique centrale qui reste attachée à celle du pied par rupture; compacte, sapide (constituant un comestible de choix), à odeur faible et toujours agréable.

Observations. Après avoir démontré que les mycotêtes étaient les primordiums cavernicoles des Termitomyces, que les sphérocystes composant en partie ces mycotêtes étaient identiques aux éléments constitutifs du voile général ou blématogène de l’Agaric ce qui permettait déjà de soupçonner que la mycotête était le primordium d’un Macromycète —, après avoir appuyé par nos réalisations culturales cette déduction et établi que ces formes primordiales représentaient des états levuroïdes adaptés à des conditions de milieu très spéciales, nous avons été conduit à assimiler les Agarics croissant sur meules à un groupe naturel de formes diverses mais rattachables au même genre. En vérité, les minuscules formes mycotêtes, toutes identiques, sont et restent cavernicoles, liées aux meules souterraines; les formes parfaites et épigées constituent un ensemble relativement très homogène, les différences qui séparent les espèces ainsi admises ne tenant qu’à la variabilité toute quantitative et relative de particularités remarquables communes.

L’étude de l’ « Entoloma microcarpum », croissant à la surface du sol par suite du geste volontaire du termite qui l’expulse hors du nid à l’état primordial, nous a permis d’éclairer le problème essentiel posé par la nature du genre, sa position et ses limites, en rattachant cette forme entièrement épigée et relativement minuscule à l’ensemble des Termitomyces à développement souterrain. Les particularités rencontrées respectivement parmi ces champignons termitophiles ont pu ainsi être classées en trois catégories :

a) celles qui sont communes à toutes les espèces cavernicoles et terrestres, indices fondamentaux, essentiels, qualitatifs, caractérisant indubitablement le genre;

b) celles qui sont communes à certaines espèces cavernicoles et au microcarpus ; leur existence établit ainsi la démonstration du lien entre cette dernière et les autres, bien qu’on ne découvre pas ces mêmes particularités communes à toutes ces formes hypogées. C’était là le critère qui sanctionnait définitivement la position du microcarpus parmi les Termitomyces ;

c) celles qui, communes aux espèces cavernicoles, ne se retrouvent pas chez le microcarpus, constatation qui autorise à les lier aux conditions mêmes du milieu, donc à l’influence directe de celui-ci.

Il était logique d’admettre qu’en excluant de la termitière le Termitomyces microcarpus à l’état mycélien, l’ouvrier termite replaçait le champignon dans son environnement initial, correspondant à un habitat autrefois simplement terricole et épigé à partir duquel les Termitomyces se sont trouvés peu à peu ou brusquement entraînés vers la condition termitophile. Et nous avons été tenté de trouver l’explication de certains traits physionomiques ou anatomiques de la forme mineure dans cette reconduction provoquée du champignon à la vie épigée.

L’absence chez le microcarpus du mamelon perforateur, qui forme sur le chapeau des Termitomyces comme le saillant actif de la vrille dont le piléus est le bouclier, nous apparaissait ainsi explicable. Nous admettions que les particularités différentielles les plus manifestes qu’offrait le T. microcarpus étaient soumises aux conditions du milieu : absence de voile, dimensions relativement faibles des carpophores, devenaient pour nous, de même que le caractère amoindri du perforatorium, des caractères d’ordre adaptatif, liés entièrement à la biologie même de cette espèce. La découverte au Cameroun de nouveaux échantillons de Termitomyces microcarpus confirme notre point de vue. Mais le pont qui séparait ces deux groupes, l’un adapté à la condition hypogée, l’autre reconduit à la vie terrestre, devait encore laisser place à de nouveaux paliers spécifiques.

Tout d’abord, les observations d’ordre mycologique et biologique concernant le T. microcarpus étaient vérifiées par deux auteurs britanniques, R.M. Nattrass et R. W. Rayner. Nos conclusions et nos hypothèses trouvaient auprès d’eux un écho entièrement approbateur. En même temps, R. W. Rayner nous adressait une autre espèce de Praetermitomyces, bien voisine du microcarpus, et sur laquelle nous avons dit précédemment quelques mots, dans la limite où les précisions reçues, très succinctes, nous y autorisaient (loc. cit. 1950, 1951).

Mais c’est surtout la récolte remarquable faite par P.-P. Grassé en Oubangui qui venait enrichir notre clavier spécifique sur ces formes termitophiles. Nous avons décrit en détail, avec Grassé (loc. cit.), sous le nom de T. medius, cette espèce mineure qui s’apparente au microcarpus, en diffère par la largeur du chapeau, l’épaisseur du pied, les primordiums allongés, longtemps dépourvus d’hyménium et de piléus, le revêtement striolé-veinulé radialement, finement chagriné concentriquement, qui est celui de certains Eutermitomyces comme cartilagineus —. Les caractères de cette espèce, liée aux meules très spéciales et relativement petites fabriquées par lAncistrotermes latinotus dans un nid construit à l’intérieur des nids d’autres termites, apparaissaient à leur tour sous la dépendance de conditions qui lui étaient propres. Le comportement du champignon s’est avéré assez variable, les pseudorhizes se repliant souvent sur elles-mêmes sans percer la paroi du plafond de la chambre. Bref, ce Termitomyces medius hypogé et petit s’est révélé, par ses dimensions et plusieurs de ses particularités, intermédiaire en quelque sorte entre le Praetermitomyces microcarpus épigé et très petit et les Eutermitomyces, toujours hypogés et plus grands.

C’est ainsi que deux nouveaux traits d’union spécifiques étaient tracés entre les formes extrêmes. En même temps semblait apparaître une certaine relation de cause à effet, donnant une explication à l’aspect résultant. La morphologie des Termitomyces, aussi fluctuante que leurs conditions de vie, pouvait trouver dans la diversité de ces dernières l’explication de sa propre variabilité.

L’effet de la profondeur de la meule et de l’importance de l’obstacle opposé à l’érection du cordonnet expliquerait donc dans une certaine mesure la physionomie et la taille du champignon. Il est significatif que le gigantesque Termitomyces Schimperi ne possède pas de perforatorium : la puissance même du piléus bombé et énorme suffit à interpréter la progression du champignon naissant et le bouleversement qu’il cause dans les couches de terre sus-jacentes. Par contre, le T. mammiformis offre un mamelon très différencié, sculpté, obconique, très dur, dont le rôle perforateur s’exerce sur une épaisseur considérable avec le concours que lui apporte l’élongation hélicoïdale du cordonnet. La faiblesse du mamelon du T. medius s’explique par le peu de résistance qu’il doit vaincre dans une épaisseur très limitée de terre. Quant au T. microcarpus, que le geste du termite a déposé, sous sa forme primordiale, sur le sol même, il n’a plus de mamelon, sauf dans le cas où il fructifiera a une faible distance sous terre, là où l’insecte n’aura trouvé que le temps de l’abandonner.

Il est possible que la diversité dans la taille des carpophores soit dans une grande mesure sous la dépendance des conditions nutritives inhérentes à la meule; peut-être est-il significatif que l’espèce de beaucoup la plus petite soit justement celle qui ne croît pas sur meule. Si cette hypothèse se vérifiait, on serait sans doute amené à réduire le nombre des espèces termitophiles et à considérer le genre Termitomyces comme constitué surtout de formes biologiques dépendant de la nature de leur support hospitalier.

Une autre mise en évidence, dont nous avons pu tirer parti dans la distinction et la classification des Termitomyces, s’applique à l’action des réactifs oxydasiques sur la chair : gaïac ou pyramidon. Ainsi avons-nous été conduit à une distinction très remarquable entre les Termitomyces : certaines de ces espèces montrent une chair particulièrement sensible au pyramidon, qui en provoque le virage instantané ou rapide en lilas foncé, alors que la teinture de gaïac se montre inactive, d’autres espèces au contraire offrant une inactivité presque totale à l’un et à l’autre de ces réactifs. La mise en évidence, chez le Praetermitomyces microcarpus, d’une action très vive du pyramidon sur toutes les parties de ce champignon de même que chez certaines formes d’Eutermitomyces, alors que le gaïac se montre également actif nous a permis d’apporter un critère additif, d’ordre chimique, à la parenté qui lie Eutermitomyces et Praetermitomyces, malgré les dissemblances d’ordre physionomique, embryologique et biologique d’autre part notées entre l’ensemble des premières espèces, à développement souterrain, et la seconde, reconduite dès l’état primordial par le geste du termite dans des conditions de vie épigées.

Ainsi se dégagent parmi les Termitomyces deux groupes dont les réactions chimiques sont à ce point de vue différentes; l’un comporte toutes les formes inactives ou presque inactives à la fois à la teinture de gaïac et au pyramidon : stirpe fuliginosus (y compris citriophyllus et robustus), Term, mammiformis (non insensible au gaïac), Le Testui, enfin Schimperi qui offre déjà la marque d’une certaine réactivité positive. L’autre réunit des Eutermitomyces de plus petites dimensions (groupe striatus y compris aurantiacus, T. entolomoides la plus petite forme décrite parmi les Eutermitomyces —), inactifs vis-à-vis du gaïac, violemment actifs au pyramidon, et le T. microcarpus représentant les Praetermitomyces épigés la plus petite espèce de tous ces Agarics termitophiles —, réagissant très fortement au pyramidon, mais aussi assez nettement à la teinture de gaïac. Il semble que ce soient donc les plus petites formes parmi ce genre qui réagissent au pyramidon, et qu’elles y sont sensibles d’autant plus vigoureusement, apparaît-il, qu’elles sont de plus faible taille.

Quant à la nature précise de l’association qui lie l’insecte au champignon, elle est loin encore d’être démontrée. La complexité des problèmes que posent les relations entre l’insecte et son commensal, et la difficulté d’accepter sans sérieuses retouches la thèse classique du « termite cultivateur de champignons », se trouvent renforcées par les dernières observations de P.-P. Grassé qui tendent à faire croire que le termite se nourrirait de la meule elle-même. En tout cas, la découverte, par Grassé et Noirot, d’un Macrotermititae, Sphaerotermes sphaerothorax, constructeur de meules sur lesquelles ne se développe aucun champignon, vient appuyer le scepticisme que nous avons personnellement traduit, depuis le début de nos travaux, à cet égard, quant à la valeur de l’opinion anthropomorphique des anciens auteurs.

Dans l’étude taxinomique ci-après, nous n’avons pas tenu compte de la nature précise des meules ni de l’identité spécifique des termites, sur lesquelles les observations réunies par les collecteurs sont presque nulles.

 

Synopsis des sous-genres

A. Espèces mineures (diamètre chapeau ≤ 30 mm), expulsées hors du sol par le termite, dépourvues de perforatorium piléique et de pseudorhize pédiculaire ................ PRAETERMITOMYCES (p. 142)

B. Espèces majeures (diamètre chapeau ≥ 35 mm), croissant toujours à partir des meules en chambres closes, à longue pseudorhize souterraine, à perforatorium piléique généralement très individualisé ............. EUTERMITOMYCES (p. 143)

Sous-genre Praetermitomyces Heim

Caractères : Espèces mineures (diam. chapeau ≤ 30 mm) à insertion peu profonde, dépourvues de voile, à perforatorium peu ou non individualisé, à pseudorhize nulle ou au moins très réduite. Réaction de la chair très vivement positive à la teinture de gaïac et au pyramidon.

1. Termitomyces microcarpus (Berk, et Br.) Heim, Mém. Acad. Sc. Institut France, 64, p. 72 (1941); Arch. Mus. Nat. Hist. Nat. Paris, 6e série, XVIII, p. 128, fig. 16-19, Pl. IX, fig. E (12, 13) (1942); Mém. Soc. Helvét. Sc. Nat., LXXX, p. 21, fig. 8, Pl. VI fig. a, Pl. IX fig. d (1952). Planche XXIII, fig. 3.

Syn. Entoloma microcarpum Berk. et Br., Journ. Linn. Soc., XIV, p. 119 (1875); Petch, Ann. Roy. Bot. Gard. Peradeniya, V, 6, p. 389 (1913).

Mycena microcarpa (Berk. et Br.) Pat., Bull. Soc. Myc. France, XXIX, p. 210 (1913).

Mycena termitum Beeli, Rev. Zool. Bot. Afric., XXI, 4, p. 327 (1932).

Caractères macroscopiques. Mycotêtes primordiales et carpophores sont groupés densément sur le gâteau mycotique expulsé par les termites. Chapeau toujours petit, de 0,5 à 1 cm et jusqu’à 17 mm de diamètre, d’abord campanulé-aigu, avec un mamelon saillant, souvent pointu, puis s’aplanissant; plus au moins irrégulier, souvent difforme, à marge incurvée puis droite, lobulée ou crénelée, même lacérée puis en outre fendillée, déchirée; sillonné sur les bords, voire jusqu’à la moitié du rayon, même subtilement scrobiculé, glabre, blanc sale à crème, d’abord gris clair plus coloré au sommet d’un ocracé grisâtre pâle. Pied de 2 à 4 et même 5 cm de hauteur sur 1,5 à 3 mm de largeur, raide, droit, grêle, plein, glabre, non strié, fibreux-tordu, blanchâtre ou crème grisâtre, plus clair que le chapeau; à base irrégulièrement bulbeuse, de 2-3 mm de diamètre, apprimée sur un fin tomentum blanc soudé en partie aux primordiums et aux granulations argileuses voisines. Lamelles libres, peu serrées (48-60), plutôt épaisses, larges de 1-2 mm, inégales, subtrigones amincies aux extrémités, à marge irrégulièrement, largement et peu profondément échancrée, non veinées, à lamellules rares, se clivant longitudinalement; blanches puis rosé sale clair. Chair blanche, fibreuse, tenace, même très résistante, très mince dans le chapeau, inodore, insipide. Sporée incarnat sale.

Caractères microscopiques. Basidiospores obovoïdes-subcylindracées, lisses, 5,6-6,9 μ. × 3,7-4,8 µ, à appendice hilaire court et tronqué, crème incarnat vues en masse, à peine rosées et non amyloïdes sous le microscope. Basides claviformes-renflées, 21-30 μ × 7,5-9,5 μ, tétraspores. Cystides faciales et marginales, dispersées, rares sauf sur l’arête, globuleuses, ovoïdes, piriformes, losangiques ou sphériques-pédonculées, de 20-48 μ × 11-28 μ, peu émergentes, à membrane égale et épaisse de 1-1,3 μ, réfringente. Terminaisons lactifères hyméniennes, variqueuses, en continuité avec les hyphes oléifères. Trame des lamelles régulière. Sous-hyménium rameux. Chair des mycotêtes formée de files celluleuses terminées par des éléments subulés mesurant 35-80 μ × 8-10 μ × 3-4 μ, effilés-aigus à leur extrémité libre.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac : + +; gaïcol : + +; pyramidon : + + +; phénol : +; SO4 Fe : —; α-naphtol : —.

Distribution géographique. District forestier central : Komi (Sankuru), J. Ghesquière. District des Lacs Édouard et Kivu : Panzi (Kivu), M. Goossens-Fontana 4093, 5128, 5552. District du Lac Albert : Mutsora, H. Frédéricq in de Witte 8366. — Toute l’Afrique intertropicale, Afrique australe, Ceylan, Indes, Indo-Chine.

Habitat. Au voisinage immédiat des nids de termites (Termes vulgaris, transvaalensis, badius) ; sur sol cimenté d’habitation européenne; au pied d’un mur, dans un laboratoire; sur le sol d’une pépinière horticole; parmi les plantations d’Eucalyptus et de Coffea arabica.

Usages. Comestible recherché.

Noms vernaculaires. Bushwa, Butana (Panzi).

Observations. Décrit par Berkeley et Broome comme Entoloma (E. microcarpum) terme adopté par T. Petch —, par N. Patouillard comme Mycena, par Beeli encore sous le nom de Mycena termitum, ce champignon se rattache indiscutablement au genre Termitomyces malgré les particularités morphologiques, anatomiques, embryologiques et biologiques qui semblent a priori l’éloigner considérablement du genre et dont l’amplitude reste sous la dépendance ou sous l’explication d’une adaptation à des conditions liées au geste ancestral du termite qui expulse le gâteau mycotique hors du nid.

Sous-genre Eutermitomyces Heim

Caractères : Espèces majeures (diamètre chapeau ≥ 35 mm) à insertion profonde, à voile général caduc ou persistant, à voile partiel et marginal souvent subsistant et membraneux, à perforatorium toujours individualisé, parfois proéminent, à pseudorhize longue, fragile, en relation directe avec les meules souterraines dont les mycotêtes s’identifient aux primordiums. Réaction de la chair rarement positive avec le gaïac, négative ou positive avec le pyramidon.

Synopsis des espèces africaines

A. Chapeau de petite taille ( 4,5 cm). Carpophore entièrement noir bleuté :

I. Perforatorium conique-obtus. Lamelles nettement roses. Meules formant des gâteaux orbiculaires, en ruches d’abeilles, parfois emboîtés. Vive réactivité de la chair au pyramidon. Congo français ............................. T. entolomoides Heim.

B. Chapeau de taille moyenne ou grande (> 6 cm). Coloration plus claire des carpophores. Lamelles moins nettement rosées. Meules différentes :

I. Perforatorium de couleur très foncée, très longuement proéminent (spiniforme) ou fortement individual isé-valléculé :

a) Espèces de taille moyenne, à chapeau ne dépassant pas 10 cm de diamètre :

1. Perforatorium spiniforme-étroit, non valléculé, lisse, brun noir. Chapeau de couleur foncée. Stipe clair. Voile fugace (pas d’anneau membraneux). Congo belge.........4. T. clypeatus

2. Perforatorium conique-cylindracé, valléculé, scrobiculé, brun noir :

α. Carpophores de couleur claire. Voile annuliforme, membraneux, déchiré, souvent appendiculé. Réactivité nulle de la chair au pyramidon. Congo belge; Afrique occidentale et équatoriale : Guinée française, Côte d’Ivoire, Cameroun, Congo français ...... 9. T. mammiformis

β. Chapeau blanc pur. Congo français ............ T. mammiformis f. albus Heim.

b) Espèce de grande taille, à chapeau de 9 à 25 cm de diamètre :

1. Perforatorium cylindracé, volumineux, valléculé, brun foncé. Anneau membraneux, double, variable mais complet, pendant ou adné. Revêtement piléique typiquement squamuleuxgercé sauf aux bords. Insensibilité de la chair aux réactifs des oxydases. Congo belge; Afrique occidentale et équatoriale : Guinée française, Côte d’Ivoire, Cameroun, Congo français ...... 10. T. Le Testui

II. Perforatorium concolore, peu proéminent, conique ou à peine marqué, non ou à peine valléculé :

a) Espèces de taille moyenne ou grande (diamètre chapeau > 10 cm), à revêtement piléique foncé ± scrobiculé-tuberculeux à la fin, farineux-pruineux autour du mamelon, à stipe de coloration généralement marquée. Pas d’anneau ni de débris cortiniformes péripédiculaires. Chair insensible aux réactifs des oxydases et se décomposant très rapidement :

1. Lamelles jaune citrin. Stipe creux et de couleur claire. Perforatorium en continuité de profil avec le chapeau. Basidiospores relativement grandes (L souvent > 10 μ). Haute-Guinée ...... T. citriophyllus Heim.

2. Espèces ne présentant aucun des caractères ci-dessus, liées à l’Acantotermes acantothorax. Odeur et saveur légères de rave :

α. Carpophores croissant en grand nombre sur termitières enterrées, en forêt claire ou sous cultures arbustives. Pseudorhize et stipe de teinte claire, privés de disque sclérifié basal. Perforatorium subtétiniforme. Congo belge; Congo français ..........5. T. robustus

β. Carpophores croissant en petit nombre sur termitières aériennes en forêt dense. Stipe fuligineux. Pseudorhize attachée aux meules par un disque sclérifié basal. Perforatorium conique-acéré. Congo belge; Haute-Guinée, Congo français ....... 6. T. robustus var. fuliginosus

b) Espèces de taille petite, moyenne ou volumineuse, à revêtement piléique glabre, non scrobiculé-tuberculeux-farineux, à stipe de coloration claire. Anneau présent ou nul. Sensibilité plus ou moins nette de la chair au gaïac ou au pyramidon :

1. Espèce gigantesque, à peine mucronée, à voile subsistant en grossières écailles pustuleuses, liée au Termes natalensis. Cystides hyméniales non étroites, souvent 1-2 fois cloisonnées. Chair presque inactive au pyramidon et inerte au gaïac. Afrique intertropicale : Congo belge?; Guinée française, Côte d’Ivoire, Cameroun, Abyssinie ........................ 8. T. Schimperi

2. Espèce grande, à perforatorium bas, à carpophores longtemps globuleux, privée d’indice de voile. Cystides hyméniales dimorphes : les unes piriformes-globuleuses non cloisonnées, les autres cylindracées ou étroitement lagéniformes, souvent cloisonnées (1-3). Chair réagissant au gaïac. Congo belge ........................... 7. T. globulus

3. Espèce de taille moyenne ou assez petite, à cystides ni étroites ni cloisonnées, à voile indistinct ou pustuleux-farineux, parfois membraneux. Chair réagissant violemment au pyramidon, et non ou à peine au gaïac. Revêtement piléique un peu rimeux-strié ± gercé-sillonné. Stipe souvent un peu excentrique, à très longue et étroite pseudorhize blanche :

α) Chapeau ne dépassant pas 12 cm de diamètre, de coloration ocre brunâtre (forme ochraceus) ou gris brunâtre, même franchement grise (forme griseus), à perforatorium pointu. Lamelles crème-rosé ...................................................... 2. T. striatus

* Débris cortiniformes ou fines plaques pustuleuses sur le chapeau. Afrique intertropicale : toute l’Afrique occidentale et équatoriale, y compris très probablement le Congo belge ......................T. striatus type

* Un anneau supère, tombant. Haute-Guinée......T. striatus f. annulatus Heim

β. Chapeau ne dépassant pas 8 cm de diamètre, de coloration ocre-orangé, sans indice de voile, à perforatorium conique-pointu, parfois un peu tétiniforme, parfois strié. Lamelles blanches. Congo français ................................. 3. T. striatus var. aurantiacus Heim

2. Termitomyces striatus (Beeli) Heim, Mém. Ac. Sc., 64, p. 47, Pl. I à × (1941); Mycoth. Mus. Paris, p. 31, P1. III phot. 10-12 (1949); Bull. Jard. Bot. État Brux., XXI, p. 218 (1951); Mém. Soc. Helv. Sc. Nat., LXXX, p. 3, P1. II b, P1. VI e, Pl. X fig. 1-9 (1952).

Syn. Schulzeria striata Beeli, Bull. Jard. Bot. Etat Brux., XV, p. 29, Pl. I, fig. 6 (1938).

Caractères macroscopiques. Chapeau de taille moyenne, le plus souvent de 4,5-7,5 cm de diamètre, atteignant rarement 11 cm, toujours irrégulier, d’abord conique-difforme ou cylindroïde, à bords appliqués le long du pied, puis irrégulièrement campanulé-convexe, enfin étalé, voire déprimé autour du mamelon central et à bords finalement relevés; souvent sillonné sur ceux-ci et même la partie moyenne, de plis radiaux peu réguliers, généralement incomplets, auxquels s’ajoutent parfois de fines fibrilles gris clair ou ocracées et de petites mèches concentriques provenant de la rupture partielle du revêtement; le plus souvent glabre, parfois parsemé sur la partie centrale de quelques épaisses pustules caduques, membraneuses, paille; fendillé ou même profondément déchiré sur le pourtour, souvent fortement lobé-festonné; derme aisément séparable jusqu’à la base du mamelon, mais peu aisément au centre; de coloration claire blanche, blanchâtre, crème, chamois pâle sur la marge, ocracé clair ou ocre brunâtre ailleurs; revêtement piléique d’abord entièrement couvert de fines granulations adhérentes, plus nettes au sommet où elles subsistent longtemps; toujours muni d’un large et épais mamelon central formant perforatorium plus ou moins apparent, aigu ou obtus, pointu ou non au sommet, mais jamais acéré, et toujours en continuité de profil avec le corps principal piléique, et à peine plus foncé que celui-ci; bistre clair ou brun ocré; chair assez épaisse. Stipe très variable de forme et de dimensions, robuste ou grêle, généralement de 5 à 10 cm de hauteur, de 6 à 25 mm de largeur, le plus souvent cylindracé, parfois difforme, inégal, contourné, très fibreux, fibro-strié, privé de revêtement différencié, blanc pur en haut, blanchâtre ou crème ocracé ailleurs, aisément énucléable du chapeau, s’épaississant au collet, parfois bulbiforme; s’amincissant en une longue, étroite et fragile pseudorhize blanche atteignant 40 cm à un mètre de hauteur, de 4 à 5 mm d’épaisseur, blanc pur, non maculée de terre, à la fois fibreuse et cassante, marquée souvent à l’état jeune et adulte, sur toute sa longueur ou une partie seulement, de bourrelets concentriques et parallèles, blancs, membraneux, fragiles, séparables, appartenant au voile général celluleux; généralement glabre et dépourvu de tout indice de voile membraneux, parfois fugace, parfois subsistant en lambeaux arachnoïdes. Lamelles libres, serrées, accompagnées de lamellules, peu larges (3-6 mm), se rétrécissant insensiblement vers la marge, à arête irrégulièrement échancrée, incarnat pâle, se clivant aisément. Chair ferme, fibreuse, relativement très épaisse dans le jeune chapeau, spongieuse et compacte dans celui-ci, blanc pur sauf dans le revêtement piléique (brun ocre foncé) et immédiatement au-dessous (gris ocracé clair), de fine odeur agréable rappelant à la fois subtilement celles de la farine et de l’anis, sapide, se décomposant difficilement sous l’action des larves.

Caractères microscopiques. Basidiospores obovoïdes-cylindracées, à contour un peu aplati sur les arêtes longues en profil dorsiventral; non amyloïdes; mesurant 6,5-7,5 μ × 4-5 μ. Basides piriformes-allongées, de 22-25 μ × 7-8 μ, tétraspores. Cystides nombreuses, faciales et marginales, ovoïdes ou piriformes, fortement émergentes (jusqu’à 40 μ), se rétrécissant en un long et étroit pédicelle, mesurant environ 20-45 μ × 11-22 μ. Le revêtement hyménial est le même sur toute la surface de la lamelle; la forme des cystides est indépendante de leur position. Trame des lamelles régulière.

Caractères chimiques. Réactions oxydasiques : gaïac : — pyramidon : + +.

Distribution géographique. District forestier central : Eala, M. Goossens-Fontana 102 (avec doute). Côte d’Ivoire, Haute-Guinée, Basse-Guinée, Cameroun, Congo français, Sierra-Leone.

Habitat. Sur les termitières souterraines, dans la savane et les lieux cultivés.

Usages. Comestible.

Observations. — 1. Probablement répandu dans une grande partie de l’Afrique intertropicale et vraisemblablement du Congo belge, mais paraissant totalement absent de certains territoires.

2. Cette espèce, qu’on peut considérer comme caractéristique du genre pour l’Afrique, correspond en quelque sorte au T. cartilagineus (Berk.) Heim de l’Asie méridionale. Il n’est pas impossible d’ailleurs que les deux espèces soient taxinomiquement mieux que proches. Quoi qu’il en soit, le T. striatus, pour lequel nous avons repris la désignation appliquée par Beeli à une récolte de F. C. Deighton provenant de Sierra-Leone, semble commun dans certaines régions de l’Afrique tropicale française, mais nous ne pouvons lui rapporter avec certitude aucune des récoltes de Mme Goossens au Congo belge, à moins d’inclure dans cette entité spécifique, alors élargie, non seulement la var. aurantiacus, bien caractérisée par nous, mais aussi le T. clypeatus, sans nul doute de la même stirpe. Il nous paraît cependant invraisemblable que le type n’existe pas au Congo belge, alors qu’il a été recueilli partout ailleurs dans les territoires d’Afrique occidentale et centrale. En vérité, il reste possible que l’espèce désignée par Beeli sous le nom de Schulzeria Goossensiae (= Pluteus Goossensiae) (Bull. Soc. Roy. Bot., LX, p. 75, 1927; LXI, p. 79, 1928) s’applique au même champignon, mais l’insuffisance descriptive ne permet aucune certitude.

3. Termitomyces striatus (Beeli) Heim var. aurantiacus Heim, Comptes rendus, 226, p. 1488 (1948); Mycoth. Mus. Paris, p. 31, P1. III, phot. 2, 5 (1949); Mém. Soc. Helv. Sc. Nat., LXXX, 1, p. 5, fig. 1, P1. I, P1. VII fig. a, P1. IX fig. a (1952). Planche XXIII, fig. 1.

Caractères macroscopiques. Chapeau de taille moyenne, généralement de 5 à 8 cm de diamètre, atteignant rarement 12 cm, galériculé-aigu, puis fortement bombé-mamelonné, convexe-mucroné, finalement étalé et même parfois à bords relevés, mais le plus souvent à marge infléchie; finement sillonné sur celle-ci, ou plus généralement sur la partie médiane du piléus où apparaissent des sillons scrobiculés radiaux s’allongeant sur les 2/3 du rayon et également des fissures allongées, souvent accompagnés de veines verruqueuses inégales, discontinues, concentriquement groupées; glabre, privé d’indice de voile ou de mèches farineuses; ocre roux assez vif ou orangé (vers la marge K. 137, ou intermédiaire entre K. 136 et K. 132, ou K. 141, ou K. 127-132; au milieu : K. 132, K. 127-132, K. 136), brun orangé, voire brun noirâtre sur le perforatorium (K. 108, K. 107, K. 127, K. 115); parfois le chapeau est plus clair (autour : K. 128 D, K. 146; au centre K. 141/142); derme séparable jusqu’à la base du mamelon; perforatorium conique, aigu puis obtus, toujours pointu, en continuité avec le profil du chapeau, en forme de petit bouton ou de mucron bien individualisé sur les jeunes, brun roux ou brun foncé, sillonné délicatement et radialement; chair assez mince. Stipe cylindracé, émergeant assez longuement hors du nid, un peu plus étroit (0,7-0,8 cm) sous l’insertion sur le chapeau où il atteint 0,9-1 cm de diamètre, un peu renflé au collet (0,8-1,2 cm), très souvent légèrement excentrique; blanc ou blanchâtre, paille ocracé pâle vers la partie inférieure de la portion aérienne, à peu près glabre, rarement marqué de fines mèches espacées, privé d’anneau et de bourrelet; aisément énucléable du chapeau; s’amincissant en une longue, étroite et fragile pseudorhize blanche atteignant 20 à 25 cm de hauteur. Lamelles libres, serrées, accompagnées de nombreuses lamellules, assez étroites (≤ 6-7 mm), d’un blanc nuancé de carné très subtil, se clivant aisément. Chair ferme, assez cassante, blanche, à peu près inodore, sapide avec arrière-goût de noisette, se décomposant moins vite que la chair des autres Termitomyces.

Caractères microscopiques. Basidiospores obovoïdes-cylindracées, à contour un peu aplati sur les arêtes longues en profil dorsiventral; non amyloïdes; mesurant 535-6,5-7,7 μ × 3,8-4,8 μ. Basides piriformes-allongées, de 28 μ × 6-6,5 μ, tétraspores. Cystides nombreuses, faciales et marginales, piriformes, ovoïdes, vésiculeuses, ou plus souvent utriformes et alors fréquemment étranglées, ou se terminant en appendice arrondi; à membrane égale et assez épaisse; nettement émergentes (10-20 µ), mesurant environ 30-48 μ × 10-20 μ. Le revêtement hyménial est le même sur toute la surface de la lamelle; la forme des cystides est indépendante de leur position; la marge lamellaire peut donc être homomorphe, mais la multiplicité fréquente des cheilocystides sur cette crête peut la rendre presque stérile, et alors subhétéromorphe. Trame des lamelles régulière.

Caractères chimiques. Réactions oxydasiques : gaïac : —; pyramidon : + + (réaction très vive dans la chair du pied et des lamelles).

Distribution géographique. District du Bas-Congo : commun dans les environs de Léopoldville, L. Dubois 1500, 1600, Cl. Mamet 8. District forestier central : Bokuma sur Ruki, R. P. Lootens 19. — Moyen Congo français.

Habitat. Sur les termitières souterraines, au début de la saison des pluies (octobre-novembre). Dans la savane herbeuse et brûlée; dans les jardins à terre sablonneuse, les chemins.

Usages. Champignon à chair exquise, consommé couramment par les Européens à Léopoldville et par les Noirs qui l’apprécient vivement.

Noms vernaculaires. Msempila (Kikongo) ou simplement Mayebo (champignons).

Observations. Cette forme, que nous avons décrite du Moyen Congo français (Etoumbi), où elle est commune en février-mars, se distingue de l’espèce-type par son chapeau ocre orangé et non gris, et probablement par sa répartition moins large. Elle croît au Congo français sur meules cérébroïdes un peu aplaties, très irrégulières, petites, de 2-4 cm de longueur, de 1,5-2,5 cm de largeur environ, marquées de cavités longitudinales, de 3-4 mm de large, et de perforations transverses, souvent plus étroites (voir loc. cit., 1952, Pl. IX, fig. a). On trouvera dans notre mémoire de 1952 des commentaires sur les variations de ce champignon et sur ses caractères culturaux.

4. Termitomyces clypeatus Heim, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXI, p. 207, Pl. V, fig. C1 à C8 (1951). Planche XXIII, fig. 4.

Caractères macroscopiques. Chapeau de 5 à 10 cm de diamètre quand il est étalé, tout d’abord étroitement cylindracé-ogival et enserrant même le haut du stipe, puis galériculé-aculéiforme, constitué de deux parties bien distinctes, d’une part le pileus proprement dit, bombé-subhémisphérique, puis convexe, s’étalant enfin, à marge irrégulière lobulée et longtemps infléchie-subinvolutée, brun foncé à l’état jeune, puis brun plus pâle, finalement brun clair, gris bleuté ou violeté, cendré clair ou gris d’argent, finement fibrilleux-soyeux et radialement striolé-vergeté délicatement, d’autre part le perforatorium central, extrêmement individualisé, à la fois long et puissant (sa hauteur atteignant le tiers du diamètre du chapeau) mais régulièrement conique-spiniforme. acéré à l’extrémité supérieure, droit, demeurant brun ou brun noir, restant à sa base en continuité de profil avec le corps du chapeau, donc sans vallécule. Stipe long, grêle même dans sa partie aérienne qui, de 5-10 cm sur 0,5-0,9 cm environ, reste cylindracée à peine renflée vers le milieu, blanc, blanchâtre, ou paille nuancé d’ocracé très pâle, glabre, privé de tout indice de voile annuliforme, se séparant aisément du chapeau; plein, se prolongeant par une longue pseudorhize grêle, cylindrique, fragile et blanche. Lamelles libres, serrées, étroites, assez minces, à arête entière et subhorizontale, accompagnées de deux séries de lamellules, blanc ivoire puis ivoire incarnat. Chair ferme mais tendre, blanche, mince dans le chapeau, à odeur agréable, à saveur délicieuse de noisette. Sporée crème incarnat.

Caractères microscopiques. Spores relativement petites, de 6,5-7 (-8,5) μ × 3, 7-3, 9 (-4, 5) μ, obovoïdes-subamygdaliformes. Cystides à la fois faciales et marginales, piriformes ou subglobuleuses, à membrane assez épaisse et réfringente.

Distribution géographique. District du Kasai : Bandundu (Kwango), J. Lebrun 9. District forestier central : Eala, Binga, Mongana, M. Goossens-Fontana 354, 973, 3015, 3059. District du Lac Albert : environs d’Hoysha, alt. 1050 m, Mutsora, le long de la rivière Talya, alt. 1200 m, Frédéricq in de Witte 8489, 9446.

Habitat. Sur termitières, en forêt sèche ou humide, groupés densément, notamment dans la formation forestière à Macrolobium Dewevrei; en forêt ombrophile intacte; à terre, au pied des bambous; dans la steppe à herbes courtes; fort nombreux à la saison des pluies.

Usages. Comestible délicieux, très recherché par l’indigène.

Noms vernaculaires. Botolo (Eala), Monsoye (Gombe), Buomboko (Bwaka).

Observations. Cette espèce remarquable, proche du T. striatus, s’en distingue morphologiquement par son perforatorium proéminent et spiniforme, en forme de pain de sucre acéré, toujours brun foncé, et par sa couleur plus pâle, généralement gris argenté, parfois gris brunâtre, à l’état adulte, par son revêtement piléique fibrilleux-soyeux. Nous en ignorons les caractères macrochimiques. Il est possible que le Pluteus Goossensiae Beeli s’applique en partie à cette espèce.

5. Termitomyces robustus (Beeli) Heim, Bull. Jard. Bot. État Brux., XXI, p. 210, fig. 44-46, Pl. V, fig. A1, A2, A3 (1951). Planche XXIV, fig. 1 et 3.

Syn. Schulzeria robusta Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LX, p. 75 (1927).

Caractères macroscopiques. Chapeau de 10 à 23 cm de diamètre. Quand il est étalé, fort variable d’aspect et de profil, fortement convexé-bombé, à bords infléchis, rompus, grossièrement lobulés, grossièrement strié-sillonné, formant souvent des bourrelets, des fossettes, des sillons, des rides concentriques irréguliers; à revêtement épais, séparable jusqu’à la base du perforatorium qui est obtus ou aigu, toujours puissant, et de la même teinte brun noir, brun foncé ou brun ocracé que le reste du chapeau entièrement et très finement tomenteux-villeux, viscidule par temps humide, livrant plus ou moins nettement la présence d’une plage annulaire brun-noir fauvâtre fortement veloutée-farineuse. Stipe puissant, de 10-20 cm de haut sur 2-3 de large, cylindrique, épaissi légèrement juste au-dessous du collet, de couleur variant du crème à l’ocracé clair, glabre, séparable du chapeau, muni souvent d’un voile partiel très variable, nettement membraneux sur les échantillons non ouverts, souvent visible sur les jeunes sous forme de fibrilles blanches vite caduques, mais parfois indécelable même à l’état très jeune quand les carpophores sont issus de meules relativement peu profondément enterrées; plein; se prolongeant par une pseudorhize ocracé pâle, privée de disque basal scléroïde en bouton. Lamelles libres, serrées, étroites, accompagnées de nombreuses lamellules, à marge irrégulièrement crénelée, blanches puis rose-ocracé pâle ou crème rosé glaucescent. Chair à la fois ferme et spongieuse, se décomposant rapidement, comme les lamelles, sous l’action des larves, peu épaisse dans le chapeau, très fibreuse dans le stipe, blanche, d’odeur agréable et de saveur succulente, l’une et l’autre légères, finement nuancées de celles de rave. Sporée crème incarnat.

Caractères microscopiques. Spores de 7-8 (-9) μ × 4-4,5 (-6,3) μ, obovoïdes-subamygdaliformes un peu cylindracées. Cystides hyméniales claviformes, piriformes, subglobuleuses ou lagéniformes, parfois mucronées, à membrane assez épaisse et réfringente.

Caractères chimiques. Gaïac : —; gaïacol : —.

Distribution géographique. District forestier central : Diobo-Akula, vallée de la Motima, Binga, M. Goossens-Fontana 392, 392bis, 406, districts des Bangalas et de l’Ubangi : répandu sans localisation précise, M. Goossens-Fontana, sans échantillon. District des Lacs Édouard et Kivu : Panzi Kivu, M. Goossens-Fontana 4082, 5122, 5163, 5170, 5185, 5186, 5418, Goma, M. Goossens-Fontana, sans échantillon.

Habitat. Sur termitières enterrées et généralement non visibles de l’extérieur; isolés ou groupés sur le sol dans les pâturages indigènes, les savanes herbeuses, les chemins de plantations de caféiers arabica et d’eucalyptus, également les vergers d’orangers, les jardins et les palmeraies à Elaeis.

Usages. Comestible de saveur très délicate, consommé par l’indigène.

Noms vernaculaires. Mpovo (Gombe), Makombo (Binga), Boyoko (Kiswahili), Biumwia, Bihumio, Buyoga (Kishenzi).

6. Termitomyces robustus (Beeli) Heim var. fuliginosus Heim, Arch. Mus. Nat. Hist. Nat. Paris, 6e sér., XVIII, p. 118, fig. 9-14 P1. IX fig. 4, Pl. X fig. 1-3 (1942); Bull. Jard. Bot. État Brux., XXI, p. 210, Pl. V, fig. B1, B2 (1951). Planche XXIV, fig. 2.

Nous conservons ici cette appellation pour désigner la variété guinéenne à pied sombre, subconcolore au chapeau, à disque sclérifié terminal, croissant sur termitière géante en forêt.

Caractères chimiques. Gaïac : —; pyramidon : —; gaïacol : —.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 3058. — Guinée française.

Habitat. Épars sur le sol, sur d’anciennes cultures indigènes.

7. Termitomyces globulus Heim et Gooss., Bull. Jard. Bot. État Brux., XXI, p. 216, fig. 47, Pl. VI, fig. A1, A2, A3 (1951). Planche XXIII, fig. 2.

Caractères macroscopiques. Chapeau de forte taille, d’abord aussi haut que large, campanulé-puissant, globuleux-subpiriforme, pointu-obtus au sommet, et à bords amplement involutés, puis s’étalant et atteignant alors 15-20 cm de diamètre mais restant infléchi-rabattu, ocracé brunâtre pâle, jaune plus intense vers le centre, subglabre, très finement fibrilleux-vergeté radialement, muni d’un perforatorium puissant, bas, conique-obtus, mais manifeste, concolore. Stipe long et assez robuste, de 15-20 cm sur 1,5-2 cm de large, cylindrique à peine renflé au collet, blanchâtre, fibro-tordu, glabre, dépourvu de tout indice de voile partiel, plein, aisément séparable du chapeau, se prolongeant par une longue pseudorhize grêle, ferme, fauvâtre. Lamelles libres, assez serrées, étroites, plutôt minces, à arête entière et au profil sinueux, très rétrécies aux extrémités, accompagnées de deux séries de lamellules, blanches puis rosâtre très pâle. Chair assez mince dans le chapeau, ferme puis spongieuse, enfin molle, odeur agréable, saveur succulente. Sporée crème incarnat.

Caractères microscopiques. Spores 6,3-6,7 μ × 3,5-4 μ, obovoïdes-subamygdaliformes. Cystides marginales de l’arête hétéromorphes et faciales, les unes étroites, irrégulièrement cylindracées-onduleuses, larges de 5-8 μ, souvent 1-3 fois cloisonnées, capitées-subglobuleuses au sommet, quelquefois à tête sphérique cloisonnée à sa base, parfois plus larges, et alors lagéniformes ou sublosangiques, les autres à éléments globuleux ou brièvement piriformes, de 20-25 μ de large, hauts de 28-60 μ, toutes à membrane égale, assez épaisse, réfringente.

Caractères chimiques. Teinture de gaïac : +.

Distribution géographique. District forestier central : Binga, M. Goossens-Fontana 783, 2066. District du Lac Albert : Nioka, avec doute, M. Goossens-Fontana 557, 560.

Habitat. Sur termitières, dans la forêt sèche, à proximité de la forêt marécageuse.

Usages. Comestible succulent, très savoureux, consommé par l’indigène.

Noms Vernaculaires. Mbo, Ngo (Gombe), M’bwo, Makombo (Binga); peut-être Djambi, Ledje (Kilendu), Rovere, N’volo (Kilur).

Observations. Espèce de grande taille qu’on pourrait confondre avec les T. Schimperi et Le Testui, mais qui s’en distingue par la minceur relative de la chair, et sa réactivité au gaïac, l’absence de tout voile, la dualité marquée des poils cystidiformes; se sépare du T. Le Testui par le revêtement glabre et non squamuleux ponctué, et par la faible individualité du perforatorium.

8. Termitomyces Schimperi (Pat.) Heim, Arch. Mus. Nat. Hist. Nat. Paris, 6e sér., XVIII, p. 114, fig. 6-7, p. 141 (1942); Mém. Soc. Helv. Sc. Nat., LXXX, 1, p. 17, fig. 6-7, Pl. V, Pl. IX fig. c, Pl.X fig. 10-17 (1952).

Syn. Lepiota Schimperi Pat., Rev. Myc., p. 135 (1891).

Caractères macroscopiques. Chapeau énorme, puissant, à chair très épaisse, atteignant jusqu’à 25 cm de diamètre, d’abord subglobuleux, puis largement et régulièrement étalé-convexe, à bords toujours réfléchis. Glabrescent et blanc ou blanchâtre sous de larges mèches apprimées et des écailles pustuleuses, épaisses, brunes ou brun ocracé, formant au centre du chapeau une énorme plaque brun noir (plateau sommital), relique du voile général, et, comme les autres écailles pustuleuses circonvoisines, séparable du derme et de consistance charnuegrenue. Perforatorium nul on non notable. Stipe puissant, cylindrique sur la majeure partie aérienne où il atteint jusqu’à 2,5 cm de large, s’évasant un peu au sommet, se renflant vers la base en une sorte de bulbe atteignant 4 cm de large, brusquement aminci en une très longue pseudorhize blanche, couvert çà et là de grossières écailles membraneuses, concolores, irrégulières, groupées plus ou moins concentriquement, très adhérentes au revêtement. Lamelles nombreuses, mais assez épaisses, larges (atteignant 14 mm), s’arrondissant peu à peu vers l’insertion sur le stipe, se rétrécissant insensiblement vers la marge; arête à peine ondulée, non échancrée; de couleur crème, clivables longitudinalement. Chair compacte, dense, épaisse, presque élastique, blanche, paraissant continue du pied au chapeau, à très forte odeur de lessive, insipide. Sporée crème rosé.

Caractères microscopiques. Spores ellipsoïdes, 6,3-7,2-8 μ × 3,9-4,5-5 μ. Cystides hyméniales très nombreuses, marginales et faciales, 30-50 μ × 10-17 μ lagéniformes ou losangiques, plus rarement subutriformes souvent papillées, uniloculaires ou munies d’une cloison dans la partie sommitale, moins communément médiane, rarement de 2 cloisons, hyalines, à membrane assez mince. Nombreuses hyphes lactifères sinueuses, de 5-6 μ. de large.

Caractères chimiques. Réactions oxydasiques nulles. Gaïac : — ; pyramidon : nul ou très léger.

Distribution géographique. Congo belge : hypothétique. Afrique intertropicale : Abyssinie, Guinée française, Côte d’Ivoire, Cameroun.

Habitat. Dans les zones de savanes ou celles qui confinent à celles-ci, parfois dans les villages, voire à l’intérieur des cases indigènes. Sur grandes termitières construites par le Macrotermes natalensis, parfois sur termitières souterraines.

Observations. Le plus grand des Termitomyces avec le T. Le Testui qui s’en distingue nettement par le perforatorium cylindrique, noirâtre, très différencié, le voile annuliforme membraneux et le revêtement velouté du chapeau. Ici, le voile général ne subsiste qu’en plaques écailleuses sur le chapeau et en débris annulaires au long du pied. En vérité, il ne semble pas que ce champignon ait été recueilli jusqu’ici au Congo belge, les exemplaires que Beeli a appelés Lepiota congolensis var. uelensis (Goossens-Fontana 552) s’appliquant mieux au T. Le Testui qu’au T. Schimperi, contrairement à l’opinion que nous avions cru pouvoir avancer précédemment.

9. Termitomyces mammiformis Heim, Mém. Ac. Sc. 64, p. 53, Pl. X fig. E (1941); Bull. Jard. Bot. État Brux., XXI, p. 208 (1951); Mém. Soc. Helv. Sc.Na t., LXXX, 1, p. 9, fig.3, Pl. III, Pl. VII fig. c, e, f (1952). Planche XXV, fig. 1.

Caractères macroscopiques. Chapeau de 6 à 8,5 cm de diamètre, le plus souvent de 6 à 7, quand il est étalé, tout d’abord hémisphérique, puis conique ou fortement convexe, à profil légèrement polygonal, enfin plan mais toujours réfléchi sur les bords, jamais striés, toutefois souvent gercé radialement jusqu’au milieu du rayon, ponctué de nombreuses petites écailles grisâtres, pustuleuses, farineuses, concentriques, caduques, dont l’assemblage forme des sortes d’ondes circulaires, s’espaçant de plus en plus vers la marge, sur le fond crème rosé, presque blanc dans la partie périphérique, plus foncé vers le centre (gris ou gris ocré). Derme séparable jusqu’à la base du mamelon; perforatorium turbiniforme, cylindro-conique, très différencié, souvent pointu au sommet, plus rarement en pain de sucre, scrobiculé-ridé ou tuberculeux-rugueux, brun foncé ou brun noir, de consistance très dure. Stipe d’abord lié au chapeau par un anneau supère, tombant, ou par un bourrelet annuliforme constitué de deux strates et qui, après rupture, subsiste momentanément sur le pied sous forme de débris appendiculés, ou de bourrelets péripédiculaires et annulaires s’étageant le long de la partie supérieure, moyenne, même basale dans la portion épigée du stipe, parfois sous forme de plaques adhérentes, ou d’étroits lambeaux écailleux maculés de terre, ou de rebords évasés vers le haut, les uns et les autres disparaissant ensuite; long d’une dizaine de centimètres dans sa partie aérienne sur 7 à 12 mm de large, irrégulièrement cylindracé, légèrement renflé dans la partie correspondant au collet, puis s’amincissant en une très longue pseudorhize cylindrique, pouvant atteindre ou dépasser 50 cm de longueur, blanc pur, très fragile, marquée de bourrelets interrompus et inégaux formés des pustules farineuses, reliques du voile général; très fibreux, plein, entièrement blanc maculé d’ocracé. Lamelles sublibres-échancrées, serrées, assez larges, minces, à arête entière, accompagnées de deux séries de lamellules, blanc carné sale, se clivant aisément. Chair ferme, cassante, blanche, à fine et agréable odeur de levain, à saveur très agréable de noisette. Sporée crème incarnat.

Caractères microscopiques. Basidiospores obovoïdes-cylindracées, à contour un peu aplati sur les arêtes en profil dorsiventral, mesurant 5,6-6 μ × 3-3,5 μ.. Basides piriformes-allongées, 22-25 μ × 5,5-6 μ, tétraspores. Cystides nombreuses, faciales et marginales, piriformes, ovoïdes, vésiculeuses ou plus souvent utriformes ou étranglées, ou acuminées, ou se terminant en appendice arrondi, à membrane égale et assez épaisse, nettement émergentes (10-20 μ); mesurant 9-26 μ de largeur, 2-3 fois plus hautes. Le revêtement hyménial est le même sur tout le contour de la lamelle, la forme des cystides est indépendante de leur position; la marge lamellaire peut donc être homomorphe, mais la multiplicité fréquente des cheilocystides sur cette crête peut la rendre presque entièrement stérile, et alors hétéromorphe. Structure du mamelon faite d’une palissade serrée d’hyphes parallèles, rarement cloisonnées, cylindriques, généralement de 3-3,7 μ de large, accompagnées de nombreuses hyphes lactifères, sinueuses, contournées, flexueuses ou droites, de 2-3 μ de large en général, simples ou à extrémité bifide, voire trifide, non cloisonnées, renflées çà et là et à l’extrémité supérieure, mais non brusquement, et atteignant alors 5-6 μ de large, remplies d’un fin plasma opaque et réfringent.

Caractères chimiques. Réactions oxydasiques nulles : gaïac ou peu sensible; pyramidon —.

Distribution géographique. District du Bas-Congo : Kisantu, H. Vanderyst 1907, Kalina-Léopoldville, Cl. Mamet 8bis. District forestier central : Lokelela, A. Dewèvre 102, Yangambi, plateau de l’Isalowe, J. Louis 11255, Binga, M. Goossens-Fontana 821. — Moyen Congo français, Haute et Moyenne Guinée.

Habitat. Sur termitières souterraines, lieux défrichés, plantations.

Noms vernaculaires. Lutumbulu; Botomba; Bompata (Turumbu).

Usages Bon comestible.

Observations. Nous rattachons les exemplaires du Congo belge, mentionnés ci-dessus, examinés secs, privés de toute note descriptive, à l’espèce que nous avons décrite et figurée sur de multiples échantillons récoltés nous-même en Guinée et au Congo français, mais, bien entendu, l’état de tels documents nous incite à considérer ces déterminations comme suspectes. C’est à l’état frais, ou au moyen de notes ou de croquis, qu’une telle position spécifique pourrait être confirmée. En tout cas, ce Termitomyces est bien reconnaissable à la nature de son voile et à celle de son perforatorium hautement individualisé et scrobiculé.

10. Termitomyces Le Testui (Pat.) Heim, Arch.Mus.Nat.Hist.Nat. Paris, 6e sér., XVIII, p. 109, Pl. IX B, Pl. × 4, fig. 1, 1bis, 3, 5 (1942); Bull. Jard. Bot. État Brux., XXI, p. 209, Pl. VI B (1951); Mém. Soc. Helv. Sc. Nat., LXXX, 1, p. 16, Pl. VII g, h (1952). Planche XXV, fig. 2.

Syn. Lepiota Le Testui Pat., Bull. Soc. Myc. France, XXXII, 1, p. 59 (1916).

Lepiota congolensis Beeli et var. uelensis Beeli, Bull. Soc. Roy. Bot. Belg., LIX, p. 109 (1927).

Caractères macroscopiques. Chapeau puissant, atteignant 12-20-26 cm de diamètre quand il est étalé, tout d’abord hémisphérique et involuté, très visiblement tomenteux-ponctué dans la partie centrale et moyenne qui par suite apparaît brune ou brun roux, moins nettement sur le pourtour piléique, de couleur crème rosé; muni d’un énorme perforatorium très individualisé, cylindrique, non aminci ni pointu au sommet, lisse, non valléculé ni scrobiculé, brun foncé. Stipe robuste, cylindrique, d’environ 10-12 cm de hauteur, blanc ou blanchâtre, glabre, muni d’un anneau épais, membraneux, complet, double, formé à la fois d’une manchette striée supérieure et tombante provenant du voile partiel, et d’une collerette inférieure ascendante, relique du voile marginal, inséré sur le stipe selon un bourrelet le cerclant; se séparant aisément du chapeau dont la chair est dans la partie centrale en continuité avec celle du pied; se prolongeant par une pseudorhize souterraine atteignant jusqu’à 1 m 30 de longueur. Lamelles libres, serrées, peu larges, assez minces, à arête entière, accompagnées de lamellules, crème. Chair ferme, blanche, à odeur agréable, sapide (parfois amarescente ?). Sporée crème rosé.

Caractères microscopiques. Spores de 7-7,5 μ × 3,8-4,5 μ, parfois plus courtes, ellipsoïdales-subcylindracées. Basides petites, 25 μ × 6,5-7,5 μ, piriformes-allongées, tétraspores. Cystides extrêmement nombreuses, faciales et marginales, ces dernières plus régulières, plus volumineuses, claviformes, piriformes-allongées, losangiques, de 27-40 (-70) μ × 12-22 p., les premières de 32-48 μ × 8-12 (-20) μ, les unes et les autres à membrane hyaline, réfringente, assez épaisse surtout vers le sommet ou la partie moyenne du corps de l’organe. Laticifères nombreux dans toutes les parties de la chair. Granulations du revêtement piléique correspondant aux aboutissements des files cellulaires filamenteuses-cloisonnées formant palissade, se désarticulant en cellules ovales ou cylindracées, à membrane assez épaisse et réfringente.

Distribution géographique. District forestier central : Eala, Mambongo, Wamba, M. Goossens- Fontana 101 (avec doute), 552. District de l’Ubangi-Uele : Api, Dili, Samana (Bambili), M. Goossens-Fontana, sans échantillon, Parc National de la Garamba, de Saeger et G. Martin 166. — Toute l’Afrique intertropicale occidentale : Guinée française, Côte d’Ivoire, Cameroun, Congo français.

Habitat. Groupé sur le sol en forêt sèche et aux pieds des bambous; bord de galeries forestières.

Usages. Comestible, fort apprécié des indigènes et des Européens.

Noms vernaculaires. Etoma (Eala), Manabongo, Kigo, Kelegele.

Observations. — Espèce puissante, de grande taille, bien caractérisée par ses dimensions, son perforatorium cylindrique et lisse, le revêtement ponctué-velouté de son chapeau et son voile annulaire très développé.